Psychopathologie - Cliniques universitaires Saint-Luc

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Route 21
Version datée du 20/11/07
Table des matières
TABLE DES MATIERES
2
INTRODUCTION
3
LE 21, QU’EST CE QUE C’EST ?
3
L'UNITE 21, UNITE DE PSYCHOPATHOLOGIE ADULTE. ............................................................................... 3
JOURNEE TYPE AU 21 ........................................................................................................................................ 4
OBJECTIFS DU STAGE DE PSYCHIATRIE
5
LES ATTENTES DE L’EQUIPE .............................................................................................................................. 5
EVALUATION DU STAGE
5
PRISE EN CHARGE EN PSYCHIATRIE
5
SOINS INFIRMIERS SPECIFIQUES ................................................................................................................... 5
RISQUES................................................................................................................................................................ 6
SOINS .................................................................................................................................................................... 6
COMMUNICATION ................................................................................................................................................ 6
CONDUITE A TENIR ............................................................................................................................................. 7
PATHOLOGIES FREQUEMMENT RENCONTREES AU 21
8
LES TROUBLES DE L’HUMEUR ............................................................................................................................ 8
LA DEPRESSION ...................................................................................................................................................... 8
LA MELANCOLIE ...................................................................................................................................................... 8
LES TROUBLES BIPOLAIRES ................................................................................................................................... 9
LES TROUBLES PSYCHOTIQUES ........................................................................................................................ 9
LA BOUFFEE DELIRANTE AIGUË ............................................................................................................................. 9
LA SCHIZOPHRENIE .............................................................................................................................................. 10
LA PARANOÏA ........................................................................................................................................................ 10
LES TROUBLES DE PERSONNALITE LIMITE (BORDERLINE) ...................................................................... 10
LES NEVROSES ................................................................................................................................................... 11
NEVROSE D’ANGOISSE......................................................................................................................................... 11
NEVROSE PHOBIQUE ............................................................................................................................................ 11
NEVROSE OBSESSIONNELLE ET TROUBLES OBSESSIONNELS COMPULSIFS (TOC) ......................................... 12
NEVROSE TRAUMATIQUE (PTSD = SYNDROME DE STRESS POST-TRAUMATIQUE) ........................................ 12
NEVROSE HYSTERIQUE ........................................................................................................................................ 12
LES ASSUETUDES ............................................................................................................................................... 13
LES TROUBLES DU COMPORTEMENT ALIMENTAIRE .................................................................................... 14
L’ANOREXIE MENTALE .......................................................................................................................................... 14
LA BOULIMIE ......................................................................................................................................................... 14
LES MEDICAMENTS LES PLUS FREQUEMMENT UTILISES AU 21
15
ANTIDEPRESSEURS ........................................................................................................................................... 15
BENZODIAZEPINES ........................................................................................................................................... 15
NEUROLEPTIQUES ............................................................................................................................................. 15
TRAITEMENT SPECIFIQUE DU SEVRAGE........................................................................................................ 16
STABILISATEURS DE L’HUMEUR ..................................................................................................................... 16
LES ANTIPARKINSONIENS ANTICHOLINERGIQUES .................................................................................... 17
p.2
Introduction
L’arrivée dans un nouveau lieu de stage n’est jamais facile et nécessite sans cesse
investissement et adaptation. C’est encore plus vrai en psychiatrie : milieu spécifique
de par ses rapports humains et ses « on dit ».
Le but de ce document est de vous aider à vous familiariser avec ce service et de
vous donner certains repères indispensables. Il s’agit d’un outil informel servant de
référentiel entre vous et l’équipe et destiné à rendre votre stage le plus constructif
possible. Néanmoins, l’équipe est à votre disposition pour ce qui resterait incompris,
pour vos remarques, vos réactions et bien entendu vos difficultés.
La règle d’or en psychiatrie est la communication, n’hésitez donc
pas à communiquer avec l’équipe. N’oubliez pas qu’il n’y a pas de bêtes questions, il n’y
a que de bêtes réponses !
Le 21, qu’est ce que c’est ?
L'unité 21, unité de psychopathologie adulte.
Le service d'hospitalisation de psychopathologie adulte est une unité de 24 lits, situé
au sein d'un hôpital général. Il accueille des patients ayant une problématique
psychologique ou psychiatrique aiguë ou subaiguë nécessitant une hospitalisation de
courte durée. La moyenne de séjour dans l'unité est de 3 semaines.
Les patients hospitalisés présentent des problématiques aussi diverses que des
troubles psychotiques, des troubles de l'humeur, des troubles majeurs de la personnalité, des troubles des conduites alimentaires, des décompensations anxieuses majeures,
des tentatives de suicide, des problèmes liés à l'abus d'alcool, de médicaments ou
d'autres substances, des mises au point diagnostiques...
