2 | RepèRes économiques
RBc Gestion mondiale d’actifs
grimpe, les ventes augmentent, le pouvoir de fixation des prix
s’accroît et, par extension, les sociétés profitent d’une hausse
des bénéfices et des cours boursiers. Par contre, lors de replis
économiques, les sociétés reculent souvent, souffrent d’une
chute de leurs bénéfices et une fraction disproportionnée
d’entre elles sont incapables de rembourser leurs prêts ou
font faillite (figure 2). Les guerres, les crises politiques et les
catastrophes naturelles détruisent l’économie d’un pays et les
marchés financiers dans la même mesure.
Ensuite, les bénéfices des sociétés sont une composante directe
du PIB. La somme des salaires et des bénéfices des sociétés
correspond au PIB d’une économie1. Il s’agit d’une équation
comptable qui ne laisse apparemment qu’un pas à faire entre
les bénéfices et le rendement de l’ensemble du marché.
Finalement, dans un autre ordre d’idées, il est bien établi
qu’un marché boursier plus vigoureux engendre une économie
plus robuste, en vertu d’un effet de richesse qui pousse les
investisseurs nouvellement enrichis et enhardis à investir une
petite fraction de leurs gains (généralement, quelque chose
comme cinq cents par dollar) dans l’économie.
Bref, peu importe la causalité ainsi que la méthode des
corrélations ou des décalages employée, on pourrait
logiquement s’attendre à ce que les marchés boursiers et
l’économie soient liés, bien que de façon non structurée.
Pendant longtemps, les analyses scientifiques semblaient
confirmer cette relation positive2.
Contrepoint
Dernièrement, la combinaison du bon sens et de la théorie
a cependant été attaquée par des arguments contraires.
De plus en plus d’études soutiennent que les rendements
des marchés boursiers ont, après tout, peu de liens avec la
croissance économique sous-jacente ; il pourrait même y avoir
une association légèrement négative3. Cette conclusion est
inattendue et un peu déconcertante pour un économiste.
Deux conclusions particulièrement étonnantes sont citées par
cette école de pensée. Tout d’abord, les économies des marchés
émergents dont la croissance est la plus lente ont tendance à
profiter de rendements boursiers sensiblement supérieurs par
rapport à celles qui croissent le plus rapidement.
1 Cette équation omet quelques détails, mais elle est essentiellement exacte.
2 « Stock Returns and Real Activity: A Century of Evidence », G. William Schwert (1990)
et « Stock Returns, Expected Returns and Real Activity », Eugene Fama (1990).
3 « Economic Growth and Equity Returns », Jay R. Ritter (2004) et « Economic Growth
and Global Investment Returns », Elroy Dimson, Paul Marsh et Mike Staunton (2005).
Sources : Haver Analytics, S&P, RBC GMA
0 %
1 %
2 %
3 %
4 %
5 %
Taux de défaillance des sociétés
américaines
-6
-4
-2
0
2
4
6
8
Croissance annuelle du PIB réel aux
É.-U. (en %) (inversion)
Taux de défaillance
des sociétés (g.)
Croissance du PIB,
inversion (dr.)
Les défaillances des
sociétés atteignent
un sommet lors de
replis
1981 1984 1987 1990 1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011
Figure 2 : Lien entre les taux de défaillance des sociétés
et l’économie
Aussi paradoxalement, les marchés développés ont tendance
à surclasser les marchés émergents, en dépit d’une croissance
économique plus faible. Au cours des vingt dernières années,
l’économie de la Chine a progressé à un taux annuel de 8 %
supérieur à celui des États-Unis, alors que les investisseurs
ont vu son marché boursier dégager un rendement annuel
inférieur de 8 %. En outre, le marché chinois a aussi été plus
volatil au cours de cette période. En termes simples, les
actions des marchés émergents ont pu procurer une judicieuse
diversification aux investisseurs, mais n’ont pas toujours livré
des rendements supérieurs.
Qu’est-ce qui pourrait bien expliquer ces conclusions, à savoir
que les pays en plein essor ne génèrent pas nécessairement
des rendements d’investissement plus élevés ? Voici trois
justifications populaires.
1) Les maillons faibles de la chaîne
Le principal lien entre l’économie et le marché boursier passe
par les bénéfices. Toutefois, il y a bon nombre de maillons
dans la chaîne et plusieurs forces extérieures à l’œuvre, ce qui
augmente le risque qu’un vilain maillon faible puisse affaiblir ou
même rompre la relation (figure 3).
2) Obstacle persistant
Ces maillons faibles de la chaîne pourraient expliquer pourquoi
la corrélation entre l’économie et les marchés boursiers est
si souvent floue. Or, certains ont carrément observé des
rendements plus faibles dans les marchés émergents à
croissance rapide et des rendements plus élevés dans les
marchés développés à croissance lente, et non pas seulement
des rendements flous. Comment peut-on l’expliquer ?