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Séquelles incapacitantes après chimio- et radiothérapie
Incapacitating late effects after chemo- and radiotherapy
C. Helg
© Springer-Verlag France 2011
Résumé Le nombre de survivants à un cancer ne cesse
daugmenter. La chimiothérapie et la radiothérapie restent
les bases incontournables du traitement, lorsque les chances
de guérison par la chirurgie seule sont jugées insuffisantes.
Mis à part la toxicité aiguë engendrée par ces deux modali-
tés, de nombreux effets secondaires à long terme ont été
identifiés, dont certains sont incapacitants. Lexpérience
accumulée avec le temps, lavènement de nouveaux traite-
ments plus spécifiques et de techniques dirradiation plus
précises, les programmes de détection précoce de certaines
tumeurs suggèrent cependant que les effets secondaires sévè-
res, du moins physiques, sont appelés à décroître. Le spectre
des séquelles invalidantes tend donc à se déplacer vers des
troubles moins aisément quantifiables, pourtant bien réels,
que sont une fatigue persistante, invalidante, un état dépres-
sif, des troubles cognitifs avec diminution des performances.
La crainte dune récidive et les risques dun deuxième cancer
sajoutent à ce tableau. Un environnement psychosocial
aidant, une reconnaissance empathique de la réalité de ces
troubles, associés à dautres mesures de soutien sont des fac-
teurs importants pour en diminuer les conséquences. Pour
citer cette revue : Douleur analg. 24 (2011).
Mots clés Cancer · Chimiothérapie · Radiothérapie · Survie
à long terme · Séquelles invalidantes
Abstract An increasing number of patients with cancer
become long-term survivors. Currently, chemotherapy and
radiotherapy remain the mainstay of cancer treatment when
surgery alone is considered insufficient. Both approaches,
whether used alone or in combination, produce transient
acute toxicities but may also result in long-term incapacita-
ting late effects. Regarding exclusively late physical disabi-
lities, accumulated experience, early detection programs, the
advent of newer, more specific and tumor-targeted agents as
well as sophisticated irradiation techniques suggest that
the incidence of such late effects will decrease. In contrast,
chronic incapacitating fatigue, cognitive impairment and
psychosocial distress are likely to become critical issues
and are more difficult to assess. Fear of relapse and risk of
second malignancy all add to this sometimes distressing
situation. A supportive psychosocial environment, empathic
acknowledgement of a genuine suffering and other therapeu-
tic approaches are important goals towards rehabilitation. To
cite this journal: Douleur analg. 24 (2011).
Keywords Cancer · Chemotherapy · Radiotherapy · Long-
term survival · Late effects
Introduction
Les patients atteints dun cancer peuvent être traités par chi-
rurgie, chimiothérapie, hormonothérapie, immunothérapie
et/ou radiothérapie selon le type de la maladie, sa localisa-
tion ou encore son extension. Ces traitements sont souvent
combinés. Ils peuvent entraîner des effets secondaires
immédiats (nausées, vomissements, alopécie, toxicité héma-
tologique telle quanémie, leucopénie ou thrombopénie,
infections, etc.) ou à long terme ; ces derniers sont transitoi-
res ou permanents. De telles complications sont responsables
dune altération de la qualité de vie : fatigue, troubles du
sommeil, détresse psychologique, séquelles neurocogniti-
ves, cardiaques, pulmonaires, neurologiques entre autre. Il
en résulte un impact socio-économique majeur.
Un individu est considéré comme un « survivant » dun
cancer à partir du moment où la maladie a été diagnostiquée,
et cela, pendant toute sa vie selon la définition établie par
le National Cancer Institute (NCI, États-Unis) [8]. Les
« survivants » du cancer représentent environ 4 % de la popu-
lation des États-Unis. Plus dun individu sur trois aura un
jour un cancer diagnostiqué et aujourdhui cela concerne
plus de 11,7 millions dAméricains. De plus, cette population
ne cesse de croître. Le cancer dans ses répercussions sappa-
rente donc de plus en plus à une maladie chronique (Figs. 1,2).
Le suivi de ces patients doit comporter la surveillance
dune éventuelle rechute de la tumeur primaire, la détection
dun deuxième, voire troisième cancer et, dans la mesure du
C. Helg
Service dOncologie-Hématologie,
Centre de Radio-Oncologie des Eaux-Vives,
Genève, Suisse
Clinique de Genolier, Suisse
Douleur analg. (2011) 24:S29-S33
DOI 10.1007/s11724-011-0250-z
possible, le traitement des effets secondaires à long terme.
