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Résumé
Ce mémoire cherche à évaluer la culpabilité de Socrate face à l’échec et à
la corruption d’Alcibiade, telle que la question se pose dans le Banquet de
Platon. Il comprend quatre chapitres. Le premier démontre que le cadre
dramatique lui-même fait occuper une place centrale à la vie et au déclin
d’Alcibiade et au problème de la responsabilité de Socrate face aux accusations
de corruption de la jeunesse qui ont pesé sur lui. Le deuxième chapitre
interprète le discours d’Alcibiade comme une tentative de disculpation qui
repose sur une critique acerbe du comportement de Socrate. Il se serait détourné
de Socrate et de ses enseignements en raison de son ironie, de son arrogance et
de son indifférence – de son hybris. Le troisième chapitre étudie le discours de
Socrate sur l’accession à la beauté intelligible. Il expose la nature particulière de
son éros, qui repose sur l’ironie et l’inversion des rôles comme moyens
d’exhorter à la philosophie. Le quatrième chapitre pose la question de
l’efficacité de ce type de pédagogie et de la responsabilité du philosophe vis-à-
vis de ses disciples. L’étude conclut que l’amour et l’ironie de Socrate sont
essentiellement des moyens d’inviter l’autre à se remettre lui-même en question
et à prendre soin de son âme. Socrate n’est donc pas coupable d’avoir corrompu
Alcibiade. La faute est entièrement celle du jeune homme. Il s’est montré
incapable, par égocentrisme et fierté excessive, de réagir correctement à
l’énigme posée par le comportement érotique de Socrate.
Mots clés : Socrate, Amour, Hybris, Ironie, Corruption, Philosophie