Depuis quelques années, nous constatons une augmentation significative des
hospitalisations nécessitant une prise en charge sociale considérable.
Les patients nous sont adressés par leur médecin traitant, via des consultations
préalables de psychiatres et de psychothérapeutes, par d'autres spécialistes de
l'hôpital, par l'unité de crise du service des urgences, par d'autres institutions ou de
leur propre initiative. Toute admission dans l'unité ne peut avoir lieu que sur l’avis d’un
médecin de l'unité. Durant leur hospitalisation, les patients bénéficient d'une prise en
charge pluridisciplinaire. Notre équipe soignante est composée de médecins
psychiatres, d'infirmier(ères), de psychologues, d'assistantes sociales et d'un
animateur.
La prise en charge tient compte, tant des aspects biologiques (impliquant
notamment une prise médicamenteuse), que psychodynamiques et famili aux.
Au terme de leur hospitalisation, les
thérapeutique extérieur.
patients
sont
orientés vers
un
suivi
p.3
Journée type au 21
7h00
7h30
8h00
Les infirmiers de nuit transmettent les informations à la première personne de
l’équipe de jour.
Réalisation des prises de sang. Vérification des médicaments de 8h00.
Distribution des petits-déjeuners et des médicaments dans les chambres (ou au
salon si le patient est habillé).
Avant la distribution renseignez-vous s’il y a des patients à jeun ou des
surveillances particulières.
Veillez à maintenir l’ordre dans la tisanerie et réapprovisionner les thermos.
8h30
Heure du rapport et organisation de la matinée. Veillez à garantir la
confidentialité des données du Sissi (le document ne sort pas du bureau).
9h30
Début des soins : tour des chambres, prise des paramètres, préparation des
médicaments de midi, soins divers,...
Le lundi : réfection hebdomadaire des lits par les patients eux-mêmes ou avec
aide si nécessaire.
10h00 Début des activités de groupe.
L’animation organise des balades régulières sur le site qui permettent d’évaluer le
comportement des patients quand ils sont en relation avec l’environnement extérieur. A
la demande des patients, toute autre activité peut également être programmée en
accord avec l’animateur et en fonction des possibilités du service. Cette planification
s’effectue lors de la réunion communautaire du mardi matin.
Le mardi de 10h30 à 11h30: réunion communautaire des patients.
Le vendredi de 10h00 à 12h00: atelier peinture.
13h30 Le mercredi : réunion clinique interdisciplinaire jusque 15h30.
12h30 Distribution du dîner et des médicaments et préparation du rapport.
13h00 Rapport à l’équipe de l’après-midi.
14h00 Préparation des médicaments du soir et de la nuit.
15h00 à 20h00 Heures des visites
NB : L’hospitalisation va automatiquement mettre de la distance entre le patient et
son environnement, mais il est parfois encore nécessaire dans certains cas d’interdire
les visites quand les tensions sont trop importantes. D’où l’importance de la mise en
place du cadre de l’hospitalisation au moment de l’admission.
16h00 Prise des paramètres, soins éventuels.
18h00 Distribution des soupers et des médicaments
19h00 Renvoi du chariot et préparation du rapport pour la nuit.
NB : Profitez des soins et des moments calmes pour rencontrer les patients ou
organiser des activités ( en accord avec l’équipe infirmière ) dans des limites de
temps raisonnables.
Les médicaments sont préparés et distribués avec les infirmières du service. Tout
médicament doit être vérifié par un(e) infirmier(ère) du service avant d’être distribué.
p.4
ATTENTION, si un autocollant triangulaire rouge est présent sur la plaquette
du patient, cela signifie qu’il est important de surveiller la prise des
médicaments !
Objectifs du stage de psychiatrie
Les attentes de l’équipe
Dès la première semaine de stage :
 Observer, comprendre le travail infirmier et les relations qui se nouent entre
soignants et patients. Développer votre sens de l’adaptation clinique.
 Respecter la confidentialité et les règles du secret professionnel.
 Communiquer oralement vos observations, remarques, réflexions ainsi que vos
questions à l’équipe.
 Noter vos informations, observations, remarques dans la farde de nursing.
 Intégrer votre travail à celui de l’équipe.
 Respecter une distance thérapeutique adéquate.
 Les soins sont souvent de bonnes occasions d’entrer en contact avec les patients.
Les semaines suivantes :




Maintenir et approfondir les objectifs de la première semaine.
Faire le lien entre les données théoriques et cliniques.
Développer la relation d’aide.
Prendre des initiatives par rapport au travail quotidien de l’infirmier (soins,
paramètres, préparation des médicaments,…)
Evaluation du stage




Avant le stage, rédiger des objectifs et présenter ceux-ci à un membre de l’équipe
dès le début du stage.
