ou coMMent doMpter L`insouMise

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Premières dates de la tournée à Clermont-Ferrand
La Mégère apprivoisée
(Ou comment dompter l’insoumise)
william shakespeare
mélanie leray
mercredi 21, jeudi 22 et vendredi 23 janvier à 20:30
maison de la culture salle Jean-Cocteau
durée 2 heures 20 sans entracte
Contact presse : Émilie Fernandez – Tél. 0473.170.183 – [email protected]
1
Texte de
William Shakespeare
Traduction
Delphine Lemonnier-Texier
Adaptation
et mise en scène
Mélanie Leray
Avec
Baptista Peter Bonke La Veuve Ludmilla Dabo Catherine Laetitia Dosch Hortensio David JeanneComello Bianca Clara Ponsot
Lucien Yuval Rozman Grumio Jean-Benoît
Ugeux Petruccio Vincent
Winterhalter Gremio Jean-François
Wolff Dramaturgie Delphine
Lemonnier-Texier
Scénographie David
Bersanetti
Lumières Christian Dubet
Vidéo Cyrille Leclercq et
David Bersanetti
Costumes Laure Maheo
Son Jérôme Leray
Assistants à la mise en scène
Leila Fournier et Sarah Teper
(étape 1) ;
Magalie Caillet-Gajan et
Vincent Voisin (étape 2)
Accessoires Anthony Gouraud
Coiffures Chantal Gabiache
Régie générale Tugdual
Tremel
Régie lumière Yannick Le
Goïc, Gwendal Malard
Régie son Jérôme Leray
Régie Vidéo Cyrille Leclercq
Régie plateau Nicolas
Marchand
Habillage Marion Régnier
Construction décor Atelier
de la Maison de la Culture de
Bourges/Scène Nationale
Confection costumes Atelier
du TNB/Rennes
Avec le soutien de toute
l’équipe du TNB
Remerciements : ACE (EA
1796) Université Rennes
2, Damien Lucas, Nicolas
Combes, Christophe
Piederrière, Judith Ribardière,
Bernadette Lesachet, ClaireIngrid Cottanceau, Nathalie
Besançon, Rémy Gille,
Artemio Benki, Lorraine
Kerlo-Auregan, Odile Massart.
Production déléguée Théâtre
national de Bretagne/Rennes.
Coproduction Association
2052, Théâtre de la Ville –
Paris, MC2 Grenoble, Théâtre
de Saint Quentin en Yvelines
– SN, maison de la culture de
Bourges, maison de la culture
d’Amiens.
La compagnie Association
2052 est soutenue par la
Région Bretagne, la DRAC
Bretagne, la Ville de Rennes
et le Conseil Général
d’Ille-et-Vilaine
La traduction de Delphine
Lemonnier-Texier est publiée
aux éditions de l’Arche.
2
Crédits
Illustration de couverture
Antoine+Manuel
intégrant l’œuvre figure for
the base of a crucifixion # 4,
self-portrait, Paris, 2000 de ©
Susanne Junker
Photographies du spectacle
pour la PQR
© Christian Berthelot
Création au TNB/Rennes
le 8 janvier 2015
Premières dates de la
tournée à ClermontFerrand
attention changement de distribution !
La Mégère apprivoisée
william shakespeare / mélanie leray
Dans la dernière création de Mélanie Leray, Philippe Torreton devait
jouer Petruccio. Suite à un désaccord artistique, il a proposé de se
retirer du projet. Mélanie Leray a choisi Vincent Winterhalter pour tenir
le rôle de Petruccio aux côtés de Laëtitia Dosch, Peter Bonke, Ludmilla
Dabo, David Jeanne-Comello, Clara Ponsot, Yuval Rozman,
Jean-Benoît Ugeux, Jean-François Wolff.
Vincent Winterhalter que nous avons vu dernièrement dans Le Roi Lear
de Christian Schiaretti dans le rôle de Kent et dans la serie télévisée
Fais pas ci, fais pas ça diffusée sur France 2.
Après sa création le 8 janvier au Théâtre de Bretagne,
le spectacle sera présenté du 21 au 23 janvier 2015 à
La Comédie de Clermont-Ferrand, scène nationale.
Merci de bien vouloir prendre en compte cette information.
