Premières dates de la tournée à Clermont-Ferrand La Mégère apprivoisée (Ou comment dompter l’insoumise) william shakespeare mélanie leray mercredi 21, jeudi 22 et vendredi 23 janvier à 20:30 maison de la culture salle Jean-Cocteau durée 2 heures 20 sans entracte Contact presse : Émilie Fernandez – Tél. 0473.170.183 – [email protected] 1 Texte de William Shakespeare Traduction Delphine Lemonnier-Texier Adaptation et mise en scène Mélanie Leray Avec Baptista Peter Bonke La Veuve Ludmilla Dabo Catherine Laetitia Dosch Hortensio David JeanneComello Bianca Clara Ponsot Lucien Yuval Rozman Grumio Jean-Benoît Ugeux Petruccio Vincent Winterhalter Gremio Jean-François Wolff Dramaturgie Delphine Lemonnier-Texier Scénographie David Bersanetti Lumières Christian Dubet Vidéo Cyrille Leclercq et David Bersanetti Costumes Laure Maheo Son Jérôme Leray Assistants à la mise en scène Leila Fournier et Sarah Teper (étape 1) ; Magalie Caillet-Gajan et Vincent Voisin (étape 2) Accessoires Anthony Gouraud Coiffures Chantal Gabiache Régie générale Tugdual Tremel Régie lumière Yannick Le Goïc, Gwendal Malard Régie son Jérôme Leray Régie Vidéo Cyrille Leclercq Régie plateau Nicolas Marchand Habillage Marion Régnier Construction décor Atelier de la Maison de la Culture de Bourges/Scène Nationale Confection costumes Atelier du TNB/Rennes Avec le soutien de toute l’équipe du TNB Remerciements : ACE (EA 1796) Université Rennes 2, Damien Lucas, Nicolas Combes, Christophe Piederrière, Judith Ribardière, Bernadette Lesachet, ClaireIngrid Cottanceau, Nathalie Besançon, Rémy Gille, Artemio Benki, Lorraine Kerlo-Auregan, Odile Massart. Production déléguée Théâtre national de Bretagne/Rennes. Coproduction Association 2052, Théâtre de la Ville – Paris, MC2 Grenoble, Théâtre de Saint Quentin en Yvelines – SN, maison de la culture de Bourges, maison de la culture d’Amiens. La compagnie Association 2052 est soutenue par la Région Bretagne, la DRAC Bretagne, la Ville de Rennes et le Conseil Général d’Ille-et-Vilaine La traduction de Delphine Lemonnier-Texier est publiée aux éditions de l’Arche. 2 Crédits Illustration de couverture Antoine+Manuel intégrant l’œuvre figure for the base of a crucifixion # 4, self-portrait, Paris, 2000 de © Susanne Junker Photographies du spectacle pour la PQR © Christian Berthelot Création au TNB/Rennes le 8 janvier 2015 Premières dates de la tournée à ClermontFerrand attention changement de distribution ! La Mégère apprivoisée william shakespeare / mélanie leray Dans la dernière création de Mélanie Leray, Philippe Torreton devait jouer Petruccio. Suite à un désaccord artistique, il a proposé de se retirer du projet. Mélanie Leray a choisi Vincent Winterhalter pour tenir le rôle de Petruccio aux côtés de Laëtitia Dosch, Peter Bonke, Ludmilla Dabo, David Jeanne-Comello, Clara Ponsot, Yuval Rozman, Jean-Benoît Ugeux, Jean-François Wolff. Vincent Winterhalter que nous avons vu dernièrement dans Le Roi Lear de Christian Schiaretti dans le rôle de Kent et dans la serie télévisée Fais pas ci, fais pas ça diffusée sur France 2. Après sa création le 8 janvier au Théâtre de Bretagne, le spectacle sera présenté du 21 au 23 janvier 2015 à La Comédie de Clermont-Ferrand, scène nationale. Merci de bien vouloir prendre en compte cette information. Contact presse : Émilie Fernandez – Tél. 0473.170.183 – [email protected] Comédie de jeunesse, comédie paradoxale et énigmatique, comédie libertine et gaillarde, comédie populaire, comédie du théâtre dans le théâtre, La Mégère apprivoisée revient nous questionner sur la nature des rôles déterminés et déterminants de l’homme et de la femme dans une adaptation moderne et revivifiée. Une Mégère très rock’n’roll et pas si apprivoisée… — C’est dans un univers inspiré du cinéma hollywoodien de série B. que Mélanie Leray transplante, très fidèlement, les