Jusqu``a la section 3, le terme espace désigne un espace - IMJ-PRG

Jusqu’`a la section 3, le terme espace esigne un espace topologique quelconque, une fl`eche
f:XYentre espaces d´esigne une application continue, et on note Top la cat´egorie des
espaces avec applications continues. Nous reviendrons `a la section 3 sur la d´efinition d’une «bonne »
cat´egorie d’espaces topologiques.
1. La notion d’homotopie
1.1. etraction par d´eformation et homotopies. La topologie consid`ere comme ´equivalents
deux espaces ayant la «mˆeme forme ». La notion la plus intuitive correspondante est sans doute
la
efinition 1.1.1 (r´etraction et r´etraction par d´eformation).Soit AXun sous-espace de X.
Une r´etraction de Xsur Aest une application r:XAsatisfaisant r2=r.
Une application continue r:XAest une r´etraction par d´eformation de Xsur As’il
existe une application continue
F:X×IX
(Id´esignant l’intervalle [0,1]) v´erifiant
F(·, t)|A= IdAtI
F(·,0) = IdX
F(·,1) = r(·)
.
D´efinissons plus g´en´eralement la notion d’homotopie entre deux applications continues :
efinition 1.1.2 (homotopie).Une homotopie entre deux applications continues f0, f1:XY
est une application continue
F:X×IY
(x, t)ft(x) = F(t, x)
reliant f0`a f1. On dit que les applications f0et f1sont homotopes et on ´ecrit f0f1.
On v´erifie imm´ediatement que la relation d’homotopie est une relation d’´equivalence sur Top(X, Y ).
efinition 1.1.3. On note [X, Y ]l’ensemble Top(X, Y )/des classes d’homotopie d’applications
de Xvers Y.
efinition 1.1.4 (homotopie relative).Soit AXet f0, f1:XYdeux applications conti-
nues. Une homotopie F:X×IYreliant f0`a f1telle que F|A×Iest ind´ependante de Iest
appel´ee une homotopie relativement `a A. On note f0f1rel A.
Avec cette terminologie, une r´etraction par d´eformation r:XAest une r´etraction de X
sur Ahomotope `a IdXrelativement `a A.
1.2. Equivalence d’homotopie. Remarquons que si i:AXet r:XAest une r´etraction
par d´eformation, alors ri= IdA
irIdX.
La relation de r´etraction par d´eformation n’est donc pas sym´etrique, on la sym´etrise en la
efinition 1.2.1 (´equivalence d’homotopie).Une application continue f:XYest une
´equivalence d’homotopie s’il existe g:YXavec
gfIdX
fgIdY.
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On dit aussi que Xet Yont mˆeme type d’homotopie et on note X'Y.
On v´erifie imm´ediatement que l’´equivalence d’homotopie est une relation d’´equivalence sur les
espaces topologiques. Si toute r´etraction par d´eformation est une ´equivalence par d´eformation, la
r´ecriproque est fausse (c.f. exemple 1.3.2). Cependant deux espaces X,Ysont homotopiquement
´equivalents si et seulement si ils sont contenus dans un mˆeme espace Zse r´etractant par d´eformation
sur chacun d’entre eux : on peut prendre pour Zle cylindre Mf= (X×I)`Y/(x, 1) f(x) (c.f.
section ??) de n’importe quelle ´equivalence d’homotopie f:X'Y.
efinition 1.2.2 (espace contractile).Un espace Xest dit contractile s’il a le type d’homotopie
d’un point.
efinition 1.2.3 (application homotopiquement triviale).Une application f:XYest dite
homotopiquement triviale si elle est homotope `a une application constante.
Remarque 1.2.4.Les conditions suivantes sont ´equivalentes :
Xest contractile.
– IdXest homotopiquement triviale.
toute application f:XYest homotopiquement triviale.
toute application f:YXest homotopiquement triviale.
1.3. Illustration de la diff´erence entre r´etraction par d´eformation et ´equivalence d’ho-
motopie.
Lemme 1.3.1. Si Xse r´etracte par d´eformation sur un point xX, alors tout voisinage Ude x
admet un sous-voisinage VU,xVtel que l’inclusion VXest homotopiquement triviale.
D´emonstration. Soit F:X×IXune homotopie reliant IdX`a l’application constante d’image
x. Alors F(x, t) = xpour tout tI,F(X, 1) = {x}et F(·,0) = IdX. Soit Uvoisinage de xdonn´e.
Posons V={yX / tI, F (y, t)U} ⊂ U. Alors Vest un voisinage de xet l’inclusion
VUest homotopiquement triviale.
Exemple 1.3.2.Cet exemple classique est emprune `a [?, ex.6 p.18]. Consid´erons un «peigne
triangulaire »: le sous-espace de R2(muni de la topologie induite)
X= ([0,1] × {0})rQ[0,1] ({r} × [0,1r]) ,
le lemme pr´ec´edent montre que Xse r´etracte par d´eformation sur tout point de [0,1] × {0}mais
sur aucun autre. En «recollant »ete-bˆeche des copies de ce «peigne »Xon obtient un espace Y
qui est contractile mais ne se r´etracte par d´eformation sur aucun point.
