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ANTISÈCHE
LE LIVING THEATRE
1968. L’agitation gronde, pas seulement en France mais dans
plusieurs endroits de la planète. En Allemagne de l’ouest, au
Japon, en Amérique Latine, en Yougoslavie, jusqu’au festival
d’Avignon où le Living Theatre avec son spectacle Paradise
Now cristallise tout ce dont se nourrit cette contestation.
Le Living Theatre est un groupe de comédiens qui vient
des États Unis, ils vivent en communauté sous la direction
éclairée de Julian Beck et de Judith Malina.
Pour eux, la situation de 68 est prérévolutionnaire. Le
paradis n’est pas à attendre mais à faire.
L’acte théâtral donne la priorité au corps. Paradise Now
se présente comme un exorcisme de la violence et de la
libération sexuelle. Théâtre d’action politique où l’idéal
anarchiste est clairement revendiqué, il puise sa colère dans
l’impérialisme américain, dans le traumatisme de la Guerre
de Corée et du Viet Nam, dans la revendication d’un droit à
la contraception.
Pour une nouvelle société il faut un nouveau théâtre : il ne
faut pas séparer l’art de la vie et remettre en cause toutes les
institutions de la classe dirigeante. La création est collective,
entend donner la place à l’acteur, acteur de sa propre vie. La
scène très inspirée de l’esthétique d’Antonin Artaud, conçoit
l’élaboration de la pièce comme la pièce elle-même. Les
spectateurs sont invités à rejoindre l’acteur. Beaucoup le font,
ce qui confère à chaque séquence l’allure d’un happening.
L’auteur est mis à l’écart comme le voulait Artaud. Le choc
et l’émotion physique sont chargés d’éveiller à la conscience
de soi mais par les fibres de la sensation. Entrer en soi dans
ce qu’il y a d’instinctif vers ce qui nous relie au sacré. Le cri
est plus actif qu’un discours littéraire.
Derrière la représentation d’utopie, le Living Theatre
a profondément contribué à bouleverser les repères du
théâtre et contribué à dessiner le théâtre contemporain.
Ses sédiments trouvent leur marque les plus flagrantes chez
de grands metteurs en scène comme Angelica Liddell ou
Rodrigo Garcia.
STANISLAS NORDEY
Metteur en scène de théâtre et d’opéra, acteur, Stanislas
Nordey est un homme des plateaux. Partisan du travail
en troupe, il a été́, avec sa compagnie, artiste associé au
Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis de 1991 à 1995,
avant de rejoindre, toujours avec sa troupe de douze
comédiens, le Théâtre Nanterre- Amandiers, à la demande
de Jean-Pierre Vincent qui l’associe à la direction artistique.
De 1998 à 2001, il codirige avec Valérie Lang le Théâtre
Gérard-Philipe, centre dramatique national de Saint-Denis.
En 2001, il rejoint le Théâtre national de Bretagne comme
responsable pédagogique de l’École, puis comme artiste
associé. Chacune de ses facettes lui permet de trouver un
équilibre : le metteur en scène fait découvrir des textes au
public, le comédien se donne physiquement à la pièce, le
pédagogue assure le devoir de transmission. Stanislas Nordey
se reconnaissant dans l’expression « directeur d’acteurs »,
ses mises en scène témoignent de la place essentielle qu’a,
selon lui, le comédien : dépouillées, elles se concentrent sur
le geste et la parole pour ne pas imposer au spectateur une
lecture unique, mais lui laisser la liberté́ de construire sa
vision de la pièce.
Stanislas Nordey est venu au Festival d’Avignon avec Vole
mon dragon d’Hervé Guibert en 1994, Contention-La Dispute
de Didier-Georges Gabily et Marivaux en 1997, Das System
de Falk Richter créé en 2008 et My Secret Garden cosigné en
2010 avec Falk Richter. En tant qu’acteur, on a également pu
le voir dans Ciels de Wajdi Mouawad (2009) et dans Clôture
de l’amour de Pascal Rambert (2011). En 2012, il a mis en
scène Se trouver de Luigi Pirandello, et a présenté́ au festival
Mettre en scène de Rennes Living ! d’après des écrits du Living
Theatre. En 2013, il a monté Tristesse animal noir d’Anja
Hilling à La Colline – théâtre national, Lucia di Lammermoor à
l’Opéra de Lille et a été artiste associé du Festival d’Avignon,
où il créait Par les villages pour la Cour d’honneur.
L’ÉCOLE DU THÉATRE NATIONAL DE BRETAGNE
Crée en 1991, cette école fait partie des quelques formations
publiques professionnalisantes au métier de comédien.
Dans un contexte où les cours privés, souvent assez
chers, fleurissent un peu partout, ces formations sont très
recherchées. Les élèves qui intègrent l’école sont boursiers
et bénéficient d’une formation de qualité pendant trois ans.
L’entrée se fait sur concours ; une quinzaine d’élèves sont
retenus chaque année. Depuis 2008, l’école a l’habilitation
à délivrer un Diplôme National Supérieur Professionnel de
comédien. L’école fonctionne en dialogue permanent avec
le théâtre, c’est une de ses particularités, que l’on retrouve
par exemple à l’école du Théâtre National de Strasbourg. En
2008, l’école signe une convention avec l’Université Rennes
2 qui permet de créer un enseignement commun, délivrant
une licence en arts du spectacle pour les comédiens de l’école
du TNB.
ZOOM
Stanislas Nordey © Jean-Louis Fernandez