Douleur analg. (2011) 24:S29-S33 DOI 10.1007/s11724-011-0250-z ARTICLE / ARTICLE Séquelles incapacitantes après chimio- et radiothérapie Incapacitating late effects after chemo- and radiotherapy C. Helg © Springer-Verlag France 2011 Résumé Le nombre de survivants à un cancer ne cesse d’augmenter. La chimiothérapie et la radiothérapie restent les bases incontournables du traitement, lorsque les chances de guérison par la chirurgie seule sont jugées insuffisantes. Mis à part la toxicité aiguë engendrée par ces deux modalités, de nombreux effets secondaires à long terme ont été identifiés, dont certains sont incapacitants. L’expérience accumulée avec le temps, l’avènement de nouveaux traitements plus spécifiques et de techniques d’irradiation plus précises, les programmes de détection précoce de certaines tumeurs suggèrent cependant que les effets secondaires sévères, du moins physiques, sont appelés à décroître. Le spectre des séquelles invalidantes tend donc à se déplacer vers des troubles moins aisément quantifiables, pourtant bien réels, que sont une fatigue persistante, invalidante, un état dépressif, des troubles cognitifs avec diminution des performances. La crainte d’une récidive et les risques d’un deuxième cancer s’ajoutent à ce tableau. Un environnement psychosocial aidant, une reconnaissance empathique de la réalité de ces troubles, associés à d’autres mesures de soutien sont des facteurs importants pour en diminuer les conséquences. Pour citer cette revue : Douleur analg. 24 (2011). Mots clés Cancer · Chimiothérapie · Radiothérapie · Survie à long terme · Séquelles invalidantes Abstract An increasing number of patients with cancer become long-term survivors. Currently, chemotherapy and radiotherapy remain the mainstay of cancer treatment when surgery alone is considered insufficient. Both approaches, whether used alone or in combination, produce transient acute toxicities but may also result in long-term incapacitating late effects. Regarding exclusively late physical disabilities, accumulated experience, early detection programs, the advent of newer, more specific and tumor-targeted agents as well as sophisticated irradiation techniques suggest that C. Helg Service d’Oncologie-Hématologie, Centre de Radio-Oncologie des Eaux-Vives, Genève, Suisse Clinique de Genolier, Suisse the incidence of such late effects will decrease. In contrast, chronic incapacitating fatigue, cognitive impairment and psychosocial distress are likely to become critical issues and are more difficult to assess. Fear of relapse and risk of second malignancy all add to this sometimes distressing situation. A supportive psychosocial environment, empathic acknowledgement of a genuine suffering and other therapeutic approaches are important goals towards rehabilitation. To cite this journal: Douleur analg. 24 (2011). Keywords Cancer · Chemotherapy · Radiotherapy · Longterm survival · Late effects Introduction Les patients atteints d’un cancer peuvent être traités par chirurgie, chimiothérapie, hormonothérapie, immunothérapie et/ou radiothérapie selon le type de la maladie, sa localisation ou encore son extension. Ces traitements sont souvent combinés. Ils peuvent entraîner des effets secondaires immédiats (nausées, vomissements, alopécie, toxicité hématologique telle qu’anémie, leucopénie ou thrombopénie, infections, etc.) ou à long terme ; ces derniers sont transitoires ou permanents. De telles complications sont responsables d’une altération de la qualité de vie : fatigue, troubles du sommeil, détresse psychologique, séquelles neurocognitives, cardiaques, pulmonaires, neurologiques entre autre. Il en résulte un impact socio-économique majeur. Un individu est considéré comme un « survivant » d’un cancer à partir du moment où la maladie a été diagnostiquée, et cela, pendant toute sa vie selon la définition établie par le National Cancer Institute (NCI, États-Unis) [8]. Les « survivants » du cancer représentent environ 4 % de la population des États-Unis. Plus d’un individu sur trois aura un jour un cancer diagnostiqué et aujourd’hui cela concerne plus de 11,7 millions d’Américains. De plus, cette population ne cesse de croître. Le cancer dans ses répercussions s’apparente donc de plus en plus à une maladie chronique (Figs. 1,2). Le suivi de ces patients doit comporter la surveillance d’une éventuelle rechute de la tumeur primaire, la détection d’un deuxième, voire troisième cancer et, dans la mesure du S30 Fig. 1 Nombre estimé de survivants du cancer aux États-Unis de 1971 à 2007 ; SEER Cancer Statistics Review, NCI [13] Fig. 2 Survivants : organes ou