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Mentionnons tout d’abord que, dans la population générale (dont les soignants font partie, sauf
qu’ils pourraient présenter, pour les plus anciens d’entre eux, non vaccinés contre l’hépatite B, un
risque HBV plus élevé), la prévalence des individus potentiellement infectants est de < 0.5 % pour
HBV, de 1 % pour HCV et de 0.15 % pour HIV) (Moloughney B, 2001). Des données parcellaires
montrent qu’environ 1 % des chirurgiens sont, au début des années 90’s, HBV positifs (Ristinen,
1998), alors que les taux de HIV et HCV sont équivalents à ceux de la population générale.
Nous disposons de quelques estimations du risque de transmission virale per-opératoire, qui
semble surtout lié à l’activité chirurgicale cardio-thoracique, orthopédique, colo-rectale et
obstétricale (CDC, 1991). Une situation-type de ce type de risque est celle, assez fréquente, lors
de laquelle un chirurgien, surtout en train d’opérer une région peu visible, palpe une aiguille fichée
dans le tissu d’un malade et se blesse, répandant alors du sang dans la cavité opératoire. Cette
situation a été observée dans environ 30 p.cent des cas lors desquels un chirurgien s’est blessé
lors d’une intervention (CDC,1991). Même la précaution consistant à utiliser un double gantage et
à limiter les interventions à celles qui ne présentent pas un risque élevé de transmission ne
mettent pas totalement à l’abri les malades (Schalm S, 2000).
Par ailleurs, le risque de contamination du patient dépend du type de virus :
-1. pour l’hépatite C : après un contact percutané avec une source contaminée, le taux de
séroconversion HCV est de 1.8 % (CDC, 1998). Les conséquences de l’infection à virus HCV sont,
dans 75 à 85 % des cas, l’évolution vers une hépatopathie chronique, dont 10-20 % de cirrhoses
du foie. Au prix d’un traitement d’interféron α-2 pendant au moins trois mois, associé ou non à la
ribavirine, il semble que le passage à la chronicité puisse être réduit (Orland J, 2001 ; CDC, 2001),
voire presque nul (Jaeckel E, 2001). Dans un modèle mathématique tentant d’évaluer le risque de
transmission HBC d’un chirurgien à un patient, le risque est estimé à 2 10-3 ± 2 10-4 % (moyenne ±
écart-type) pour un chirurgien dont l’état sérologique est inconnu ; pour un chirurgien positif pour
HCV-RNA, il se monte à 0.014 ± 0.002 %. Ainsi, le risque de transmission dans au moins une
procédure sur 5000 en dix années d’activité est de 0.9 ± 0.1 % quand le statut sérologique est
inconnu, et de 50.3 ± 4.8 % quand le chirurgien est HCV-RNA positif (Ross, 2000). Ce risque est
similaire à celui d’acquérir une hépatite C lors d’une transfusion sanguine moyennant les
précautions actuelles, les « précautions standard » (Koerner, 1998). Il est par ailleurs intéressant
de mentionner que, dans l’industrie, un risque de décès supérieur à 1: 10'000 procédures risquées
ou non par année est considéré comme inacceptable (Poole C, 1997 ; Calman, 1996). Il n’existe
pas de vaccin à ce jour qui permettrait une prophylaxie du virus HCV.
-2. pour l’hépatite B : tout d’abord, il convient de rappeler que le risque de transmission du virus de
l’hépatite B est de 30 % lors d’une piqûre d’une personne avec une aiguille contaminée par du
sang d’un tiers présentant une sérologie positive HBVeAg, ce facteur de risque représente donc
un risque très considérable.
Il en va de même chez les malades avec une biopsie hépatique montrant la présence de l’antigène
HBV-DNA ou de l’antigène HBVc sur leurs hépatocytes. Récemment, il a été montré qu’environ 20
% des malades porteurs du virus B (HBsAG +), mais HBVe négatifs, pouvaient être tout de même
infectants s’ils étaient porteurs de virus B avec une mutation sur le codon 28 precore ou encore
chez des patients porteurs d’autres mutations (Boxall E, 1997). De plus, la prophylaxie de
l’hépatite B par des immunoglobulines spécifiques est efficace (NACI, 1998). En revanche, le
risque général de transmission HBV d’un soignant à un malade est très mal connu. Il est
probablement très bas, bien qu’un auteur estime que ce risque se monte à 1 : 1000 procédures
(Poole C, 1999) ou 1 : 2300 (Ross, 2002), chiffres contestés par d’autres auteurs (Eddleston A,
1997) qui disent que ce risque, quoique peu évaluable, est « extremely low » (Beltrami, 2000).
Actuellement, il n’existe pas de preuve qu’un traitement post-exposition ou dans le contexte d’une
hépatite B habituelle, soit efficace. Un traitement de lamivudine n’est donc recommandé qu’en cas
d’hépatite B aiguë particulièrement sévère (CDC, 2001). Toutefois, le traitement antiviral permet de
réduire considérablement la charge virale et il pourrait rendre non contagieux un membre du
personnel jusque là potentiellement infectant, dans la mesure ou, par PCR (polymerase chain
reaction), plus aucune copie virale ne serait détectable. Une limite de 0.5 à 1.0 105 ml-1 copies a