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Première partie
Identification
d’un Autre
Tout homme sera, un jour, appelé à son nom,
et toute parole
1
située en son lieu.
Ben Azaÿ. Traité du Jour et Traité des Pères.
1
Ce « Parole », en hébreu, peut signifier aussi « affaire » ou « chose ».
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“Le geste qui ramène des « idées » à des lieux
est précisément un geste d’historien. Comprendre, pour lui,
c’est analyser en termes de productions localisables.
Michel de Certeau, « L’opération historiographique »
(L’Ecriture de l’histoire, Gallimard, 1975).
La théurgie de lAutre, première partie.
Chapitre 1 : L’Exclu paradisiaque et la mishna qui l’introduit
Chapitre 2 : La théurgie du Char et sa quadrature de la Vie
Chapitre 3 : LÉlisée Derrière Elle ou le Maître des Ailes (avant son exclusion)
Chapitre 4 : Comment l’Autre de 133 apparaît dans une Tosefta du IIIe siècle
Chapitre 5 : LAutre (Élisée...) du Talmud de Jérusalem
Chapitre 6 : Des Rêves de l’Autre et de Marie dans le Talmud de Babylone
Chapitre 7 : Talmud Babli, suite : les 15 Récits de la « Pâque » de l’Autre
Chapitre 8 : L’Autre des évangiles, lu / relu par les “moi” d’Hillel
(Deuxième partie : Les Apôtres de l’Autre.)
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Première Partie, Chapitre I
L’Exclu du Ciel et de son Nom
qui fut tenu pour l’Ecclésiaste
Première approche de l’Hérétique par lérotique du Lévitique
Le Talmud affiche sa réponse depuis longtemps : le grand déviant du judaïsme, c’est un
Autre“l’Autre Elisée, soit le Nouveau (Prophète) Elisée… du début du IIe siècle.
Est-ce « l’homme / tout autre » des chrétiens ? Il semble un bel écho de son altérité, mais
la prudence des érudits, fixés aux dates du Ponce (?) Pilate, lui oppose la sourde oreille
d’un shut up ! académique. Et on exclut l’E(xc)lu sans l’avoir entendu.
Les Lumières l’ignorèrent. Lire le Talmud en historien n’existait pas et ses Récits sur
l’Hérétique n’inspiraient au théologien que des fantasmes sulfureux. Vint le XIXe siècle.
Il fut trop occupé à rationaliser la fable ecclésiastique pour aller déconstruire la légende
rabbinique : Renan traite l’Autre d’“apostat”, et puis s’en va ! Par le « trou noir » de
l’An-Onyme, c’est l’histoire qui s’envola. Même quand ils échappaient à l’antisémitisme,
les historiens tenaient les récits talmudiques pour des fabulations sans quoi ni tête. Un
romantique crut voir en l’Autre un antique Uriel da Costa *, genre Spinoza chez les
Tannas, mais la plupart l’ont épinglé comme un affreux « gnostique » proto-
kabbalistique. On voulut construire sur son dos un consensus monothéiste, rétrospectif et
permanent, excluant tous les genres de « gnose ».
Mais comment le XXe siècle de Lévinas, Derrida et Lacan a-t-il pu prolonger la
quarantaine de l’Autre ?! En fait, il l’a pérennisée. Une paroi de verre a dû l’escamoter :
cet Autreest l’exception à l’humanisme de l’Autre homme ! La talmudique damnatio
memoriæ avait rendu imprononçable le nom de « l’Innommable » pour la raison inverse à
l’ineffable du Nom divin. Mais plus l’Autre devint le trait par l’Un se reconnaîtrait,
plus l’antique Hérétique fut prié de rester le Muet de l’histoire, qui est son autre espèce
d’anti-nom talmudique. Ainsi le XXe siècle fut le Siècle de l’Autre, mais de tout autre,
sauf de “l’Autre”. Il est temps de trouver de quelle manière il vint « sur » Rabbi Ismaël.
