L’impact de la contraction du crédit et de la chute des marchés boursiers sur l’économie réelle reste à
être quantifié. Le défi pour l’économie qu’a posé au début de l’été l’explosion des prix du pétrole et des
autres matières premières n’en est maintenant plus un. Cela constitue un développement important en
rétablissant la croissance du pouvoir d’achat des consommateurs. Les données sur le PIB du Royaume-
Uni et des États-Unis au troisième trimestre révèlent une légère contraction de l’activité économique par
rapport au trimestre précédent et, sur une base annuelle, le PIB nominal a enregistré une croissance de
3,4 % aux États-Unis, et le PIB réel, de 0,8 %. Cela représente un léger recul de 0,1 % par rapport au
PIB du trimestre précédent. Les dépenses des particuliers ont pour leur part augmenté de 4,4 % en
termes nominaux par rapport à l’année précédente, et de 0,5 % depuis le deuxième trimestre. Quant aux
statistiques sur l’emploi au mois d’octobre, elles affichent une perte de 240 000 emplois, réduisant ainsi
l’emploi non agricole à 136,9 millions d’emplois, soit 1,2 million de moins qu’au début de l’année.
Les ventes au détail ont également été faibles, incluant une chute abrupte des ventes d’automobiles. De
toute évidence, la confiance des consommateurs était au plus bas en octobre, ceux-ci étant submergés
par les mauvaises nouvelles des marchés financiers et la fièvre électorale. Cela étant, et bien que l’on ne
puisse nier que la conjoncture ait été très difficile, au vu de tout ce qui est arrivé récemment, ce serait
une erreur selon nous d’extrapoler les statistiques du mois d’octobre. Ainsi, compte tenu des gains
réalisés à ce jour cette année, le PIB réel devrait malgré tout enregistrer une croissance de 1 à 2 % en
2008.
L’économie américaine peinera en 2009, mais l’éventualité d’une croissance n’est pas exclue. Selon nos
prévisions, le PIB pourrait connaître une modeste croissance, même en assumant des pertes d’emploi
supplémentaires, ce qui porterait le taux de chômage à 7-8 %. Un taux de 8 % se traduirait par une perte
de 2 millions d’emplois, et ferait augmenter à plus de 12 millions le nombre de chômeurs.
Nous prévoyons de modestes hausses salariales pour les 135 millions d’Étatsuniens qui ont un emploi,
ce qui contribuera à une croissance de 1 à 2 % des revenus. Nous supposons également une réduction
d’impôts de l’ordre d’au moins 200 milliards de dollars, permettant une hausse d’environ 3% du revenu
disponible. Le revenu disponible pourrait aussi croître de 75 à 100 milliards de dollars supplémentaires si
le prix du pétrole demeure dans une fourchette de 65-80 $ le baril. Il est difficile de prévoir l’effet
déflationniste de l’énergie sur le PIB mais il est possible que la baisse marquée récente des prix de
l’énergie donne lieu à un déflateur négatif.
Nous prévoyons également que les consommateurs accroîtront leur épargne. Le taux d’épargne des
particuliers devrait ainsi s’élever à 3,5%, de 1 % qu’il affiche cette année. Le choc de la hausse du
chômage et l’effondrement des cours boursiers de cette année continueront de tempérer la confiance des
consommateurs, qui développeront une attitude plus conservatrice. Si le taux d’épargne devait franchir la
barre des 5 %, cela réduirait d’environ 165 milliards de dollars les dépenses de consommation, ce qui
aurait probablement pour effet d’annuler la croissance. À notre avis, il est encore trop tôt pour affirmer
que nous nous dirigeons vers une longue et pénible récession. Néanmoins, nous demeurons convaincus
que les États-Unis entrent dans une période de faible croissance.
Les marchés ne sont donc pas tirés d’affaire et il leur reste plusieurs défis d’importance à relever,
notamment la fragilité du marché du crédit. Les écarts de taux d’intérêt se maintiennent à des niveaux
historiques élevés, et les risques inhérents à l’industrie automobile aux États-Unis demeurent élevés
malgré la forte probabilité d’une intervention gouvernementale. Nous pensons que les mesures
entreprises par les banques centrales au cours des dernières semaines contribueront à une stabilisation
des marchés du crédit et favoriseront un retour à la normale.