vie et spiritualité de gandhi - PAROISSE SAINTES MARTHE et MARIE

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VIE ET SPIRITUALITÉ DE GANDHI
SA VIE
Le 30 Janvier 1948 un fanatique religieux hindou assassinait celui que son peuple appelait le
Mahatma « la grande âme », autrement dit un grand spirituel. Il fut, selon une boutade, « un saint parmi
les hommes politiques , un homme politique parmi les saints ! »
Mohandas Gandhi est né le 2 Octobre 1869 à Porbandar d'une famille très religieuse
« vishnouite »1, d'une mère mêlant les écritures hindoues et le Coran, ce qui plongera d'entrée Gandhi
dans l'idée de tolérance. Son éducation fut marquée par la rectitude morale, le souci de servir, le respect
de la parole donnée, l'honnêteté sans faille. Son village était influencé par le Jaïnisme2 qui pousse au
respect exagéré de la vie : les jaïnistes par exemple font le moins de déplacements possibles pour
écraser le moins d'insectes possibles et portent une gaze sur la bouche pour ne pas avaler de
moucherons !!! C'est la volonté de non-nuisance absolue que Gandhi transformera en
non-violence !
Dans ce contexte-là Gandhi fit une profonde crise religieuse rejetant les règles strictes et aveugles
de respect de la vie, alors que les pratiquants du jaïnisme n'hésitaient pas à avoir des paroles méchantes,
des jugements sévères sur autrui, de la malveillance... alors qu'il y avait dans la société de l'exploitation
de l'homme par l'homme, et le grand problème des intouchables, caste d'impurs exclus de la prière et du
temple. Pour lui la vérité est ailleurs, « ses expériences avec la vérité » le conduiront à son combat
de libération de l'Inde !
A 13 ans on le marie à la jeune « Kasturbaï » pour qui il eut une véritable passion et avec qui il
partagera l'idéal de non-violence, qui permit à ce couple de vivre uni et fidèle. Mais poussé par son idéal
spirituel, après 22 ans de mariage, à 37 ans, Gandhi fit le vœu de chasteté totale et jura à sa mère
« de ne toucher ni aux femmes, ni au vin, ni à la viande ». Formé en Angleterre pour devenir avocat, il ne
connaît pas la réussite professionnelle et accepte donc une place d'avocat en Afrique du Sud où il est
brutalement confronté au problème du racisme : alors qu'on lui avait retenu une place en première, un
blanc l'oblige à lui céder sa place pour rejoindre le fourgon. Comme il refuse, on le fait descendre à la
gare suivante où il passe toute la nuit sur le quai.
Il refuse la résignation, il refuse de s'en remettre à Dieu dans la prière inactive, il refuse de se
révolter avec la haine dans le cœur, il choisit : la non-violence. Et la non-violence c'est tendre l'autre
joue, non comme une résistance passive, mais en rendant le bien pour le mal pour toucher la conscience
de l'autre car il est mon frère et nous sommes solidaires non ennemis. Cette non-violence inspira son
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Vishnouite : adorateur de Vishnou, Dieu hindou deuxième personne de la trinité des Hindous.
Jaïnisme : philosophie et religion pratiquées essentiellement en Inde, mais aussi aux Etats Unis et en Angleterre. Le jaïnisme ne vénère pas de
Dieu et considère que le monde existe depuis toujours.
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combat contre les Anglais, ce qui lui valut de nombreux jours de prison et de nombreux jeûnes, mais aussi
la victoire. Le 15 Août 1947, il devint ainsi « le père de la nation », sans en prendre le pouvoir. Assassiné
le 30 Janvier 1946, il meurt un Vendredi en prononçant le nom de « Ram »3, l'un des noms de Dieu pour
les Hindous !
I - « LA VÉRITÉ C'EST DIEU »
« Autrefois, je disais : Dieu est la Vérité. Après 40 ans de méditation là-dessus, j'en suis venu
à dire la Vérité c'est Dieu. Car il y a des gens qui nient Dieu, et c'est leur souci même de vérité qui les
mène à nier Dieu ...»
