La littérature managériale s’est centrée, elle aussi, sur la manière d’obte-
nir l’adhésion des salariés. La question des valeurs, de la culture, de l’au-
tonomie des acteurs a été mise en avant. On note une abondante
littérature sur les compétences et la formation. Des travaux universitaires
reconnus aux techniques de remédiation cognitives ou aux recettes
managériales, ce thème a été l’un des plus exploré des années 80-90.
P o u rtant, malgré l’existence d’un corpus considérable de travaux de
réflexion, deux questions essentielles demeurent pour toutes les femmes
et hommes qui ont des responsabilités organisationnelles. La pre m i è r e
e s t : Comment peut-on espérer dégager une théorie de l’org a n i s a t i o n ,
alors que la réalité « d e s » organisations est si diverse, si complexe? La
deuxième question est la suivante : Y a-t-il des savoirs, des pro c é d u res ou
des règles capables d’aider l’action? A la pre m i è re question, il n’y a pas de
réponse univoque et de nombreux débats se poursuivent au sein des com-
munautés de re c h e rche. Tout au plus peut-on inviter, sur les traces de
G a reth Morgan, à observer les diverses facettes de la réalité, qui ont toutes
leur cohérence et leur validité. On sait que Gareth Morgan a mis au point
une typologie pédagogique qui rend compte de la diversité du fonctionne-
ment organisationnel. Il définit sept représentations essentielles de l’org a-
nisation. Dans sa conception métaphorique, l’organisation peut être vue
comme une machine, un cerveau, un organisme vivant, une culture, un
système politique, une prison mentale ou un instrument de domination.
Selon lui, ces images structurent la vision des acteurs, mais constituent
également le point de vue dominant des approches théoriques. Le taylo-
risme et l’approche classique correspondent, par exemple, à une vision de
l’entreprise comme mécanique. Les travaux de la sociologie actionniste
de March, Simon, Crozier et Friedberg correspondent, eux, à une vision de
l’organisation comme système politique. La socioanalyse, d’Eliott Jaques
à Eugène Enriquez, se place dans l’optique d’une organisation définie
comme prison mentale, etc. La typologie de Morgan permet à chacun de
se souvenir que l’organisation est un système social et d’interactions
d’une richesse incomparable, selon que l’on se place du point de vue des
acteurs, de leur affect, de leur rationalité, de leurs identités ou que l’on se
positionne du point de vue des structures, de l’impact des technologies,
de la forme managériale ou de la culture environnante. Il n’est ainsi pas
nécessaire d’opposer les approches ou les points de vues scientifiques
qui sont réducteurs par nature, parce qu’il privilégient tel ou tel aspect de
la réalité pour être capables d’en fournir une image fiable. Il faut au
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LEMANAGEMENT AUJOURD’HUI12
■Comprendre et éclairer l’action