Contact presse : Émilie Fernandez – Tél. 0473.170.183 – [email protected]
Comédie de jeunesse, comédie paradoxale et énigmatique,
comédie libertine et gaillarde, comédie populaire, comédie
du théâtre dans le théâtre, La Mégère apprivoisée revient nous
questionner sur la nature des rôles déterminés et déterminants
de l’homme et de la femme dans une adaptation moderne et revivifiée.
Une Mégère très rock’n’roll et pas si apprivoisée…
—
C’est dans un univers inspiré du cinéma hollywoodien de série B. que Mélanie
Leray transplante, très fidèlement, les aventures excessives de Catherine et
Petruccio, les amants terribles qui, de crises d’hystérie en bagarres verbales,
vont finir par devenir un couple, dans un happy-end très conventionnel…
Mais derrière cette convention se cache la finesse d’un Shakespeare qui ne
cesse de brouiller les pistes et de multiplier les sens possibles en affirmant
bien haut que nous sommes au théâtre, toujours entre mensonges et vérités.
Nos héros ne seraient-ils pas simplement des acteurs qui jouent à accepter
les lieux communs qui régissent les rapports homme/femme,
domination de l’un, soumission de l’autre ?
Que Mélanie Leray mette en scène
La Mégère apprivoisée de Shakespeare
excite la curiosité. D’abord parce
qu’on se rappelle son adaptation incisive des Contractions de l’anglais Mike
Bartlett, présentée à la Comédie en
2012. Ensuite, parce que La Mégère
est rarement montrée au théâtre et plus
rarement encore mise en scène par une
femme. Écrite en 1594, cette comédie
est l’une des premières pièces de
Shakespeare, dont on a célébré en 2014
le 450e anniversaire. Souverainement
célibataire, Elisabeth 1re gouverne
alors l’Angleterre d’une main de fer
depuis 1558. Le rappeler peut éclairer le contexte. Ce que nous montre
Shakespeare derrière une construction
en trompe-l’œil ? D’un côté, Catherine,
une femme supposée non « mariable »
en raison de son mauvais caractère, de
l’autre, Petruccio, un gentilhomme
supposé n’être intéressé que par
un mariage d’argent. Voilà pour les
apparences. Premier regard, premiers
accrocs. La rencontre est explosive.
De cette bataille entre sexes, l’issue
est incertaine, tant l’attraction entre
les deux êtres est strictement égale. Le
désir, une fois encore, conduit le jeu.
De la carpe et du lapin, qui domine
l’autre ? Beaucoup plus tard, le cinéma
hollywoodien inventera un genre à part
entière pour mettre en jeu le même
théâtre des passions, les Screwball
Comedies, soit pour l’essentiel, des
comédies de mœurs exacerbant l’antagonisme sexuel. Dompter, être dompté
ou se parler ? Contre quoi échanger
notre animalité ? Dans ce chassé-croisé
aux accents puissamment égalitaires,
Philippe Torreton est Petruccio, Lætitia
Dosch, Catherine.
Pour la Comédie de Clermont-Ferrand
© Daniel Conrod, printemps 2014
LA PIÈCE
Cette comédie populaire est l’une des
premières pièces de Shakespeare, et,
malgré un succès jamais démenti outreManche, La Mégère apprivoisée a été très
peu montée en France.
Baptista, riche citoyen de Padoue, a deux
filles : Bianca, la cadette, belle et sage, et
Catherine, l’aînée, rebelle et coléreuse.
Bianca attire les prétendants aussi sûrement
que sa sœur les repousse. La première est
adorée de tous, la seconde, sauvage, fait fuir
les hommes avec ses réparties tranchantes.
Baptista prend alors une décision radicale :
enfermer Bianca jusqu’à ce qu’un homme
ose courtiser Catherine. Deux des
prétendants de Bianca se déguisent en
précepteurs pour pouvoir continuer à la
séduire, cependant qu’arrive un aventurier
beau-parleur, Petruccio. Appâté par la dot
de Catherine, il se met en tête de l’épouser
et la dompter ! Alors, pour la première fois,
Catherine se retrouve face à un adversaire
à sa (dé)mesure… Le décor est planté pour
ce couple, décrit par Shakespeare comme
« la rencontre de deux incendies ».
La Mégère apprivoisée est-elle une pièce
sur l’art de dompter la femme ? Il s’agit,
comme souvent chez Shakespeare, d’une
énigme et la mise en scène va placer le
politique au centre de la réflexion : le
véritable pouvoir ne serait pas celui du
statut mais celui de la parole et de la
manipulation ? À l’époque où Shakespeare
écrit, la norme est le pouvoir patriarcal,
mais le règne est celui de la toute puissante
Elisabeth 1e
qui dirige l’Angleterre
d’une main de fer… Pour Mélanie Leray,
Petruccio ne dompte pas Kate mais fait
d’elle une alliée, maîtresse de la parole.