Gandhi a une soif immense de la vérité : beaucoup de pratiques sociales et religieuses masquent
la Vérité à chercher et à faire apparaître. II faut chercher la vérité, c'est à dire l'être vrai derrière les
apparences. Mais chercher la vérité, l'être vrai de toute chose, c'est chercher Dieu qui est l'Être au
cœur des êtres, source et fondement de tous les êtres. Il ne faut pas dire Dieu est la Vérité parce
qu'on risque de l'enfermer dans une image, un dogme, une croyance définitive, mais dire la Vérité c'est
Dieu, parce qu'alors on met Dieu au-delà de ce qu'on sait, connaît.. .comme une Vérité toujours à
découvrir…, comme la Vérité que cherchent même ceux qui le nient.
Il faut donc respecter la vérité de chacun, la vérité que chacun cherche, découvre. Gandhi prêche
donc la tolérance, ou plutôt la non-violence, le respect total des idées, des religions, de la Foi des
autres : « Je n'aime pas le mot de tolérance mais je n'en trouve pas de meilleur. La tolérance peut
impliquer la supposition que la Foi d'un autre est inférieure à la nôtre, tandis que « l'ahimsa4 », « la nonviolence » nous enseigne à conserver pour la Foi religieuse d'autrui le même respect que nous
accordons à la nôtre, dont nous reconnaissons aussi l'imperfection. »
Pour Gandhi, le problème n'est pas de savoir quelle est la religion la plus vraie, mais d'être vrai
soi-même dans sa religion, d'être fidèle, de la pratiquer avec tout notre être et non selon les
apparences. Et puis, ajoute t-il : « Je suis convaincu que toutes les grandes religions sont vraies.
Elles sont autant de dons que Dieu nous a faits et je les crois nécessaires à ceux à qui elles sont
révélées. »
Toutes les religions sont vraies parce qu'elles viennent toutes de Dieu, elles sont comme les
branches d'un même arbre : « De même qu'un arbre n'a qu'un seul tronc mais beaucoup de branches et
de feuilles, de même il n'existe qu'une religion vraie et parfaite, mais elle devient multiple en passant par
l'intermédiaire de l'homme ».
Et puis : « Je ne crois pas qu'un jour, en pratique, toutes les religions ne feront qu'une .
Théoriquement, puisque Dieu est Un, rien ne s'oppose à ce qu'il y ait une seule religion. Mais en pratique,
je n'ai pas rencontré deux personnes qui se fassent de Dieu une conception identique » Conséquence :
ne cherchons pas à convertir les autres et ne cherchons pas à nous convertir, mais vivons tous
mieux notre religion pour atteindre sa Vérité, donc Dieu.
Ram ou Râma est dans l’hindouisme le septième avatar du dieu Vishnou.
Ahimsa : terme sanscrit qui signifie non violence et plus généralement respect de la vie. C'est aussi un concept de la philosophie indienne : la
bienveillance.
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« Si un Chrétien venait me dire qu'enthousiasmé par sa lecture de la Baghavad Gita5(livre hindou )
il veut se convertir à l'hindouisme, je lui répondrais : n'en faites rien. La Bible a autant à vous offrir que la
Bhagavad Gîta. Mais vous n'avez pas vraiment pas essayé de la découvrir. Faites cet effort et soyez un
bon Chrétien » La conversion pour Gandhi ce n'est pas le changement de direction, mais
l'approfondissement de sa propre tradition. « Qu'il s'agisse de temples, de mosquées ou d'églises, je ne
fais aucune distinction entre ces différentes demeures de Dieu. Elles sont ce que la Foi les a faites : une
réponse à ceux qui désirent atteindre l'invisible ! »
Conclusion: « Celui qui est parvenu au cœur même de sa propre religion est aussi parvenu
au cœur des autres religions »
Il - LES MILLE NOMS DE DIEU ET LA PRIÈRE !
« Dans mon enfance, on m'a enseigné à répéter ce que les Écritures appellent les mille noms de
Dieu. Mais cette liste n'est nullement limitative. Nous croyons, et à mon avis c'est vrai, que Dieu a autant
de noms qu'il existe de créatures, aussi disons-nous que Dieu est sans nom. »
Pour Gandhi, prier c'est parler à Dieu, mais pas le nommer d'un seul nom ni lui donner mille
noms, mais lui donner le nom de toutes les créatures, le reconnaître, l'adorer, le voir, le contempler
comme l'Être au cœur de tous les êtres, de toutes les créatures. Grégoire de Naziance6, un Père de
l'Église priait ainsi : « Tous les êtres te célèbrent, ceux qui parlent et ceux qui sont muets... Tous les être
te rendent hommage, ceux qui pensent comme ceux qui ne pensent pas... Tout ce qui existe te prie...