systèmes concernés [13] possible, le traitement des effets secondaires à long terme. Une approche médicale pluridisciplinaire est nécessaire, de même que la prise en charge des aspects psychosociaux. Séquelles des traitements anticancéreux Fatigue La fatigue est un symptôme universel dont se plaignent à la fois les sujets sains et les patients atteints d’une grande variété de maladies chroniques. La définition de la fatigue liée au cancer est une sensation subjective, persistante, de fatigue, voire d’épuisement physique, émotionnel et/ou cognitif en lien avec le cancer ou son traitement, disproportionnée, et qui interfère dans les activités habituelles [14]. Elle relève de la subjectivité du patient. Elle se différencie d’une fatigue ordinaire par le fait qu’elle n’est pas soulagée par le repos ou le sommeil [4,15]. Elle précède parfois le diagnostic de cancer Douleur analg. (2011) 24:S29-S33 et peut persister longtemps après la fin du traitement, y compris chez des patients en rémission, plainte signalée chez 30 à 40 % des survivants qui peut affecter considérablement leur qualité de vie. Son incidence dépend de l’extension de la maladie de base et de l’intensité des traitements reçus. Différentes hypothèses ont été évoquées : production de cytokines pro-inflammatoires (IL-1, IL-2, IL-6, TNF), dérégulation de l’axe hypothalamo-hypophysaire, atteinte musculosquelettique avec hypercatabolisme (baisse du taux de molécules énergétiques dans le muscle [ATP]). Cependant, la fatigue est rarement un symptôme isolé : elle est souvent accompagnée de douleur, d’une détresse émotionnelle (anxiété, dépression) et de troubles du sommeil. Son étiologie pouvant être multifactorielle, elle nécessite toujours des investigations à la recherche d’une cause potentiellement traitable : anémie, hypothyroïdie, hypogonadisme [16], entre autres. L’évaluation quantitative de cet état d’épuisement a suscité la conception de nombreux questionnaires de qualité de vie, car cet état ne saurait être mesuré par un simple test de laboratoire. La fatigue peut être amplifiée par la détresse psychologique qui accompagne le survivant pendant tout son parcours, élément révélateur d’une atteinte de toutes les dimensions individuelles : restriction physique, perception de la santé, crainte de la rechute ou de la progression de la maladie, problème de couple, diminution de la satisfaction sexuelle à laquelle s’ajoutent parfois la stérilité, des soucis financiers et conflits avec l’assurance maladie. Paradoxalement, la fin d’un traitement ou la guérison n’est pas toujours vécue de façon positive. Le choc vital de l’annonce d’un cancer est compensé par une prise en charge médicale et infirmière de tous les instants, la compassion, les encouragements et l’intérêt de l’entourage. Cet édifice sécurisant et valorisant s’écroule au moins partiellement à la fin d’efforts thérapeutiques couronnés de succès, faisant place à une sensation de vide et d’abandon qui peut encore s’ajouter au mal-être décrit ci-dessus (C. Helg, observation personnelle). Ces symptômes sont rarement évalués de façon systématique, mais font l’objet d’études cliniques spécifiques. En outre, ils sont difficiles à quantifier, pourtant bien réels, et sont souvent considérés avec scepticisme ou suspicion, en particulier la fatigue, lorsqu’il s’agit de fixer un taux d’invalidité. Troubles cognitifs De nombreux patients se plaignent de troubles de la mémoire, de difficultés de concentration, d’apprentissage ou d’exécution des tâches à la suite des traitements reçus. Environ 30 % des patients atteints de cancer du sein ou du côlon présentent de tels troubles avant le début de la chimiothérapie adjuvante. Leur durée est variable, également ils peuvent persister à long terme. De telles difficultés ont été décrites à l’époque chez des enfants souffrant de leucémie Douleur analg. (2011) 24:S29-S33 lymphoblastique aiguë, après irradiation cérébrale, administrée en prévention d’une invasion méningée. Ces constatations ont d’ailleurs amené à modifier les doses de radiothérapie et à la substituer parfois par des chimiothérapies moins nocives. Leur intensité dépend du schéma de chimiothérapie ou de radiothérapie utilisé, de la dose et de la durée du traitement. Leur étiologie reste pour l’instant indéterminée, mais différents facteurs semblent y contribuer : la chimiothérapie et la radiothérapie peuvent entraîner, d’une part, une atteinte des cellules neuronales progénitrices nécessaires au maintien de l’intégrité de la substance blanche et à la neurogenèse au sein de l’hippocampe et, d’autre part, induire par des mécanismes