Economie informelle en Haïti, mesures macroéconomiques et

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Economie informelle en Haïti, mesures macroéconomiques et impacts sur le PIB
Roseman Aspilaire1, Université Paris-Est Créteil
Résumé
Par le biais d’un modèle DYMIMIC, nous avons mesuré la taille de l’économie informelle en pourcentage du PIB.
Le modèle économétrique réalisé avec 11 variables (9 causales et 2 indicateurs) étalées sur la période 2000-2010,
montre que la baisse du PIB per capita, l’augmentation des taxes et des dépenses gouvernementales et la montée de
l’inflation sont les principaux facteurs qui influencent la croissance de l’économie informelle. Cette croissance de
l’informel se répercute principalement sur le taux de chômage au cours de ces dix dernières années. Entre 2007 et
2010, mieux est la croissance annuelle de l’économie informelle moins bonne est la croissance annuelle du PIB.
Mots-clés : économie informelle, Haïti, PIB, mesures macroéconomiques, équations structurelles, PLS, DYMIMIC.
JEL : O170, C51
Shadow Economy in Haiti, macroeconomic measures and impacts on the GDP
Abstract
We use a DYMIMIC model to estimate the size of shadow economy in Haiti in proportion of the GDP. The
econometric modeling, realized with 11variables (9 causal variables and 2 indicators) over the period 2000 to 2010,
shows that the fall in the GDP per capita, the taxes and government expenditures raising and the inflation increase
are the main factors influencing the growth of the shadow economy. This growth of the shadow economy has a
knock-on effect on the unemployment rate during these last ten years. From 2007 to 2010, better is the annual
growth of the shadow economy; worst is the annual growth of the GDP.
Keywords: Shadow economy, Haiti, GDP, macroeconomic measures, structural modelling, PLS, DYMIMIC.
1
PhD student. [email protected]
1. Introduction
Autant que l’économie informelle est négligée dans les politiques publiques, autant que sa croissance dans
l’économie d’Haïti est palpable. Il y eut quelques études notables sur l’économie informelle dont celles de
Fass en 1988, Montas en 1995 ou encore Brisson-Lamaute en 2002, et même récemment une enquête sur
l’emploi et l’économie informelle en Haïti en 2007 (EEEI 2007) réalisée par l’Institut Haïtien de
Statistiques et d’Informatique (IHSI), mais aucune de ces études ne se sont portées sur la mesure
macroéconomique de la taille de l’économie informelle.
Ainsi dans ce travail nous faisons ressortir dans un premier temps les différentes approches dont
l’économie informelle a été l’objet ainsi que les critiques formulées à leur encontre, puis nous analysons
les différentes définitions de l’informel suivant les objectifs visés et en dernier lieu nous estimons le poids
de l’économie informelle en Haïti en pourcentage du PIB.
2. Revue de littérature
La différenciation et la diversification des réalités socioéconomiques, la divergence des approches sur la
nature et les causes de l'économie informelle et ses interrelations avec le formel, rendent difficile
l'élaboration d'un concept universel de l'informalité. La littérature économique, jusqu'au milieu des années
1990, s'accordait à classer les différentes positions vis-à-vis de ce phénomène économique, en dépit du
fait que la terminologie n'est pas uniformisée dans le milieu, en trois principaux courants de pensée, qui
sont le dualisme, le structuralisme et l’institutionnalisme mais plus tard, soit au début des années 2000 un
quatrième courant voulant être plus analytique et plus général allait émerger sous le nom de l’école
unificatrice.
2.1. Ecole dualiste
La pensée dualiste prend corps dans la théorie de l’extra-légalité (existence d’arrangements des microcontrats économiques et sociaux qui ne sont pas exactement dans le sens de l’état de droit ce qui rend les
capitaux inutilisables et le travail peu divisé) générée par les stratégies de reconversion du capital, elle voit
l'économie informelle comme un pan marginal n'ayant aucun lien direct avec l'économie organisée. Elle
puise ses fondements dans les différents travaux élaborés par Lewis (1954), puis de ceux de Harris et
Todaro (1970).
2.1.1. Modèle de Lewis
Selon Lewis (1954), rural et agricole le secteur de subsistance ne dispose pas suffisamment d’emplois pour
répondre à l’offre de travail qui est toujours supérieure à la demande, sa productivité marginale est
généralement négligeable voire nulle (Lewis, 1954). C’est cet excédent de main d’œuvre qui va alimenter la
demande de travail du secteur capitaliste qui est urbanisé et industrialisé. Etant donné que l’offre excède
toujours la demande de travail dans le secteur industrialisé, le taux de salaire avoisinant le salaire de
subsistance sera toujours suffisant pour attirer les travailleurs du secteur de subsistance. Cela s’explique
par le mode de gestion des capitaux. Donc en cela le marché du travail global est contrôlé par le secteur
capitaliste car c’est lui qui loue la main d’œuvre du secteur de subsistance pour faire fructifier ses capitaux.
Néanmoins il faut remarquer que dans ce modèle le marché est fragmenté en plusieurs petits groupes non
homogènes d’agents du secteur capitaliste et du secteur de subsistance, mais il précise l’existence d’un
fossé immense entre les agents du secteur de subsistance et ceux du secteur capitaliste, qui se trouve non
seulement dans les différences de gains mais aussi dans les caractéristiques des différents agents à savoir
les niveaux de qualification, d’éducation, de responsabilité et de prestige (Lewis, 1954).
S’occupant du mécanisme de la formation des prix suivant la distribution des revenus et de l’effet de
l’inflation sur ces prix, de l’équilibre entre l’épargne et l’investissement, le modèle de Lewis a eu une
portée macroéconomique qui a occulté le caractère dual du marché du travail, qui allait se dégager plus
tard dans les autres modèles, néanmoins il ouvrit la voie à d’autres modèles plus réalistes et plus complets
relativement à l’économie informelle.
2.1.2 Modèle Harris-Todaro
Selon ce modèle, le chômage urbain s’explique par la hausse des salaires du secteur formel, car en
situation de plein emploi le salaire espéré est égal au salaire minimum dans ce secteur. Mais c’est aussi ce
gain espéré qui incite les travailleurs ruraux à la migration vers le secteur industriel et non les gains réels.
Donc, le chômage urbain est un choix économiquement rationnel de la part du migrant rural, car son
revenu espéré en attendant un emploi est plus élevé que son gain, que l’on peut expliciter comme suit. La
main d’œuvre urbaine ( ) comprend deux composantes, une provenant du prolétariat urbain permanent
sans aucun rattachement au secteur rural et l’autre qui est l’offre de travail provenant des migrants ruraux.
Soit f (…) la fonction de production du secteur agricole avec
et
soit P le prix des biens
agricoles en terme de biens industriels, le salaire réel du secteur agricole ( ) est donné par
(1). Soit h (…) la fonction de production du secteur agricole avec
et
, le salaire réel du
secteur industriel ( ) est donné par
, en raison du comportement de maximisation des profits des
entrepreneurs qui sont en situation de concurrence parfaite, par contre le revenu minimum urbain , est
tel que
.
Le revenu urbain espéré ( ) est donné par
, p étant la probabilité de trouver un emploi, elle
est égale au rapport
où
représente l’emploi total. La migration des travailleurs ruraux ne
s’arrêtera que quand la productivité agricole en termes de biens manufacturiers soit égale au salaire urbain
espéré, i.e. quand il y aura l’équilibre (
). Pour ce faire deux cas sont à envisager, soit en situation
de plein emploi (
) dès lors trouver un emploi n’est plus hypothétique (
) et
, soit le
différentiel revenu urbain espéré – revenu rural est nul i.e.