En milieu de stage, une évaluation formative par les membres de l’équipe qui vous
ont suivi est réalisée. Celle-ci a pour but de repérer vos lacunes et vos atouts afin
de voir comment nous pouvons vous aider. Il est de votre responsabilité de le
rappeler à l’équipe.
En fin de stage, une seconde évaluation (certificative) se fera par les membres de
l’équipe qui ont le plus souvent travaillé avec vous.
Placer votre feuille d’évaluation ainsi que vos objectifs de stage dans la farde
contenant votre horaire de stage.
Prise en charge en psychiatrie
Soins infirmiers spécifiques
Le rôle infirmier prend en compte la personne dans sa globalité. Il vise à rétablir
l’intégrité physique, psychique et sociale de l’individu en fonction de ses capacités, à
découvrir et comprendre ses difficultés et à lui donner les moyens de les résoudre. C’est
essentiellement dans l’accomplissement de son rôle propre que l’infirmier en psychiatrie
trouve sa spécificité. De par son écoute, son observation, sa compréhension des
p.5
problèmes et sa disponibilité (il est le seul à assurer une présence permanente dans
l’unité de soin), il est à même d’instaurer une relation de confiance et d’aide. Cette
relation tente d’apporter une réponse à la souffrance psychologique du patient, en
l’aidant à reconnaître et comprendre ses troubles, à accepter et assumer au mieux sa
situation sans pour autant le déresponsabiliser.
Interventions infirmières
-
Accueil du patient et de son entourage, présentation du service.
Proposer un environnement adapté selon l’état du patient.
Stimuler l’autonomie du patient.
Encourager le patient à entrer en communication avec autrui.
Observer le comportement non-verbal du patient.
Veiller à maintenir le cadre et les limites de l’hospitalisation.
Effectuer les diverses tâches administratives.
Transmission écrite et orale des informations.
Préparation de la sortie du patient.
Risques
Etre vigilant par rapport aux risques : suicidaire
de chute
de violence
de consommation et de sevrage
Soins
-
Surveillance de l’état général.
Surveillance des paramètres vitaux.
Surveillance de l’apport hydrique et alimentaire.
Veiller au sommeil du patient.
Stimuler et/ou assister les soins d’hygiène.
Etre attentif à la sécurité du patient.
Soins particuliers en cas de crise (isoler, sécuriser).
Communication
Communication de soutien.
d’information et d’éducation.
thérapeutique.
En plus des entretiens médicaux et de ceux réalisés par des psychologues, il existe
différents types d’entretien au niveau infirmier:
Entretien d’accueil : réalisé par le psychiatre et une infirmière.
Sont abordés les motifs de l’hospitalisation, l’élaboration d’un projet post-hospitalier
ainsi que les modalités d’hospitalisation (cadre). L’infirmière effectue ensuite la
présentation du service .
Entretien d’aide : écoute, empathie sans interprétation ni projection.
Entretien informel : décidé par l’événement, à la demande ou non du patient, et
généralement utilisé pour soulager l’anxiété ou reformuler le projet de soin (rappel du
cadre, des projets,…).
Entretien formel : s’assurer du suivi du projet thérapeutique dans le cadre de la
référence infirmière.
Prévention de la violence
p.6
Une unité de psychiatrie est un lieu où les patients sont en souffrance et celle-ci
s’exprime parfois par de l’agitation ou par des propos ou actes violents. Cela survient là
où la communication s’arrête, où le dialogue n’est plus possible. Mais, pas de panique, la
violence extrême au sein du service reste un fait plutôt rare. Nous sommes davantage
confrontés à devoir gérer des conflits quotidiens afin d’anticiper les risques éventuels de
« débordements ». Il est malgré tout important d’aborder le sujet puisque c’est la
compréhension des mécanismes qui mènent à la violence qui permet de la désamorcer
au plus vite.
Les trois facteurs généraux qui, mis en interaction , peuvent dans certaines
circonstances mener à des situations critiques sont :
Le patient : Le patient, en raison de sa pathologie et de son vécu supporte une grosse
charge émotionnelle (frustration, stress aigu, sentiment de peur) et ne parvient plus
à communiquer.
Il y a en plus parfois des antécédents de violence (personnels ou familiaux) ou un
contexte de consommation.
L’environnement : Il faut être vigilant à tout ce qui augmente l’excitation et la tension
du patient. Au niveau du service, ceci peut être en lien avec la vie communautaire,
l’effervescence, les visites…
Le personnel : En tant que soignant nous établissons un cadre qui peut être vécu
comme contraignant par certains patients ce qui génère des frustrations.
A nous d’être attentifs et de veiller à ce que le calme règne au sein du service.