immunologiques la production de cytokines (IL-6, IFN-alpha), responsables de troubles cognitifs [12]. S31 • • • • Séquelles « physiques » Les séquelles « physiques » sont nombreuses et ne peuvent être décrites ici de façon exhaustive. Elles sont plus aisément quantifiables que le symptôme tout aussi invalidant qu’est la fatigue. Quelques exemples sont développés ci-après. Soulignons en préambule que les séquelles invalidantes liées à la toxicité directe des traitements sont plutôt rares. Si tous les médicaments utiles ont une toxicité inévitable, l’on s’efforce de la maintenir dans des limites « acceptables », sous réserve de possibles effets mutagènes responsables de cancers secondaires, induits. Tout oncologue a malheureusement eu l’occasion de constater des complications sévères, invalidantes, des traitements prescrits. Les réserves fonctionnelles des organes ou systèmes incriminés, reflets de l’histoire du patient, y participent, de même que l’extension tumorale et, très probablement, des facteurs de susceptibilité génétique. Avec l’avènement des techniques de séquençage à haut débit du génome, ces susceptibilités individuelles seront sans doute détectées et pourront être prises en compte dans la mesure où existerait un choix thérapeutique. • • • L’utilisation de certains agents de chimiothérapie et/ou une radiothérapie qui implique une partie du cœur peuvent provoquer une insuffisance cardiaque sévère, voire invalidante, en partie secondaire à des pathologies coronariennes induites [1,3,7] ; d’autres agents de chimiothérapie de même que la radiothérapie se soldent parfois par des pneumonies évoluant vers une fibrose pulmonaire qui limite considérablement et définitivement les performances respiratoires [3] ; les irradiations de cancers ORL, les irradiations corporelles totales pratiquées en vue d’une greffe de moelle osseuse induisent fréquemment une sécheresse buccale sévère et irréversible (xérostomie) qui, dans certains cas ou pour certaines professions, est aussi fortement pénalisante, d’autant que la dentition risque, par manque de salive, de subir une dégradation rapide et importante ; • • • la stérilité féminine ou masculine ne représente peut-être pas une séquelle invalidante, mais les conséquences psychologiques ne sauraient être sous-estimées, comme celles aussi d’une ménopause précoce ou très précoce ; les insuffisances thyroïdiennes, conséquence d’une irradiation de la nuque ou corporelle totale (greffe de moelle osseuse), sont fréquentes et aisément compensées, pour autant que le diagnostic soit posé. À défaut, à terme, des complications sévères sont la règle ; outre les atteintes cérébrales décrites plus haut, certains agents de chimiothérapie sont à l’origine de lésions, souvent irréversibles, du système nerveux périphérique, allant jusqu’à provoquer des paralysies ou des douleurs intenses et persistantes [6] ; les reins, la vessie n’échappent pas à cette énumération : insuffisance rénale, parfois sévère, microangiopathie, hypertension artérielle, cystite hémorragique, anémie figurent parmi les séquelles observées, dont certaines conduisent à une dialyse, voire une transplantation rénale ; des nécroses des tissus mous sont observées si certaines chimiothérapies sont injectées à côté de la veine ciblée (injection paraveineuse). De même, des erreurs de voie d’administration (par exemple dans le liquide céphalorachidien au lieu de la voie intraveineuse) peuvent provoquer, selon l’agent incriminé, des lésions irréversibles de la moelle épinière (arachnoïdite, myélite) aboutissant à des plégies de niveaux variables chez les patients qui survivent ; les altérations osseuses sont également à l’origine de séquelles durables, parfois invalidantes : ostéoporose et fractures liées à une ménopause précoce, à certains traitements anti-ostrogéniques (inhibiteurs de l’aromatase) [17], à un déficit de testostérone ; nécroses aseptiques secondaires à un traitement prolongé de corticostéroïdes, nécessitant parfois la pose de prothèse (hanches et/ou genoux) en cas de progression ; citons encore les cataractes, précipitées par la radiothérapie et divers traitements hormonaux. Tumeurs secondaires Les traitements entrepris dans le but de guérir un patient peuvent malheureusement induire des tumeurs secondaires, hématologiques ou solides. Tumeurs hématologiques Les tumeurs hématologiques secondaires sont essentiellement des syndromes myélodysplasiques et des leucémies myéloblastiques aiguës, dont le temps de latence est court, un à deux ans après le traitement de la tumeur initiale, en général réfractaires aux traitements habituels, la