2. CW -complexes
Dans cette section, nous introduisons une cat´egorie d’espaces topologiques (appel´es CW -complexes)
agr´eables `a manipuler combinatoirement : ce sont intuitivement les espaces obtenus par recollement
de cellules (disques ouvert) le long de leur bord (sph`eres), ceci inductivement par dimension crois-
sante. L’int´erˆet des CW -complexes est de permettre la d´emonstration de nombreuses propri´et´es
de fa¸con simple par induction.
efinition 2.0.3. On note Dnla boule unit´e ferm´ee de Rnpour sa m´etrique euclidienne standard
et Sn1=Dnla sph`ere unit´e bord de Dn. Par cellule de dimension non entend un espace
topologique enhom´eomorphe `a la boule ouverte Dn\Sn1.
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efinition 2.0.4 (CW -complexes).Un CW -complexe Xest un espace construit comme suit :
(1) Soit X0un espace discret, appel´e 0-squelette de X.
(2) Par induction on construit le n-squelette Xn`a partir de Xn1en recollant des n-cellules en
α
via des applications φα:Dn
α=Sn1Xn1:
Xn= (Xn1a
αAn
Dn
α)/(xφα(x)xDn
α).
L’ensemble d’indices Anest quelconque.
On v´erifie imm´ediatement que pour tout αAnl’application
Φα:Dn
αXn1a
α
Dn
αXnX
est continue et que sa restriction `a la boule ouverte Dn
α\Dn
αest un hom´eomorphisme sur son
image en
α. L’application Φαest appel´ee application caract´eristique de la cellule en
α.
(3) X=nNXnest muni de la topologie faible : un sous-espace YXest ouvert si et seuleme-
ment si YXnest ouvert dans Xnpour tout nN.
En termes d’applications caract´eristique, on v´erifie ais´ement qu’un sous-espace YXest ouvert
si et seulement si pour tout αA=nNAn, la pr´eimage Φ1
α(Y) est ouvert dans Dn
α.
efinition 2.0.5. On note CW la cat´egorie dont les objets sont les CW -complexes et les mor-
phismes les applications continues entre CW -complexes.
2.1. Exemples.
1.Un CW -complexe de dimension 1 est un graphe.
2.La sph`ere Sn=e0en, o`u enest attach´ee via Sn1e0. Autrement dit Sn=Dn/∂Dn.
3.RPn=Sn/(v∼ −v) est le quotient d’une h´emisph`ere Dnavec points antipodaux de Dn
identifi´es. Mais Dn/(v∼ −v)'RPn1donc RPn=RPn1enavec recollement Sn1
RPn1le quotient d’ordre 2. Par induction on en d´eduit :
RPn=e0e1· · · en.
On peut alors former l’union infinie
RP=nRPn,
qui a une cellule en toute dimension.
4.De mani`ere similaire l’espace CPndes droites complexes de Cn+1 s’identifie au quotient de
la sph`ere unit´e S2n+1 de Cn+1 par les homoth´eties complexes de norme 1. Tout ´el´ement de
S2n+1 est ´equivalent sous cette relation `a un vecteur (w, p1− |w|2)Cn×Ravec w < 1.
Cette repr´esentation est unique si |w| 6= 1, ce qui fournit une cellule e2n. Si |w|= 1 on
obtient le quotient d’une sph`ere S2n1par les homoth´eties complexes de norme 1, soit CPn1.
Finalement CPn=e2nCPn1avec recollement l’application quotient naturelle S2n1
CPn1. Par induction
CPn=e0e2∪ · · · ∪ e2n,
et CPest un CW -complexe form´e d’une cellule en tout degr´e pair.
5.L’inclusion ´equatoriale S0S1⊂ · · · ⊂ Snn’est pas une inclusion de sous-complexes pour
les structures de CW -complexes de l’exemple 2.Le d´ecoupage ´equatorial de Sien deux demi-
h´emisph`eres fournit une autre CW -structure Si=Si1eiei. Ce qui munit l’union infinie
Sd’une structure naturelle de CW -complexe. On montre facilement que Sest contractile.
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2.2. Sous-complexes.
efinition 2.2.1 (Sous-complexe).Un sous-espace YXd’un CW -complexe Xest un sous-
CW -complexe si Yest un ferm´e de Xunion de cellules. Une CW -paire (X, Y )est la donn´ee d’un
CW -complexe Xet d’un sous-CW -complexe YX.
Exemple 2.2.2.Chacun des squelettes Xn,nN, d’un CW -complexe est un sous-CW -complexe.
On obtient ainsi une filtration de Xpar des sous-CW -complexes.
efinition 2.2.3. On dira qu’un CW -complexe est fini s’il est constitu´e d’un nombre fini de
cellules.
Un tel CW -complexe est ´evidemment compact. R´eciproquement :
Lemme 2.2.4. Un sous-espace compact d’un CW -complexe est contenu dans un sous-complexe
fini.