« Mon peuple bien-aimé,
Ainsi je suis venue parmi vous ici ce
jour non pas pour ma distraction et mon
plaisir, mais parce que je suis résolue à
vivre et à mourir à vos côtés, au milieu et
au plus fort de la bataille, et pour offrir à
mon Dieu et à mon peuple, mon honneur
et mon sang même si je dois mordre la
poussière.
Je sais que mon corps est frêle, c’est
celui d’une faible femme, mais j’ai le
cœur et l’estomac d’un roi et d’un roi
d’Angleterre – et je me moque que le
Duc de Parme ou n’importe quel prince
d’Europe ait l’audace d’envahir les
rivages de mon royaume. Plutôt que
de risquer d’encourir le déshonneur, je
vais moi-même prendre les armes, je
vais moi-même être votre général [...] »
Elisabeth 1e d’Angleterre
Mélanie Leray a souhaité commander
une nouvelle traduction à Delphine
Lemonnier-Texier. Elle s’effectue en deux
temps : le premier, celui du face à face du
traducteur avec le texte ; le second celui
de la confrontation avec le metteur en
scène ; deux temps intrinsèquement liées
au processus de création.
une actualisation
la mise en scène
Shakespeare décontextualise sa pièce de
l’Angleterre à l’Italie, pays de l’amour. Je
propose de transférer le monde patriarcal
et riche de Padoue de la fin du XVIe siècle
dans un monde contemporain luxueux et
clinquant pour mettre en avant la vulgarité
de la situation de départ : un père qui vend
ses deux filles aux enchères.
Nous avons réfléchi à un espace plus qu’un
décor. Il est fait d’éléments qui évoquent
le casino, le hall d’hôtel, voire le bar de
nuit. Un univers de jeux, d’alcool, de
plaisir et d’argent.
L’univers musical est fait, entre autres, de
reprises de chansons interprétées par une
chanteuse et actrice.
C’est une comédie où il fait chaud, où le
désir, les allusions et les blagues sexuelles
sont omniprésents. Le corps des femmes,
mais aussi celui des hommes, est au centre
de la pièce ; des corps prêt à danser qui se
montrent, se regardent, s’exhibent... Les
vêtements sont contemporains et très été.
Je voulais réinterroger cette comédie d’un
point de vu féminin, en particulier celui
de Catherine, l’insoumise, celle qu’on a
réduite dans la langue française à l’état de
« mégère apprivoisée ».
Le prologue n’est pas celui de Shakespeare
mais celui de 3 actrices, dont l’une dira
le discours d’Elisabeth 1e à ses armées en
1588. Elle y rappelle à ses soldats sa force,
la leur, mais s’excuse d’habiter « le corps
d’une faible femme », tout en affirmant
qu’elle a le courage d’un roi.
Nous utilisons la vidéo en direct sur le
plateau pour aller chercher des visages en
gros plan. Par instants essayer de saisir ce
qui n’est pas dans les mots pour regarder
celle ou celui qui se tait, comment il éclaire
une situation ou la rend plus complexe.
La pièce interroge en permanence la
question de la représentation, du langage,
du faux et du vrai, comment se jouer de
l’autre, faire semblant, se déguiser, se
mettre en scène, mettre l’autre en scène.
Tout est comédie. Les caméras et l’image
en direct pourront être aussi un accessoire
de jeu pour montrer cela.
Bianca, l’objet de toutes les convoitises, est
beaucoup filmée et dans chacun des plans,
sublimée : le pouvoir de l’image. Le grand
pouvoir de la beauté et de la jeunesse,
celui là qui ôte la raison et envoûte celui
qui regarde.
Les amoureux Lucien et Bianca sont
moqués par l’auteur; leur amour est fait
de l’attirance qu’ils ont, de leur image, de
leur jeunesse. C’est un amour inconsistant,
qui s’arrête à la surface.
En contraste, Petruccio et Catherine
s’affrontent, rivalisent, se répondent
de manière jubilatoire : ils détiennent
le pouvoir des mots, et c’est cela qui
les attire l’un vers l’autre. En faisant de
Catherine une aussi grande « actrice » que
lui, Petruccio achève son éducation en lui
enseignant les clés de la manipulation et
nous donne une leçon sur le pouvoir, la
manipulation, et en même temps sur l’art
du comédien.
