23. Interprétation clinique des mesures de l`effet

23.
Interptationcliniquedesmesuresdeleffet
traitement
23.1.Critèresdejugementbinaires
Plusieursmesures(indices)sontutilisablespourquantifierleffet traitement lorsde
lutilisation dun critèredejugementbinaire.Cesmesures,risquerelatif,rapportdes
cotes(«odds-ratio»)etdifférence derisque,auxquelles sajoutelenombredesujets
quil faut traiterpouréviterun événement(NST), nevéhiculentpasexactement la
mêmeinformation clinique[182, 183].Ainsi,ellesnedonnentpasexactement les
mêmesrenseignements surlapertinence cliniquedeleffet.
Lesdeux premières(rapportdescotes,risquerelatif) sontdesmesuresrelatives
etestimentun bénéfice relatif,tandisquelesdeux dernières(différence desrisques
etNST)mesurentun bénéfice absolu.
Tableau23.2. — Terminologie.Relation entrelesmesureset letypedu bénéfice
MesuresModèledeffetIntérêt
Bénéfice
absoludifférence des
risques,
NST
additif
(mesure additive)approchepragmatique
(santépublique,
décision)
Bénéfice
relatifrisquerelatif,
rapportdes
cotes
multiplicatif
(mesure
multiplicative)
approche explicative
(recherche)
Deplus,enméta-analyse,àceproblèmedinterprétation cliniquesesuperpose
celuide choixdumodèledeffet(voirchapitre31).
Uneréduction relativederisquede30%estdéjàuneréduction conséquente, qui
dailleursnestquetrèsrarementobservée.Malgré cela,lapertinence cliniquede
ceteffetdépend du risquedebase.Eneffet,réduire enrelatifde30%un événement
fréquentestbien plusintéressantderéduiredanslamêmeproportion un événement
rare.Si lerisquedebase estde50%,sousleffetduneréduction de30%,il devient
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Interprétation cliniquedesmesuresdeleffet traitement
35%, donnantunedifférence derisquede15%.Avec un risqueinitialde5%,la
mêmeréduction relative aboutit àun risquesoustraitementde3,5%,correspondant
àunedifférence absoluede1,5%.Entermedévénementsévitéspour1000 sujets
traités,lepremiercasdefigure correspond à150 événementsévités,tandisquele
second àseulement15. Aussibien du pointdevuedelasantépublique, quedu point
devueindividuel,lapremièresituation estplusintéressantequelaseconde.
Exemple23.1 Letableau présenteles résultatsobtenusdans3essaisthérapeu-
tiques:lessai4S [20],WestofScotland [15],etISIS 2 [55].Lesdeuxpremiers
essaisétaientdesessaisdeprévention delamorbi-mortalitéliée auxmaladiescar-
diaquesischémiques(infarctus)pardesmédicamentshypocholestérolémiantsdela
classedesinhibiteurs delHMGCoAréductase(statines).Lessai4S était un essai
deprévention secondairedont la population cible estreprésentée parles sujetsqui
ont fait un premierinfarctusdu myocarde etlebutestdeprévenirles récidives.
LessaiWestofScotland était parcontreun essaideprévention primaire.Cetype
deprévention sadresseà des sujets sansantécédentsdinfarctuseta pourbutde
prévenirlasurvenuedun infarctus.Letroisième essaiévaluait lafibrinolyseintra-
veineuseàla phaseaiguëdelinfarctusdu myocarde.Danscestroisessaisle critère
dejugementétait lamortalitédetoutescauseset lespatientsdu groupe contrôle
recevaientun placebo.
Nombrededés(%) Durée Risque
Groupe contrôleGroupetraitédesuivirelatifDRNST
4SNombrededécès256 (11,5%) 182 (8,2%) 4,9 ans0.71 3.3%30
Effectif 2223 2221
WestofScotland
Nombrededécès135 (4,1%) 106 (3,2%) 5,4 ans0.78 0.9%112
Effectif 3293 3302
ISIS2
Nombrededécès(12,0%)(9,2%) 5semaines0.77 2.8%36
Effectif 8595 8592
Ilsetrouve queles risques relatifsobtenusdanscestroisétudes sontsimilaires.