, ce qui corrobore l’hypothèse
que le flux migratoire dépend des revenus et de la probabilité de trouver un emploi.
2.2. Ecole structuraliste
Les structuralistes, conçoivent l'informel comme subordonné à l'économie formelle dont les grandes
entreprises privilégiées, ayant pour objectifs la réduction de leurs coûts de production et l’augmentation
de leur productivité, subordonnent les petites firmes et les travailleurs de l'informel. Suivant la pensée
structuraliste, les relations de production informelle étant fermement liées aux grandes entreprises
capitalistes, donc cette interdépendance explique que la croissance économique ne saurait les éliminer.
2.3. Ecole institutionnaliste
L’école légaliste, prenant source dans la théorie de l’extra-légalité comme stratégie de survie faces aux
contraintes étatiques, conçoit l'économie informelle comme la réponse des micro-entrepreneurs à la
régulation bureaucratique sans partage de l'Etat, est représentée par de Soto (1989), ainsi que par Feige
(1990).
2.3.1 Approche de De Soto
Selon de Soto (1989), l’Etat est le seul responsable de la marginalisation des masses en attribuant à des
groupes d’entrepreneurs certains privilèges et en instituant des instances judiciaires inefficaces. L’excès de
réglementations fait que les coûts de légalisation soient très élevés, alors pour exercer l’esprit d’entreprise
et assurer la survie, des petits groupes d’intérêts luttent entre eux, les gouvernements accaparent la
majorité des privilèges, alors passer outre des lois devient le seul issu possible qui s’offre aux marginalisés.
Ce fut le premier modèle à avancer implicitement l’idée de segmentation du marché informel en avançant
que l’informel comporte deux volets, les marchands de rue et les marchés informels proprement dits.
2.3.2 Approche de Feige
Selon Feige, le fait de supporter des transformations et des coûts de transactions différents des autres
agents économiques était le facteur qui différenciait les agents de l’informel des agents du formel (Feige,
1990). Ce sont ces transformations et ces coûts de transactions relatifs aux secteurs formel et informel qui
expliquent l’importance de ces secteurs dans le processus de développement, qui sont les fondements de
l’école institutionnaliste. En mettant l’accent sur le rôle de l’Etat dans les processus d’allocation des
ressources, les tenants de cette école ont insisté sur l’aspect partiel du cadre d’analyse néo-classique. Pour
Feige il existe quatre types d’informalité distincts qui sont les activités illégales, les activités non signalées,
les activités non enregistrées et les activités informelles proprement dites.
2.4 Ecole Unificatrice
Puisqu’aucune des écoles de pensée n'a réussi à élaborer un cadre où l'informel peut trouver la plénitude
de son expression au sens économique propre voire l'expression de sa mesurabilité statistique, alors une
quatrième école de pensée allait voir le jour. Elle préconise une approche qui mélange dans une certaine
limite les trois courants précédents et du même coup mit fin au clivage qui existe entre les approches des
trois écoles, dite approche unificatrice. Cette école à tendance bicéphale, propose dans un premier temps
de voir le marché du travail informel comme un marché de travail à segments multiples et deuxièmement
de voir l’économie informelle comme un système disposant d’une dynamique qui lui est propre.
2.4.1 Approche intégrée (modèle de Fields)
Il existe, selon Fields (1975, 1990), un clivage des économies des pays en développement en secteur
formel et secteur informel. Le secteur formel est moderne, urbain et couvert tandis que le secteur
informel est traditionnel, agricole et non-couvert, mais la migration qui envoie les agents de l’informel en
milieu urbain va favoriser le développement de l’informel urbain qui lui-même est un informel à deux
vitesses c'est-à-dire hétérogène, dans la mesure où il reçoit les migrants sans expérience et sans
qualification spécifique et les anciens employés du formel munis d’expérience, de capitaux et d’habiletés.
Les premiers créent un pôle de l’emploi informel où l’entré est gratuite, les revenus sont faibles et le
travail formel est un rêve tant il est souhaité et désiré et les seconds créent un pan où l’entrée est limitée,
les revenus sont élevés et elle est préférée à l’emploi formel.
2.4.2. Approche dynamique
Par delà même de la segmentation du marché informel, il existe, d’après cette approche des interrelations
entre le secteur formel et le secteur informel, desquelles va s’alimenter le phénomène de segmentation.
Cette segmentation n’est pas seulement une segmentation duale mais une segmentation multiple à travers
laquelle les agents vont d’un secteur à un autre suivant leurs caractéristiques intrinsèques et leurs
motivations. Conçue sur la base du modèle de Lopez appelé encore modèle de mobilité
intersectorielle, l’approche dynamique envisage diverses possibilités de déplacement dans la mobilité
intersectorielle, pour mieux cerner cette approche, présentons d’abord le modèle de Lopez (1989).
Suivant Lopez il existe une mobilité entre le secteur informel et le secteur formel, dont le secteur formel
par son segment inferieur est en amont et à la fois en aval grâce à son segment supérieur, donc le secteur
formel est un trait d’union entre les deux segments. Ce processus est décrit en trois étapes dans le modèle,
selon que le travailleur est jeune, sans qualification et sans expérience, ou qu’il a une certaine expérience et
certaines aptitudes ou qu’enfin le travailleur atteint un certain âge, avec du capital social et un certain
bagage technique.
Au modèle de Lopez, s’ajoute premièrement le fait que le secteur informel ne possède pas deux segments
mais plusieurs (Fields 2005 ; Chen 2005) et deuxièmement qu’il y a plusieurs types de mobilités, de plus
elles ne sont pas à sens unique même si elles ne sont pas à la portée de tous (Gagnon 2008). Ainsi
l’économie informelle est composée de différents segments découpés eux-mêmes en plusieurs réseaux
sociaux avec différents types d’agents. Un segment supérieur composée de sous-segments qui sont les
micro-entrepreneurs, ceux qui travaillent à leur propre compte et les travailleurs impayés de l’entreprise
familiale ; un segment intermédiaire composé des travailleurs des entreprises informelles, les autres
salariés informels ; et un segment inferieur où se regroupent les ménages qui luttent pour survivre et les
travailleurs de la sous-traitance industrielle.
Tous les segments ne sont pas ouverts à tous les agents, l’accès aux différents segments et le passage d’un
segment à l’autre sont fonction du capital humain et social à savoir le niveau d’instruction, la motivation,
l’expérience professionnelle et les compétences mais aussi dépendent des caractéristiques socioéconomiques du pays en question (contexte macroéconomique, cadre juridique, règlementations des
entreprises, etc.) de l’importance des réseaux sociaux. De là étant il revient à distinguer sur le marché
informel trois types de mobilité, mobilité de l’emploi, mobilité spatiale et mobilité des revenus des
individus (Gagnon 2008).