Catherine souffre, s’insurge, elle est
insatisfaite. Son statut de femme lui
commande de se taire alors qu’elle voudrait
dénoncer l’injustice, celle qui la frappe,
mais aussi celle qui frappe les autres.
C’est également une femme blessée parce
qu’elle n’a aucun prétendant, à l’inverse
de sa sœur qui les multiplie.
« J’ai beau en faire le vœu, rien ne me
changera en homme. Je ne peux pas
être homme simplement parce que je
le désire, Je dois donc rester femme et
souffrir jusqu’à en mourir. »
Béatrice (Beaucoup de bruit pour rien)
Petruccio est le premier à laisser Catherine
parler et à ne pas craindre de lui donner la
réplique. Ensemble, ils parlent librement
et il la fait rire, elle le fait rire.
Un des enjeux principaux de la pièce
serait-il l’amour ? Pas un amour de surface,
d’apparences, mais une véritable complicité
d’esprit, une relation d’égale à égal qui,
si elle ne peut s’affranchir complètement
des codes (le mariage), les renouvelle et
permet l’épanouissement et la revanche
de ceux qui n’avaient ni la beauté, ni la
jeunesse idéale. Mariage arrangé par
excellence, couple improbable pris dans
le carcan oppressif du mariage vu comme
domestication de la femme par l’homme,
le couple Petruccio-Catherine a tout pour
échouer et rien pour réussir. Pourtant,
c’est l’inverse qui se produit, et des trois
couples que présente la pièce, c’est le seul
qui fonctionne. Cette complicité, cette
affection et ce plaisir d’échanger avec
l’autre viennent les prendre par surprise et
assurent à l’un comme à l’autre un semblant
d’être qu’ils ne cessent de rechercher dans
leur insoumission au monde.
Avec Delphine Lemonnier Texier, la
traductrice, nous avons veillé à garder
au maximum la beauté de la langue tout
en s’assurant que l’humour soit bien
perceptible. Car, même si au cœur de
la pièce l’enjeu est celui du pouvoir, de
l’oppression et de la liberté de la femme,
La Mégère apprivoisée est une comédie,
grivoise et moqueuse.
Mélanie Leray
l’adaptation
La société de l’époque de Shakespeare
est fondamentalement patriarcale. À
tous les niveaux, la femme est assujettie
à l’homme. Pourtant, dans les premières
pièces historiques qu’il écrit au début
des années 1590, Shakespeare joue avec
les stéréotypes en développant des rôles
féminins forts, autour desquels l’action
gravite. La Mégère apprivoisée prend pour
sujet la figure de la femme insoumise, en
rébellion contre l’autorité : elle refuse de
se cantonner au rôle social que lui dicte la
norme en vigueur, celui de l’épouse dont
le devoir est, par excellence, de s’enfermer
dans le silence. Ces femmes qui refusent
de se taire sont qualifiées de mégères et
des punitions publiques leurs sont infligées
(port d’une bride de mégère, exposition
publique sur des charrettes, sévices
divers…). Face à cette violence faite à la
femme et à son corps, Shakespeare prend
le parti de la comédie.
La langue de la mégère de Shakespeare :
un sens inné de la répartie
Le personnage de Catherine détonne. Le
cadre imposé par les conventions sociales
(une fille doit se marier et épouser celui
que son père choisit) ne lui convient
pas, et elle le rejette, soulignant le côté
convenu en dénonçant son artificialité et le
jeu social (et théâtral) dont il relève. C’est
une femme qui manie parfaitement la
rhétorique et l’humour, qui a un sens inné
de la répartie, qui sait jouer avec le langage
et avec les mots. Elle fait donc peur à tous
les hommes, et se retrouve isolée et rejetée.
Ce n’est qu’avec Petruccio, initialement
intéressé par la richesse de sa famille,
qu’elle trouve, enfin, un partenaire de jeu,
de dialogue, à la hauteur de son talent. La
première rencontre des deux personnages
est un festival de réparties, toutes plus
vives et drôles les unes que les autres.
La logique est donc l’inverse exact des
punitions infligées aux mégères à l’époque
de Shakespeare : la langue de la femme
insoumise est la source vive d’un moment
de théâtre jubilatoire pour le spectateur
autant que pour les deux protagonistes.