aventures excessives de Catherine et Petruccio, les amants terribles qui, de crises d’hystérie en bagarres verbales, vont finir par devenir un couple, dans un happy-end très conventionnel… Mais derrière cette convention se cache la finesse d’un Shakespeare qui ne cesse de brouiller les pistes et de multiplier les sens possibles en affirmant bien haut que nous sommes au théâtre, toujours entre mensonges et vérités. Nos héros ne seraient-ils pas simplement des acteurs qui jouent à accepter les lieux communs qui régissent les rapports homme/femme, domination de l’un, soumission de l’autre ? Que Mélanie Leray mette en scène La Mégère apprivoisée de Shakespeare excite la curiosité. D’abord parce qu’on se rappelle son adaptation incisive des Contractions de l’anglais Mike Bartlett, présentée à la Comédie en 2012. Ensuite, parce que La Mégère est rarement montrée au théâtre et plus rarement encore mise en scène par une femme. Écrite en 1594, cette comédie est l’une des premières pièces de Shakespeare, dont on a célébré en 2014 le 450e anniversaire. Souverainement célibataire, Elisabeth 1re gouverne alors l’Angleterre d’une main de fer depuis 1558. Le rappeler peut éclairer le contexte. Ce que nous montre Shakespeare derrière une construction en trompe-l’œil ? D’un côté, Catherine, une femme supposée non « mariable » en raison de son mauvais caractère, de l’autre, Petruccio, un gentilhomme supposé n’être intéressé que par un mariage d’argent. Voilà pour les apparences. Premier regard, premiers accrocs. La rencontre est explosive. De cette bataille entre sexes, l’issue est incertaine, tant l’attraction entre les deux êtres est strictement égale. Le désir, une fois encore, conduit le jeu. De la carpe et du lapin, qui domine l’autre ? Beaucoup plus tard, le cinéma hollywoodien inventera un genre à part entière pour mettre en jeu le même théâtre des passions, les Screwball Comedies, soit pour l’essentiel, des comédies de mœurs exacerbant l’antagonisme sexuel. Dompter, être dompté ou se parler ? Contre quoi échanger notre animalité ? Dans ce chassé-croisé aux accents puissamment égalitaires, Philippe Torreton est Petruccio, Lætitia Dosch, Catherine. Pour la Comédie de Clermont-Ferrand © Daniel Conrod, printemps 2014 LA PIÈCE Cette comédie populaire est l’une des premières pièces de Shakespeare, et, malgré un succès jamais démenti outreManche, La Mégère apprivoisée a été très peu montée en France. Baptista, riche citoyen de Padoue, a deux filles : Bianca, la cadette, belle et sage, et Catherine, l’aînée, rebelle et coléreuse. Bianca attire les prétendants aussi sûrement que sa sœur les repousse. La première est adorée de tous, la seconde, sauvage, fait fuir les hommes avec ses réparties tranchantes. Baptista prend alors une décision radicale : enfermer Bianca jusqu’à ce qu’un homme ose courtiser Catherine. Deux des prétendants de Bianca se déguisent en précepteurs pour pouvoir continuer à la séduire, cependant qu’arrive un aventurier beau-parleur, Petruccio. Appâté par la dot de Catherine, il se met en tête de l’épouser et la dompter ! Alors, pour la première fois, Catherine se retrouve face à un adversaire à sa (dé)mesure… Le décor est planté pour ce couple, décrit par Shakespeare comme « la rencontre de deux incendies ». La Mégère apprivoisée est-elle une pièce sur l’art de dompter la femme ? Il s’agit, comme souvent chez Shakespeare, d’une énigme et la mise en scène va placer le politique au centre de la réflexion : le véritable pouvoir ne serait pas celui du statut mais celui de la parole et de la manipulation ? À l’époque où Shakespeare écrit, la norme est le pouvoir patriarcal, mais le règne est celui de la toute puissante Elisabeth 1e qui dirige l’Angleterre d’une main de fer… Pour Mélanie Leray, Petruccio ne dompte pas Kate mais fait d’elle une alliée, maîtresse de la