Les formes de violence
Il est important de savoir que l’agitation, l’agressivité (verbale et /ou physique) voire
la violence, sont à identifier en lien avec la pathologie. Pour chaque pathologie, la
violence prend des formes différentes que ce soit au niveau des signes avant-coureurs
ainsi que de la prise en charge qui en découle. Il est bien entendu qu’aucune forme de
violence n’est autorisée, qu’elle soit verbale, envers les objets ou les personnes.
Conduite à tenir
Numéro d’appel du Service de Sécurité
42222
En tant qu’étudiant, nous vous demandons avant tout de venir chercher quelqu’un du
personnel, de prévenir le service de sécurité et de gérer les autres patients (gestion
temporaire du service).
La prise en charge du patient agité, agressif ou violent a deux objectifs principaux :
1. Contenir l’agitation
2. Assurer la sécurité des autres (patients et soignants)
En aucun cas, nous ne demandons aux étudiants de se mettre en danger.
La conduite générale est avant tout de communiquer et de rester calme en gardant
une distance physique appropriée par rapport au patient. Eviter de montrer sa peur
et essayer que l’environnement soit le plus apaisant possible.
p.7
Parfois, l’isolement et la contention (physique ou chimique) permettrent de canaliser
le patient. Cette attitude spécifique nécessite une cohérence d’équipe importante car les
décisions doivent être prises rapidement et les actions coordonnées.
Ne pas oublier l’« après-crise ». Il est important d’en reparler avec le patient ainsi
qu ‘avec les autres patients ayant assisté à cette situation.
Pour tout patient ayant une pathologie mentale, présentant des risques pour luimême ou pour les autres et qui refuse de se soigner, la loi prévoit de recourir à une
mesure de mise en observation. Dans ce cas, le Procureur du Roi peut ordonner une
hospitalisation obligatoire dans un hôpital agréé qui sera alors obligé d’accueillir le
patient. (mesure urgente).
Actuellement, nous ne sommes plus habilités à accepter des mises en observation
dans notre service mais cependant nous pouvons en initier.
Pathologies fréquemment rencontrées au 21
Les troubles de l’humeur
La dépression
L’état dépressif consiste en une perturbation majeure de l’humeur associant une
profonde tristesse, une souffrance psychique intense et un ralentissement de
l’idéation et du comportement. A cela s’ajoute d’autres symptômes fréquents tels que :
-
Perte d'appétit et/ou perte de poids.
Troubles du sommeil pouvant aller de l’hypersomnie à l’insomnie.
Anxiété.
Perte d'énergie, fatigue.
Inhibition psychomotrice.
Trouble de la concentration, de la mémoire, ruminations anxieuses.
Pauvreté du discours (monoïdéisme = centré sur une seule idée).
Perte de l’intérêt ou du plaisir.
Perte de l’estime de soi, sentiment d’inutilité.
Altération de la vie relationnelle (isolement).
Idées suicidaires ou de mort (fréquent mode d’entrée à l’hôpital).
Troubles de la sexualité.
La dépression chez la personne âgée est parfois atypique (ex :confusion) et peut alors
passer inaperçue ou être mal diagnostiquée.
La mélancolie
Il s’agit de la forme aggravée de la dépression avec comme symptômes spécifiques:







Inhibition psychomotrice, lenteur d’idéation.
Troubles de l’attention et de la concentration.
Sentiment d'indignité, d'incurabilité, de ruine.
Auto-dépréciation.
Culpabilité majeure.
Souvent amaigrissement, déshydratation, négligence corporelle, insomnie.
Hypochondrie.
p.8
 Idées suicidaires majeures (la mort apparaissant comme la solution ultime
d’apaisement à la douleur morale).
 Idées délirantes.
 Anxiété.
 « Anesthésie » affective et relationnelle.
Les troubles bipolaires
Pathologie qui associe une alternance d’épisodes maniaques et dépressifs avec des
périodes de rémissions plus ou moins longues.
L’accès maniaque est un état de surexcitation des fonctions psychiques, caractérisé
par l’exaltation de l’humeur (euphorie) et une agitation psychomotrice.
Le début de l’accès maniaque est souvent brutal, sans prodrome prononcé à
l’exception de troubles du sommeil, d’insomnie parfois totale avec absence de
fatigue.
Les autres manifestations de l’état maniaque sont :
- Labilité rapide de l’humeur avec risque d’agressivité.
- Fuite des idées avec discours incohérent (passage du « coq à l’âne ») et logorrhée
(flux excessif de paroles).
- Incapacité de suivre un projet.
- Sensibilité accrue aux facteurs environnementaux.
- Hyperactivité ludique.
- Idées délirantes, mégalomanie et projets inconsidérés.
- Epuisement physique avec amaigrissement ou boulimie.
- Extravagance.
- Troubles de la sexualité (désinhibition, exaltation).
- Absence de conscience morbide.
NB : des symptômes modérés existent dans l’état « hypomane ».
