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Chapitre 5
Fonction d’un variable réelle : limite,
continuité
5.1
Notations
f : fonction numérique R → R
Df : son ensemble de définition
(a, b) : intervalle ouvert, semi-ouvert ou fermé (a < b). Sauf cas contraire signalé, on considérera que a peut être −∞
et que b peut être +∞.
5.2
Limite
Définition : Soit c ∈ R tel que ]a, c[∪]c, b[⊂ Df , ou ]a, c[⊂ Df ou ]c, b[⊂ Df .
On dit que f (x) tend vers l ∈ R lorsque x tend vers c si
∀ε > 0, ∃η > 0, |x − c| < η et x ∈ Df =⇒ |f (x) − l| < ε.
On dit aussi que la fonction f admet l pour limite en c et on note :
lim f (x) = l.
x→c
Remarques :
1. Cette définition est valable que c soit ou non dans Df .
2. Si f admet l pour limite en c et que c ∈ Df , f (c) est défini et doit donc appartenir à tout voisinage de l ce qui
n’est possible que si f (c) = l. On reviendra sur la continuité plus tard.
3. Une limite n’existe pas forcément.
Voici un exemple qui permet d’illustrer cette définition : cliquer sur le bouton ”commencer” puis modifiez au besoin
le choix de c, de ε ou de η.
Exemples : A partir simplement de la visualisation graphique ci dessus :
1. Pour c = 0.5 et ǫ = 0.1, η = 0.09 convient ?
2. Pour c = 0.5 et ǫ = 0.1, η = 0.04 convient ?
3. Pour c = 0.8 et ǫ = 0.1, η = 0.09 convient ?
4. Pour c = 0.8 et ǫ = 0.1, η = 0.04 convient ?
5. Pour c = 0.8 et ǫ = 0.05, η = 0.09 convient ?
p
√
Exemple : Etudier les ensembles de définition et les limites en 0 de f (x) = x, g(x) = |x| et h(x) = x − ⌊x⌋.
5.3
Limite à gauche ou à droite
Définition : Soit c ∈ Df tel qu’il existe α > 0 tel que ]c, c + α[⊂ Df . On dit que f admet l pour limite à droite en
c et on note :
lim f (x) = l si ∀ε > 0, ∃η > 0, x ∈ Df ∩]c, c + η[=⇒ |f (x) − l| < ε
x→c,x>c
Soit c ∈ Df tel qu’il existe α > 0 tel que ]c − α, c[⊂ Df . On dit que f admet l pour limite à gauche en c et on
note :
lim f (x) = l si ∀ε > 0, ∃η > 0, x ∈ Df ∩]c − η, c[=⇒ |f (x) − l| < ε
x→c,x<c
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CHAPITRE 5. FONCTION D’UN VARIABLE RÉELLE : LIMITE, CONTINUITÉ
Remarque : On trouvera aussi les notations f (c+) et f (c−).
Proposition :
– Si c ∈ Df , f admet l pour limite en c si et seulement si f admet l pour limite à droite et à gauche en c et
f (c) = l.
– Si c ∈
/ Df , f admet l pour limite en c si et seulement si f admet l pour limite à droite et à gauche en c.
Exemples :
– Etudier la limite, la limite à gauche, la limite à droite en 0 et 1 de f (x) = x − ⌊x⌋.
– Etudier la limite (à gauche, à droite) en 0 de f (x) = x/|x|. (Df = R∗ , f (x) = 1 si x > 0 et f (x) = −1 si x < 0.)
5.4
Limite infinie ou en l’infini
Définition : Dans ce qui suit, c et l sont deux réels.
lim
f (x) = −∞ ssi ∀M ∈ R, ∃η > 0, x ∈ Df ∩] − ∞, c[ et |x − c| < η =⇒ f (x) < M
lim
f (x) = −∞ ssi ∀M ∈ R, ∃η > 0, x ∈ Df ∩]c, +∞[ et |x − c| < η =⇒ f (x) < M
lim
f (x) = +∞ ssi ∀M ∈ R, ∃η > 0, x ∈ Df ∩] − ∞, c[ et |x − c| < η =⇒ f (x) > M
lim
f (x) = +∞ ssi ∀M ∈ R, ∃η > 0, x ∈ Df ∩]c, +∞[ et |x − c| < η =⇒ f (x) > M
x→c,x<c
x→c,x>c
x→c,x<c
x→c,x>c
lim f (x) = l ssi ∀ε > 0, ∃P < 0, x ∈ Df et x < P =⇒ |f (x) − l| < ε
x→−∞
lim f (x) = l ssi ∀ε > 0, ∃P > 0, x ∈ Df et x > P =⇒ |f (x) − l| < ε
x→+∞
lim f (x) = +∞ ssi ∀M ∈ R, ∃P > 0, x ∈ Df et x > P =⇒ f (x) > M
x→+∞
lim f (x) = −∞ ssi ∀M ∈ R, ∃P > 0, x ∈ Df et x > P =⇒ f (x) < M
x→+∞
5.5
Unicité de la limite
Proposition : Il existe au plus un élément l ∈ R tel que f (x) tende vers l lorsque x tend vers c.