Cependant,les risquesdebaseobsersdanslesgroupescontrôlesétant trèsdiffé-
rents(4Saunrisquedebasedeuxfois supérieuràceluideWestofScotland etproche
de celuidISIS2),lesvaleurs dedifférence derisque etdenombredesujetsnéces-
sairequil faut traiter sontdifférentes.En prévention primaire(WestofScotland),il
estnécessairedetraiterun nombredepatients3,5 fois supérieuràceluinécessaire
en prévention secondairepouréviterun décès,dufait dun risquedebasetroisfois
moindre.
Parcontre,lebénéfice delafibrinolyseàla phaseaiguëdelinfarctuspossède
une valeurdeNSTidentiqueàcelledela prévention primaire,carles risquesbruts
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debaseont lamême valeur.Il fautcependantremarquerquela périodederéférence
du risquedebase estde5semainespourISIS2 tandisquelle estde4,9 anspour4S.
Ainsi,malgrédes risques relatifstrèsvoisins,lebénéfice obtenu danscestrois
situationsnestpasdu mêmeordredegrandeur,entermedepertinence clinique
(appréciéparexempleavec leNST) : lebénéfice delafibrinolyse estsupérieurà
celuidela prévention secondaire, quiest lui-mêmesupérieuràceluidelaprévention
primaire.
Pourpoursuivredanslarelativisation desbénéficeslesunspar rapportaux
autres,il peutêtrenécessairedanscertainscasderapporterleNSTàlafréquence de
lamaladiedansla population. Ilsagit alors duneapprochedesantépubliquequi
raisonne entermedenombrede vies(ou dévénements)épargnées surlensemble
dela population. Ainsi, desbénéficesa prioriminimes(entermedeNST)peuvent
déboucher surun nombredévénementsépargnés substantiel,si lafréquence dela
maladie est importante(cest le casdelinfarctusdu myocardeparexemple).
Avec cetexemple,il apparaît quelerisquerelatifisolédeson contexte est insuf-
fisantpourapprécierlampleurdu bénéfice entermedepertinence cliniqueou de
santépublique.Lestroisindices:risquerelatif, différence desrisquesetNSTou
lun dentre eux associé aurisquedebasesontnécessaires.
Enméta-analyse,il estrarementpossibledepouvoircalculerdirectementàpar-
tirdesessaiscestroisindices.Eneffet,lesrisquesdebasesontsouventvariables
dun essaiàlautre.Danscesconditions,lerisquerelatifet ladifférence derisquene
peuventpasêtresimultanémentconstantsàtraverslesessais.Sicest lerisquere-
latifquiestconstant,ladifférence derisquevavarierenfonction du risquedebase
(etvice versa).Cephénomène estconnu sousletermedinteraction arithmétique
(cf. 31.3.A).Cependant,il estnécessaire enméta-analysequelavaleurdeleffet
traitementsoit identiquepourtouslesessais,autrementunehétérogénéité apparaît.
Ainsi,cette condition nepeutêtreremplilafoispourunemesurerelative etune
différence derisque(saufsi lerisquedebasevarietrèspeu),ce quiconduit àlim-
possibilitédestimersimultanémentcesdeux typesdemesures, directementàpartir
desessais.
Ceproblème estcontournédelafon suivante,issuedu conceptdemodèle
deffet(cf.chapitre31).Laméta-analyseestutilisée pourestimerun desdeuxindices
ensebasantsurlhétérogénéité.Leplus souvent,il sagit dunemesurerelative,le
risquerelatifRR parexemple.UnrisquedebaseglobalRCestensuite estimé,à
partirdesrisquesdebasesobservésdanslesessais.Apartirde cesdeux éléments,
ladifférence derisqueDRestrecalculée par:DR=RC£RR puisleNSTpar:
NST=1 /DR.
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Interprétation cliniquedesmesuresdeleffet traitement
23.2.Critèresdejugementcontinus
Leffetstandardisé estunevaleursansdimension. Eneffet,ladifférence desmoyennes
estdivisée parunegrandeurdemêmeunité,lécart type.Lerapport« perd » donc
lunitéquiétait rattachélagrandeurinitiale.En partie à causede ce point,tous
leseffets standardisés,mêmeissuesdemesuresdifférentes,sontcomparables.