Tout ce qui demeure, demeure en Toi seul ...De tous les êtres tu es la fin. Tu es unique. Tu es chacun. Tu
n'es aucun. Tu n'es pas un être seul, tu n'es pas la somme des êtres, tu as tous les noms. Comment
t'appellerais-je, ô le seul innomé ? Ô Toi l'Au-delà de tout, comment t'appeler d'un autre nom ? » Nous ne
sommes pas loin des Jésuites et de Saint Ignace de Loyola : « Voir Dieu en toutes choses » ou « la
contemplation dans l'action ».
Pour Gandhi, prier c'est donc reconnaître Dieu dans tous les êtres plus que le nommer et y mettre
son cœur plus que de rabâcher des paroles : « Il vaut mieux mettre son cœur dans la prière sans
trouver de paroles que de trouver des paroles sans y mettre son cœur » Si la prière est avant tout
une affaire de cœur la prière privilégiée par Gandhi est donc la prière du cœur celle qui rumine,
répète, goûte un nom de Dieu pour rester branché sur lui en permanence, pour rester en sa Présence
dirions-nous ! Les Chrétiens répètent le nom de Jésus, les Musulmans celui d'Allah, Gandhi celui de Ram,
c'est à dire Ra : béatitude, Ma : Paix « Adorez le nom de Ram qui donne la béatitude. Les deux syllabes
Ra et Ma confèrent la Béatitude et la Paix suprême. Tombez aux pieds du Seigneur Rama et obtenez la
réalisation de la vie ». Plus sa vie avançait, plus Gandhi aimait prier : « Au début de ma vie, je n'ai pas
accordé à la prière la même place qu'à la vérité...Puis à mesure que le temps passait, ma Foi en Dieu
augmenta et mon besoin de prière devint de plus en plus irrésistible. Vint enfin le temps où la prière me
parut aussi indispensable à l'âme que la nourriture au corps ... C'est par nécessité que j'en suis venu à
La Bhagavad Gîtâ, texte majeur de l'Hindouisme et de la philosophie indienne, est l'un des textes fondateurs du Vedânta (philosophie qui affirme
l'unité du monde, l'identité de la conscience individuelle et de la conscience universelle)
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Grégoire de Naziance (329-390) est un théologien et docteur de l’Église
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prier. Car il m'était impossible d'être heureux autrement. La prière m'a sauvé la vie »
Pour Gandhi, peu importe les formes de prières des différentes religions, elles conduisent
toutes au même but : « Peu importe si nos chemins ne sont pas les mêmes pourvu que nous atteignions
le même but ». Peu importent aussi les expressions extérieures, l'essentiel est de rejoindre Dieu,
l'Être, au fond de notre cœur de notre être » : « Point n'est besoin d'aller en pèlerinage, d'allumer des
lampes, de faire brûler de l'encens ou d'enduire de vermillon la divinité. En effet il demeure en notre
cœur ». La prière nous laissera toujours sur notre faim puisqu'on ne pourra jamais se fondre en Dieu :
« Je n'ai pu réaliser qu'imparfaitement mon désir intérieur de me perdre dans l'Éternel ». Alors prions le
matin, le soir, toujours : « La prière est la clé du matin et le verrou du soir ».
Méditation : Je prie Dieu en l’appelant du Nom que j’aime le mieux : Père,
Seigneur, Présence Infinie, etc…
III - DIEU L'AU-DELÀ DU FOND DE NOUS-MÊMES : L'APPEL DE DIEU !
« Ô Toi qui es chez toi dans le fond de mon cœur laisse-moi te chercher dans le fond de
mon cœur » ( Prière tamoule7 ) Gandhi invite à la méditation qui fait taire tous les bruits extérieurs et les
bruits intérieurs pour n'écouter que « la petite voix tranquille », le murmure de Dieu en nous, son appel
qui est brise légère, souffle léger au fond de soi. Comme le dit le Prophète Elie !
« Je n'ai aucune révélation spéciale de la Volonté de Dieu, mais je suis intimement persuadé qu'il
se révèle quotidiennement à chacun de nous ; mais nous nous bouchons les oreilles pour ne pas
entendre « la petite voix tranquille » Gandhi parlera souvent de « la petite voix silencieuse » Alors ce n'est
plus nous qui prions, parlons à Dieu, c'est Dieu qui nous prie, nous parle... au fond de notre être !