On peut résumer la mobilité intersectorielle de l’approche dynamique par le schéma suivant :
Fig. 1 Marché du travail à plusieurs segments
Secteur formel
Inactivité
Secteur informel
Segment supérieur
Secteur informel
Segment inferieur
Chômage
Secteur informel
Segment intermédiaire
Source : (Jutting, Laiglesia, 2009) modifications de l’auteur
2.5 Economie informelle : définitions suivant les réalités et le contexte
2.5.1 Définitions institutionnelles (BIT)
Au regard de certaines définitions données par le BIT, l'économie informelle est vue comme une
catégorie où tout ce qui est non formel est rangé, en cela elle souffre d’un mal de définition. Lors de la
dix-septième Conférence Internationale des Statisticiens du Travail (CIST), le BIT définit l'informel
comme entité englobant les catégories ci-après: Les travailleurs de l’entreprise familiale non rémunérés,
ceux qui travaillent à leur propre compte, Les salariés de l’emploi informel, les personnes se regroupant au
sein des coopératives de production informelles, ceux qui produisent des biens destinés à l’usage exclusif
de leur ménage.
2.5.2 Définitions opérationnelles
L’informel peut être défini par rapport aux modes d’organisation et de fonctionnement dont il est sujet,
dès lors l’informalité est définie selon certaines méthodes de fonctionnement et de production volontaires
et/ou circonstancielles des entreprises informelles. Ce sont les définitions opérationnelles qui présentent
l’avantage de ne pas suivre le courant des définitions dualistes consistant à circonscrire l’économie
informelle par comparaison au formel. Elles se basent sur les logiques de production et sur l’hétérogénéité
des activités groupées de l’informel, ces formes de définition sont utilisées par des auteurs tels que Hugon
(1980) et Charmes (1980).
2.5.3 Définitions critérielles
On peut prêter aux composantes de l'informel certains traits qui les sont propres comme le nonenregistrement administratif et statistique, leur petite taille, leur faible niveau de technicité, ou leur niveau
d'organisation peu élevé. S'il est vrai qu'elles sont propres aux entités de l'économie informelle, cependant
de telles caractéristiques ne sont pas exhaustives car l'informel étant multiforme et complexe, on peut
rencontrer plusieurs caractéristiques distinctes qui sont en fonction du lieu et du temps, donc il n’existe
pas de spécificité propre à un secteur informel au sens de la caractérisation.
2.5.4 Concepts et acception de l’informel
L’acception de la notion d’économie informelle semble controversée pour un concept dont le caractère
principal est son hétérogénéité. L'informel est antagonique au formel dans un très large registre, s'il
s'oppose au formel c'est en tant que marginal ou illégal, dans une large acception l'économie informelle
comprend les activités légales non réglementées par l'Etat donc échappant à son contrôle pour une raison
ou pour une autre, et les activités illégales contraires aux principes de l'Etat comme trafic de drogue,
contrebande, prostitution et jeux engendrent simplement l'économie illégale. L'économie informelle est ici
reconnue comme la totalité de la part de l'économie non-observée ajoutée également à la production
illégale de l’économie. Cette acception est légitime dans la mesure où dans le calcul des agrégats
macroéconomiques, en particulier le Produit Intérieur Brut on retrouve toutes sortes de revenus générés
par toutes les activités économiques (légales ou illégales).
3. Modèle théorique de mesurabilité et d’estimation de l’économie informelle
3.1 Méthodes de mesure
Plusieurs méthodes ont vu le jour pour mieux cerner l’économie informelle, dont certaines sont plutôt
basées sur des approches microéconomiques, ces méthodes constituent ce que les spécialistes appellent
les approches directes et d’autres basées sur divers indicateurs macroéconomiques variant d’un ensemble
à un autre, de telles méthodes appartiennent à ce qu’il convient d’appeler les approches indirectes.
Plusieurs méthodes ont vu le jour pour mieux cerner l’économie informelle, dont certaines sont plutôt
basées sur des approches microéconomiques, ces méthodes constituent ce que les spécialistes appellent
les approches directes et d’autres basées sur divers indicateurs macroéconomiques variant d’un ensemble
à un autre, de telles méthodes appartiennent à ce qu’il convient d’appeler les approches indirectes
3.1.1 Méthodes directes
Les approches directes sont des approches microéconomiques qui utilisent différentes procédures qui
sont généralement regroupées comme suit.
La méthode des enquêtes est basée sur les questionnaires à réponses volontaires, comprend plusieurs
aspects (Isachsen, Klovland et Strom, 1982). Les enquêtes auprès des ménages permettant de cerner la
pluriactivité et le travail à domicile. Les enquêtes auprès des petites entreprises localisées permettent de
cerner les caractéristiques des entreprises, les revenus et les aspects de la production. Enfin, les enquêtes
mixtes – ménages et entreprises - qui permettent de cerner les caractéristiques socioéconomiques des
agents informels ainsi la segmentation du marché du travail informel.
Mais le plus grand inconvénient de cette méthode est que les résultats des enquêtes basées sur les
questionnaires sont trop subjectifs (Morgensen et al. 1995), ils dépendent de la formulation des
questionnaires dans un premier temps, et ils dépendent également des réponses des interviewés or il
s’avère qu’un interviewé peut avoir du mal à déclarer un comportement frauduleux.
La méthode des contrôles fiscaux est axée sur les contrôles des taxes versées au fisc qui permettent
d’estimer l’économie informelle en se basant sur les différences entre les déclarations des revenus sujets
aux taxes et ceux soumis à des vérifications particulières (Simon et Witte, 1982 ; Feige, 1986). La faiblesse
de cette méthode est qu’elle ne prend pas en compte le travail non déclaré puisque les vérifications
particulières ne permettent pas de déceler toutes les fraudes et les fausses déclarations existantes dans le
système.
La méthode de l’offre implicite de travail utilise également les informations disponibles sur le marché du
travail formel et informel afin de pouvoir estimer la taille de l’économie informelle d’où la méthode de
l’offre de travail implicite. La méthode axée sur les études comparatives du marché du travail présente
également des faiblesses telles que la possibilité de sous-estimer le nombre total de personnes travaillant
dans l’informel, elle ne tient pas compte des activités illégales telles que le trafic de stupéfiants, les jeux de
hasard et la prostitution et finalement elle ne tient pas compte non plus des personnes qui détiennent plus
d’un emploi car suivant la littérature relative à l’informel nombreuses sont les personnes qui travaillent
dans l’informel détenant un deuxième emploi.
La méthode des approches directes présente comme avantage principal le fait de fournir des informations
détaillées relatives à la structure de l’économie informelle. Parmi tous les dérivés de ces approches,
l’approche de l’enquête par les questionnaires reste la méthode la plus utilisée.
3.1.2 Méthodes indirectes
Méthode des écarts entre les dépenses et les revenus des ménages : tenant compte des enquêtes sur le
budget et les consommations des ménages, il est possible de faire une analyse comparative entre les
revenus et les consommations des ménages. En comptabilité nationale la mesure du revenu (PIB) doit
être égale à celle des dépenses (PIB). De ce fait s’il existe une mesure indépendante des dépenses issue
d’un échantillonnage bien effectué sur la population mesurant la consommation des ménages sur une
période déterminée tout en extirpant également leurs épargnes de leurs revenus, l’écart entre cette mesure
des dépenses et celle des revenus (PIB) fournie par la comptabilité nationale provient alors d’activités
autres que celles connues ou déclarées et il peut servir d’indicateur de mesure de l’extension de l’économie
informelle (Park, 1979). Néanmoins la faiblesse de cette méthode est le fait qu’elle ne prend pas en
compte le travail non déclaré puisque pour soustraire le revenu du PIB il faut des sources fiscales, or le
travail non déclaré justement n’est pas fiscalement enregistré.