parole. « Mon peuple bien-aimé, Ainsi je suis venue parmi vous ici ce jour non pas pour ma distraction et mon plaisir, mais parce que je suis résolue à vivre et à mourir à vos côtés, au milieu et au plus fort de la bataille, et pour offrir à mon Dieu et à mon peuple, mon honneur et mon sang même si je dois mordre la poussière. Je sais que mon corps est frêle, c’est celui d’une faible femme, mais j’ai le cœur et l’estomac d’un roi et d’un roi d’Angleterre – et je me moque que le Duc de Parme ou n’importe quel prince d’Europe ait l’audace d’envahir les rivages de mon royaume. Plutôt que de risquer d’encourir le déshonneur, je vais moi-même prendre les armes, je vais moi-même être votre général [...] » Elisabeth 1e d’Angleterre Mélanie Leray a souhaité commander une nouvelle traduction à Delphine Lemonnier-Texier. Elle s’effectue en deux temps : le premier, celui du face à face du traducteur avec le texte ; le second celui de la confrontation avec le metteur en scène ; deux temps intrinsèquement liées au processus de création. une actualisation la mise en scène Shakespeare décontextualise sa pièce de l’Angleterre à l’Italie, pays de l’amour. Je propose de transférer le monde patriarcal et riche de Padoue de la fin du XVIe siècle dans un monde contemporain luxueux et clinquant pour mettre en avant la vulgarité de la situation de départ : un père qui vend ses deux filles aux enchères. Nous avons réfléchi à un espace plus qu’un décor. Il est fait d’éléments qui évoquent le casino, le hall d’hôtel, voire le bar de nuit. Un univers de jeux, d’alcool, de plaisir et d’argent. L’univers musical est fait, entre autres, de reprises de chansons interprétées par une chanteuse et actrice. C’est une comédie où il fait chaud, où le désir, les allusions et les blagues sexuelles sont omniprésents. Le corps des femmes, mais aussi celui des hommes, est au centre de la pièce ; des corps prêt à danser qui se montrent, se regardent, s’exhibent... Les vêtements sont contemporains et très été. Je voulais réinterroger cette comédie d’un point de vu féminin, en particulier celui de Catherine, l’insoumise, celle qu’on a réduite dans la langue française à l’état de « mégère apprivoisée ». Le prologue n’est pas celui de Shakespeare mais celui de 3 actrices, dont l’une dira le discours d’Elisabeth 1e à ses armées en 1588. Elle y rappelle à ses soldats sa force, la leur, mais s’excuse d’habiter « le corps d’une faible femme », tout en affirmant qu’elle a le courage d’un roi. Nous utilisons la vidéo en direct sur le plateau pour aller chercher des visages en gros plan. Par instants essayer de saisir ce qui n’est pas dans les mots pour regarder celle ou celui qui se tait, comment il éclaire une situation ou la rend plus complexe. La pièce interroge en permanence la question de la représentation, du langage, du faux et du vrai, comment se jouer de l’autre, faire semblant, se déguiser, se mettre en scène, mettre l’autre en scène. Tout est comédie. Les caméras et l’image en direct pourront être aussi un accessoire de jeu pour montrer cela. Bianca, l’objet de toutes les convoitises, est beaucoup filmée et dans chacun des plans, sublimée : le pouvoir de l’image. Le grand pouvoir de la beauté et de la jeunesse, celui là qui ôte la raison et envoûte celui qui regarde. Les amoureux Lucien et Bianca sont moqués par l’auteur; leur amour est fait de l’attirance qu’ils ont, de leur image, de leur jeunesse. C’est un amour inconsistant, qui s’arrête à la surface. En contraste, Petruccio et Catherine s’affrontent, rivalisent, se répondent de manière jubilatoire : ils détiennent le pouvoir des mots, et c’est cela qui les attire l’un vers l’autre. En faisant de Catherine une aussi grande « actrice » que lui, Petruccio achève son éducation en lui enseignant les clés de la manipulation et nous donne une leçon sur le pouvoir, la