Une approche médicale pluridisciplinaire est nécessaire, de
même que la prise en charge des aspects psychosociaux.
Séquelles des traitements anticancéreux
Fatigue
La fatigue est un symptôme universel dont se plaignent à la
fois les sujets sains et les patients atteints dune grande variété
de maladies chroniques. La définition de la fatigue liée au
cancer est une sensation subjective, persistante, de fatigue,
voire dépuisement physique, émotionnel et/ou cognitif en
lien avec le cancer ou son traitement, disproportionnée, et
qui interfère dans les activités habituelles [14]. Elle relève
de la subjectivité du patient. Elle se différencie dune fatigue
ordinaire par le fait quelle nest pas soulagée par le repos ou
le sommeil [4,15]. Elle précède parfois le diagnostic de cancer
et peut persister longtemps après la fin du traitement, y
compris chez des patients en rémission, plainte signalée
chez 30 à 40 % des survivants qui peut affecter considérable-
ment leur qualité de vie. Son incidence dépend de lextension
de la maladie de base et de lintensité des traitements reçus.
Différentes hypothèses ont été évoquées : production de
cytokines pro-inflammatoires (IL-1, IL-2, IL-6, TNF), dérégu-
lation de laxe hypothalamo-hypophysaire, atteinte musculo-
squelettique avec hypercatabolisme (baisse du taux de
molécules énergétiques dans le muscle [ATP]). Cependant,
la fatigue est rarement un symptôme isolé : elle est souvent
accompagnée de douleur, dune détresse émotionnelle
(anxiété, dépression) et de troubles du sommeil. Son étiologie
pouvant être multifactorielle, elle nécessite toujours des inves-
tigations à la recherche dune cause potentiellement traitable :
anémie, hypothyroïdie, hypogonadisme [16], entre autres.
Lévaluation quantitative de cet état dépuisement a sus-
cité la conception de nombreux questionnaires de qualité de
vie, car cet état ne saurait être mesuré par un simple test de
laboratoire.
La fatigue peut être amplifiée par la détresse psycholo-
gique qui accompagne le survivant pendant tout son
parcours, élément révélateur dune atteinte de toutes les
dimensions individuelles : restriction physique, perception
de la santé, crainte de la rechute ou de la progression de la
maladie, problème de couple, diminution de la satisfaction
sexuelle à laquelle sajoutent parfois la stérilité, des soucis
financiers et conflits avec lassurance maladie. Paradoxale-
ment, la fin dun traitement ou la guérison nest pas toujours
vécue de façon positive. Le choc vital de lannonce dun
cancer est compensé par une prise en charge médicale et
infirmière de tous les instants, la compassion, les encourage-
ments et lintérêt de lentourage. Cet édifice sécurisant et
valorisant sécroule au moins partiellement à la fin defforts
thérapeutiques couronnés de succès, faisant place à une
sensation de vide et dabandon qui peut encore sajouter au
mal-être décrit ci-dessus (C. Helg, observation personnelle).
Ces symptômes sont rarement évalués de façon systéma-
tique, mais font lobjet détudes cliniques spécifiques. En
outre, ils sont difficiles à quantifier, pourtant bien réels, et
sont souvent considérés avec scepticisme ou suspicion, en par-
ticulier la fatigue, lorsquil sagit de fixer un taux dinvalidité.
Troubles cognitifs
De nombreux patients se plaignent de troubles de la
mémoire, de difficultés de concentration, dapprentissage
ou dexécution des tâches à la suite des traitements reçus.
Environ 30 % des patients atteints de cancer du sein ou du
côlon présentent de tels troubles avant le début de la chimio-
thérapie adjuvante. Leur durée est variable, également ils
peuvent persister à long terme. De telles difficultés ont été
décrites à lépoque chez des enfants souffrant de leucémie
Fig. 1 Nombre estimé de survivants du cancer aux États-Unis de
1971 à 2007 ; SEER Cancer Statistics Review, NCI [13]
Fig. 2 Survivants : organes ou systèmes concernés [13]
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lymphoblastique aiguë, après irradiation cérébrale, adminis-
trée en prévention dune invasion méningée. Ces consta-
tations ont dailleurs amené à modifier les doses de
radiothérapie et à la substituer parfois par des chimiothé-
rapies moins nocives. Leur intensité dépend du schéma de
chimiothérapie ou de radiothérapie utilisé, de la dose et de la
durée du traitement.