Le régime imposé à Catherine
Catherine, contraire de la femme idéalisée,
presque éthérée – elle a les pieds sur
terre, et elle a un solide appétit – est mise
au régime par Petruccio, qui la sèvre de
viande (comme on sèvre un rapace pour
le dresser à chasser pour l’homme). Il
empêche, dans un premier temps, sa
nouvelle épouse de se livrer à son activité
favorite, récriminer, ronchonner, râler,
crier et tempêter. En prenant littéralement
le rôle de la mégère, il en prive Catherine.
Alors qu’elle assénait à tous ce type de
discours, c’est maintenant elle qui doit les
écouter et les subir. Jusqu’au moment où
elle comprend qu’il joue…
L’apparente tyrannie du tyran se déjoue
aisément dès lors que l’on a compris
qu’il faut entrer dans son jeu. Catherine
a intégré la leçon, l’élève se hisse à la
hauteur du maître, et jubile autant de lui
que des bons tours que cela leur permet de
jouer aux autres.
L’école de Petruccio
De retour à Padoue, Petruccio lance une
compétition pour voir lequel des autres
hommes récemment mariés aura l’épouse
la plus obéissante, récompense en or à
la clé. Catherine, complice, montre le
visage de l’obéissance la plus parfaite
et s’offre le luxe de faire la leçon aux
deux autres épouses, dont sa sœur que
toujours on a placée au-dessus d’elle. Le
discours qu’elle prononce et qui met en
parallèle l’obéissance au monarque et
celle de l’épouse est aussi celui qui lui
donne le premier rôle. Sa plaidoirie pour
l’obéissance conjugale est prononcée
avec toute l’emphase d’un discours trop
énorme pour ne pas être ironique. Elle
monopolise la parole et un certain type de
discours pour mieux piéger son auditoire.
Elle joue le rôle de la femme soumise pour
extorquer à son propre père une coquette
somme d’or tout en faisant passer sa sœur
pour une idiote avec tout le talent et la
jubilation à jouer un rôle qu’elle a appris
de Petruccio ; loin de réduire Catherine au
silence, la fin de la pièce la met de plus
en plus au centre. Consciente que tout
discours est affaire de circonstances et
d’auditoire, et que les mots prononcés
n’ont de valeur que relativement à ce que
la manipulation de l’auditoire permet
d’obtenir, elle vole la vedette à tous les
autres personnages, masculins comme
féminins.
L’école de Petruccio, où les futurs maris
apprendraient à dresser leur femme,
n’existe que dans l’imagination des
hommes de Padoue. La véritable école
de Petruccio n’a qu’une seule élève,
Catherine, et c’est l’école du théâtre.
Monter cette pièce aujourd’hui
Les « lieux » que Shakespeare fait visiter
au spectateur sont des clichés, des lieux
communs (poétiques, dramaturgiques)
des relations entre hommes et femmes :
femme-image, femme-objet inaccessible,
amour au premier regard (coup de foudre)
qui rend idiot, amours contrariées par le
vieillard têtu (aux airs de Pantalone de la
commedia dell’arte) qui sert de père à la
jeune femme. Ces archétypes contrastent
violemment avec Catherine, qui refuse
d’entrer dans ce rôle réservé à la femme,
et Petruccio, qui est trop formidable (au
sens premier du terme, à savoir énorme,
hors norme) pour entrer dans le cadre
conventionnel. Tout l’enjeu de la pièce
est de mettre ces deux personnages
en présence l’un de l’autre, rencontre
où chacun trouve un adversaire à sa
démesure…
Au cœur de cette comédie, l’enjeu est celui
du pouvoir, de l’oppression et de la liberté
de la femme. Les thèmes que parcourt la
pièce sont intemporels : masculin/féminin
et guerre des sexes, normes sociales,
conventions et liberté de parole et de
pensée, identité sociale et jeu de rôles,
conformisme et manipulation. La comédie
est un moyen de rire de l’oppression, de la
tyrannie, de démonter un certain type de
discours normatif en exposant ses rouages
et en soulignant sa théâtralité, sans jamais
oublier que les armes supposées de la
femme (la langue et les larmes) sont aussi
l’essence même de l’art du comédien.
Delphine Lemonnier-Texier
La nouvelle traduction
La musique de La Mégère
Tout, dans une pièce de Shakespeare,
tourne autour de la langue, de son style,
ses registres, ses rythmes, ses sonorités.