manipulation, et en même temps sur l’art du comédien. Catherine souffre, s’insurge, elle est insatisfaite. Son statut de femme lui commande de se taire alors qu’elle voudrait dénoncer l’injustice, celle qui la frappe, mais aussi celle qui frappe les autres. C’est également une femme blessée parce qu’elle n’a aucun prétendant, à l’inverse de sa sœur qui les multiplie. « J’ai beau en faire le vœu, rien ne me changera en homme. Je ne peux pas être homme simplement parce que je le désire, Je dois donc rester femme et souffrir jusqu’à en mourir. » Béatrice (Beaucoup de bruit pour rien) Petruccio est le premier à laisser Catherine parler et à ne pas craindre de lui donner la réplique. Ensemble, ils parlent librement et il la fait rire, elle le fait rire. Un des enjeux principaux de la pièce serait-il l’amour ? Pas un amour de surface, d’apparences, mais une véritable complicité d’esprit, une relation d’égale à égal qui, si elle ne peut s’affranchir complètement des codes (le mariage), les renouvelle et permet l’épanouissement et la revanche de ceux qui n’avaient ni la beauté, ni la jeunesse idéale. Mariage arrangé par excellence, couple improbable pris dans le carcan oppressif du mariage vu comme domestication de la femme par l’homme, le couple Petruccio-Catherine a tout pour échouer et rien pour réussir. Pourtant, c’est l’inverse qui se produit, et des trois couples que présente la pièce, c’est le seul qui fonctionne. Cette complicité, cette affection et ce plaisir d’échanger avec l’autre viennent les prendre par surprise et assurent à l’un comme à l’autre un semblant d’être qu’ils ne cessent de rechercher dans leur insoumission au monde. Avec Delphine Lemonnier Texier, la traductrice, nous avons veillé à garder au maximum la beauté de la langue tout en s’assurant que l’humour soit bien perceptible. Car, même si au cœur de la pièce l’enjeu est celui du pouvoir, de l’oppression et de la liberté de la femme, La Mégère apprivoisée est une comédie, grivoise et moqueuse. Mélanie Leray l’adaptation La société de l’époque de Shakespeare est fondamentalement patriarcale. À tous les niveaux, la femme est assujettie à l’homme. Pourtant, dans les premières pièces historiques qu’il écrit au début des années 1590, Shakespeare joue avec les stéréotypes en développant des rôles féminins forts, autour desquels l’action gravite. La Mégère apprivoisée prend pour sujet la figure de la femme insoumise, en rébellion contre l’autorité : elle refuse de se cantonner au rôle social que lui dicte la norme en vigueur, celui de l’épouse dont le devoir est, par excellence, de s’enfermer dans le silence. Ces femmes qui refusent de se taire sont qualifiées de mégères et des punitions publiques leurs sont infligées (port d’une bride de mégère, exposition publique sur des charrettes, sévices divers…). Face à cette violence faite à la femme et à son corps, Shakespeare prend le parti de la comédie. La langue de la mégère de Shakespeare : un sens inné de la répartie Le personnage de Catherine détonne. Le cadre imposé par les conventions sociales (une fille doit se marier et épouser celui que son père choisit) ne lui convient pas, et elle le rejette, soulignant le côté convenu en dénonçant son artificialité et le jeu social (et théâtral) dont il relève. C’est une femme qui manie parfaitement la rhétorique et l’humour, qui a un sens inné de la répartie, qui sait jouer avec le langage et avec les mots. Elle fait donc peur à tous les hommes, et se retrouve isolée et rejetée. Ce n’est qu’avec Petruccio, initialement intéressé par la richesse de sa famille, qu’elle trouve, enfin, un partenaire de jeu, de dialogue, à la hauteur de son talent. La première rencontre des deux personnages est un festival de réparties, toutes plus vives et drôles les unes que les autres. La logique est donc l’inverse exact des punitions