Leur étiologie reste pour linstant indéterminée, mais dif-
férents facteurs semblent y contribuer : la chimiothérapie et
la radiothérapie peuvent entraîner, dune part, une atteinte
des cellules neuronales progénitrices nécessaires au maintien
de lintégrité de la substance blanche et à la neurogenèse au
sein de lhippocampe et, dautre part, induire par des méca-
nismes immunologiques la production de cytokines (IL-6,
IFN-alpha), responsables de troubles cognitifs [12].
Séquelles « physiques »
Les séquelles « physiques » sont nombreuses et ne peuvent
être décrites ici de façon exhaustive. Elles sont plus aisément
quantifiables que le symptôme tout aussi invalidant quest la
fatigue. Quelques exemples sont développés ci-après. Souli-
gnons en préambule que les séquelles invalidantes liées à la
toxicité directe des traitements sont plutôt rares. Si tous les
médicaments utiles ont une toxicité inévitable, lon sefforce
de la maintenir dans des limites « acceptables », sous réserve
de possibles effets mutagènes responsables de cancers
secondaires, induits. Tout oncologue a malheureusement eu
loccasion de constater des complications sévères, invalidan-
tes, des traitements prescrits. Les réserves fonctionnelles des
organes ou systèmes incriminés, reflets de lhistoire du
patient, y participent, de même que lextension tumorale et,
très probablement, des facteurs de susceptibilité génétique.
Avec lavènement des techniques de séquençage à haut débit
du génome, ces susceptibilités individuelles seront sans
doute détectées et pourront être prises en compte dans la
mesure où existerait un choix thérapeutique.
Lutilisation de certains agents de chimiothérapie et/ou
une radiothérapie qui implique une partie du cœur peu-
vent provoquer une insuffisance cardiaque sévère, voire
invalidante, en partie secondaire à des pathologies coro-
nariennes induites [1,3,7] ;
dautres agents de chimiothérapie de même que la radio-
thérapie se soldent parfois par des pneumonies évoluant
vers une fibrose pulmonaire qui limite considérablement
et définitivement les performances respiratoires [3] ;
les irradiations de cancers ORL, les irradiations corporel-
les totales pratiquées en vue dune greffe de moelle
osseuse induisent fréquemment une sécheresse buccale
sévère et irréversible (xérostomie) qui, dans certains cas
ou pour certaines professions, est aussi fortement pénali-
sante, dautant que la dentition risque, par manque de
salive, de subir une dégradation rapide et importante ;
la stérilité féminine ou masculine ne représente peut-être
pas une séquelle invalidante, mais les conséquences psy-
chologiques ne sauraient être sous-estimées, comme
celles aussi dune ménopause précoce ou très précoce ;
les insuffisances thyroïdiennes, conséquence dune irra-
diation de la nuque ou corporelle totale (greffe de moelle
osseuse), sont fréquentes et aisément compensées, pour
autant que le diagnostic soit posé. À défaut, à terme, des
complications sévères sont la règle ;
outre les atteintes cérébrales décrites plus haut, certains
agents de chimiothérapie sont à lorigine de lésions, sou-
vent irréversibles, du système nerveux périphérique,
allant jusquà provoquer des paralysies ou des douleurs
intenses et persistantes [6] ;
lesreins,lavessienéchappent pas à cette énumération :
insuffisance rénale, parfois sévère, microangiopathie,
hypertension artérielle, cystite hémorragique, anémie figu-
rent parmi les séquelles observées, dont certaines condui-
sent à une dialyse, voire une transplantation rénale ;
des nécroses des tissus mous sont observées si certaines
chimiothérapies sont injectées à côté de la veine ciblée
(injection paraveineuse). De même, des erreurs de voie
dadministration (par exemple dans le liquide céphalo-
rachidien au lieu de la voie intraveineuse) peuvent provo-
quer, selon lagent incriminé, des lésions irréversibles de la
moelle épinière (arachnoïdite, myélite) aboutissant à des
plégies de niveaux variables chez les patients qui survivent ;
les altérations osseuses sont également à lorigine de
séquelles durables, parfois invalidantes : ostéoporose et
fractures liées à une ménopause précoce, à certains traite-
ments anti-ostrogéniques (inhibiteurs de laromatase)
[17], à un déficit de testostérone ; nécroses aseptiques
secondaires à un traitement prolongé de corticostéroïdes,
nécessitant parfois la pose de prothèse (hanches et/ou
genoux) en cas de progression ;
citons encore les cataractes, précipitées par la radiothéra-
pie et divers traitements hormonaux.