Démonstration
5.6
Lien avec les suites
Proposition : Soit c ∈ R, f admet l pour limite en c si et seulement si pour toute suite (xn , n ∈ N) d’éléments de
Df convergeant vers c, la suite (f (xn ), n ∈ N) converge vers l.
Cet énoncé reste vrai lorsque c ou l prennent les valeurs +∞ ou −∞ pourvu que l’ensemble de définition de f
le permette.
De même, f admet l pour limite à gauche en c si et seulement si pour toute suite (xn , n ∈ N) d’éléments de Df
telle que pour tout n ∈ N, xn < c et qui converge vers c, la suite (f (xn ), n ∈ N) converge vers l.
Et f admet l pour limite à droite en c si et seulement si pour toute suite (xn , n ∈ N) d’éléments de Df telle que
pour tout n ∈ N, xn > c et qui converge vers c, la suite (f (xn ), n ∈ N) converge vers l.
Démonstration
Exemples :
– Etudier la limite quand x tend vers +∞ de f (x) = cos(x).
– Soit f (x) = sin(1/x). Sur quel ensemble peut-on définir f ? Etudier l’existence de limites en 0.
5.7
Opérations sur les limites
Proposition : Soient f et g deux fonctions numériques. Dans les tableaux qui suivent les limites sont prises en c,
qui est un réel appartenant à Df ∩ Dg , en +∞ ou en −∞ si les ensembles Df et Dg le permettent.
Si f a pour limite
et si g a pour limite
alors f + g a pour limite
l
l′
l + l′
l
+∞
+∞
l
−∞
−∞
+∞
+∞
+∞
−∞
−∞
−∞
+∞
−∞
indét.
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5.8. INÉGALITÉS SUR LES LIMITES
f
g
fg
l
l′
ll′
l>0
+∞
+∞
l>0
−∞
−∞
f
g
f /g
l
l′ 6= 0
l/l′
f
g
l > 0 ou +∞
0
>0
+∞
f /g
l<0
+∞
−∞
l
−∞ ou +∞
0
Il y a donc 4 formes indéterminées.
l<0
−∞
+∞
+∞
l′ > 0
+∞
l > 0 ou +∞
0
<0
−∞
+∞
+∞
+∞
+∞
l′ < 0
−∞
+∞
−∞
−∞
−∞
l′ > 0
−∞
l < 0 ou −∞
0
>0
−∞
−∞
−∞
+∞
0
−∞ ou +∞
indét.
−∞
l′ < 0
+∞
−∞ ou +∞
−∞ ou +∞
indét.
l < 0 ou −∞
0
<0
+∞
0
0
indét.
Proposition : Si f (x) tend vers b quand x tend vers a et si g(y) tend vers c quand y tend vers b, alors g ◦ f (x)
tend vers c quand x tend vers a.
Cet énoncé reste vrai lorsque a, b ou c prennent les valeurs +∞ ou −∞.
Démonstration
Exemples : Etudier l’ensemble de définition puis, en utilisant les théorèmes énoncés précédemment, les limites des
fonctions suivantes :
1. limite en −∞ et en +∞ de f (x) = sin(1/x) : limx→−∞ 1/x = 0 et limy→0 sin(y) = 0.
1
2. limite à droite en 1/3 de f (x) = √
:
3x − 1
√
limx→(1/3)+ 3x − 1 = 0+, limy→0+ y = 0+ et limz→0+ 1/z = +∞.
√
3. limite en +∞ de f (x) = 2x2 + x
5.8
Inégalités sur les limites
Proposition : Soient f et g deux fonctions numériques. On suppose que c ∈ Df ∩ Dg , f (x) tend vers l quand x
tend vers c et g(x) tend vers l′ quand x tend vers c.