infligées aux mégères à l’époque de Shakespeare : la langue de la femme insoumise est la source vive d’un moment de théâtre jubilatoire pour le spectateur autant que pour les deux protagonistes. Le régime imposé à Catherine Catherine, contraire de la femme idéalisée, presque éthérée – elle a les pieds sur terre, et elle a un solide appétit – est mise au régime par Petruccio, qui la sèvre de viande (comme on sèvre un rapace pour le dresser à chasser pour l’homme). Il empêche, dans un premier temps, sa nouvelle épouse de se livrer à son activité favorite, récriminer, ronchonner, râler, crier et tempêter. En prenant littéralement le rôle de la mégère, il en prive Catherine. Alors qu’elle assénait à tous ce type de discours, c’est maintenant elle qui doit les écouter et les subir. Jusqu’au moment où elle comprend qu’il joue… L’apparente tyrannie du tyran se déjoue aisément dès lors que l’on a compris qu’il faut entrer dans son jeu. Catherine a intégré la leçon, l’élève se hisse à la hauteur du maître, et jubile autant de lui que des bons tours que cela leur permet de jouer aux autres. L’école de Petruccio De retour à Padoue, Petruccio lance une compétition pour voir lequel des autres hommes récemment mariés aura l’épouse la plus obéissante, récompense en or à la clé. Catherine, complice, montre le visage de l’obéissance la plus parfaite et s’offre le luxe de faire la leçon aux deux autres épouses, dont sa sœur que toujours on a placée au-dessus d’elle. Le discours qu’elle prononce et qui met en parallèle l’obéissance au monarque et celle de l’épouse est aussi celui qui lui donne le premier rôle. Sa plaidoirie pour l’obéissance conjugale est prononcée avec toute l’emphase d’un discours trop énorme pour ne pas être ironique. Elle monopolise la parole et un certain type de discours pour mieux piéger son auditoire. Elle joue le rôle de la femme soumise pour extorquer à son propre père une coquette somme d’or tout en faisant passer sa sœur pour une idiote avec tout le talent et la jubilation à jouer un rôle qu’elle a appris de Petruccio ; loin de réduire Catherine au silence, la fin de la pièce la met de plus en plus au centre. Consciente que tout discours est affaire de circonstances et d’auditoire, et que les mots prononcés n’ont de valeur que relativement à ce que la manipulation de l’auditoire permet d’obtenir, elle vole la vedette à tous les autres personnages, masculins comme féminins. L’école de Petruccio, où les futurs maris apprendraient à dresser leur femme, n’existe que dans l’imagination des hommes de Padoue. La véritable école de Petruccio n’a qu’une seule élève, Catherine, et c’est l’école du théâtre. Monter cette pièce aujourd’hui Les « lieux » que Shakespeare fait visiter au spectateur sont des clichés, des lieux communs (poétiques, dramaturgiques) des relations entre hommes et femmes : femme-image, femme-objet inaccessible, amour au premier regard (coup de foudre) qui rend idiot, amours contrariées par le vieillard têtu (aux airs de Pantalone de la commedia dell’arte) qui sert de père à la jeune femme. Ces archétypes contrastent violemment avec Catherine, qui refuse d’entrer dans ce rôle réservé à la femme, et Petruccio, qui est trop formidable (au sens premier du terme, à savoir énorme, hors norme) pour entrer dans le cadre conventionnel. Tout l’enjeu de la pièce est de mettre ces deux personnages en présence l’un de l’autre, rencontre où chacun trouve un adversaire à sa démesure… Au cœur de cette comédie, l’enjeu est celui du pouvoir, de l’oppression et de la liberté de la femme. Les thèmes que parcourt la pièce sont intemporels : masculin/féminin et guerre des sexes, normes sociales, conventions et liberté de parole et de pensée, identité sociale et jeu de rôles, conformisme et manipulation. La comédie est un moyen de rire de l’oppression, de la tyrannie, de