Tumeurs secondaires
Les traitements entrepris dans le but de guérir un patient
peuvent malheureusement induire des tumeurs secondaires,
hématologiques ou solides.
Tumeurs hématologiques
Les tumeurs hématologiques secondaires sont essentiellement
des syndromes myélodysplasiques et des leucémies myélo-
blastiques aiguës, dont le temps de latence est court, un à
deux ans après le traitement de la tumeur initiale, en général
réfractaires aux traitements habituels, la survie des patients
allant de 6 à 12 mois. Elles surviennent essentiellement
après ladministration de cycles de chimiothérapie, compre-
nant des agents alkylants ou des épipodophyllotoxines.
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Tumeurs solides
Par contre, les tumeurs solides peuvent être secondaires soit
àladministration de chimiothérapie, soit à la suite dune
radiothérapie, en « terrain irradié » [5]. Elles ont un temps
de latence plus long, de 10 à 20 ans, voire davantage. Le
pronostic est très réservé, avec une survie inférieure à un
an par exemple pour les tumeurs pulmonaires survenant
après radiothérapie. Leur incidence ne cesse de croître.
Cependant, les tumeurs secondaires observées aujour-
dhui sont la conséquence des traitements du passé et il est
fort probable que leur incidence diminuera à lavenir grâce
aux avancées thérapeutiques actuelles.
Environnement psychosocial
Lenvironnement psychosocial comporte un ensemble de fac-
teurs qui reflète les interactions entre un individu et son entou-
rage : travail, contacts sociaux, famille, statut marital, loisirs,
suivi médical, prise en charge par une association daide aux
patients cancéreux, groupes de parole, aide-infirmière, etc. De
nombreuses études ont tenté détablir un lien entre un envi-
ronnement psychosocial harmonieux et un moindre risque de
récidive dun cancer, sans parvenir à créer lunanimité. On
peut penser que ces facteurs jouent un rôle, par exemple par
le biais dune diminution du stress dont les conséquences
immunosuppressives sont connues, mais un rôle mineur,
donc difficile à démontrer. Il sagit actuellement plus dune
question de conviction que de preuves scientifiques.
Par contre, il est certain quun environnement harmonieux
facilite la réintégration de tels patients. Il convient dattirer lat-
tention sur un fait qui peut paraître une évidence, mais qui est
pourtant une expérience de chaque jour en pratique oncolo-
gique : devant une limitation en apparence identique des per-
formances, il existe une réelle inégalité sociale devant la santé
qui dépend du niveau socio-culturel et de lemploi préalable.
Reprendre, par exemple, le travail à la fin des traitements
dépend bien sûr de lâge et du métier mais aussi, dans une
mesure importante, dune motivation faite du taux de satisfac-
tion antérieur dans la profession, de lenvironnement social,
des charges et responsabilités, des buts que lon sétait fixés
et du désir de défier la maladie en reprenant une activité nor-
male. Ces variables doivent absolument être prises en compte
pour une évaluation dénuée de parti pris. À titre dexemple,
une colostomie représente une atteinte majeure de lintégrité
corporelle, et sera vécue comme incompatible avec lactivité
dun travailleur de force. Par contre, un travail de bureau per-
mettra une réinsertion plus facile et probablement réalisable.
Répercussions économiques
La survenue dun cancer engendre des répercussions financiè-
res non négligeables pour un patient : utilisation de ses éco-
nomies, participation financière au coût des médicaments non
remboursés par lassurance maladie ou aux frais de transport,
non-progression du plan de carrière, perte demploi, absence
de cotisation à la caisse de pension, sans oublier les répercus-
sions au sein des membres de la famille, telles que les congés
non payés pris pour soutenir ou assurer les soins du patient.
En effet, latteinte à la santé peut sétendre sur plusieurs
années, malgré un état de rémission persistante.
Limpact économique du cancer est majeur si une reprise
de travail ne peut être envisagée. La réinsertion, graduelle,
dépend de lattitude de lemployeur et des collègues, princi-
pal facteur de réinsertion professionnelle.
Une étude récente [2], comprenant 124 patients en rémis-
sion complète après une transplantation allogénique pour une
hémopathie maligne, révélait que 29 % dentre eux avaient pu
reprendre une activité professionnelle à plein temps.