Les troubles psychotiques
La bouffée délirante aiguë
Il s’agit d’un épisode psychotique délirant et/ou hallucinatoire aigu.
Les symptômes sont d’apparition brusque, parfois en relation directe avec un
surmenage, un traumatisme. Ils apparaissent chez un sujet souvent jeune sans
antécédents psychiatriques apparents. Le patient entre immédiatement dans un
processus délirant et/ou hallucinatoire extrême. L’entourage ne reconnaît plus le
patient.
Les principaux symptômes sont :
- Délire polymorphe du point de vue des thèmes et des mécanismes, vécu par le
patient avec une conviction totale.
- Hallucinations psychosensorielles.
- Trouble du comportement , déstructuration avec agitation et risque d’auto- et/ou
d’hétéro-agressivité.
- Sentiment de dépersonnalisation.
- Angoisse majeure.
- Humeur altérée (exaltation ou dépression).
- Troubles du sommeil.
p.9
La bouffée délirante peut évoluer favorablement mais peut également récidiver ou
constituer une entrée dans la psychose chronique, essentiellement schizophrénique.
C’est la raison pour laquelle on lui réserve une place nosographique particulière.
NB : Diagnostic différentiel avec
consommation de toxiques.
des états délirants consécutifs à une
La schizophrénie
Il s’agit d’une affection mentale chronique se caractérisant par une altération
profonde et progressive de la personnalité et évoluant vers un état déficitaire. Le sujet
cesse de construire son monde en communication avec autrui pour se perdre dans un
chaos imaginaire, un repli autistique.
Les manifestations principales sont :
-
Discordance.
Discours et comportement décousus et incohérents.
Perte de contact avec la réalité.
Idées délirantes.
Impression de morcellement corporel.
Hallucinations auditives, visuelles, somesthésiques.
Perturbations affectives (détachement, étrangeté des sentiments).
Troubles du comportement.
Anxiété.
Négligence corporelle.
Dysfonctionnement social, perte progressive de l’autonomie.
Alogie, apragmatisme et aboulie.
Risque d’auto et/ou hétéro-agressivité.
La paranoïa
La paranoïa fait partie des psychoses chroniques.
Le délire paranoïaque est de type logique, structuré, systématisé, interprétatif.
C’est un délire chronique vécu en pleine lucidité.
Le patient est très sensible à la question de la « Loi ».
Le délire peut se constituer sur différents thèmes:
- Délire érotomaniaque: certitude d'être aimé.
- Délire de jalousie.
- Délire de revendication ( en lien avec un préjudice imaginaire).
- Délire d'interprétation : tout fait sens au sujet.
- Délire de persécution.
- Délire mégalomaniaque.
Les symptômes suivants sont principalement rencontrés :
-
Méfiance, attitude permanente de suspicion.
Psycho-rigidité (incapacité de mettre en cause son propre système de
valeur, absence d’autocritique).
Fausseté du jugement.
Risque d’agressivité.
Peu de traitements s’avèrent efficaces pour ce type de pathologie.
Les troubles de personnalité limite (borderline)
Le trouble de personnalité limite se manifeste principalement par :
p.10
-
Changements d’humeur soudains, intenses, rapides ou fréquents.
Sentiment de grand vide intérieur.
Incapacité à gérer ses émotions ou victime de ses émotions.
Incapacité de maîtriser la colère.
Comportements impulsifs autodestructeurs (boulimie, anorexie, sexualité à risque,
consommation alcool, drogue, abus médicaments,…).
Automutilations , TS.
Relations interpersonnelles intenses, chaotiques, marquées par des conflits importants.
Difficultés à supporter la solitude.
Sentiments chroniques d’abandon et de rejet que le patient essaie, dans le même
temps, de provoquer.
Revendications.
Anxiété.
Image de soi instable.
Les névroses
Névrose d’angoisse
L’angoisse et l’anxiété sont au premier plan dans cette névrose et elles deviennent
pathologiques en raison de leur intensité et de leur chronicité. Cela peut alors amener
comme symptômes :








Trouble du sommeil.
Trouble de l’alimentation.
Tristesse.
Tensions.
Modifications du caractère.
Instabilité émotionnelle.
Symptômes
physiques
associés
(palpitations,
syncope,
impression
d’étouffement, crampes gastriques, diarrhées,…).
Raptus anxieux : geste impulsif souvent autoagressif et non contrôlable induit
par l’angoisse.
Névrose phobique
Le phobique est un sujet qui éprouve une peur irraisonnée, attachée à certains
objets et dont il est conscient. Les principales phobies sont celle de l’espace
(agoraphobie, claustrophobie), d’objets, d’animaux, d’impulsion (suicidaire), des
contacts sociaux (peur de la foule, de rougir en public, peur des transports…). Ces
peurs sont précises et bien ancrées dans le réel.