survie des patients allant de 6 à 12 mois. Elles surviennent essentiellement après l’administration de cycles de chimiothérapie, comprenant des agents alkylants ou des épipodophyllotoxines. S32 Tumeurs solides Par contre, les tumeurs solides peuvent être secondaires soit à l’administration de chimiothérapie, soit à la suite d’une radiothérapie, en « terrain irradié » [5]. Elles ont un temps de latence plus long, de 10 à 20 ans, voire davantage. Le pronostic est très réservé, avec une survie inférieure à un an par exemple pour les tumeurs pulmonaires survenant après radiothérapie. Leur incidence ne cesse de croître. Cependant, les tumeurs secondaires observées aujourd’hui sont la conséquence des traitements du passé et il est fort probable que leur incidence diminuera à l’avenir grâce aux avancées thérapeutiques actuelles. Environnement psychosocial L’environnement psychosocial comporte un ensemble de facteurs qui reflète les interactions entre un individu et son entourage : travail, contacts sociaux, famille, statut marital, loisirs, suivi médical, prise en charge par une association d’aide aux patients cancéreux, groupes de parole, aide-infirmière, etc. De nombreuses études ont tenté d’établir un lien entre un environnement psychosocial harmonieux et un moindre risque de récidive d’un cancer, sans parvenir à créer l’unanimité. On peut penser que ces facteurs jouent un rôle, par exemple par le biais d’une diminution du stress dont les conséquences immunosuppressives sont connues, mais un rôle mineur, donc difficile à démontrer. Il s’agit actuellement plus d’une question de conviction que de preuves scientifiques. Par contre, il est certain qu’un environnement harmonieux facilite la réintégration de tels patients. Il convient d’attirer l’attention sur un fait qui peut paraître une évidence, mais qui est pourtant une expérience de chaque jour en pratique oncologique : devant une limitation en apparence identique des performances, il existe une réelle inégalité sociale devant la santé qui dépend du niveau socio-culturel et de l’emploi préalable. Reprendre, par exemple, le travail à la fin des traitements dépend bien sûr de l’âge et du métier mais aussi, dans une mesure importante, d’une motivation faite du taux de satisfaction antérieur dans la profession, de l’environnement social, des charges et responsabilités, des buts que l’on s’était fixés et du désir de défier la maladie en reprenant une activité normale. Ces variables doivent absolument être prises en compte pour une évaluation dénuée de parti pris. À titre d’exemple, une colostomie représente une atteinte majeure de l’intégrité corporelle, et sera vécue comme incompatible avec l’activité d’un travailleur de force. Par contre, un travail de bureau permettra une réinsertion plus facile et probablement réalisable. Répercussions économiques La survenue d’un cancer engendre des répercussions financières non négligeables pour un patient : utilisation de ses économies, participation financière au coût des médicaments non remboursés par l’assurance maladie ou aux frais de transport, Douleur analg. (2011) 24:S29-S33 non-progression du plan de carrière, perte d’emploi, absence de cotisation à la caisse de pension, sans oublier les répercussions au sein des membres de la famille, telles que les congés non payés pris pour soutenir ou assurer les soins du patient. En effet, l’atteinte à la santé peut s’étendre sur plusieurs années, malgré un état de rémission persistante. L’impact économique du cancer est majeur si une reprise de travail ne peut être envisagée. La réinsertion, graduelle, dépend de l’attitude de l’employeur et des collègues, principal facteur de réinsertion professionnelle. Une étude récente [2], comprenant 124 patients en rémission complète après une transplantation allogénique pour une hémopathie maligne, révélait que 29 % d’entre eux avaient pu reprendre une activité professionnelle à plein temps. Les coûts financiers du cancer sont une charge pour le patient, sa famille, la société en général et n’ont cessé d’augmenter. Dans un futur proche, ceux-ci pourraient s’accroître plus rapidement que l’ensemble des dépenses médicales, suite à l’introduction de traitements innovants, coûteux, admis comme traitement de référence. Aux États-Unis, les coûts indirects engendrés par la perte de productivité économique s’élevaient en 2006 à 134,8 milliards de dollars (Cancer Trends Progress Report 2009/2010 Update). Prévention/suivi L’énumération faite ci-dessus des séquelles physiques s’apparente au moins en partie à l’histoire de la cancérologie moderne. Les raisons suivantes