IV - DIEU EN TOUT CE QU'IL EST UNIFIE TOUT CE QUI EST
« Le seul moyen de trouver Dieu est de le retrouver dans sa création et de ne faire plus qu'un
avec elle »
Dieu est partout présent. L'hindouisme est une spiritualité de l'immanence, d'où découle une spiritualité de
l'unité : unité entre Dieu et sa création, unité entre toutes les créatures, unité à l'intérieur de chaque
créature. Il n'y a qu'une Vie et c'est Dieu lui-même.
« Tandis qu'autour de moi tout change et tout meurt, je perçois sous ces apparences changeantes
une Force de Vie qui demeure immuable et soutient tous les êtres : créés par Elle, ils s'y dissolvent pour
être à nouveau créés. Cette Force, cet Esprit qui informe toutes choses, n'est autre que Dieu » . Dieu est
immanent, Présent à toutes choses, Vie de toute vie, et en même temps Transcendant, tout Autre, audelà de tout comme le chante Lanza del Vasto8, disciple de Gandhi, fondateur de l'Arche : « Je crois en
Toi, Dieu, qui dors dans la pierre, rêves dans l'arbre, aspires dans la bête, aimes dans l'homme ...et dont
la tête perce le ciel et passe les étoiles » Tout est unifié par le dedans, l'Être au cœur des êtres, tout est
fondamentalement Un et nous sommes tous unis par ce qui nous fait exister à l'intérieur de nous .
Ne cultivons pas les apparences mais l'être intérieur, ne cultivons pas le corps mais l'âme,
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Tamoul : groupe ethnique des Mélano-Hindous vivant dans le sud-est de l'Inde.
Lanza del Vasto, (1901-1981) philosophe Italien. Il fonde la « Communauté de l’Arche, Non-Violence et Spiritualité » en 1948 après une rencontre
avec Gandhi. http://www.arche-nonviolence.eu/
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l'essence, l'être intérieur : « Malheureusement de nos jours, le courant va en sens contraire avec une
force redoutable. On n'hésite plus à sacrifier une multitude d'autres vies pour entourer d'aise et de parures
un corps qui n'est que périssable, ou pour prolonger de quelques instants son existence éphémère. De
cette manière, nous nous condamnons corps et âme à notre propre perte... » Au lieu de cultiver le
corps, de l'idolâtrer, cultivons plutôt la communion universelle puisque tous nous sommes uns . .
Cultivons « l'écologie sacrée » en un temps où l'écologie est mise en valeur, en donnant au respect de la
nature et de l'environnement une dimension sacrée, en faisant prendre conscience que tout ce qui est, est
habité par la même Force de Vie, le même Être, la même Unité de Vie et d'Être : « Une Force
mystérieuse et indéfinissable pénètre tout ce qui est. Je le sens, bien que je ne le voie pas ! » Teilhard de
Chardin9 dira : « Je sens l'Être partout et ça me nourrit »
Méditation : J’essaie de me sentir en communion avec tout l’univers, « avec
tout ce qui est » et avec l’Être qui habite tous les êtres !
V - TOUS LES HOMMES SONT FRÈRES
« Tous les hommes sont frères et aucun être humain ne devrait nous être étranger, le bien
de tous devrait être notre but . Dieu est le bien commun qui unit tous les êtres humains. Briser ce
lien, même s'il s'agit de notre plus grand ennemi, c'est écarteler Dieu. Il y a de l'humanité même
dans les plus pervers ».
« Je suis persuadé que Dieu est parfaitement Un. L'humanité, par conséquence, forme un seul
tout. Bien qu'ayant plusieurs corps, elle n'a qu'une seule âme. La réfraction fait que les rayons du soleil
sont nombreux mais leur source est unique. Je ne peux donc me désolidariser de l'âme la plus
pervertie, et nul ne peut refuser mon identité profonde à la plus vertueuse »
Cette idée de fraternité basée sur une conception spirituelle de l'humanité, Dieu étant le lien à ne
pas briser entre les hommes, conduit Gandhi à la non-violence, au respect profond des hommes,
bons ou mauvais, en qui il faut toujours voir le reflet de Dieu, la Présence de l'Être .