Méthode des écarts entre la main d’œuvre officielle et la main d’œuvre réelle : les taux officiels de
participation de la population dans la main d’œuvre nationale ne sont pas toujours compatibles avec les
données réelles relatives à la main d’œuvre qui évolue dans l’économie, cet écart souvent observé entre les
taux officiels et les taux réels de participation peut être considéré comme un indicateur de mesure de la
taille de l’économie informelle dans l’économie globale. Ou encore une diminution du taux de
participation de la main d’œuvre dans l’économie officielle implique, suivant cette méthode une
augmentation de la main d’œuvre dans l’économie informelle (O’Neill, 1983) et cette différence est
l’indicateur utilisé par la méthode en question pour mesurer la taille de l’informel.
Les limites de cette méthode repose sur le fait que l’écart n’est pas forcément fiable, car certaines
personnes travaillent dans le formel et dans l’informel à la fois et l’écart observé dans le taux de
participation dans la main d’œuvre officielle peut avoir d’autres causes qu’une augmentation de la
participation de la main d’œuvre dans l’informel.
Méthode des inputs physiques : elle comprend deux modèles (Kaufmann et Kaliberda, 1996 ; Lackó,
1998) consiste à considérer que la consommation d’électricité est le meilleur indicateur de l’activité
économique dans son ensemble c'est-à-dire activités légales et informelles. Cette méthode regroupe deux
études empiriques qui ont montré l’existence d’une élasticité proche de l’unité entre le Produit National
Brut (PNB) et la consommation d’électricité.
Cependant, cette méthode peut être critiquée sur les bases suivantes : les activités informelles sont plus
intensives en main d’œuvre ou vont utiliser d’autres sources d’énergie si bien qu’on aura une sousestimation du secteur informel.
A l’exception des modèles basées sur la demande de la monnaie en espèces, les méthodes de l’approche
indirecte sont de moins en moins utilisées, à l’heure où les méthodes économétriques paraissent les plus
sures et les plus solides et la modélisation un outil incontournable dans les recherches sur l’économie
informelle, les approches indirectes qui étaient venues compléter les directes semblent perdre du terrain
au profit de l’approche par modélisation.
Méthode des transactions monétaires : issue de la théorie quantitative de la monnaie et de la validité de
l’équation appelée l’équation de quantité de Fisher dont la formulation est MV+M’V’=PT, où M et M’
désignent les bons et les dépôts en gros la quantité de monnaie, V et V’ les vitesses respectives de
circulation des bons et des dépôts à vue, PT le produit du volume total des transactions monétaires T, par
le niveau général des prix P, cette approche développée par Feige (1979), repose sur le principe que le
PNB total est l’objet de transactions en monnaie et que la relation PNB-quantité de monnaie est une
relation constante. La mesure du Produit National Brut (PNB) réel en l’occurrence le PNB officiel et le
PNB souterrain, peut être déterminée en raison du fait que la masse monétaire qui est composée
d’espèces et de dépôts est facilement observable.
Nombreuses sont les limites de cette méthode, mais on retiendra en particulier qu’elle a donné une
mesure négative de l’économie informelle pour toute la période qui va de 1939 à 1968, de plus l’hypothèse
qui suppose la fixité d’une relation entre la valeur totale des transactions monétaires et l’activité
économique, mériterait d’être élucidée par des tests économétriques et finalement l’hypothèse de
l’existence d’une année de référence où l’économie informelle est considérée comme nulle est irréaliste.
Méthode de la demande de monnaie : elle prend corps de l’idée que les transactions illégales ou
souterraines se règlent en espèces pour échapper à tout contrôle et les hypothèses auxquelles elle tient
sont que la vitesse du revenu pour la monnaie en espèces dans l’économie informelle est la même pour la
monnaie (M1) dans l’économie formelle et que l’année de base est choisie arbitrairement (Adair 2002). De
cette méthode deux modèles principales sont à retenir.
Le modèle de Cagan (1958) a d’abord essayé d’établir une corrélation entre la demande de monnaie et la
pression fiscale (Cagan, 1958), mais Gutmann (1977) fit, sans méthode statistique, une extension en
étudiant le ratio entre la demande de monnaie « normale » et la demande effective de monnaie qui est
alors interprétée comme un indicateur de la taille de l’économie informelle. Par conséquent, toute
augmentation de la taille de l’économie souterraine va occasionner une augmentation du ratio
espèces/dépôts dans les institutions bancaires.
Le modèle de Tanzi : Tanzi (1983) publia l’une des toutes premières méthodes de modélisation construite
sur les mêmes bases que la méthode de demande de monnaie. Suivant Tanzi, une croissance de
l’économie informelle entraine une croissance de la demande de monnaie en espèces, ainsi il propose un
modèle où la variable dépendante est le ratio espèces/dépôts (C/M2). Pour isoler la demande excessive de
monnaie en espèces, une équation de la demande de monnaie en espèces est estimée, et afin de cerner les
variables explicatives considérées, tous les facteurs conventionnels sont contrôlés tels que l’évolution du
revenu, les dépenses de consommation, les épargnes, les taux d’intérêts mais aussi certains facteurs
susceptibles d’influencer les agents économiques à évoluer dans l’informel, tels que les taxes directes et
indirectes, les régulations étatiques et la complexité du système de taxe.
Néanmoins, ces deux modèles présentent quelques limites relatives à leurs hypothèses, mais aussi leur
mise en équation n’est soumise à aucune théorie conçue à cet effet. D’abord toutes les transactions de
l’économie informelle ne se font pas totalement en espèces (Isachsen et Strom, 1985) ce qui fait qu’il est
probable que le modèle de Tanzi soit de mauvaise spécification, puis cette méthode entre dans la lignée de
celles qui considèrent que seules les taxes et les régulations gouvernementales incitent les agents
économiques à s’orienter vers l’informel, sans tenir compte que d’autres facteurs importants peuvent
également entrer en ligne de compte. Ensuite des études (Hill et Kabir, 1996) contredisent l’hypothèse
selon laquelle la vitesse de circulation de la monnaie est considérée comme identique dans tous les
secteurs de l’économie, l’augmentation de la demande de monnaie en espèce n’est pas forcément la cause
d’une croissance de l’économie informelle (Frey et Pommerehne, 1984) et l’hypothèse que l’économie
informelle était négligeable au cours d’une période de référence est irréaliste.
3.2 Méthode de modélisation
Il est souvent reproché aux méthodes de l’approche indirecte la prise en compte d’une seule variable
comme indicateur du poids de l’économie informelle. En effet de telles méthodes empêchent
d’appréhender tous les effets de l’informel. Or il n’est plus à démontrer que l’économie informelle a des
impacts tant sur le marché du travail que sur le marché monétaire mais aussi sur la production, donc
plusieurs élément doivent être pris en compte pour bien la cerner. Ainsi l’approche par la modélisation
tient compte des causes et effets de l’informel par le biais de deux groupes de variables classés en
variables de causes et en variables « indicateurs ». C’est une méthode basée sur la théorie statistique des
variables non observées ou variables latentes qui prend en compte plusieurs variables comme causes et
plusieurs autres comme indicateurs du phénomène étudié (Bajada et Schneider, 2007).
Si la théorie économique justifie le choix des variables servant dans la modélisation, néanmoins la
considération de l’économie informelle comme une variable latente qui fait qu’elle apparait comme une
valeur figée dans le temps, n’est ni expliquée ni justifiée par la théorie économique encore moins par la
théorie statistique.