D´emonstration. Soit Cun compact de X.
Sous-lemme 2.2.5. Le compact Crencontre seulement un nombre fini de cellules.
D´emonstration. Soit S={xi, i N}un ensemble de points de Ccontenus dans des cellules
distinctes. Montrons que Sest ferm´e dans X. Par induction on peut supposer que SXn1est
ferm´e dans Xn1. Donc pour toute cellule en
α,φ1
α(S) est ferm´e dans Dn
α. Mais
Φ1
α(S) = φ1
α(SXn1)(au plus un point) .
Ainsi Φ1
α(S) est ferm´e dans Dn
αet donc SXnest ferm´e dans Xn. Finalement Sest ferm´e dans
Xet contenu dans le compact C. L’espace discret Sest ainsi compact, donc fini.
Donc il suffit de montrer qu’une union finie de cellules est contenue dans un sous-complexe fini.
Comme une union finie de sous-complexes finis est un sous-complexe fini, on est r´eduit `a montrer
que toute cellule en
αest contenue dans un sous-complexe fini. L’image de Φα|Dn
αest compacte donc
par induction sur la dimension cette image est contenue dans un sous-complexe fini YXn1.
Mais alors en
αYen
α, qui est encore un sous-complexe fini de X.
2.3. Op´erations ´el´ementaires. On dispose des op´erations ´el´ementaires suivantes dans la cat´e-
gorie CW :
- produit : Si X, Y CW, on d´efinit une structure cellulaire sur X×Yen posant (X×Y)n=
i+j=nXi×Yj. Si on munit l’ensemble X×Y=n(X×Y)nde la topologie faible associ´ee,
on obtient ainsi un CW -complexe encore not´e X×Y. Attention : la topologie de X×Ypeut
ˆetre plus faible que la topologie produit si par exemple les deux CW -complexes Xou Yne
sont pas finis.
- quotient d’une paire : Etant donn´ee une CW -paire (X, A) l’espace topologique quotient X/A
est naturellement un CW -complexe.
- cˆone : Le cˆone d’un CW -complexe Xest le CW -complexe CX =X×I/X × {0}.
- suspension : C’est le double-cˆone SX =X× {1}\X×I/X × {0}. En particulier S(Sn) est
hom´eomorphe `a Sn+1.
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2.4. Remarque sur l’appellation CW .Le Cvient de «closure-finiteness »: l’adh´erence de
toute cellule rencontre au plus un nombre fini de cellules par le lemme pr´ec´edent. Le Wvient de
«weak topology »:Xest muni de la topologie faible. En fait on peut d´emontrer (c’est la d´efinition
originale d’un CW -complexe dˆue `a J.H.C. Whitehead) :
Proposition 2.4.1. Soit Xun espace Hausdorff. Une famille {Φα:Dn
αX}αAest la famille
des applications caract´eristiques d’une structure de CW -complexe sur Xsi et seulement si :
(1) pour tout αA,Φαen restriction `a l’int´erieur de Dn
αest injective. Les cellules images en
α,
αA, sont disjointes deux `a deux et leur union SαAen
αest Xtout entier.
(2) Pour tout αA,Φα(Dn
α)est contenu dans une union finie de cellules de dimension < n.
(3) un sous-ensemble de Xest ferm´e si et seulement si il rencontre en
αen un ferm´e, ceci pour
tout αA.
3. Quelques cat´
egories d’espaces
3.1. La cat´egorie Top des espaces compactements engendr´es. Les CW -complexes sont
pratiques `a manipuler mais la cat´egorie CW est trop petite : en particulier elle n’a pas de Hom
interne : si X, Y CW,XYn’est pas un CW -complexe en g´en´eral. En particulier l’espace de lacet
XS1d’un CW-complexe Xn’a pas en g´en´eral de structure de CW-complexe (notons toutefois qu’un
tel XS1est toujours homotopiquement ´equivalent `a un CW-complexe, c.f. [?]).
Par ailleurs la «grosse »cat´egorie Top (notation provisoire) de tous les espaces topologiques
avec application continues, outre qu’elle contient de nombreux objets qu’on peut l´egitimement
consid´erer comme pathologiques, ne satisfait pas `a la loi exponentielle : l’application naturelle
XY×ZXZY
est un hom´eomorphisme sur son image mais n’est pas surjective en g´en´erale (elle l’est si par exemple
X,Yet Zsont Hausdorff localement compacts).
La cat´egorie que nous cherchons doit ˆetre
(1) suffisamment grosse pour contenir tous les espaces particuliers «rencontr´es dans la pra-
tique »;
(2) ferm´ee pour toutes les op´erations ordinaires : produits petits, coproduits petits, union crois-
sante d’espaces, espace de fonction YXet la composition de ces op´erations.
(3) suffisamment petite pour avoir compatibilit´e entre ces op´erations : on demande par exemple
que (X×Y)Z=XZ×YZet XY×Z=XYZ.
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