L’ensemble de ces éléments dessine une
topographie sonore porteuse de sens et
d’indications de jeu pour les comédiens, et
chaque personnage a sa musique spécifique.
La matérialité, la musicalité des rôles (dont
les recherches récentes sur les conditions
de jeu à l’époque shakespearienne ont
démontré toute l’importance) a été
notre premier guide, parce qu’ils sont les
composantes essentielles de cette grande
partition.
Les deux langages de la pièce
La ligne de partage qui détermine le
degré de proximité ou de distance avec le
spectateur réside avant tout dans la langue
utilisée. Il est essentiel que la langue ne
soit pas un obstacle à l’immédiateté de la
comédie, ne fasse pas obstacle à l’humour ;
il faut qu’elle soit aussi limpide, vive et
immédiate que l’est celle du texte anglais, y
compris pour le spectateur d’aujourd’hui.
Il faut rendre aussi toute l’amplitude de
l’éventail de la comédie que Shakespeare y
déploie, les scènes de farce et les chapelets
d’injures cohabitant avec des effets
d’incongruité, de parodie et de caricature.
Traduire l’immédiateté du plateau
L’écriture de Shakespeare est poétique au
sens le plus large du terme, chacune de ses
phrases, voire chacun de ses mots donnant
à entendre une pluralité de sens, parce
que c’est une écriture pour le plateau,
qui « ouvre » d’autres possibles, pour le
comédien comme pour le spectateur.
Delphine Lemonnier-Texier
lire, écouter, voir par les
artistes de la saison
les choix de Mélanie Leray
Livres
• Sexy dressing: violences sexuelles
et érotisation de la domination de
Duncan Kennedy, 2008
• Hard Romance Cinquante nuances
de Grey et nous de Eva Illouz, 2014
• King Kong Théorie
de Virginie Despentes, 2006
• Femmes, art et pouvoir
de Linda Nochlin, 1993
Musique
• « O Solitude » de Henri Purcell par
Alfred Deller, 1949
• « Into My Arms » de Nick Cave and
The Bad Seeds, 1997
• Sisyphus de Sisyphus, 2014
Films
• Dernier amour de Dino Risi, 1978
• American Bluff de David O. Russell,
2013
• L’Homme à la Ferrari de Dino Risi,
1964
parcours
MÉLANIE LERAY,
Metteure en scène
Mélanie Leray a fait partie de la première
promotion de l’école du Théâtre national
de Bretagne à Rennes (1991-94).
Comédienne au théâtre et au cinéma, elle a
contribué à fonder le Théâtre des Lucioles
dans lequel elle travaille comme actrice.
Elle joue notamment dans les pièces de
Christophe Lemaître, Jean Deloche, Gilles
Dao, François Rancillac, Patricia Allio,
Pierre Huyghe… . Comme metteur en
scène, elle porte un intérêt tout particulier
aux écritures contemporaines.
Au cinéma, elle a tourné, entre autres,
avec Manuel Poirier (prix du Jury du
Festival de Cannes 1997), Xavier Beauvois,
Marion Vernon, Benoît Jacquot, Roch
Stephanik, Christophe Jacrot, Pascale
Breton, Hubert Grillet, Fred Pell, Jalil
Lespert. Elle obtient, en 2001, le Lutin de
la meilleure actrice pour Les filles du 12 de
Pascale Breton.
Elle tourne également pour la télévision
des films avec Edouard Niremans, Lou
Genet, Hervé Baslé, Jean Larriaga, Claude
D’Anna, Sisser, David Delrieux, Florence
Strauss, Patrick Poivre D’Arvor, Pascale
Dallet.
Elle met en scène, au centre pénitentiaire
de Rennes et avec le Théâtre national de
Bretagne, des femmes de la prison et des
artistes extérieurs dans Voir et être vu de
Botho Strauss et Sarah Kane (2000) et
J’étais dans ma maison et j’attendais...
d’après le texte de Jean-Luc Lagarce
(2001).
Avec Pierre Maillet, elle met en scène deux
pièces de Lars Norén : Automne et Hiver
(2004) et La Veillée (2005).
Elle crée, au festival Corps de Textes à
Rouen, Erma et moi de Mario Batista
(2006), au Théâtre du Rond-Point à Paris
La Chaise de Florian Parra (2006) et au
Théâtre national de Bretagne à Rennes
deux spectacles qui rencontrent un grand
succès : Leaves de Lucy Caldwell (2009 et
2011) puis Contractions de Mike Bartlett
(2012), accueilli en 2013 à la Comédie de
Clermont-Ferrand.