Lorsque le sujet se trouve en présence du facteur déclenchant, il est pris de panique.
Le sujet peut dès lors développer une dépendance excessive aux médicaments
(benzodiazépines) et/ou à son entourage ainsi qu’un isolement socioprofessionnel.
Conduites contra-phobiques :
1. Conduites d’évitement : réduire ou éviter les situations phobogènes.
2. Conduites de réassurance : s’entourer du familier, de proches, faire intervenir un
tiers.
p.11
Névrose
(TOC)
obsessionnelle
et
troubles
obsessionnels
compulsifs
La névrose obsessionnelle est la forme la plus grave des névroses. Elle se définit
comme un trouble compulsif des sentiments et des pensées.
Cette névrose se caractérise par l’association d’obsessions diverses et de
manifestations de défense comme les rites obsessionnels. Le patient est en effet envahi
par des idées ou des images répétées qui s’imposent à lui, le parasitent et l’angoissent.
Le patient est conscient de ses troubles et de leur caractère dérisoire. Il lutte contre ces
troubles par des rituels et des compulsions au point d’en ressentir une profonde fatigue
physique et psychologique.
NB : Elle se différencie de la névrose phobique par le fait que la source
d’angoisse n’est pas la situation présente mais bien la pensée d’une situation ou
d’un objet.
Elle se caractérise par des :
1.
Obsessions / Ruminations: irruptions dans l’esprit du patient d’un
sentiment, d’une idée qui lui apparaît comme un phénomène en désaccord
avec sa pensée consciente et qui persiste de façon incoercible malgré ses
efforts pour s’en débarrasser.
L’obsession peut porter sur une idée concrète (ex : des mots, des chiffres) ou
sur une idée abstraite (ex : la mort, la valeur de tel ou tel comportement).
2.
Compulsions et rituels: actions que le sujet est contraint d’accomplir
répétitivement (ex: se laver les mains, toucher certains objets, les placer
selon un ordre précis) avec l’impossibilité d’y mettre fin bien qu’il soit
conscient de leur absurdité.
Les rituels représentent une forme de défense stratégique contre les obsessions et leur
accomplissement diminue l’angoisse du patient. Si le patient dissimule souvent les
obsessions, il extériorise les rituels et les vérifications (ex : de comptage ou d'ordre
dans l'habillage).
Les personnes souffrant d’un trouble obsessionnel compulsif sont très rarement
hospitalisées. Elles le sont dans des moments de décompensation anxieuse et/ou
dépressive.
Névrose traumatique
traumatique)
(PTSD
=
syndrome
de
stress
post-
Cette névrose est consécutive à des événements extrêmement douloureux (guerres ;
attentats ; viols ; incestes ; agressions…).
Les symptômes en découlant peuvent être :






Troubles du sommeil (cauchemars ; ruminations…)
Angoisse, sentiment de mort imminente
Troubles de la mémoire
Dépression ; repli sur soi
Plaintes hypocondriaques
Troubles du comportement et de la vie socioprofessionnelle
Névrose hystérique
La névrose hystérique se caractérise par des perturbations du caractère et des
manifestations somatiques et/ou psychiques multiples et variées. Elle se retrouve plus
fréquemment chez la femme que chez l’homme.
p.12
Les conflits et les souffrances psychologiques inconscients peuvent être exprimés ou
convertis en symptômes somatiques, appelés « symptômes conversifs », ne suivant
pas les lois de l’organisation anatomo-physiologique (ex : paralysies, contractures,
troubles de la sensibilité, troubles sensoriels, syncope, crise pseudo-épileptique).
Ces troubles aigus sont à la fois pour le patient une expression de sa souffrance, une
autre voie d’évacuation de la tension intrapsychique qu’il subit et un appel à l’aide
adressé à son entourage.
D’autres symptômes, d’ordre psychique, peuvent également être présents :
 Théâtralisme ( exagération des expressions émotionnelles).
 L’hystérique n’existe que dans son personnage, que dans la mesure où il est
reconnu intéressant.
 « Falsification » de l’existence, mythomanie, fabulation, dissimulation,
permettant d’échapper aux frustrations de la réalité.
 Suggestibilité : l’hystérique est influençable, inconsistant, oscillant et versatile.
 Dépendance aux autres (besoin de sécurité, de réassurance), quête
affective incessante.
 Souci de son image, besoin de plaire et d’être remarqué.
 Comportement de séduction inadapté ou attitude provocante, troubles de la
sexualité.
 Tendance à manipuler autrui.
 Tendance dépressive.
 Risque de passage à l’acte important (automutilations, tentative de suicide).
 Troubles de la mémoire (amnésie +/- sélective en raison du contenu gênant ou
désagréable de certains faits).