4. Modèle économétrique et traitements statistiques.
4.1 Estimation de l’évolution de l’économie informelle en Haïti
Peu d’études se sont penchées sur l’estimation du poids de l’économie informelle en Haïti, néanmoins il
faut citer les estimations de Schneider pour la période 1999-2007, réalisées avec l’approche de la
modélisation. Obtenues grâce au modèle MIMIC, les estimations de Schneider & al. (2010) font ressortir
l’ampleur de l’économie informelle dans l’économie haïtienne, en 1999 elle représentait 54,8% du PIB,
55,44% en 2000, 56,1% en 2001, 56,5% en 2002, 56,4% en 2003, 57,4% en 2004, 57,1% en 2005, 57,0%
en 2006 et 57,1% en 2007 (Schneider, Buehn et Montenegro, 2010, 30). Vu l’importance croissante de
l’informel entre 1999 et 2007 il s’avère nécessaire de pouvoir l’évaluer sur la période 2007-2011 où
l’économie haïtienne a connu des moments difficiles, pour ce faire nous justifierons les variables que la
théorie économique permet d’utiliser dans la modélisation puis nous présenterons la modélisation
DYMIMIC que nous aurons à utiliser.
4.1.1 Modèle économique et variables d’utilisation
Il est incontournable de connaitre les causes et les conséquences de l’économie informelle dans
l’économie en générale pour mieux la circonscrire dans la théorie économique. Ainsi les variables qui
doivent être utilisées pour modéliser et estimer le poids de l’informel doivent être des variables de causes
et de conséquences (indicateurs) prises au besoin de l’analyse envisagée et dans le champ de la théorie
existante.
L’une des caractéristiques classiques de l’économie informelle c’est qu’elle s’exerce en dehors des cadres
fiscal et administratif règlementés, c’est également l’un des facteurs justifiant son expansion et sa
durabilité (Portes et Castells, 1989 ; Maldonado, 1995). Selon Maldonado (1995), l’un des avantages
comparatifs du secteur informel résulte dans la réduction des coûts horaires qui elle-même est due au
non-acquittement des charges fiscales, au non-paiement des cotisations sociales, à la fraude fiscale et à la
dissimulation des revenus (Adair, 2002, 108) qui elles-mêmes dépendent du contexte institutionnel en
question. La considération de ces différents éléments trouve son bienfondé dans la théorie économique
par le biais de deux approches théoriques qui sont la positivité de l’élasticité de l’offre de travail par
rapport au taux d’imposition et l’estimation subjective des risques et des gains procurés par la fraude
fiscale. La première approche s’explique par l’importance des fondements microéconomiques de la
pression fiscale théorisée par la courbe de Laffer, bâtie sur l’hypothèse que l’augmentation de la pression
fiscale induit un arbitrage de préférence favorable au travail non-déclaré se substituant à l’emploi
institutionnalisé ou le complétant (Adair, 1985 in Adair, 2002). Ainsi il est justifié d’utiliser dans les
modélisations visant l’estimation de l’économie informelle des variables telles que les taxes (directes et
indirectes) et impôts qui permettent d’analyser l’arbitrage induit en faveur de l’emploi informel, les
contributions sociales, le contrôle de la corruption et le cadre de fonctionnement des institutions étatiques
(qualité et régulation) pouvant expliquer l’évasion et la fraude fiscales, la quantité de monnaie circulant
dans l’économie et celle contrôlé par les organes de régulation (banque centrale et institution fiscale) afin
d’identifier les revenus dissimulés. La seconde approche est construite suivant le modèle de Sandmo qui
met en avant l’idée de maximisation de la fonction d’utilité espérée du fraudeur ayant pour arguments le
revenu et l’offre d’emploi et pour paramètres le taux de salaire, le taux d’emploi, la probabilité de se faire
prendre et les pénalités accompagnant cette éventuelle détection. Fort de cela, il est autorisé à considérer
dans la modélisation certaines variables telles le revenu total (PIB), le revenu par tête (PIB per capita) ou
la croissance du revenu par tête (croissance PIB per capita en %), la main d’œuvre disponible représentant
l’offre d’emploi mais aussi les autres variables corollaires de celle-ci, telles le taux de croissance de la main
d’œuvre, le taux de chômage, le taux de salaire et/ou les variables qui y agissent telles le taux d’inflation ou
le volume horaire de travail.
Autant de variables peuvent intégrer une modélisation visant à estimer le poids de l’économie informelle
sans faire défaut à la théorie économique existante et rencontrer des problèmes de légitimité théorique.
4.1.2 Présentation du modèle DYMIMIC
Le modèle DYMIMIC est un dérivé du modèle MIMIC (Multiple Indicateurs Multiple Causes). La
méthode MIMIC fait intervenir plusieurs variables explicatives et plusieurs variables appelées indicateurs
pouvant estimer la taille de l’économie informelle. Les premiers pionniers à utiliser cette méthode pour
estimer la mesure de la taille de l’économie informelle furent Zellner (1970), Goldberger (1972) et
Jöreskog (1975), elle met en relation structurelle plusieurs variables explicatives et plusieurs variables
expliquées pour déterminer la variable à étudier qui est la variable latente.
Définition du modèle : le modèle MIMIC consiste à faire apparaitre une relation entre les variables
observées et une variable non-observée ou variable latente, en minimisant la distance entre la matrice de
covariance de l’échantillon et la matrice de covariance prédite par le modèle. Généralement les variables
observables sont divisées en deux groupes de variables qui sont d’un coté, les variables causales c'est-àdire celles qui expliquent la variable latente et de l’autre les variables appelées les indicateurs de la variable
latente. Du point de vue économétrique le modèle MIMIC est un genre particulier d’équations
structurelles.
Méthodologie : étant donné que le modèle MIMIC est une forme d’équations structurelles, il contient au
moins deux équations, ici il y a une première équation mettant en avant la relation structurelle et une
seconde faisant ressortir la relation de mesure.
L’équation structurelle se présente sous la forme suivante :
Où :
est un vecteur (1xq) de variables qui sont chacune des séries
chronologiques. Chaque série chronologique , i = 1 à q, est une potentielle variable causale de la
variable latente , et le terme d’erreur
représente la composante inexpliquée,
, vecteur (1xq) définissant les relations de cause entre la variable latente et ses
variables causales. L’hypothèse de base du modèle MIMIC pour les variables causales, est que les variables
sont mesurées comme des déviations par rapport à leur moyenne et que le terme d’erreur et les variables
causales ne sont pas corrélés entre elles c'est-à-dire : E( ) = E( ) = E( ) = 0 et E(
) = E(
) = 0.
Désignons par ψ la variance de et par Φ la matrice des variance-covariance (qxq) formée des variables
causales .