démonter un certain type de discours normatif en exposant ses rouages et en soulignant sa théâtralité, sans jamais oublier que les armes supposées de la femme (la langue et les larmes) sont aussi l’essence même de l’art du comédien. Delphine Lemonnier-Texier La nouvelle traduction La musique de La Mégère Tout, dans une pièce de Shakespeare, tourne autour de la langue, de son style, ses registres, ses rythmes, ses sonorités. L’ensemble de ces éléments dessine une topographie sonore porteuse de sens et d’indications de jeu pour les comédiens, et chaque personnage a sa musique spécifique. La matérialité, la musicalité des rôles (dont les recherches récentes sur les conditions de jeu à l’époque shakespearienne ont démontré toute l’importance) a été notre premier guide, parce qu’ils sont les composantes essentielles de cette grande partition. Les deux langages de la pièce La ligne de partage qui détermine le degré de proximité ou de distance avec le spectateur réside avant tout dans la langue utilisée. Il est essentiel que la langue ne soit pas un obstacle à l’immédiateté de la comédie, ne fasse pas obstacle à l’humour ; il faut qu’elle soit aussi limpide, vive et immédiate que l’est celle du texte anglais, y compris pour le spectateur d’aujourd’hui. Il faut rendre aussi toute l’amplitude de l’éventail de la comédie que Shakespeare y déploie, les scènes de farce et les chapelets d’injures cohabitant avec des effets d’incongruité, de parodie et de caricature. Traduire l’immédiateté du plateau L’écriture de Shakespeare est poétique au sens le plus large du terme, chacune de ses phrases, voire chacun de ses mots donnant à entendre une pluralité de sens, parce que c’est une écriture pour le plateau, qui « ouvre » d’autres possibles, pour le comédien comme pour le spectateur. Delphine Lemonnier-Texier lire, écouter, voir par les artistes de la saison les choix de Mélanie Leray Livres • Sexy dressing: violences sexuelles et érotisation de la domination de Duncan Kennedy, 2008 • Hard Romance Cinquante nuances de Grey et nous de Eva Illouz, 2014 • King Kong Théorie de Virginie Despentes, 2006 • Femmes, art et pouvoir de Linda Nochlin, 1993 Musique • « O Solitude » de Henri Purcell par Alfred Deller, 1949 • « Into My Arms » de Nick Cave and The Bad Seeds, 1997 • Sisyphus de Sisyphus, 2014 Films • Dernier amour de Dino Risi, 1978 • American Bluff de David O. Russell, 2013 • L’Homme à la Ferrari de Dino Risi, 1964 parcours MÉLANIE LERAY, Metteure en scène Mélanie Leray a fait partie de la première promotion de l’école du Théâtre national de Bretagne à Rennes (1991-94). Comédienne au théâtre et au cinéma, elle a contribué à fonder le Théâtre des Lucioles dans lequel elle travaille comme actrice. Elle joue notamment dans les pièces de Christophe Lemaître, Jean Deloche, Gilles Dao, François Rancillac, Patricia Allio, Pierre Huyghe… . Comme metteur en scène, elle porte un intérêt tout particulier aux écritures contemporaines. Au cinéma, elle a tourné, entre autres, avec Manuel Poirier (prix du Jury du Festival de Cannes 1997), Xavier Beauvois, Marion Vernon, Benoît Jacquot, Roch Stephanik, Christophe Jacrot, Pascale Breton, Hubert Grillet, Fred Pell, Jalil Lespert. Elle obtient, en 2001, le Lutin de la meilleure actrice pour Les filles du 12 de Pascale Breton. Elle tourne également pour la télévision des films avec Edouard Niremans, Lou Genet, Hervé Baslé, Jean Larriaga, Claude D’Anna, Sisser, David Delrieux, Florence Strauss, Patrick Poivre D’Arvor, Pascale Dallet. Elle met en scène, au centre pénitentiaire de Rennes et avec le Théâtre national de Bretagne, des femmes de la prison et des artistes extérieurs dans Voir et être vu de Botho Strauss et Sarah Kane (2000) et J’étais dans ma maison et j’attendais... d’après le texte de Jean-Luc Lagarce (2001). Avec Pierre Maillet, elle