« Nul être humain n'est trop mauvais pour être sauvé. Nul être humain n'est assez parfait pour
avoir le droit de tuer celui qu'il considère à tort comme entièrement mauvais » Ou encore : « Aux yeux de
Dieu, le pécheur est égal au juste. Tous deux seront jugés selon la même mesure et ils auront les mêmes
occasions pour progresser et reculer. L'un autant que l'autre sont créatures et enfants de Dieu. Un saint
qui se jugerait supérieur à un pécheur ne serait plus un saint et tomberait dans son orgueil, plus bas que
le pécheur qui, lui, ne sait pas ce qu'il a fait. »
« Ne sommes-nous pas tous enfants du même Créateur ? Et en tant que tels, pourquoi
n'oserions-nous pas affirmer que les pouvoirs divins qui demeurent en nous sont infinis ? Violenter un
seul être humain c'est profaner ces pouvoirs et nuire non seulement à cet adversaire mais à travers lui, à
l'humanité tout entière » La non-violence c'est croire que Dieu habite en tout homme, en toute femme, et
que nous devons aimer sa maison.
Exercice spirituel : Voir toujours « de l’humanité dans les hommes les plus
pervertis… et dans ceux que je n’arrive pas à aimer moi-même !
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Teilhard de Chardin (1881-1955) prêtre jésuite français, chercheur, paléontologue, théologien et philosophe.
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VI - LA PETITE VOIX
« Quand il y a conflit entre deux devoirs, c'est « la petite voix tranquille » en vous qui doit être le
suprême arbitre.» La petite voix tranquille en nous, c'est l'appel de Dieu, le murmure de Dieu. Pourquoi
l'écouter ?
 C'est la voix du discernement, l'intuition de la vérité, du bien, du meilleur à faire. « Qu'est-ce que
la vérité ? La question ne va pas sans difficulté . Je l'ai résolue quant à moi en disant que c'est la
voix intérieure qui nous parle ».
Cette voix intérieure ce n'est pas le simple écho de notre psychisme, mais celle d'une
conscience éclairée et apaisée par la lecture des Écritures, par la Tradition morale et
spirituelle reçue, par la prière et la méditation, par l'ouverture sur l'unité et l'harmonie de
toute la Création, par l'amour universel, par l'expérience de la Présence !
 C'est la voix de la Vocation, de l'Appel de Dieu. Quand la petite voix se fait force irrésistible
pour des choix de vie importants, elle devient vocation, appel de Dieu pour une orientation de vie
fondamentale : « Tout ce qui m'a été donné de pouvoir faire dans ma vie est dû au fait qu'à travers
mes limites j'ai découvert l'action d'une force autre que la mienne... » La voix est une force de
vie, d'orientation de vie, une force irrésistible : « il se peut que je sois méprisable, mais dès que la
vérité s'empare de moi, je suis invincible ! »
 « C'est la voix de la consécration, qui pousse à l'esprit de consécration, quelque soit votre
activité extérieure, elle doit être entièrement pour Dieu... » Gandhi s'est voué à Dieu, notamment
en faisant à 37 ans le vœu de chasteté... mais aussi plus simplement en cherchant Dieu en tout,
et en agissant pour Dieu, pour que l'Être transparaisse dans les êtres. Consécration, pour Gandhi,
ne veut pas dire choses extraordinaires, mais disponibilité et don à Dieu en tout dans le quotidien,
offrande intérieure dans les actes les plus extérieurs et les plus quotidiens !
Méditation : J’écoute la petite voix de Dieu me parler et me dire ce qu’elle veut
me dire en ce moment.
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VII - LA JOIE ET LE RAVISSEMENT
« Là où est la vérité est aussi la connaissance vraie. C'est pourquoi on associe le nom
« shit »,« connaissance » à celui de Dieu. Et là où il y a la connaissance, il y a toujours de la joie :
« ananda ». C'est pourquoi nous connaissons Dieu sous le nom de Sat-Shit-Ananda, Celui qui réunit en
soi la Vérité, la Connaissance et la Joie... » C'est clair pour Gandhi : connaître la vérité, c'est rencontrer
Dieu, et rencontrer Dieu c'est rencontrer la Joie, la Joie profonde, « l'enthousiasme » la Joie de Dieu
(Theos ) en nous, l'élan vital donné par Dieu en nous qui nous fait aimer la vie, qui dépasse les joies
trouvées et les joies perdues. Cette joie profonde se répand sur les autres par le sourire donné. Gandhi
étonnait par la permanence de son sourire, et par la bienveillance du regard sur les autres. Elle est
« ravissement » débordement sur les autres et le prénom de Gandhi « Mohandas » se traduit serviteur
du Ravissant, de l'Être qui ravit, déborde de Joie et fait déborder de Joie.
