Workshop
LE JIHADISTE E(S)T LE MUSULMAN
Questionner le rapport entre l’islam et le jihad dans une pratique quotidienne en
Syrie/Irak et dans les discours sur le jihad
Mercredi 30 septembre 2015, 9h-13h, salle A 303.
Université de Fribourg, Pérolles II (3ème étage du bâtiment à la section « A », prendre l’ascenseur).
Atelier ouvert aux personnes académiques travaillant sur le sujet de l’islam, de la radicalisation, avec
un intérêt pour le phénomène jihadiste (doctorants et chercheurs avancés) ; aux personnes travaillant
pour le DFAE ; aux personnes travaillant pour l’Etat de Fribourg et qui sont concernées par ces ques-
tions dans leur pratique professionnelle.
Inscription obligatoire jusqu’au 15 septembre, dans la limite des places disponibles, auprès de :
geraldine.casutt@unifr.ch
Intervenants : David Thomson et Samir Amghar
Modératrices : Mallory Schneuwly Purdie et Géraldine Casutt
Cet atelier qui sera animé en français par David Thomson, Samir Amghar et les organisatrices, aura
pour but d’approfondir les interrogations soulevées par la conférence de la veille, mais aussi de donner
des outils pour mieux penser le rapport entre l’islam et le jihad. S’agit-il d’une cause à effet ? L’islam
radical est-il un rempart contre le jihadisme ou un facilitateur ? Peut-on parler de jihad sans islam et
d’islam sans jihad ?
Nous réfléchirons aussi au rapport du jihadiste envers sa religion, que cela soit en amont de son départ
vers la Syrie et même de sa conversion à l’islam, jusqu’à sa vie quotidienne dans le désormais « Etat
islamique », en questionnant notamment l’omniprésence de l’élément dit religieux dans la vie d’un
jihadiste. Comment différencier entre religion et engagement politique ? Parle-t-on de religion lorsqu’il
s’agit de jihadisme, ou de secte ?
La première partie de cet atelier sera animée par Samir Amghar et permettra d’aborder plus spécifi-
quement les fondements et les référents religieux dans le jihad. Après la pause, David Thomson mettra
en perspective les éléments précédents par le biais d’exemples puisés tant dans la propagande que
dans le discours des jihadistes eux-mêmes, qui se définissent comme musulmans. La participation
active des auditeurs sera vivement encouragée. La conclusion permettra ensuite de résumer les points
forts de l’atelier, mais aussi de monter les limites du questionnement entre jihad, islam et religion.
Une bibliographie indicative sera conseillée à tous les participant(e)s.
Conférence
LA RELIGION DU JIHAD ET LE JIHAD COMME RELIGION
Quelle place pour l’argument religieux dans les motivations des candidats
au jihad en Syrie ?
Mardi 29 septembre 2015, 18h15, salle C 120.
Université de Fribourg, Pérolles II (2ème étage du bâtiment à la section « C »).
Conférence publique, ouverte à toute personne intéressée dans la limite des places disponibles.
Le phénomène jihadiste déstabilise les sociétés civiles, politiques et académiques en posant des
questions qui peinent à trouver des réponses satisfaisantes. L’Occident est concerné parce qu’il est
d’une part désigné comme une cible privilégiée par les théoriciens du jihad, mais d’autre part aussi
parce qu’il est touché par les départs (et les retours) de ses propres citoyens vers la Syrie. Si l’on
s’interroge beaucoup sur les profils de ces nouveaux jihadistes, une question récurrente et particuliè-
rement épineuse reste celle du rapport au religieux. De quel islam parle-t-on quand il est question de
jihad ? Le jihad de Syrie et d’Irak a-t-il vraiment quelque chose à voir avec l’islam ? Doit-on parler de
secte pour décrire la mouvance jihadiste, et si oui, comment ? La « porte d’entrée » vers le jihad est-
elle religieuse? Comment vit-on sa religion quand on est jihadiste ?
Afin de mieux appréhender « la religion du jihad », Samir Amghar nous parlera des fondements
religieux et des différences de compréhension dans l’islam radical par rapport au jihad. A travers les
témoignages qu’il a récoltés auprès de personnes se réclamant du jihad et qui ont été socialisées en
France, David Thomson présentera ensuite une dimension plus pratique du phénomène en se concen-
trant sur les motifs, religieux ou non, qu’il a identifiés pour un départ vers la Syrie, avant de nous
donner quelques exemples concrets d’un jihad qui se vit au quotidien.
Les intervenants de la conférence et de l’atelier
Intervenants principaux :
DAVID THOMSON est journaliste au service Afrique de RFI. Il a notamment couvert les
révolutions arabes, plus particulièrement en Tunisie, où il a tourné un documentaire
intitulé « Tunisie : la tentation du jihad ». Il s’est par la suite intéressé aux parcours de
candidats français au jihad, avec lesquels il a fait de nombreux entretiens avant leurs
départs en Syrie. Son livre, « Les Français jihadistes » (Editions Les Arènes, 2014) , dans
lequel il retrace leurs parcours en laissant le lecteur seul juge, est devenu un ouvrage de référence
pour qui s’intéresse de près au phénomène jihadiste. Etant resté en contact avec ses principaux in-
terlocteurs, il relate régulièrement des informations sur la vie quotidienne et les actualités du jihad en
Syrie et en Irak sur son compte Twitter, qui est suivi par plusieurs milliers de personnes.
SAMIR AMGHAR est docteur en sociologie et actuellement chercheur à l’Université
Libre de Bruxelles. Spécialiste du salafisme et de l’islamisme en Europe, il est l’auteur
de nombreux ouvrages de référence sur la question, dont « Le salafisme d’aujourd’hui
: mouvements sectaires en Occident » (Michalon Editions, 2011), « L’islam militant en
Europe » (Infolio, 2013) et a notamment dirigé un ouvrage collectif intitulé « Islamismes
d’Occident : état des lieux et perspectives » (Lignes de repères, 2006). Membre de l’Institut d’études
de l’islam et des sociétés du monde musulman (IISMM – EHESS), il a également été consultant pour
le Ministère de la Défense suisse. Après avoir passé une année au Canada dans le cadre de son
post-doctorat sur l’émergence et le développement du salafisme en Amérique du Nord, il s’intéresse
toujours de près aux questions de radicalisation et est régulièrement sollicité par les médias pour son
expertise.
Modératrices et organisatrices de l’événement :
MALLORY SCHNEUWLY PURDIE est docteure en science et sociologie des religions.
Spécialisée sur les migrations internationales, en particulier en provenance des pays
à majorité musulmane, et sur les processus d’incoporation des migrants aux sociétés
occidentales, elle travaille actuellement au Centre suisse islam et société de l’Univer-
sité de Fribourg, dirige le bureau-conseil Pluralités qu’elle a fondé en 2014 et préside le
Groupe de recherche sur l’islam en Suisse (GRIS).
GÉRALDINE CASUTT est doctorante en sciences des religions à l’Université de Fribourg
(Suisse) et à l’EHESS-Paris, où elle prépare une thèse qui questionne notamment les re-
présentations des femmes occidentales dans l’idéologie jihadiste à travers les fonctions
qu’elles occupent dans l’Etat Islamique en Syrie et en Irak. Travaillant beaucoup sur les
réseaux sociaux, elle collabore aussi étroitement avec des parents concernés par ce
phénomène afin de mieux comprendre les mécaniques d’engagement dans le jihad.