1. Si f = g sur un intervalle I ⊂ Df ∩ Dg de type ]a, b) ou (b, a[, alors l = l′ .
2. Si f ≤ g sur un intervalle I ⊂ Df ∩ Dg de type ]a, b) ou (b, a[, alors l ≤ l′ .
3. Si f < g sur un intervalle I ⊂ Df ∩ Dg de type ]a, b) ou (b, a[, alors l ≤ l′ .
Démonstration
Remarque : Cet énoncé reste valable si a est égal à +∞ ou −∞ mais dans ce cas l’intervalle I doit être de la forme
(b, +∞[ ou ] − ∞, b) : cf proposition détaillée suivante.
Remarque : Pour 3., on vérifie qu’on ne peut pas espérer avoir une inégalité stricte à droite : considérer f (x) = x2 et
g(x) = x4 sur ]0, 1[. On a bien f > g sur ]0, 1[ mais limx→0 f (x) = limx→0 g(x) = 0 et limx→1 f (x) = limx→1 g(x) = 1
Corollaire : Soient a, b, u, v des réels et soit f : [a, b] → (u, v). Si f admet l pour limite en c ∈ [a, b] alors l ∈ [u, v].
Proposition : On suppose que f (x) tend vers l quand x tend vers a et h(x) tend vers l quand x tend vers a. Si
f ≤ g ≤ h sur un intervalle ouvert I contenant a, alors g admet l pour limite en a.
Démonstration
Exemple : Etudier la limite de (sin(2x) + cos(3x)).x en 0 : | sin(2x) + cos(3x)| ≤ 2 sur I = R. On en déduit que
0 ≤ |(sin(2x) + cos(3x)).x| ≤ 2|x|
et donc que limx→0 |(sin(2x) + cos(3x)).x| = 0.
Proposition : Soient f et g deux fonctions numériques.
Supposons que I =]a, +∞[⊂ Df ∩ Dg .
Si f ≤ g sur I et lim f (x) = +∞, alors lim g(x) = +∞.
x→+∞
x→+∞
Si f ≤ g sur I et lim g(x) = −∞, alors lim f (x) = −∞.
x→+∞
x→+∞
Supposons que J =] − ∞, b[⊂ Df ∩ Dg .
Si f ≤ g sur J et lim f (x) = +∞, alors lim g(x) = +∞.
x→−∞
x→−∞
Si f ≤ g sur J et lim g(x) = −∞, alors lim f (x) = −∞.
x→−∞
x→−∞
Exemples :
– Etudier la limite en 0 de cos(x)/x : cos(x) ≥ 1/2 sur I =]0, π/3] et donc cos(x)/x ≥
1 + (sin(x)/x)
x + sin x
: écrire f (x) =
.
– Limite en +∞ de f (x) =
2x + 1
2 + 1/x
1
2x
sur I.
32
CHAPITRE 5. FONCTION D’UN VARIABLE RÉELLE : LIMITE, CONTINUITÉ
5.9
Limites de fonctions monotones
Proposition : Soit f une fonction numérique croissante sur I ⊂ Df , un intervalle ouvert R. Alors f admet une
limite à gauche et à droite finie en tout point de I. De plus, si I =]α, +∞[, f admet une limite à gauche (finie
ou non) en +∞ et si I =] − ∞, α[, f admet une limite à droite (finie ou non) en −∞.
Démonstration
Remarque : Si f est décroissante, alors −f est croissante, et on peut appliquer la proposition précédente.
5.10
Continuité
Définition : Soient f une fonction numérique et I ⊂ Df un intervalle. Soit c ∈ I, on dit que f est continue en c si
f admet f (c) pour limite en c.
f est continue sur I si elle est continue en tout point de I.
On dira que f est continue à gauche en c si f admet f (c) pour limite à gauche en c et que f est continue à droite
en c si f admet f (c) pour limite à droite en c (quand les limites à gauche et à droite sont définies).
Remarque : On ne définit donc la continuité qu’en des points en lesquels la fonction f est définie.
Exercice : Soit f une fonction définie sur ]a, b[, continue en x0 ∈]a, b[ et telle que f (x0 ) > 0. Montrer qu’il existe un
intervalle ]c, d[ inclus dans ]a, b[ et contenant x0 tel que f est strictement positive sur ]c, d[.