Les coûts financiers du cancer sont une charge pour le
patient, sa famille, la société en général et nont cessé daug-
menter. Dans un futur proche, ceux-ci pourraient saccroître
plus rapidement que lensemble des dépenses médicales,
suite à lintroduction de traitements innovants, coûteux,
admis comme traitement de référence. Aux États-Unis, les
coûts indirects engendrés par la perte de productivité
économique sélevaient en 2006 à 134,8 milliards de dollars
(Cancer Trends Progress Report 2009/2010 Update).
Prévention/suivi
Lénumération faite ci-dessus des séquelles physiques sap-
parente au moins en partie à lhistoire de la cancérologie
moderne. Les raisons suivantes permettent daffirmer cette
tendance :
professionnalisation des soins : ladministration dune
chimiothérapie, dune radiothérapie, la prise en charge
dun patient immunosupprimé, la chirurgie oncologique
sont devenues des domaines dexpertise à part entière ;
avec davantage de recul, les effets secondaires des traite-
ments ont été mieux évalués et les doses calculées pour
rester en deçà deffets secondaires pénalisants. Quelques
substances protectrices sont aussi à disposition ;
la plupart des centres bénéficient dune préparation cen-
tralisée des chimiothérapies, impliquant de multiples
contrôles, jusquau lit du malade, de la dose, du mode et
de la voie dadministration ;
des polychimiothérapies curatives et largement utilisées
se sont avérées avec le temps leucémogènes, une triste
mais imprévisible rançon du succès. Dautres médica-
ments les ont maintenant remplacés dont les risques de
leucémogenèse sont moindres ;
une meilleure compréhension des mécanismes de lonco-
genèse ouvre la voie à des traitements ciblés, donc plus
spécifiques et moins toxiques. Leur cible étant connue (un
récepteur cellulaire par exemple), ils peuvent être conçus
in silico ;
S32 Douleur analg. (2011) 24:S29-S33
le matériel en général a fait de considérables progrès. La
radiothérapie en est un exemple marquant, avec des appa-
reils permettant un ciblage inédit de la tumeur épargnant au
maximum les tissus sains. La chirurgie devient robotique ;
une attention particulière est vouée à la prévention et au
traitement de lostéoporose ;
les programmes de détection (tumeurs mammaires et du
côlon, cancers gynécologiques, mélanome) permettent une
prise en charge précoce, pour le côlon avant même la trans-
formation maligne. Il en résulte des interventions bénignes
ou des opérations plus simples. La recherche des prédispo-
sitions génétiques au cancer va dans le même sens ;
la détection, par biologie moléculaire, de la présence ou
de labsence de certains marqueurs génétiques permet,
pour le cancer du sein, de renoncer à une chimiothérapie,
dont on sait quelle sera inutile ;
la congélation de sperme est devenue, sous certaines
conditions, une pratique de routine et des progrès sont
réalisés pour une procédure similaire auprès du genre
féminin : prélèvement de fragments dovaire, stimulation
ovarienne durgence suivie dune fécondation in vitro
entre autres [9,11,18].
lactivité physique est le seul « traitement » qui a une
efficacité démontrée sur létat de fatigue et dépuisement,
une fois pris en charge les problèmes associés comme
celui dun état dépressif [10] ;
àlavenir, chaque patient traité dun cancer avec succès
recevra un plan de suivi personnalisé qui comprendra des
recommandations evidence based de surveillance deffets
secondaires potentiels à long terme.
Conclusion
Malgré les progrès évidents obtenus ces dernières années
dans le traitement du cancer, les patients souffrent encore
aujourdhui de multiples séquelles incapacitantes dont léva-
luation avec quantification demeure difficile. Si les avancées
décrites au chapitre « Prévention/suivi » tendent à diminuer
les séquelles invalidantes liées à la toxicité des traitements,
fatigue, détresse psychologique et troubles cognitifs occu-
pent le devant de la scène. Le patient sera contraint de passer
par différentes étapes de renoncement et processus de deuils
successifs : image corporelle, sexualité, fertilité, couple et
carrière. Des prises en charge spécialisées sont souvent
nécessaires dans ce contexte intriqué, qui illustre en outre
limportance de lenvironnement psychosocial. Intervien-
nent aussi lempathie du soignant ou du médecin-conseil
qui, parfois peu informés de ces aspects difficilement quan-
tifiables, peuvent avoir une perception différente de celle du
patient, doù incompréhension mutuelle et conflit.
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