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Plan de la Première Partie : Identification d’un Autre
(Retour possible à la Page Sommaire)
Chapitre 1. L’E(xc)lu du Ciel et de son Nom qui fut tenu pour l’Ecclésiaste
2 La Quadrature du Char (avec clin d’œil à « Jésus le Chauve »)
3 L’Élisée d’avant l’hérésie ou, les Ailes de “l’Après Elle
4 De l’Autre retranché” par l’opération de la Tosefta
5 L’Autre “de Jérusalem” ou la Chevauchée sans Retour
6 Le Rêve du Nourrisson et les Madeleines de la Passion
7 Où l’Autre distribue 12 bouchées du corps enseigneur
8 L’Autre des évangiles, en passant par les « moi » d’Hillel.
Chapitre Un, sur l’historiographie de “l’Autre”,
sur l’énigme de « sa » mishna et son “secret” dans les Ecrits
Page
107 : Où le Nom du Père est le Fils…
118 : La parabole du talmudiste et son clin d’œil au « Natçaréen »
121 : De Renan à nos jours, c’est toujours l’alibi « gnostique
133 : Première approche de l’Autre et des “Quatre du Paradis
139 : L’herméneutique des quatre sens et les sens des Autre bibliques
de Seth et Benjamin au Collecteur de bois (le Bar Qamtça ou Anthonynoun)
146 : Où puiser l’Autre déviant dans les sources rabbiniques
154 : La conjecture hardie d’un Proto-Hagigah d’origine ecclésiale
155 : Les trois premiers verrous de la mishna Hagigah II, 1
163 : Le “Paraclet ” qui “sort d’Hillel ” à la mishna suivante (II, 2)
166 : Mishna II, 1 (suite): la Cinquième Question et le sexe du IIIe Œuvre
De l’Œuvre de l’Archer à la Chambre nuptiale
181 : Les “Clous” de l’Ecclésiaste, où “l’Autre” s’est vu “Roi”
Position du “Roi en haillons (en vue du témoignage du Traité Rosh Ha-Shanah 21.b) :
« l’Autre, c’est Qohélèt » !
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Où le Nom du Père est le Fils, non sans quelques préalables...
Bâillonner l’Autre du Talmud permet de protéger ce paradigme suranné : l’Eglise
première n’aurait été que la secteauto-proclamée de son mystère groupusculaire. C’est
la thèse largement reçue sur l’émergence du christianisme. Elle repose sur le cliché que
les premiers fidèles de l’Évangile furent des marginaux, nés d’un Rabbi sans maître !
(Incongruité à ne pas confondre avec le rôle eschatologique du Disciple enseignant les
maîtres : le Talmyd Erhad...) L’Église inaugurale aurait été si marginale qu’aucun Rabbi
n’y aurait prêté attention... avant de remarquer qu’elle séduisait les goys ! Cf. Steinsaltz,
infra. Thèse partout répandue, plus ou moins explicite, mais toujours structurante.
Rejeter ce présupposé, c’est repartir du fait que le héros des évangiles est littéralement un
Rabbi (en hébreu, quoiqu’en lettres grecques), par son groupe apostolique a
censément croisé un embranchement du rabbinisme.
À l’heure de sa Passion comme trois siècles plus tard, c’est un courant minoritaire en
Galilée et en diaspora, mais cela ne signifie pas qu’il l’ait toujours été, ni qu’il le soit
resté dans les années qui suivent l’institution de son Église”. Malgré les graves
difficultés du témoignage antidaté des Actes des Apôtres (avec leur centurion Corneille,
d’une garnison d’un siècle après...), il est à prendre en compte : il affirme un mouvement
de ralliement exponentiel dans la génération qui suivit la Passion. Y aurait-il eu en
Galilée une génération de Sages... « myNYMisée » (voire plusieurs en Babylonies ?) ?!
Selon les sens antiques de “secte” ou “hérésie” (n’impliquant pas déviance a priori), il
s’agit d’une Maisonou École rabbinique. Il faut savoir laquelle et situer ses Rabbis”.
Ça mènera à se demander (IIe Partie) si ses apôtres furent comme des « sortants » du
judaïsme, ou des sortis... « pour la galerie », tous leurs noms débranchés de l’histoire des
Rabbis pour être inscrits en grec dans un siècle en trompe-l’œil.
Partons à la recherche du maître retranchéou de la part exclue d’un Sage qui est peut-
être encore dans le Traité des Pères. Pour ses fidèles, c’est “le” Rabbi. “LUltime”, donc
“l’Aqyba” selon Matthieu 23 : ne vous dites plus Rabbi, dit le Rabbi évangélique à ses
apôtres. (“Ni Père”, dit-il aussi, malgré le « pape » et les « abbés » et tous les Pères de
l’Eglise pour qui on a cru bon de manger la consigne.)
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