Le modèle de mesure fait ressortir le lien entre la variable latente et ses indicateurs, en d’autre terme elle
exprime la variable latente non-observable sen fonction d’un groupe des variables observables. Elle peut
s’écrire ainsi :
Où
est un vecteur (1xp) de variables (indicateurs) qui sont chacune des
séries chronologiques. Chaque série chronologique , est un potentiel indicateur, et le terme d’erreur
représente la composante inexpliquée.
est un vecteur (px1) de chocs où
chaque
, j = 1 à p, est un bruit blanc. Soit
la matrice de variance-covariance des
. est un
vecteur (px1) des coefficients de régression
, j = 1 à p représentant l’intensité des changements
attendus au niveau des variables dites indicateurs pour une variation d’une unité au niveau de la variable
latente. La même hypothèse qui prévaut pour les variables causales, l’est aussi pour les indicateurs, c'est-àdire les indicateurs sont mesurés comme des déviations par rapport à leur moyenne, ainsi : E( ) = E( )
= 0. De plus elle suppose dans le modèle de mesure il n’existe pas de corrélation entre le terme d’erreur et
les variables causales ou entre le terme d’erreur et la variable latente, ce qui peut se traduire comme suit :
E(
) = E(
) = 0 et E(
) = E(
) = 0. Enfin une dernière hypothèse selon laquelle E(
)
= E(
) = 0.
Une représentation générale du modèle MIMIC où les deux parties du modèle sont facilement
reconnaissables dans le schéma suivant qui met en exergue les variables causales à gauche et les
indicateurs à droite :
Fig. 2. Représentation du modèle MIMIC
Causes
Indicateurs
.
.
.
.
.
.
Source : [Schneider, 2010]
Exprimer le modèle général sous forme de variance-covariance revient à écrire :
En utilisant les hypothèses de départ du modèle que l’on rappelle : d’abord les variables sont directement
mesurables et sont exprimées comme des déviations par rapport à leur moyenne: E ( ) = E ( ) = E ( )
= E ( ) = E ( ) = 0. Il n’existe pas de corrélation entre le terme d’erreur et les variables causales ou
entre le terme d’erreur et la variable latente, ce qui peut se traduire comme suit : E (
)=E(
)=0
et E (
)=E(
) = 0. Les termes d’erreur et la variable latente sont non-corrélées dans l’équation de
mesure : E (
)=E(
) = 0. Il n’existe pas de corrélation entre les termes d’erreur des différentes
équations : E (
)=E(
) = 0. Nous pouvons trouver les variances et les covariances à l’aide de
simples calculs : E (
)= (
+ )
+ , E(
)=
, E(
)=
,E(
)= .
Donc nous concluons que
est la matrice de variance-covariance des termes d’erreur du modèle de
mesure,
la variance des termes d’erreur dans l’équation structurelle,
la matrice des variancecovariances des variables causales et on obtient en dernier lieu la matrice des variance-covariances du
modèle MIMIC général qui fait apparaitre la structure entre les variables observées et la variable nonobservable, la variable latente qui est dans notre cas l’économie informelle, comme suit :
Si le modèle supposé est correct et si les paramètres sont connus nous obtiendrons
.
4.2 Du modèle MIMIC au DYMIMIC
4.2.1 Passage de l’estimation relative à l’estimation absolue
Le passage du modèle MIMIC au modèle DYMIMIC est conféré par le traitement des racines unitaires
ainsi que la différentiation des variables. Il est important de remarquer que les résultats qui découleront
après avoir identifié les relations et estimé les paramètres à l’aide de ce modèle ne sont pas ceux attendus
en terme réel. Puisque ces estimations ne sont que des estimations relatives de la taille de l’économie
informelle, i.e. ce n’est pas la taille absolue de l’informel à une période donnée, pour avoir les estimations
absolues il faut une procédure supplémentaire.
Ce processus utilisé par Dell’Anno (2008) n’est pas universel mais donne de très bons résultats, il
s’effectue en trois étapes : D’abord, après les différents tests on multiplie les coefficients des variables
causales significatives qui se trouvent dans l’équation structurelle c'est-à-dire :
par leur série temporelle respective. Puis cet indice converti en des valeurs absolues de l’économie
informelle, on fixe une année de base particulière, pour laquelle l’économie informelle prend une valeur
de base qui est une estimation exogène que nous notons avec i = année de base choisie. La taille réelle
de l’économie informelle est alors donnée par :
4.2.2 Critiques du modèle DY(MIMIC)
En dépit de sa grande utilisation le modèle MIMIC a essuyé pas mal de critiques, nous tenons à faire
ressortir ici celles qui sont les plus citées. Il est reproché au modèle de ne pas prendre plus de variables
causales et d’indicateurs en considération afin d’atteindre le but fixé (Helberger et Knepel in Breush, 2005,
3). L’absence de théorie économique permettant d’orienter la spécification et la complexité des stratégies
d’estimation lui sont également reprochées (Smith et Gille in Breush, 2005, 3). Le caractère conventionnel
et commode de la normalisation du modèle peut affecter les résultats puisque si la normalisation est
arbitraire en ampleur et en signe, inférer une relation entre la variable latente (économie informelle) et la
variable endogène sur laquelle la normalisation est faite n’est pas possible (Breush, 2005, 18).
Le calibrage permettant de passer des estimations relatives aux estimations absolues n’est pas un
processus fini, et pour cause l’inférence n’est pas toujours invariante par rapport à la normalisation
(Breush 2005,9). La stratégie de « stationnarisation » qui consiste à différencier les variables avant
l’ajustement du modèle MIMIC est utile à l’objectif de rechercher des racines unitaires mais elle n’a aucun
but précis (Breush 2005, 26).
4.3 Données et techniques d’analyse
Nous nous proposons d’estimer la taille de l’économie informelle en Haïti à l’aide du modèle DYMIMIC,
pour ce faire nous devons avant tout trouver des variables appropriées et justifier le choix de ces
variables, d’où l’objectif de cette partie de décrire les variables et d’apporter une justification de leur choix
parmi d’autres.
4.3.1
Choix et description des variables
Sachant que tout modèle MIMIC contient un groupe de variables dites variables causales qui,
accompagnées de la variable latente (économie informelle), formeront l’équation structurelle et un autre
groupe de variables appelées indicateurs qui elles aussi en relation avec la variable latente, constitueront
l’équation de mesure.
D’abord nous avons les variables causales qui sont : « Tax » qui représente la part des taxes et impôts
payés qui comprend toutes les contributions sociales versées par l’employeur à l’exception des taxes à la
consommation, en pourcentage du PIB, elle est tirée de la base de données de CEPAL (ECLAC).
« DG » représentant les dépenses gouvernementales en pourcentage du PIB comme variable proxy des
taxes indirectes en pourcentage du PIB, elle est tirée de la base de données de la Banque Mondiale.
« IG » représentant l’indice de la perception de la qualité des services publics, de l’indépendance de ces
services indépendamment des pressions politiques, de la qualité de l’élaboration et de l’implémentation
des politiques publiques, et de la crédibilité accordée au gouvernement afin de répondre à ses
engagements de respecter ces politiques, compris entre -2,5= très mauvais et 2,5=excellent. Elle provient
de la base de données de la Banque Mondiale. « CC » qui est l’indice de la corruption étatique, il mesure la
perception de l’utilisation du pouvoir à des fins d’enrichissement personnel illicite, compris entre -2,5=
très mauvais et 2,5=excellent, elle provient des données de la Banque Mondiale. « logPIB » qui est le PIB
per capita, (pris en logarithme) basée sur la parité du pouvoir d’achat (prix constant en monnaie locale
(gourde)), tirée des données de la Banque Mondiale. « TCh » qui est le taux de chômage en pourcentage
de la population totale, a été calculé à partir du graphe du taux de chômage élaboré par CIA world
factbook. « Inf » qui est le taux d’inflation, tirée da la base de données de la Banque Mondiale. « CPIB »
qui est le taux de croissance du PIB per capita. Source : Banque Mondiale. « TMo » qui est le taux de
participation de la main d’œuvre en pourcentage de la population totale. Elle provient de la base de
données de la Banque Mondiale.