Exercice spirituel : Savoir sourire et montrer ma joie sereine, « la joie de
l’Évangile » comme dit le Pape François, partout et surtout à l’Église quand
j’anime, fait une lecture, donne la communion, etc…
VIII - L'ASCÈSE
L'ascèse c'est l'ensemble des exercices qu'on pratique sur soi et notamment sur son corps, et
l'ensemble des règles de vie qu'on se fixe pour se rendre disponibles au travail de l'Esprit nous façonnant
à son image.
Ce travail n'est jamais fini et toujours imparfait pour Gandhi.
« Je n'ai pu réaliser qu'imparfaitement mon désir intense de me perdre dans l'Éternel, de devenir une
simple motte d'argile entre les mains du Potier, afin que je puisse servir plus sérieusement sans être
interrompu par mon moi inférieur » L'ascèse est pour Gandhi un combat entre le moi inférieur et le
moi supérieur, le moi « charnel » et le moi « spirituel » chez Saint Paul . Gandhi n'est pas loin de dire la
même chose parce qu'il lie le moi inférieur au corps qui « est un résumé du monde avec ses
lâchetés, ses paresses, ses appétits... » Il n'est pas loin de penser comme les Hindous que le corps
est un obstacle à l'âme qui finira par se libérer au fil des réincarnations de corps en corps, de purgatoire
en purgatoire, pour s'envoler dans le monde spirituel éternel : « Le désir de jouissance crée des corps
pour notre âme ... » Sans mépriser vraiment le corps, Gandhi veut le maîtriser fermement: « Mes jeûnes
et mes prières m'ont à mon avis aucune valeur, mais ces efforts sont d'un prix inestimable s'ils expriment,
comme je l'espère, l'aspiration d'une âme à trouver auprès de son Créateur, le repos après tant de
fatigues... »
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Outre le jeûne et la prière, Gandhi propose « onze vœux » que l'on doit réciter avant chaque repas
dans ses ashrams10, et qu'on doit pratiquer : « Non-violence, vérité, abstention de vol, chasteté, nonpossession, travail corporel, inactivité des organes du goût, intrépidité, respect égal pour toutes
les traditions, « svadeshi11 » service des plus proches, esprit de fraternité sans exclusive... » A
ces autres vœux, Gandhi ajoutait personnellement une journée de silence par semaine. Que pensonsnous de ces vœux de cette spiritualité ascétique ? Nous semble-t-elle chrétienne ? Au sujet de la
chasteté, il avait même cette phrase : « Je maintiens qu'une vie de parfaite abstinence en pensées,
en paroles, en actes, est nécessaire pour atteindre la perfection spirituelle ». Ce vœu peut étonner
chez un homme marié mais dans la tradition hindoue, ce n'est pas rarissime qu'un homme, une fois
assurée la subsistance de sa famille, se retire du monde pour se consacrer à Dieu ! Quelle est notre
ascèse, notre plan d'entraînement spirituel, d'exercices spirituels pour progresser comme les sportifs ont
un plan d'entraînement et d'exercices en vue de connaître la forme ou l'état de grâce ?
Méditation : Quels sont les 5 ou 6 vœux que je devrais me redire régulièrement,
avant les repas, avant mes activités quotidiennes, pour donner sens à tout ce
que je fais et pour les concrétiser par des efforts de vie quotidiens ?
IX - L'ENGAGEMENT CONCRET ET LA NON-VIOLENCE
« La vérité abstraite est sans valeur si elle n'est pas incarnée par des hommes qui la représentent
en prouvant qu'ils sont prêts à mourir pour elle » La vérité s'incarne dans l'action et l'engagement :
« Je ne saurais mener une vie religieuse sans m'identifier avec l'humanité tout entière, ce qui n'est
possible qu'en prenant part à la vie politique. Il n'y a pas de compartiments étanches entre nos
activités sociales, économiques, politiques et celles qui seraient exclusivement religieuses ».
Dans l'engagement, la fin ne justifie jamais les moyens. « On entend dire : les moyens, après
tout ne sont que des moyens. Moi je dirais plutôt : tout en définitive est dans les moyens. La fin
vaut ce que valent les moyens... » « La fin justifie les moyens : cette erreur a fait commettre des crimes
sans nom, même à des gens considérés comme religieux. C'est comme si vous prétendiez que d'une
mauvaise herbe il peut sortir une rose. Les moyens sont comme la graine et la fin comme l'arbre. Le
rapport est aussi inéluctable entre la fin et les moyens qu'entre l'arbre et la semence. On récolte
exactement ce que l'on a semé »
Évidemment pour Gandhi, pour avoir la paix, la guerre et la violence ne peuvent être des moyens.