NB : La grande crise d’hystérie décrite par Charcot ne se rencontre
qu’exceptionnellement de nos jours.
Au sein d’autres cultures ce type de conduite est parfois plus facilement admis.
Les assuétudes
Il s’agit de conduites comportant l’absorption abusive, périodique ou continuelle de
substances telles que l’alcool, les drogues ou les médicaments.
Cette consommation répétée provoque, outre une dégradation lente et progressive de
l’état de santé général, un état de dépendance dont les caractéristiques et l’intensité
varient selon les substances.
 La dépendance psychique : état mental caractérisé par une impulsion à prendre
un produit dans le but d’en retirer un plaisir ou d’annuler une tension.
 La dépendance physique (accoutumance) : état de l’organisme exigeant
l’apport régulier d’une substance toxique. Cette dépendance associe tolérance et
syndrome de sevrage (manque) lors de la privation.
 La tolérance : besoin d’augmenter les doses du produit pour obtenir un même effet.
 Syndrome de sevrage (manque) : souffrance physique et psychologique
consécutive à la privation du produit chez le sujet dépendant.
Les symptômes de sevrage apparaissant dans les premières heures ou jours du sevrage
sont :








tremblements.
transpiration, sueur.
perturbation des paramètres vitaux (tension artérielle élevée, pouls, température).
anxiété, nervosité, irritabilité, agitation.
nausées, vomissements.
troubles du sommeil.
confusion, désorientation spatio-temporelle.
troubles hydro-électrolytiques.
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La gravité des symptômes de sevrage est fonction de la durée et de l’importance de la
consommation du produit qui précède la période de sevrage.
Dans le sevrage alcoolique, le « delirium tremens » constitue un état de sevrage
avancé et se caractérise par l’apparition d’hallucinations visuelles graves, une
hyperthermie (liée à la déshydratation) et des convulsions et/ou crises d’épilepsie. Cet
état nécessite une prise en charge urgente et intensive du patient car il met sa vie en
danger.
La prise en charge infirmière portera essentiellement sur la surveillance des
paramètres (3X/jour) et de l’hydratation du patient.
D’autres symptômes secondaires à une consommation de longue durée peuvent être
présents : carences vitaminiques, troubles gastro-intestinaux, problèmes hépatobiliaires, altération des fonctions cognitives. Ils nécessitent bien souvent une prise en
charge internistique.
Les patients hospitalisés pour assuétudes sont invités à signer dès leur admission un
contrat reprenant les conditions spécifiques dans lesquelles se déroulera leur séjour
(sorties, visites,…). Les modalités de ce contrat sont discutées avec le médecin et un
membre de l’équipe infirmière.
Les troubles du comportement alimentaire
L’anorexie mentale
Elle se caractérise par une perte de poids importante consécutive à une restriction
volontaire, progressive et persistante de l’alimentation, en l’absence de toute maladie
physique pouvant expliquer cet état.
Cette pathologie grave touche de préférence les jeunes femmes, avec un taux de
mortalité importante. L’évolution de la maladie est variable et diffère selon les formes
cliniques (associée à des épisodes boulimiques, forme réactionnelle) et l’étiologie de la
maladie.
On observe un système de pensée négative chez l’anorexique et une perturbation de
la dynamique familiale caractérisée par la surprotection, la rigidité et une absence de
limites personnelles et d’indépendance.
La famille dysfonctionne, place l’anorexique au centre de ses préoccupations pour
éviter sa mort et d’autres conflits interpersonnels ne sont donc pas résolus.
Les symptômes suivants sont fréquemment rencontrés :
 Anorexie: diminution ou perte de l’appétit (associée à des vomissements ou à la
prise de diurétiques et de laxatifs,…).
 Amaigrissement : global, intense, de 30 à 40 % du poids initial.
 Aménorrhée : absence de règles apparaissant après quelques mois
d’amaigrissement.
 Perturbation de l’image corporelle, peur intense de prendre du poids ou de devenir
grosse.
 Dysmorphophobie (conception délirante de l’image du corps).
 Hyperactivité physique et intellectuelle, troubles du sommeil.
 Déni de la pathologie et tendance à manipuler l’entourage.
La boulimie
Trouble de l’alimentation se manifestant par :
 Une perte du contrôle sur le comportement alimentaire.
 Des crises d’absorption rapide d’une grande quantité de nourriture pouvant aller
jusqu’à l’inconfort physique. Ces crises sont généralement suivies de sentiments
dépressifs, de culpabilité et de dégoût de soi.
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 Des comportements compensatoires visant à empêcher la prise de poids :
utilisation de laxatif,
jeûne.
diurétique, vomissements et exercice physique excessif,
Les médicaments les plus fréquemment utilisés au 21
Antidépresseurs
L’antidépresseur agira sur les symptômes de la dépression et non sur la cause, d’où
l’importance d’une psychothérapie associée. Son action n’apparaît qu’après 2 à 3
semaines. Durant cette période, le patient reste encore à risque de passage à l’acte.