En dernier lieu nous avons les variables qui sont les indicateurs : « logMo », qui est la main d’œuvre
disponible (en logarithme) en pourcentage de la population totale, elle provient de la source de données
de la Banque Mondiale. « M1/M2 », qui est l'indicateur monétaire choisi M1 représente les pièces, billets
et dépôts à vue, M2 représente M1 ajouté aux dépôts à terme d’une durée inferieure ou égale à deux ans
ou assortis d’un préavis de paiement inferieur ou égal à trois mois, c’est un proxy du ratio espèces/dépôts
à la Gutmann, elle provient de la base de données de la Banque de la République d’Haïti.
4.3.2 Justification du choix des variables
Les taxes (directes et indirectes) représentées par les variables Tax et DG la première pour les taxes
directes la seconde comme variable proxy des taxes indirectes, ont été choisies parce qu’elles sont
reconnues comme les principaux éléments à envoyer des volontaires dans l’informel, ce sont ceux là qui
formeront le segment supérieur du marché du travail informel. La contribution à la sécurité sociale
indique d’abord la perception des citoyens de la sécurité sociale (comme une taxe si elle est faible, comme
un service futur à se procurer si elle est élevée), ensuite la capacité de l’état à supporter ses citoyens en
difficulté socioéconomique, ce sont ces deux facteurs qui contribuent à les envoyer vers le secteur
informel pour former le segment intermédiaire des travailleurs et des autres salariés. Les indices de liberté
fiscale et de business démontrent les prédispositions de l’état à encourager l’entreprise formelle à
condition que le premier soit faible et le second élevé. Le pouvoir d’achat et le taux d’inflation sont les
principaux éléments qui traduisent la capacité des ménages à se procurer des paniers de biens, ou ne pas
avoir la capacité de se les procurer et se tournent vers l’informel pour constituer le segment inferieur du
marché du travail informel avec les chômeurs sans qualification qui ne peuvent franchir les barrières à
l’entrée dans le segment supérieur de l’informel d’où la prise en compte de ces trois dernières variables
comme variables causales.
Le taux croissance du PIB per capita est pris en compte parce qu’il traduit le niveau de richesse de
l’économie observée et de l’informel. Puisque les activités du secteur informel ont de l’impact sur le
marché du travail, nous avons choisi deux éléments de ce marché dans lesquels sa situation peut être
reflétée, qui sont la croissance de la main d’œuvre et le taux de participation de la main d’œuvre par
rapport à la population totale. Enfin nous avons choisi l’indicateur (M1/M2) qui est un proxy du ratio
espèces/dépôts à la Gutmann du fait que dans le segment supérieur, les entrepreneurs informels ont le
souci de ne pas laisser les traces de leurs transactions donc ils font toujours des transactions en espèces
mais cela tient compte aussi du fait que les agents informels ont toujours besoin de liquidité au cas où une
affaire se présente.
4.4 Constitution du modèle, estimations et résultats
Notre modèle DYMIMIC est conçu et traité suivant la méthode PLS que le logiciel utilisé traite sous la
dénomination de méthode PLS-PM. Nous présentons dans cette partie la méthode d’estimation utilisée
ainsi que les résultats qui en découlent puis nous procédons aux analyses de ces derniers.
4.4.1 Constitution du modèle
Il est impératif d’avoir des résultats fiables et cohérents sur la taille de l’économie informelle en Haïti
conformément à l’objectif de ce travail, ainsi il est fondamental que nous disposons d’un jeu de données
cohérent dont les données sont sur des échelles comparables. Ainsi nous avons disposé d’un jeu
comportant dix variables étalées sur la période 2000-2010. Sachant que l’importance de deux de ces
variables était traduite par leur variance nous les avons laissées telles qu’elles sont, et les huit autres
variables ont été standardisées suivant le vœu du modèle utilisé, car certaines exprimaient des
pourcentages et d’autres des quantités (volume ou masse). Le modèle MIMIC est constitué de variables
réflectives et de variables formatives, si le modèle contient n variables, alors il y en a n-p réflectives et p
formatives avec
. Ainsi notre modèle représenté par la figure 3, est construit avec trois variables
latentes dont deux sont endogènes et l’une est exogène. Les deux variables latentes l’une exogène que
nous nommons « Réalité » et l’autre endogène « Perception » sont constituées respectivement de quatre et
de cinq variables manifestes et la variable latente endogène à déterminer dénotée « ShE » est constituée de
deux variables manifestes.
Fig. 3. Modèle MIMIC (Modèle réflectif et modèle formatif)
logPIB
Inf
TMo
Tchom
Réalité
logMo
ShE
DG
Tax
CC
IG
CPIB
M1/M2
Percept
4.4.2 Estimations et analyse des résultats
Le modèle a été estimé par la méthode PLS du logiciel XLSTAT, nous nous proposons dans cette partie
d’analyser la spécification du modèle construit, l’estimation des paramètres et d’évaluer les types de
relations entre les variables au regard des différentes théories statistiques et économétriques.
Fiabilité des blocs de variables manifestes qualité d’ajustement du modèle
Le modèle construit comprend trois blocs de variables manifestes appartenant chacun à une variable
latente. Parmi les trois blocs de variables constituant chacun une variable latente, le bloc formant la
variable latente « ShE » présente un coefficient de Cronbach supérieur à 0,7 donc il y a une consistance
interne dans ce bloc, par contre le bloc de la variable latente « Perception » a un de Cronbach inferieur à
0,7 donc la force de relation entre les variables n’est pas trop intéressante néanmoins les trois blocs sont
unidimensionnels car deux possèdent des coefficients Rho de Dillon-Goldstein plus élevés que 0,7 et
dans le bloc constituant la variable latente « Réalité » la première valeur propre est plus grande que 1 et la
seconde plus petite que 1 (Jakobowicz, 2007), donc les trois blocs constitués sont fiables, de plus l’écart
élevé entre les premières valeurs propres de chaque bloc et celles qui suivent servent à corroborer ce
constat.
Tableau1 Résultats de fiabilité
Variable latente
Réalité
Tableau de fiabilité des blocs
Alpha de Cronbach
Rho de D.G. (ACP)
Valeurs propres
2.538
0.939
0.154
0.006
Perception
0.634
0.823
1.650
0.852
0.259
0.024
0.004
ShE
0.924
0.964
1.690
0.128
Source : résultats des estimations fournis par le logiciel XLSTAT
Qualité d’ajustement du modèle. La qualité d’ajustement du modèle à variable latente effectué sous XLSTAT
est donnée par l’indice GoF, puisque dans notre modèle, comme le montre le tableau 2.3.2, les indices
GoF des modèles internes et externes sont très élevés de même que le GoF relatif ce qui traduirait une
très bonne qualité d’ajustement du modèle aux données.