Seules la paix et la non-violence sèment la paix car elles éveillent la conscience des ennemis, elles
opposent le don à la volonté de possession, elles permettent de faire un bout de chemin ensemble... elles
font tomber toutes les armes. « Nous ne sommes pas militaires mais tous armés de quelque chose :
pouvoir, influence, savoir, médisance, calomnie, armes que le meilleur des hommes peut être tenté de
manier quand il a peur pour ses intérêts, sa réputation, sa situation... » « Il faut avancer les mains nues
et non armées » « N'aie point de crainte. Qui craint hait. Qui haie tue. Tu jetteras ton sabre et la peur ne
t'atteindra plus. » La non-violence avec le courage, l'intrépidité: « La non-violence est le summum du
Ashram : un ermitage en un lieu isolé, dans la forêt ou la montagne
Svadeshi : Le concept de svadeshi cherche à promouvoir des sociétés autonomes à l’intérieur d’une société globale. Il intègre la famille au
voisinage, au village puis à la société globale. Pour plus d’informations : http://www.larevuedelinde.com/svadeshi.htm
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courage !» Elle est règle de vie sociale et non monacale : « La non-violence n'est pas une vertu
monacale destinée à procurer la paix intérieure et à garantir le salut individuel. Mais c'est une règle de
conduite nécessaire pour vivre en société, car elle assure le respect de la dignité humaine et permet de
faire avancer la cause de la paix selon les vœux les plus chers de l'humanité » La non-violence vise
l'entente à tout prix, quitte à passer par le compromis au lieu d'en rester à l'entêtement dans ce qu'on
croit être la vérité. « Mon exigence pour la vérité m'a elle-même enseigné la beauté du compromis »
Exercices spirituels :
 Toujours harmoniser mes moyens avec mes fins, mes buts.
 Rechercher toujours le compromis dans mes conflits avec le souci de la
vérité et en même temps de la bienveillance.
X - « AHIMSA12 OU LA FORCE D'AIMER »
« Pour trouver la vérité en tant que Dieu, la voie inévitable c'est l'amour, c'est à dire la nonviolence. Or, puisque je crois que le but et les moyens sont des termes interchangeables, je n'hésite pas
à dire que Dieu est Amour ». La non-violence est donc le choix d'aimer, la force d'aimer est ce chemin
qui conduit à Dieu. Aimer ce n'est pas laisser dire, laisser faire, mais arriver à faire faire ! « Puisque j'ai
rejeté l'épée il n'est plus rien d'autre que la coupe de l'amour que je puisse offrir à ceux qui se dressent
contre moi : c'est en leur offrant cette coupe que j'espère les rapprocher de moi » L'amour doit arriver
toujours à ses fins : « La fibre la plus coriace doit s'amollir dans le feu de l'amour. Si elle ne fond pas, c'est
que le feu n'est pas assez fort! »
L'amour est sans frontières : « Je ne saurai mener une vie religieuse sans m'identifier à l'humanité
entière » Sans exclusive: « Pour moi un homme est toujours un homme ». Et un homme est plus que le
système qu'il représente, contre lequel on peut et parfois doit lutter : « Il est tout à fait convenable de
s'opposer à un système et de l'attaquer. Mais vouloir s'en prendre directement à l'auteur de ce système
revient à vouloir livrer un combat contre soi-même ». Aimer, c'est aussi parfois confesser ses erreurs pour
rétablir la vérité entre les autres et nous : « Il est bon de confesser ses erreurs. On s'en trouve plus fort.
Cet aveu est un bon coup de balai qui enlève toute la poussière... La cause que l'on défend en est
fortifiée... »
Conclusion : Vérité et Charité sont inséparables . « Nous passons de l'erreur à !a vérité quand
nous aimons et servons tous les être de la terre ».
Exercices spirituels :
 Toujours croire qu’avec de l’amour on arrivera à tout même à faire
changer le plus coriaces de nos proches
 Savoir reconnaître et dire ses erreurs.