met en scène deux pièces de Lars Norén : Automne et Hiver (2004) et La Veillée (2005). Elle crée, au festival Corps de Textes à Rouen, Erma et moi de Mario Batista (2006), au Théâtre du Rond-Point à Paris La Chaise de Florian Parra (2006) et au Théâtre national de Bretagne à Rennes deux spectacles qui rencontrent un grand succès : Leaves de Lucy Caldwell (2009 et 2011) puis Contractions de Mike Bartlett (2012), accueilli en 2013 à la Comédie de Clermont-Ferrand. DELPHINE LEMONNIER TEXIER , Traductrice & Dramaturge Delphine Lemonnier-Texier est ancienne élève de l’École normale supérieure de Fontenay-Saint-Cloud. Agrégée d’anglais, auteur d’une thèse sur le théâtre de William Shakespeare, elle est depuis 2001 maître de conférences en études shakespeariennes à l’Université Rennes 2. Elle enseigne le théâtre shakespearien, la littérature anglaise et la traduction. Auteur de plusieurs ouvrages sur les pièces de Shakespeare, ainsi que de deux ouvrages sur le théâtre de Samuel Beckett, elle est également traductrice : elle a traduit, avec Nicolas Boileau, l’ouvrage d’Aleks Sierz, paru aux Presses Universitaires de Rennes (In-yer-Face! Le théâtre britannique des années 1990, Rennes, PUR, 2011), ainsi que les actes du colloque Prospero parus aux Solitaires Intempestifs (Utopie et pensée critique dans le processus de création théâtrale, colloque de Tampere [20-23 octobre 2010], Besançon, Les Solitaires Intempestifs, 2012). Elle a également publié un ouvrage sur la traduction, L’épreuve de traduction en anglais, codirigé avec Thierry Goater et Sandrine Oriez, Rennes, PUR, 2011. LaeTITIA DOSCH, comédienne dans le rôle de Catherine Après avoir été étudiante de la classe libre du Cours Florent ainsi qu’à l’École Périmony, Lætitia Dosch part en Suisse pour entrer à La Manufacturede Nancy. Elle a joué au cinéma avec Frédéric Mermoud dans Complices (2010), Justine Triet dans Vilaine Fille, Mauvais Garçon (2011) et La Bataille de Solférino (2012), puis avec Maiwenn, Catherine Corsini, Guillaume Senez et Christophe Honoré. Elle joue le rôle récurrent de Daphné dans la série Ainsi soient-ils, coproduite par Arte. Au théâtre, Lætitia Dosch a notamment joué Isabelle dans Mesure pour mesure de Shakespeare, mise en scène de Jean-Yves Ruf, avec Éric Ruf. Attirée aussi par la danse contemporaine, Lætitia Dosch a travaillé à plusieurs reprises avec les chorégraphes Marco Berrettini et La Ribot. Elle est aussi metteure en scène et auteure de théâtre, notamment de Lætitia fait péter… (titre évolutif) qu’elle joue au CentrePompidou, au festival Artdanthé, Klein et à la Ménagerie de Verre. Actuellement, Lætitia Dosch travaille à sa nouvelle création Un Album pour l’ Arsenic (Suisse), avec la collaboration artistique de Yuval Rozman. CLARA PONSOT, comédienne dans le rôle de Bianca Clara Ponsot est une actrice française née en 1989. Elle a étudié au Conservatoire national supérieur d’arts dramatiques. Clara Ponsot fait ses premiers pas au cinéma dans Bus Palladium de Christopher Thompson (2009) et Poupoupidou de Gérald Hustache-Mathieu (2010), avant de se faire remarquer en petite amie étudiante de Gilles Lellouche dans Les Infidèles de Jean Dujardin (2012). En mars 2012, elle interprète le personnage d’Emmanuelle Béart jeune dans le film Bye Bye Blondie de Virginie Despentes, puis elle tourne pour Danièle Thompson Des gens qui s’embrassent (2013). On la verra en 2015 dans Peur de rien de Danielle Arbid. Au théâtre, elle a joué dans Le Misanthrope de Molière, dans une mise en scène de David Géry en 2006, Ma vie de chandelle de Fabrice Melquiot (2010), Faites avancer l’espèce d’après Wystan Hugh Auden et Shakespeare, mise en scène Bruno Bayen (2012), Le Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux, mise en scène Laurent Laffargue (2014). VINCENT WINTERHALTER, comédien dans le rôle de Petruccio