permettent d’affirmer cette tendance : • • • • • professionnalisation des soins : l’administration d’une chimiothérapie, d’une radiothérapie, la prise en charge d’un patient immunosupprimé, la chirurgie oncologique sont devenues des domaines d’expertise à part entière ; avec davantage de recul, les effets secondaires des traitements ont été mieux évalués et les doses calculées pour rester en deçà d’effets secondaires pénalisants. Quelques substances protectrices sont aussi à disposition ; la plupart des centres bénéficient d’une préparation centralisée des chimiothérapies, impliquant de multiples contrôles, jusqu’au lit du malade, de la dose, du mode et de la voie d’administration ; des polychimiothérapies curatives et largement utilisées se sont avérées avec le temps leucémogènes, une triste mais imprévisible rançon du succès. D’autres médicaments les ont maintenant remplacés dont les risques de leucémogenèse sont moindres ; une meilleure compréhension des mécanismes de l’oncogenèse ouvre la voie à des traitements ciblés, donc plus spécifiques et moins toxiques. Leur cible étant connue (un récepteur cellulaire par exemple), ils peuvent être conçus in silico ; Douleur analg. (2011) 24:S29-S33 • • • • • • • le matériel en général a fait de considérables progrès. La radiothérapie en est un exemple marquant, avec des appareils permettant un ciblage inédit de la tumeur épargnant au maximum les tissus sains. La chirurgie devient robotique ; une attention particulière est vouée à la prévention et au traitement de l’ostéoporose ; les programmes de détection (tumeurs mammaires et du côlon, cancers gynécologiques, mélanome) permettent une prise en charge précoce, pour le côlon avant même la transformation maligne. Il en résulte des interventions bénignes ou des opérations plus simples. La recherche des prédispositions génétiques au cancer va dans le même sens ; la détection, par biologie moléculaire, de la présence ou de l’absence de certains marqueurs génétiques permet, pour le cancer du sein, de renoncer à une chimiothérapie, dont on sait qu’elle sera inutile ; la congélation de sperme est devenue, sous certaines conditions, une pratique de routine et des progrès sont réalisés pour une procédure similaire auprès du genre féminin : prélèvement de fragments d’ovaire, stimulation ovarienne d’urgence suivie d’une fécondation in vitro entre autres [9,11,18]. l’activité physique est le seul « traitement » qui a une efficacité démontrée sur l’état de fatigue et d’épuisement, une fois pris en charge les problèmes associés comme celui d’un état dépressif [10] ; à l’avenir, chaque patient traité d’un cancer avec succès recevra un plan de suivi personnalisé qui comprendra des recommandations evidence based de surveillance d’effets secondaires potentiels à long terme. Conclusion Malgré les progrès évidents obtenus ces dernières années dans le traitement du cancer, les patients souffrent encore aujourd’hui de multiples séquelles incapacitantes dont l’évaluation avec quantification demeure difficile. Si les avancées décrites au chapitre « Prévention/suivi » tendent à diminuer les séquelles invalidantes liées à la toxicité des traitements, fatigue, détresse psychologique et troubles cognitifs occupent le devant de la scène. Le patient sera contraint de passer par différentes étapes de renoncement et processus de deuils successifs : image corporelle, sexualité, fertilité, couple et carrière. Des prises en charge spécialisées sont souvent nécessaires dans ce contexte intriqué, qui illustre en outre l’importance de l’environnement psychosocial. Interviennent aussi l’empathie du soignant ou du médecin-conseil qui, parfois peu informés de ces aspects difficilement quantifiables, peuvent avoir une perception différente de celle du patient, d’où incompréhension mutuelle et conflit. S33 Références 1. Altena R, Perik PJ, van Veldhuisen DJ, et al (2009) Cardiovascular toxicity caused by cancer treatment: strategies for early detection. Lancet Oncol 10:391–9 2. Bieri S, Roosnek E, Helg C, et al (2008) Quality of life and social integration after allogeneic hematopoietic SCT. Bone Marrow Transplant 42(12):819–27 3. Carver JR, Shapiro CL, Ng A, et al (2007) ASCO Cancer Survivorship Expert Panel. American Society of Clinical Oncology clinical evidence review on the ongoing care of adult cancer survivors: cardiac and pulmonary late effects. J Clin Oncol 25:3991–4008 4. Cella D, Lai J, Chang C, et al (2002) Fatigue in cancer patients compared with fatigue in the general United States population. Cancer 94:528–38 5. 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