Démonstration
5.11
Lien avec les suites
Proposition : Soit c ∈ R, f est continue en c si et seulement si pour toute suite (xn , n ∈ N) d’éléments de A
convergeant vers c, la suite (f (xn ), n ∈ N) converge vers f (c).
f est continue à gauche (resp. limite à droite) en c si et seulement si pour toute suite (xn , n ∈ N) d’éléments de
A telle que pour tout n ∈ N, xn ≤ c (resp. xn ≥ c), convergeant vers c, la suite (f (xn ), n ∈ N) converge vers
f (c).
5.12
Prolongement par continuité
Définition : Supposons que A = (a, c[∪]c, b) ⊂ Df , c réel. On dit que f est prolongeable par continuité en c si f
admet une limite finie l en c.
Supposons maintenant que Df =]c, b) (resp. Df = (a, c[), c réel. On dit que f est prolongeable par continuité en
c si f admet une limite finie l à droite (resp. à gauche) en c.
Dans les deux cas, on dira que l’on prolonge f par continuité si l’on construit une nouvelle fonction f¯ égale à f
sur A et telle que f¯(c) = l.
5.13
Comment démontrer la continuité d’une fonction
Théorème : Soient f et g deux fonctions numériques telles que A = Df ∩ Dg 6= ∅. On suppose que f et g sont
continues au point a ∈ A. Alors les fonctions f + g et f g sont continues au point a. Il en est de même de f /g si
g(a) 6= 0.
Corollaire : Toute fonction polynôme à variable réelle est continue sur R. Toute fonction rationnelle d’une variable
réelle est continue sur son ensemble de définition.
Rappel : Une fonction rationnelle est un quotient de deux polynômes.
Proposition : Les foncions sin, cos, tan, cotan sont continues sur leur domaine de définition.
Théorème : Soient A et B deux intervalles de R. Soient f : A → B et g : B → R telles que A ⊂ Df et B ⊂ Dg . Si
f est continue en a ∈ A et si g est continue en f (a), alors g ◦ f est continue en a.
Si f est continue sur A et g continue sur B, alors g ◦ f est continue sur A.
Exemple : Etudier l’ensemble de définition et la continuité des fonctions g(x) = cos(sin(x)), h(x) = cos(3x2 − x).
1. sin et cos sont définies sur R donc Dg = R. sin : R → [−1, 1] et cos : R → [−1, 1] et ces deux fonctions sont
continues donc g est continue sur R.
2. P (x) = 3x2 − x et cos sont définies sur R donc Dh = R.
P : R → R et cos : R → [−1, 1] et ces deux fonctions sont continues donc h est continue sur R.
Théorème : Si f est bijective et continue d’un intervalle I dans un intervalle J, alors f −1 est continue sur J.
5.14. FONCTION LIPSCHITZIENNE
5.14
33
Fonction lipschitzienne
Définition : Soit k ∈ R∗+ . On dit que la fonction numérique f est lipschitzienne de rapport k sur un intervalle
I ⊂ Df si, pour tout couple (x, y) de I 2 on a |f (x) − f (y)| ≤ k|x − y|.
Théorème : Toute fonction lipschitzienne sur un intervalle I est continue sur I.
5.15
Théorème des valeurs intermédiaires
Théorème : Soit f une fonction numérique continue sur un intervalle [a, b] ⊂ Df . Alors f est bornée et atteint sur
[a, b] sa borne supérieure M et sa borne inférieure m.
Démonstration
Théorème (valeurs intermédiaires) : Soit f une fonction numérique continue sur un intervalle I ⊂ Df et soient
M = supx∈I f (x) et m = inf x∈I f (x). On suppose M > m. Alors, pour tout y ∈]m, M [, il existe au moins un
x ∈ I tel que f (x) = y.
Démonstration
Corollaire : L’image par une fonction numérique continue d’un intervalle de R est un intervalle de R. L’image par
une fonction numérique continue d’un intervalle fermé borné de R est un intervalle fermé borné de R.
Corollaire : Soit f une fonction numérique continue sur un intervalle I de R, s’il existe deux réels a et b de I tels
que f (a) < 0 et f (b) > 0, alors l’équation f (x) = 0 admet au moins une solution (on dit aussi une racine) dans
[a, b].
Exercice : Montrer que l’équation tg(x) = x admet une solution dans ] − π/2, π/2[.
Démonstration
Corollaire : Soit f une fonction numérique continue sur un intervalle I de R. Si f ne s’annule pas sur I, alors f
garde un signe constant sur I.
Corollaire : Soit f une fonction numérique continue et strictement monotone sur un intervalle I de R. f est bijective
de I dans f (I).
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