Latransformation effectuée permetdobtenirunenouvellevariable aléatoire
dont lécart type estégalà1. Lesvariablesinitialesétantsupposéesdistribuées se-
lon uneloigaussienne,leffetstandardisélestaussi.Leffetstandardisé correspond
donc à un z-score(appelé aussivariablestandardisée).Lintérêtde cettestandardi-
sation est multiple,maiscettestandardisation permetsurtoutdeprendre encompte
desdisparitésdansleséchellesdemesuresdun essaiàlautre(entermedevariance
desmesures).
A)Exempleintroductif
Cettepropriété est illustrée parlexemplesuivant.Considéronsun étudiantquise
présentdeux épreuves,corrigéespardeux professeursdifférents.
EpreuveNotedelétudiantMoyenneEcart typeAmpleurdeffet
A14/20 10,8/20 5,5/20 0.58
B12/20 10,2/20 2,25/20 0.80
SanoteobtenulépreuveAlaisseprésagerquil estplusperformantdanscette
disciplinequedanslautre.Cependantcesdeux notesnesontpasdirectementcom-
parables,carmêmesi lesnotesmoyennes surlensembledela classesontrelative-
mentsimilaires,lesécartstypede cesnotes sontdifférents.Un desdeux professeurs
utiliseuneplusgrande amplitudedenotespourdiscriminerlesélèvesquelautre.Il
estpossiblede calculerun effetstandardiséquiprend encompte cettedifférence de
variabilitédelanotation etdonneunevaleurstandardisée comparabledune épreuve
àlautre.Celui-cisobtientencalculant ladifférence entrelanotedelétudiantet la
moyennedela classe, puisen divisantce résultatparlécart type.
Dansnotre exemple,leffetstandardisérattachéàlépreuveAest inférieurà
celuidelépreuveB.Contrairementàlapremièreimpression, laperformance de
létudiantdanslépreuveAest inférieure à celledelépreuveB.Cetteinterprétation
provientdu fait quil estpossible à partirdun effetstandardisédepositionnerle
rang dun individu dans sapopulation deréférence.Nousavonsvu quun effetstan-
dardisé estunevariablegaussienne.Pourunevaleurdonnée de cettevariableil est
possiblede calculerquelle est laproportion desindividus(percentile)quiontune
valeurinférieure à cettevaleurderéférence.Cest laproportion deladistribution
inférieurlavaleurderéférence quicorrespond aussiàlaprobabilitépourquune
variable aléatoiregaussienneprenneunevaleurinférieure à lavaleurderéférence.
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Lepercentile correspondantàun effetstandardisésobtientgrâçe à unetabledeloi
gaussienne(ou avec une calculatrice statistiqueou avec un logicieldestatistique).
Fig. 23.1. — Proportion dela distribution normale(79%) correspondantà un
z-scorede0,8.
Aun effetstandardiséde0,8, correspond 79%delapopulation (figure23.1),tan-
disquun effetstandardiséde0,58 correspond à72%.Pourlétudiantdelexemple,
28%desautresétudiantsdela classeontétéplusperformantsqueluidanslépreuve
Acontreseulement21%danslépreuveB.
B)Applicationàlacomparaisondedeuxtraitements
Leffetstandardisépeutêtre conçucomme étant ladifférence quiexiste entreladistri-
bution desvaleursdu critèredejugementdanslegroupe contrôle etcelledesvaleurs
danslegroupe expérimental.Parhypothèse,cesdeux distributions sontgaussiennes
etdemême écart type.Graphiquement,leffetstandardisé est ladistance quisépare
lesdeux modesde cesdeux distributions.Lafigure23.2 illustreun effetstandardisé
de1. Lepatient moyensoustraitement(symboliséparletrait verticaldabscisse1)
alamêmevaleurdu critèredejugementquelepatientdu groupe contrôlesitué au
84epercentiledesadistribution35.Cest-à-direquil occupeun rang où seulement
16%des sujetsontspontanément,avant traitement, unevaleurdu critèredejuge-
mentsupérieure.Si, parexemple,le critèredejugementest lepérimètredemarche
chez despatientsartéritiques,lepatient moyenauraune amélioration de cesperfor-
mancesqui lamènerun niveau où seulement16%des sujetsontspontanément
un périmètredemarchesupérieur.
35 Valeurcorrespondantàz=1dansunetabledeloigaussienne.
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