Tableau 2 Résultats de l’ajustement
Qualité de l'ajustement (GoF)
GoF
Absolu
0.788
Relatif
0.958
Modèle externe
0.963
Modèle interne
0.995
Source : résultats des estimations fournis par le logiciel XLSTAT
Ratio critique (CR)
32.551
53.780
54.709
121.517
De plus l’analyse des valeurs de cross-loadings données au tableau 2.3.3, qui consiste à comparer les
valeurs affichées par les variables manifestes dans leur bloc par rapport à celles affichées dans les autres
blocs, si leur valeur dans leur bloc respectif est supérieur aux autres valeurs affichées ailleurs alors elles
ont été affectées au meilleur bloc possible. Ainsi cette analyse montre que chacune des variables du
modèle a été affectée au meilleur bloc de variables possible ce qui contribue à renforcer le fait que le
modèle est très bien ajustée aux données.
Tableau 3. Cross-loadings
Tableau des valeurs des Cross-loadings
Réalité
TMo
0.981
logPIB
0.814
Inf
0.436
Tchom
0.987
DG
-0.663
Tax
-0.964
CC
-0.600
IG
-0.233
CPIB
0.011
M1/M2
-0.865
logMo
-0.990
Source : résultats des estimations fournis par le logiciel XLSTAT
Perception
-0.908
-0.494
-0.624
-0.942
0.899
0.949
0.679
0.364
0.205
0.811
0.929
ShE
-0.991
-0.763
-0.420
-0.997
0.711
0.979
0.620
0.279
0.039
0.873
1.000
Autres critères de validation du modèle. La communalité (communauté) mesure la qualité du modèle de mesure
pour chaque bloc, elle dégage la proportion de la variance des variables manifestes expliquée par leur
variable latente associée, au tableau 3 présentant les résultats des estimations, il convient de remarquer que
parmi les variables causales significatives seules deux ont moins de 50% de leur variance expliquée par
leur variable latente, néanmoins trois de ces variables ont plus de 90% de leur variance expliquée par leur
variable latente, une autre a plus de 80% de sa variance expliquée par sa variable latente et l’une plus de
61% de sa variance.
Il revient en dernier lieu à rechercher si la variable latente ciblée est bien expliquée. Pour cela il convient
d’analyser les résultats relatifs à la spécification du modèle fourni par le tableau 2.3.4, en particulier la
valeur du R2 et celle du F de Fisher du modèle structurel.
Tableau 4 Résultats de spécification
Tableau du R²
R²
F
Pr > F
0.983
232.861
0.000
Source : résultats des estimations fournis par le logiciel XLSTAT
Ratio critique (CR)
38.265
Avec un R2 aussi élevé il y a lieu d’avancer que la variable latente est très bien expliquée, et également le
modèle est globalement bien spécifié en raison de la valeur du F de Fisher. De plus il convient de signaler
que la variable latente exogène « Réalité » agit à 86,292% sur la variable latente endogène « ShE »
représentant l’économie informelle et l’autre variable latente exogène agit à 13,708% sur « ShE ».
L’équation du modèle est : ShE = -0.857*Réalité+0.144*Perception
Tableau 5 Résultats d’estimation
Variables latentes
Variables causales
Réalité
Perception
TMo
logPIB
Inf
Tchom
Valeurs estimées
T-statistique
0.360
0.239
0.198
0.368
5.114
2.813
1.807
6.142
DG
0.444
5.720
Tax
0.615
5.411
CC
0.088
2.209
IG
0.022
0.806
CPIB
0.013
0.060
Indicateurs
ShE
M1/M2
0.060
0.257
logMo
0.948
3.548
Tous les niveaux de significativité sont de 5%, et une variable est significative si |t|>1,65.
Source : Résultats des estimations fournis par le logiciel XLSTAT
Communalités
0.954
0.612
0.237
0.980
0.807
0.902
0.460
0.127
0.037
0.765
0.999
Pour passer à l’estimation DYMIMIC, nous avons procédé par la méthode de Dell’Anno. Nous avons
choisi comme année de base 2007, date pour laquelle Schneider (2010) avait donné la dernière estimation
de la taille de l’économie informelle en Haïti qui était de 57,1% du PIB. Et dans l’équation structurelle
nous avons pris les coefficients des variables causales les plus significatives nous les avons remplacées
dans l’équation du modèle (ShE = -0.857*Réalité+0.144*Perception) suivant leur variable latente
d’appartenance et nous les avons multipliées par leur série temporelle respective relative à l’année en
question.
L’équation structurelle avec les coefficients des variables causales significatives s’écrit :
Le remplacement des variables causales significatives dans l’équation du modèle donne :
Ainsi nous notons
l’estimation de la taille de l’économie informelle donnée par
Schneider. Et en calculant
nous trouvons
et
.
En appliquant la formule de Dell’Anno nous obtenons les estimations de la taille de l’économie
informelle en Haïti pour les années 2008, 2009 et 2010 en pourcentage du PIB :
,
%,
%.
En 2008 la taille de l’économie informelle en pourcentage du PIB a augmenté de 5 points, cela
s’expliquerait par la chute du PIB per capita, l’augmentation des dépenses gouvernementales,
l’augmentation de l’inflation de plusieurs points, la baisse considérable du taux de chômage et
l’augmentation des taxes sont autant de facteurs ayant influencé cette augmentation. En 2009 la taille de
l’informel a chuté de 2 points, ce qui s’expliquerait par la croissance du PIB per capita, l’augmentation des
dépenses gouvernementales moins élevée qu’en 2008 et la chute brutale du taux d’inflation. En 2010,
l’économie informelle a augmenté d’environ 9 points, ce qui pourrait s’expliquer par la chute vertigineuse
du PIB per capita conjuguée à une remontée du taux d’inflation, l’augmentation des taxes et de la
corruption. Mais il faut aussi remarquer la grande quantité de capitaux qui ont afflué dans le pays à travers
les transferts de fonds et les aides des organismes non gouvernementaux aux particuliers après le séisme
de 2010 ont servi à aider de nouveaux entrepreneurs à investir le marché informel. Néanmoins il convient
de remarquer entre 2007 et 2010 mieux est la croissance annuelle de l’économie informelle plus médiocre
est la croissance du PIB annuel. En 2007, l’informel a cru de 0,17%, le PIB a connu elle-même une
croissance de 3,34%, en 2008 cette dernière a eu une croissance famélique de 0,84% tandis que l’informel
a eu un accroissement de 8,76%, en 2009 l’informel a décru de 2,82% alors que le PIB a cru de 2,87% et
en 2010 l’économie informelle s’est accrue de 16,09% tandis que le PIB a décru de 5,41%.
5.
Conclusion
L’analyse des résultats du modèle DYMIMIC élaboré permettant de mesurer de la taille de l’économie
informelle dans l’économie haïtienne fait ressortir des causalités importantes entre les taxes perçues, les
dépenses de l’Etat, la corruption, le taux d’inflation et surtout le PIB per capita avec la croissance de
l’informel. Toute baisse du PIB per capita entraine une croissance de l’informel, peu importe les autres
variables, cela présupposerait que ceux qui évoluent majoritairement dans le secteur cherchent plutôt à
fuir la pauvreté, ce qui est corroboré par l’étonnant constat que toute croissance du PIB per capita
accompagnée d’une baisse de l’inflation, entraine une baisse dans l’économie informelle, une tendance qui
s’est confirmée en 2010 suite au séisme qui a endommagé l’économie nationale. Mais il faut souligner
également les taxes sont un important facteur générateur de l’informel plus elles augmentent plus les gens
vont dans l’informel. Toutefois la baisse du taux de chômage est un élément déterminant dans la
croissance de l’informel car toute diminution de ce taux sert correspond à une augmentation de
l’économie informelle.
Bibliographie
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