Dossier thématique
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La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. X - nos 1-2 - janvier-février 2007
occlusion gauche tumorale. Le bénéfi ce était rapporté pour le
nombre de gestes chirurgicaux : 23 % de gestes en moins par
patient, le recours à la colostomie : 7 % versus 43 %, la morta-
lité : 5 % versus 11 %. Le coût moyen de l’hospitalisation était
diminué de 10 % par patient.
E cacité de la PMC en traitement palliatif dé nitif
Le problème de la perméabilité de la PMC se pose fréquem-
ment. Dans le travail de Ben Soussan et al. (6), seuls 53 % des
17 patients dont la survie moyenne était de 6 mois avaient un
transit effi cace jusqu’à leur décès. La prescription d’un régime
sans résidus et d’un traitement laxatif pourrait réduire le risque
d’impaction de matières fécales. En prévention de l’obstruction
prothétique, il a été proposé de réaliser un contrôle endoscopique
toutes les 6 à 8 semaines avec traitement endoscopique éventuel
de la prolifération tumorale (11). Une étude rétrospective (13) a
comparé la mise en place en urgence d’une PMC chez 30 patients
porteurs d’une tumeur colique en occlusion et la réalisation
d’une chirurgie en urgence chez 27 patients. La mise en place
d’une PMC permettait de réduire la durée d’hospitalisation :
10 jours versus 17 jours (p < 0,01) et d’éviter la réalisation d’une
colostomie défi nitive chez 1 patient contre 10 patients (p < 0,05).
Une chimiothérapie pouvait être conduite dans le groupe PMC
dans 70 % contre 59 % dans le groupe chirurgie, avec un délai
de mise en route du traitement signifi cativement plus court : 16
jours versus 36 jours (p < 0,005). Une étude européenne pros-
pective randomisée avec étude de coût menée chez 30 patients
en occlusion colique gauche néoplasique avec une tumeur non
résécable a comparé la mise en place d’une PMC et la réalisa-
tion d’une colostomie défi nitive (11). La durée moyenne de
survie était identique : 21,4 semaines (PMC) et 20,9 semaines
(colostomie). Le coût supérieur du matériel dans le groupe PMC
était compensé par une durée d’hospitalisation deux fois plus
courte : 28 jours (PMC) contre 60 jours (colostomie). Au total,
le coût moyen était proche dans les deux groupes avec une
diff érence de 6,9 % en faveur du groupe colostomie : 2 224 euros
(PMC) contre 2 092 euros (colostomie). Toutefois, les auteurs
concluaient en faveur de la PMC en raison de la meilleure qualité
de survie dans ce groupe et du retentissement psychologique
péjoratif de la colostomie.
INDICATIONS DISCUTABLES
Tumeurs rectales
La mise en place d’une PMC au tiers inférieur est contre-
indiquée sous peine d’entraîner un ténesme insupportable. La
prudence est également de mise pour les tumeurs des deux
tiers supérieurs. En eff et, un ténesme invalidant peut égale-
ment survenir pour une localisation au tiers supérieur. La
possibilité de réaliser une résection chirurgicale réglée avec
anastomose basse peut être compromise en raison de l’infl am-
mation pariétale liée à la PMC. Enfi n, en situation curative,
la réalisation d’une radiothérapie préopératoire avec PMC en
place n’a pas été validée.
Tumeurs proximales
Le traitement d’une occlusion colique proximale par PMC avec
une technique lourde (une PMC couverte plus une autre non
couverte) a été rapporté dans une courte série de 5 patients (14),
présentant un terrain très altéré et/ou à un stade métastatique.
CONCLUSION
La mise en place endoscopique d’une PMC fait partie de l’ar-
senal thérapeutique de la prise en charge de l’occlusion tumo-
rale colique gauche en urgence, que ce soit en préalable à une
chirurgie réglée ou comme traitement palliatif. La nécessité de
disposer en urgence d’une structure adaptée et d’une équipe
d’endoscopie formée à cette technique a limité jusqu’ici sa mise
en œuvre. La réunion de ces deux conditions est indispensable
pour convaincre nos collègues urgentistes, chirurgiens digestifs
et radiologues de la pertinence de cette technique. ■
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