DELPHINE LEMONNIER TEXIER ,
Traductrice & Dramaturge
Delphine Lemonnier-Texier est ancienne
élève de l’École normale supérieure de
Fontenay-Saint-Cloud. Agrégée d’anglais,
auteur d’une thèse sur le théâtre de William
Shakespeare, elle est depuis 2001 maître
de conférences en études shakespeariennes
à l’Université Rennes 2.
Elle enseigne le théâtre shakespearien, la
littérature anglaise et la traduction. Auteur
de plusieurs ouvrages sur les pièces de
Shakespeare, ainsi que de deux ouvrages
sur le théâtre de Samuel Beckett, elle est
également traductrice : elle a traduit, avec
Nicolas Boileau, l’ouvrage d’Aleks Sierz,
paru aux Presses Universitaires de Rennes
(In-yer-Face! Le théâtre britannique des
années 1990, Rennes, PUR, 2011), ainsi
que les actes du colloque Prospero parus
aux Solitaires Intempestifs (Utopie et
pensée critique dans le processus de création
théâtrale, colloque de Tampere [20-23
octobre 2010], Besançon, Les Solitaires
Intempestifs, 2012). Elle a également
publié un ouvrage sur la traduction,
L’épreuve de traduction en anglais,
codirigé avec Thierry Goater et Sandrine
Oriez, Rennes, PUR, 2011.
LaeTITIA DOSCH,
comédienne dans le rôle de Catherine
Après avoir été étudiante de la classe libre du
Cours Florent ainsi qu’à l’École Périmony,
Lætitia Dosch part en Suisse pour entrer à La
Manufacturede Nancy.
Elle a joué au cinéma avec Frédéric Mermoud
dans Complices (2010), Justine Triet dans
Vilaine Fille, Mauvais Garçon (2011) et
La Bataille de Solférino (2012), puis avec
Maiwenn, Catherine Corsini, Guillaume
Senez et Christophe Honoré.
Elle joue le rôle récurrent de Daphné dans
la série Ainsi soient-ils, coproduite par Arte.
Au théâtre, Lætitia Dosch a notamment
joué Isabelle dans Mesure pour mesure de
Shakespeare, mise en scène de Jean-Yves Ruf,
avec Éric Ruf.
Attirée aussi par la danse contemporaine,
Lætitia Dosch a travaillé à plusieurs reprises
avec les chorégraphes Marco Berrettini et La
Ribot.
Elle est aussi metteure en scène et auteure de
théâtre, notamment de Lætitia fait péter…
(titre évolutif) qu’elle joue au CentrePompidou, au festival Artdanthé, Klein et à
la Ménagerie de Verre.
Actuellement, Lætitia Dosch travaille à sa
nouvelle création Un Album pour l’ Arsenic
(Suisse), avec la collaboration artistique de
Yuval Rozman.
CLARA PONSOT,
comédienne dans le rôle de Bianca
Clara Ponsot est une actrice française née en
1989. Elle a étudié au Conservatoire national
supérieur d’arts dramatiques.
Clara Ponsot fait ses premiers pas au
cinéma dans Bus Palladium de Christopher
Thompson (2009) et Poupoupidou de Gérald
Hustache-Mathieu (2010), avant de se faire
remarquer en petite amie étudiante de Gilles
Lellouche dans Les Infidèles de Jean Dujardin
(2012). En mars 2012, elle interprète le
personnage d’Emmanuelle Béart jeune dans
le film Bye Bye Blondie de Virginie Despentes,
puis elle tourne pour Danièle Thompson Des
gens qui s’embrassent (2013). On la verra en
2015 dans Peur de rien de Danielle Arbid.
Au théâtre, elle a joué dans Le Misanthrope
de Molière, dans une mise en scène de David
Géry en 2006, Ma vie de chandelle de Fabrice
Melquiot (2010), Faites avancer l’espèce
d’après Wystan Hugh Auden et Shakespeare,
mise en scène Bruno Bayen (2012), Le Jeu de
l’amour et du hasard de Marivaux, mise en
scène Laurent Laffargue (2014).
VINCENT WINTERHALTER,
comédien dans le rôle de Petruccio
Vincent Winterhalter se forme auprès de
Nicole Mérouse, et d’Herbet au Studio/
New York, et à l’école de Cirque Fratellini.