Vincent Winterhalter se forme auprès de Nicole Mérouse, et d’Herbet au Studio/ New York, et à l’école de Cirque Fratellini. Au théâtre, il travaille avec Jean-Gabriel Nordmann, François Rancillac, Robert Cantarella, Jean-Paul Delore, Jorge Lavelli, Georges Lavaudant, Hélène Vincent, Jacques Nichet, Gildas Bourdet, Laurent Laffargue, Didier Bezace, Jacques Vincey… et aux États-Unis avec Larry Collins et Bo Brinkman. Dernièrement, on a pu le voir dans Le Roi Lear de William Shakespeare, mise en scène Christian Schiaretti, Stuff Happens de David Hare, mise en scène Bruno Freyssinet et William Nadylam, Mary Stuart de Friedrich Von Schiller, mise en scène Stuart Seide, 1418, Le temps de nous aimer, mise en scène de Patrick Pineau. Il a mis en scène Phèdre de Racine et Jack’s Folies de Robert Desnos. Au cinéma, on a pu le voir notamment dans Aux yeux du monde d’Éric Rochant, L’Instinct de l’ange de Richard Dembo, La Nouvelle Eve de Catherine Corsini, Une pour toutes de Claude Lelouch, Parenthèse de Bernard Tanguy, Du sang sur la croix de Dominique OtheninGirard, Jean-Paul Rappeneau, Éric Woreth. À la télévision, on le retrouve dans différentes séries à succès : Fais pas ci fais pas ça, Nicolas Le Floch, Engrenages, Maigret, Les Cordier, juge et flic,… Les Spectacles à venir KANON POKAJANEN Arvo Pärt Chœur de chambre philharmonique estonien 27 et 28 janvier, 20:30 Église Saint-Genès-Les-Carmes LES PARTICULES ÉLÉMENTAIRES Michel Houellebecq Julien Gosselin 4,5 et 6 mars à 20:00 Maison de la culture salle Jean-Cocteau Le Chœur de chambre philharmonique estonien © Kaupo Kikkas Les compositions d’Arvo Pärt ont fait le tour du monde : Gus Van Sant, Terrence Malick, Nanni Moretti, Jean-Luc Godard, entre autres, savent ce que l’atmosphère de sa musique peut apporter à un film. Kanon Pokajanen est une œuvre d’une grande spiritualité. Le temps se suspend autour des 26 chanteurs du chœur philharmonique estonien et son directeur musical Tõnu Kaljuste, dédicataires de l’œuvre. Un moment d’une grande beauté, à vivre dans l’église Saint-Genès-Les-Carmes. À découvrir sur notre site, à la page du spectacle > Une interview d’Arvo Pärt par Björk, grande fan du compositeur > Un extrait vidéo de l’œuvre — TOUTE LA PROGRAMMATION SUR www.lacomediedeclermont.com © Simon Gosselin Jamais en France le théâtre ne s’était emparé avec une telle évidence de l’écriture romanesque de Houellebecq. On se dit, voilà le théâtre dont on a besoin aujourd’hui, un théâtre qui nous aide à comprendre sans nous regarder de haut ni de travers. Ce théâtre-là, il faut le vivre, il faut l’aimer. LA PRESSE EN PARLE « Un spectacle fleuve, libre, et total. » Télérama Sortir « Un coup d’éclat » Le Monde « Coup de foudre pour Les Particules élémentaires » Le Figaro « Les immanquables scènes 2014 : Top 3 pour Les Particules élémentaires » Les Inrocks « Une maîtrise, une invention et une audace qui propulsent Julien Gosselin d’emblée au niveau des plus grands sur la scène internationale. Du grand art, des comédiens stupéfiants, le sentiment de découvrir quelque chose qui transcende tous les clichés formels du moment ». Best of 2014, vu par l’auteur Éric Reinhardt 3 FAÇONS D’ACHETER DES PLACES • L’abonnement, à partir de 4 spectacles, donne droit à un tarif préférentiel par spectacle. • Pour 4, 5 ou 6 spectacles : 20 € la place ; pour 7, 8 ou 9 spectacles : 18 € la place ; pour 10 spectacles ou + : 16 € la place (tarifs appliqués tout au long de la saison pour les spectacles supplémentaires) • Pour les moins de 27 ans, intermittents du spectacle, demandeurs d’emploi, bénéficiaires du RSA, le tarif est de 7 € à partir de 4 spectacles. Shopping ! Le tote Bag 12 € tarif unique Il est beau, il est grand, il est costaud… C’est le sac shopping de la saison, signé Antoine+Manuel. 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