Or dans Le Cid, le Comte affirme son indépendance face au roi (v.365-366). De plus, la pièce comporte 2
duels dont le vainqueur sort chaque fois auréolé d’honneur.
La pièce de Corneille est donc un reflet de la situation politique de la France de l’époque, à la transition entre
Louis XIII et ce qui deviendra la monarchie absolue de Louis XIV.
II- Les valeurs du XVIIème siècle
Les hommes du XVIIème siècle croyaient en des valeurs que nous ne partageons plus. Pour comprendre le
comportement des personnages, il faut connaître ces valeurs féodales qui imprègnent encore sous Louis XIII la
mentalité de l’aristocratie.
La pièce se situe au XIème siècle, or au Moyen-Age l’individu n’existe pas pour lui-même, seule compte la
famille à laquelle il appartient ; d’où l’importance du « sang ».
L’honneur est la valeur la plus importante : tout homme de naissance illustre doit défendre l’honneur de
sa famille. En regard de l’honneur, même la mort n’est rien.
Un noble considère toute atteinte physique ou morale à sa personne comme un
impardonnable affront qu’il faut immédiatement effacer. Pour cela, un moyen : le duel, forme
de justice personnelle qui s’exerce en dehors de tout tribunal, ce que le pouvoir royal ne peut
plus accepter s’il veut retrouver son autorité.
QUELQUES IDEES SIMPLES SUR LES TROIS GENRES LES PLUS CONNUS
LA TRAGEDIE
Personnages nobles (rois, seigneurs, héros).
Cinq actes, dans la tradition classique.
Ton et style sublimes (élevés, tragiques), souvent en alexandrins.
Intrigue : simple et soumise à la fatalité. Elle emprunte ses sujets à l’histoire lointaine ou aux légendes
gréco-latine.
Dénouement tragique : meurtre, suicide, mutilation, punition…
Sentiments (souhaités) des spectateurs : terreur, crainte, pitié.
Période en France : fin XVIème – XVIIème – XVIIIème siècles.
De nombreux théoriciens ont fixé les règles de la tragédie : Aristote (Grèce, IVème siècle av. JC), Horace
(Rome, 1er siècle), nombreux du XVIème au XVIIème : Boileau est le plus connu (1674).
LA COMEDIE
Personnages bourgeois (parfois nobles, mais sans rôle politique explicite).
Un, trois ou cinq actes, dans la tradition classique, mais système plus lâche.
Ton et style : moyen, mélangé, incorporation d’éléments de langage bas (farcesque).
Intrigue : traditionnelle (vieux/jeunes/valets), intrigue triangulaire (mari/femme/amant ou maîtresse),
intrigue centrée sur un caractère, un aspect de la société, etc.
Dénouement heureux (mariage, résolution des conflits, etc.).
Sentiments (souhaités) des spectateurs : plaisir et instruction morale.
Gradation de la simple moquerie à la réflexion morale.
Période en France : a toujours été jouée, sous des aspects différents.