Au théâtre, il travaille avec Jean-Gabriel
Nordmann, François Rancillac, Robert
Cantarella, Jean-Paul Delore, Jorge Lavelli,
Georges Lavaudant, Hélène Vincent,
Jacques Nichet, Gildas Bourdet, Laurent
Laffargue, Didier Bezace, Jacques Vincey…
et aux États-Unis avec Larry Collins et Bo
Brinkman.
Dernièrement, on a pu le voir dans Le Roi
Lear de William Shakespeare, mise en scène
Christian Schiaretti, Stuff Happens de David
Hare, mise en scène Bruno Freyssinet et
William Nadylam, Mary Stuart de Friedrich
Von Schiller, mise en scène Stuart Seide, 1418, Le temps de nous aimer, mise en scène de
Patrick Pineau.
Il a mis en scène Phèdre de Racine et Jack’s
Folies de Robert Desnos. Au cinéma, on
a pu le voir notamment dans Aux yeux du
monde d’Éric Rochant, L’Instinct de l’ange
de Richard Dembo, La Nouvelle Eve de
Catherine Corsini, Une pour toutes de Claude
Lelouch, Parenthèse de Bernard Tanguy, Du
sang sur la croix de Dominique OtheninGirard, Jean-Paul Rappeneau, Éric Woreth.
À la télévision, on le retrouve dans différentes
séries à succès : Fais pas ci fais pas ça, Nicolas
Le Floch, Engrenages, Maigret, Les Cordier,
juge et flic,…
Les Spectacles à venir
KANON POKAJANEN
Arvo Pärt
Chœur de chambre philharmonique estonien
27 et 28 janvier, 20:30
Église Saint-Genès-Les-Carmes
LES PARTICULES ÉLÉMENTAIRES
Michel Houellebecq
Julien Gosselin
4,5 et 6 mars à 20:00
Maison de la culture salle Jean-Cocteau
Le Chœur de chambre philharmonique estonien
© Kaupo Kikkas
Les compositions d’Arvo Pärt ont fait le tour
du monde : Gus Van Sant, Terrence Malick,
Nanni Moretti, Jean-Luc Godard, entre
autres, savent ce que l’atmosphère de sa
musique peut apporter à un film.
Kanon Pokajanen est une œuvre d’une
grande spiritualité. Le temps se suspend
autour des 26 chanteurs du chœur
philharmonique estonien et son directeur
musical Tõnu Kaljuste, dédicataires de
l’œuvre. Un moment d’une grande beauté,
à vivre dans l’église Saint-Genès-Les-Carmes.
À découvrir sur notre site,
à la page du spectacle
> Une interview d’Arvo Pärt par Björk, grande
fan du compositeur
> Un extrait vidéo de l’œuvre
—
TOUTE LA PROGRAMMATION SUR
www.lacomediedeclermont.com
© Simon Gosselin
Jamais en France le théâtre ne s’était emparé
avec une telle évidence de l’écriture romanesque
de Houellebecq. On se dit, voilà le théâtre dont
on a besoin aujourd’hui, un théâtre qui nous
aide à comprendre sans nous regarder de haut
ni de travers. Ce théâtre-là, il faut le vivre,
il faut l’aimer.
LA PRESSE EN PARLE
« Un spectacle fleuve, libre, et total. »
Télérama Sortir
« Un coup d’éclat » Le Monde
« Coup de foudre pour Les Particules
élémentaires » Le Figaro
« Les immanquables scènes 2014 :
Top 3 pour Les Particules élémentaires »
Les Inrocks
« Une maîtrise, une invention et une audace
qui propulsent Julien Gosselin d’emblée
au niveau des plus grands sur la scène
internationale. Du grand art, des comédiens
stupéfiants, le sentiment de découvrir
quelque chose qui transcende tous les
clichés formels du moment ». Best of 2014,
vu par l’auteur Éric Reinhardt
3 FAÇONS D’ACHETER
DES PLACES
• L’abonnement, à partir de 4 spectacles,
donne droit à un tarif préférentiel par
spectacle.
• Pour 4, 5 ou 6 spectacles : 20 € la place ;
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(tarifs appliqués tout au long de la saison
pour les spectacles supplémentaires)
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du spectacle, demandeurs d’emploi,
bénéficiaires du RSA, le tarif est de 7 € à
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