Où le Nom du Père est le Fils, non sans quelques préalables...
Bâillonner l’Autre du Talmud permet de protéger ce paradigme suranné : l’Eglise
première n’aurait été que la “secte” auto-proclamée de son mystère groupusculaire. C’est
la thèse largement reçue sur l’émergence du christianisme. Elle repose sur le cliché que
les premiers fidèles de l’Évangile furent des marginaux, nés d’un Rabbi sans maître !
(Incongruité à ne pas confondre avec le rôle eschatologique du Disciple enseignant les
maîtres : le Talmyd ’Erhad...) L’Église inaugurale aurait été si marginale qu’aucun Rabbi
n’y aurait prêté attention... avant de remarquer qu’elle séduisait les goys ! Cf. Steinsaltz,
infra. Thèse partout répandue, plus ou moins explicite, mais toujours structurante.
Rejeter ce présupposé, c’est repartir du fait que le héros des évangiles est littéralement un
“Rabbi” (en hébreu, quoiqu’en lettres grecques), par où son groupe apostolique a
censément croisé un embranchement du rabbinisme.
À l’heure de sa Passion comme trois siècles plus tard, c’est un courant minoritaire en
Galilée et en diaspora, mais cela ne signifie pas qu’il l’ait toujours été, ni qu’il le soit
resté dans les années qui suivent l’institution de son “Église”. Malgré les graves
difficultés du témoignage antidaté des Actes des Apôtres (avec leur centurion Corneille,
d’une garnison d’un siècle après...), il est à prendre en compte : il affirme un mouvement
de ralliement exponentiel dans la génération qui suivit la Passion. Y aurait-il eu en
Galilée une génération de Sages... « myNYMisée » (voire plusieurs en Babylonies ?) ?!
Selon les sens antiques de “secte” ou “hérésie” (n’impliquant pas déviance a priori), il
s’agit d’une “Maison” ou École rabbinique. Il faut savoir laquelle et situer ses “Rabbis”.
Ça mènera à se demander (IIe Partie) si ses apôtres furent comme des « sortants » du
judaïsme, ou des sortis... « pour la galerie », tous leurs noms débranchés de l’histoire des
Rabbis pour être inscrits en grec dans un siècle en trompe-l’œil.
Partons à la recherche du maître “retranché” ou de la part exclue d’un Sage qui est peut-
être encore dans le Traité des Pères. Pour ses fidèles, c’est “le” Rabbi. “L’Ultime”, donc
“l’Aqyba” selon Matthieu 23 : “ne vous dites plus Rabbi”, dit le Rabbi évangélique à ses
apôtres. (“Ni Père”, dit-il aussi, malgré le « pape » et les « abbés » et tous les “Pères” de
l’Eglise pour qui on a cru bon de manger la consigne.)