Cymbalta®
Efexor®
Efexor Exel®
Prozac®
Remergon® (sédatif)
Serlain®
Seroxat®
Sipralexa®
Trazolan® (sédatif)
Effets secondaires, généralement transitoires (2 premières semaines): hyposalivation,
hypersudation, tachy- ou bradycardie, vertiges, vision floue, rétention urinaire, hypotension,
céphalées, nausées, vomissements, constipation, raptus anxieux, risque suicidaire.
Un effet secondaire significatif à plus long terme est une prise de poids.
Benzodiazépines
Médicaments indiqués dans les états anxieux, les insomnies, les angoisses et les
sevrages.
Ils ont une composante soit plus sédative, soit plus anxiolytique.
L’administration prolongée de benzodiazépines doit être évitée car elle conduit à une
dépendance physique et/ou psychique avec risque de sevrage en cas d'arrêt brutal.
Anxiolytique : Tranxène®
Lexotan®
Lysanxia®
Temesta®
Sédatif :
Valium® (spécifiquement administré dans les sevrages)
Xanax®
Atarax®
Loramet®
Rivotril®
Stilnoct®
Effets secondaires ( présents surtout au début ) : somnolence, diminution de la vigilance
et du tonus musculaire (attention chez les patients qui ont des troubles respiratoires),
céphalées, vertiges, hypotension.
Neuroleptiques
Médicaments utilisés essentiellement dans les troubles psychotiques mais pouvant
également être administrés dans d’autres indications (troubles du sommeil, troubles du
comportement, troubles anxieux,…).
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Leurs effets principaux sont :
1.
2.
3.
4.
Antidélirant : diminue le délire et les hallucinations.
Antimanique : déprime l’humeur.
Anti-autistique : diminue le retrait et l’indifférence affective.
Anxiolytique : diminution de l’angoisse et de l’agitation
chimique).
Atypique :
(« camisole »
Zyprexa®
Seroquel®
Risperdal®
Solian®
Abilify®
Invega®
……
Sédatif :
Dominal®
Dipiperon®
Etumine®
Déhydrobenzopéridol®
Ancienne génération :
Haldol®
Clopixol®
Impromen®
Leponex®
Effets secondaires :
 Hypotension orthostatique, somnolence, insomnie, prise de poids (avec
conséquences !!), constipation, tachycardie, rétention urinaire, troubles sexuels,
baisse de l’immunité, hyposalivation.


Symptômes extrapyramidaux : dyskinésies, tremblements des extrémités,
impatiences.
Syndrome malin des neuroleptiques: Intolérance majeure et rarissime aux
neuroleptiques pouvant entraîner la mort et dont le signe d’alerte est une
augmentation fulgurante de la température.
Il existe des neuroleptiques en injection dépôt qui ont une durée d’action de plusieurs
semaines :
Risperdal Consta®
Haldol décanoas®
Impromen décanoas®
Xéplion®
Zypadhera®
Traitement spécifique du sevrage
Il s’agit d’un traitement essentiellement symptomatique (sevrage physique):
Valium® (benzodiazépine)
Befact®, Bécozyme® (vitamines)
Afin d’éviter toute accoutumance au Valium, un traitement dégressif sera rapidement
instauré.
Stabilisateurs de l’humeur
Traitement des troubles de l’humeur:
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Maniprex® (Lithium)
Effets secondaires : Troubles digestifs, tremblements des extrémités, polyurie,
hypotension, fatigue, troubles thyroïdiens, insuffisance rénale.
Dépakine®
Effets secondaires : Troubles digestifs, tremblements des extrémités, alopécie,
troubles de la coagulation, troubles hépatiques.
Atypiques : Lambipol®, Lamictal®, Lyrica®
Tegretol®
Effets secondaires : Somnolence, troubles digestifs, toxicité hépatique, cutanée,
hématopoïétique.
Ces médicaments nécessitent un contrôle sanguin régulier (dosage) pour contrôler
leur action thérapeutique et leur toxicité.
Les antiparkinsoniens anticholinergiques
Les effets secondaires des neuroleptiques peuvent ressembler à certains symptômes
de la maladie de Parkinson (= effets extrapyramidaux).
Dans ce cas, on donne ce que l’on appelle un « correcteur » :
Artane®
Kemadrin®
En cas de contractures musculaires sévères, des formes IM sont utilisées.
Effets secondaires :troubles digestifs, troubles de la vision, rétention urinaire, sécheresse buccale.
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Nous vous souhaitons un excellent stage à l’unité 21.
L’équipe infirmière du 21.
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