Ahimsa : signifie littéralement « non-violence », et plus généralement respect de la vie. C'est aussi un concept de la philosophie indienne : la
bienveillance
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XI - « HEUREUX LES PAUVRES ! »
« Il est certes impossible d'atteindre la perfection en matière de pauvreté volontaire et vouée .
Mais ceux qui dans ce domaine ont été aussi loin que possible n'hésitent pas à affirmer, que le jour où
vous vous dépossédez de tout, vous recevez tous les trésors du monde. »
C'est pour Gandhi le vœu de non-possession, un état d'esprit qui consiste à se détacher de ce qu'on
possède et aussi de ce qu'on ne possède pas en ne l'enviant pas : Détachement absolu ! On ne doit donc
posséder, au sens strict du terme, que de ce qu'on a réellement besoin, sans s'y attarder : « Un objet,
même s'il n'a pas été acquis par vol, doit néanmoins être considéré comme dérobé, si on le possède sans
en avoir besoin... » Le grand risque de toute possession c'est d'être possédés par ce qu'on possède.
Évidemment Gandhi est contre la création de besoins dont notre société de consommation est
spécialiste : « Vouloir créer un nombre illimité de besoins pour avoir ensuite à les satisfaire n'est que
poursuivre du vent ! »
La vraie civilisation dont rêve Gandhi est tout autre : « La civilisation au vrai sens du mot, ne
consiste pas à multiplier les besoins, mais à les réduire délibérément. Cela amène au vrai bonheur,
la véritable satisfaction et nous permet ainsi de mieux servir » Cette conception de la vie et de la
civilisation pousse à la Foi et à la confiance en la Providence. « Dieu ne fait jamais de réserve pour le
matin. Il ne crée jamais plus qu'il n'est strictement nécessaire à un moment donné. Si par conséquent
nous mettons notre Foi en la Providence, nous devons être assurés qu'il nous donnera chaque jour notre
pain quotidien ». Cet état d'esprit est libérateur : « Refusant de me soucier du lendemain, je me sens libre
comme l'air ! » La non-possession, ce n'est pas seulement celle de biens, mais c'est la non-possession du
savoir, du pouvoir et surtout la non-possession de la Vérité, car la possession de la Vérité c'est le
fondamentalisme, l'intégrisme, le fanatisme... « Il n'y a que très peu de gens, si même il y en a, qui
puissent parvenir à cet idéal de non-possession... »
Exercices spirituels :
 Réduire certains de mes besoins ; lesquels ?
 Vivre la non-possession, le détachement des biens, du savoir, du pouvoir
que j’ai, de la Vérité que je crois posséder entièrement…
Mini retraite du 18 Août 2016 à la chapelle de la Féclaz. GANDHI
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XII - SHANTI : PAIX !
« Je suis un homme de Paix. Je crois en la Paix. Mais je ne veux pas la paix à tout prix. Je ne
veux pas le genre de Paix que l'on trouve dans une pierre. Je ne veux pas le genre de Paix que l'on a
dans la tombe. Je veux la Paix que recèle la poitrine de l'homme qui s'expose aux flèches du monde
entier, mais que protège de tout mal le pouvoir du Tout-Puissant ». Gandhi n'est pas un pacifiste mais
un pacificateur désireux d'accord, de dialogue, de compromis, espérant toujours une issue positive à
tous les conflits : « Derrière ma non-coopération il y a toujours le désir le plus ardent de coopérer au
premier prétexte avec le plus acharné de mes adversaires... » La Paix que souhaite Gandhi c'est la Paix
active non la paix passive, la paix combative alliant justice, amour, liberté, vérité. « Om ! Shânti, Shanti,
Shantihi ! »13
Méditation : J’accueille la Paix du Christ : « La paix soit avec vous ! » et
j’entrevois où la porter dans mes relations et ma vie actuelle.
CONCLUSION : GANDHI ET LE CHRISTIANISME
« Le Christianisme reste encore à être vécu. Quand la Paix sera établie, nous n'aurons plus besoin
de démonstrations, cela retentira dans nos vies, non seulement dans nos vies individuelles mais dans nos
vies collectives. Nous pourrons alors dire que le Christ est né ! »
Paroles de Gandhi à des Chrétiens à Noël 1931 qui lui avaient demandé de leur adresser un
Message !
13
Om ! Shânti, Shanti, Shantihi ! : mantra « Om ! Paix, Paix, Paix ! »
Mini retraite du 18 Août 2016 à la chapelle de la Féclaz. GANDHI
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