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pharmaJournal 13 | 6.2009
Pharmazie und Medizin · Pharmacie et médecine
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Pharmazie und Medizin · Pharmacie et médecine
A quel moment faut-il débuter un
traitement à l’insuline?
Une thérapie à l’insuline en cas de dia-
bète sucré de type 2 est indiquée lorsque
les taux cibles ne sont pas atteints avec
des antidiabétiques oraux (encadré 2) [2].
Mis à part la situation métabolique insa-
tisfaisante, il y a d’autres indications pour
un traitement du moins provisoire aux
insulines: par exemple maladie grave (in-
fections, insuffisance hépatique/rénale,
infarctus du myocarde), traumatisme ou
diabète gestationnel. Pour améliorer la
situation métabolique par des insulines, il
existe diverses possibilités de traitement.
Celles-ci sont brièvement expliquées ci-
après [3]. Les insulines animales ne sont
pas explicitement mentionnées, mais
peuvent être employées de manière ana-
logue aux insulines humaines. L’ordre
dans lequel ces concepts sont décrits re-
flète l’augmentation de l’efficacité, mais
aussi la charge croissante pour le patient.
Selon l’évolution journalière de la glycé-
mie, un schéma approprié est choisi. Plus
le patient est jeune et indépendant, plus
on s’efforcera de choisir un schéma le
plus physiologique possible.
Premiers pas en douceur: l’insuline
au coucher («bedtime-insulin»)
Une entrée simple et sûre dans le traite-
ment à l’insuline chez le diabétique de
type 2 est l’application d’une insuline re-
tard avant le coucher (ou avant le repas
du soir dans le cas des analogues de l’in-
suline). Les antidiabétiques oraux sont
maintenus. Ce concept thérapeutique
convient particulièrement aux patients
qui présentent dès le matin une glycémie
élevée à jeun. Les «bedtime-insulins» en-
visageables sont les insulines NPH ou les
analogues de l’insuline à longue durée
d’action (glargine, détémir). En raison de
la cinétique, les insulines NPH doivent
être appliquées le plus tard possible, entre
23 et 24 heures. Les analogues de l’insu-
line peuvent déjà être injectés avec le re-
pas du soir. Avec les analogues de l’insu-
line, le risque d’hypoglycémie et la prise
de poids (cela concerne le détémir) sem-
blent plus faibles qu’avec les insulines
NPH. La différence dans la prise de poids
est faible (comprise entre 0,4 et 2,8 kg).
[4] Pour que l’insuline soit résorbée lente-
ment, elle est injectée de préférence dans
la cuisse.
Traitement à l’insuline mixte (traite-
ment insulinique conventionnel)
L’application trois ou quatre fois par jour
d’une insuline mixte est une forme théra-
peutique relativement fréquente en cas
de diabète sucré de type 2. Le plus sou-
vent, on choisit une insuline mixte avec
30% de composantes à action rapide.
Pour ce traitement, on peut recourir à des
analogues d’insuline mixte ou à des insu-
lines humaines mixtes. Ce schéma est
aussi relativement facile à appliquer, mais
uniquement pour des patients dont le
déroulement de la journée et la prise de
nourriture sont réguliers. L’association à
des antidiabétiques oraux (en particulier
la metformine) n’est maintenue que si
elle présente un avantage pour la situa-
tion métabolique.
Traitement insulinique prandial
Dans le traitement insulinique prandial,
on injecte des insulines à courte durée
d’action trois fois par jour, lors des repas.
Il convient surtout aux patients à glycé-
mie élevée après les repas mais dont les
taux à jeun sont encore bons. La metfor-
mine est généralement maintenue. On
emploie des insulines normales (environ
une demi-heure d’intervalle entre l’injec-
tion et la prise de nourriture) ou des insu-
lines analogues à courte durée d’action.
La dose peut être fixe ou – après une for-
mation correspondante – calculée par le
patient lui-même en fonction des quanti-
tés d’hydrates de carbone. Cette thérapie
insulinique est plus physiologique et per-
met une plus grande flexibilité. Il est en
effet possible de sauter des repas ou de
procéder à des adaptations de la dose
d’insuline, par exemple après un effort
physique. L’insuline est injectée dans
l’abdomen pour une résorption rapide.
Traitement basal/bolus (traitement
insulinique conventionnel intensifié)
Si un contrôle suffisant du métabolisme
n’est pas encore atteint, le traitement in-
sulinique doit être intensifié. Cette forme
de thérapie ressemble au traitement insu-
linique dans le diabète de type 1. Le trai-
tement basal/bolus est le plus proche de
la situation physiologique et réalise les
meilleurs résultats. Mais il signifie des
injections supplémentaires et des me-
sures de glycémie pour les patients.
La base est couverte par l’insuline NPH
ou une insuline analogue à longue durée
d’action. Comme pour la «bedtime-insu-
lin», l’insuline de base est injectée avant
le coucher ou – dans le cas des analogues
– déjà avec le repas du soir. Pour le bolus,
l’insuline normale ou les insulines analo-
Tableau 3: Recommandations de
conversion pour les préparations à
l’insuline et les aides d’application
Mixtard® 10 (1–2 fois/jour)
Insulatard® ou autre NPH 2 fois par jour;
réduction de la dose de 10%
Levemir® ou autre analogue de l’insuline à
longue durée d’action 1–2 fois par jour;
réduction de la dose de 20%
Mixtard® 20 (2 fois/jour)
Mixtard® 30 ou autre insuline humaine mixte
2 fois par jour; réduction de la dose de 20%
NovoMix® 30 ou autre insuline analogue
mixte 2 fois par jour; à doses égales
(injection juste avant le repas)
Mixtard® 30 (2 fois/jour)
Aide d’application:
NovoLet® FlexPen®
InnoLet® FlexPen®
Mixtard® 40 (2 fois/jour)
Mixtard® 30 ou autre insuline humaine
mixte 2 fois par jour; à doses égales
NovoMix® 30 ou autre insuline analogue
mixte 2 fois par jour; à doses égales
Injection juste avant le repas
Mixtard® 50 (2 fois/jour)
Mixtard® 30 ou autre insuline humaine mixte
2 fois par jour; réduction de la dose de 20%
Humalog Mix® 50 et NovoMix® 30 ou autre
insuline analogue mixte 2 fois/jour;
réduction de la dose de 20%
Actrapid®
NovoRapid® ou autre analogue de l’insuline
à action rapide; à doses égales, injection
juste avant le repas
Insulatard® (1 fois/jour)
Aide d’application:
NovoLet® FlexPen®
InnoLet® FlexPen®
gues à courte durée d’action sont envisa-
geables, comme cela a été décrit pour le
traitement insulinique prandial. Plus le
patient est instruit, plus il peut adapter
avec précision la dose d’insuline à la
quantité d’hydrates de carbone de son
repas ou aux irrégularités.
Les pompes à insuline apportent encore
un degré supplémentaire au traitement
insulinique. Un taux de base couvre l’ap-
port basal en insuline. Avant les repas ou
pour corriger, le bolus peut être amené
par pression sur un bouton, par la même
canule.
Autocontrôles de la glycémie
Pour le diabétique de type 2, il n’existe
pas de recommandations générales sur la
fréquence et le moment de mesure de la
glycémie. Cela doit être défini individuel-
lement pour chaque patient et dépend
aussi du schéma thérapeutique, selon que
le patient se trouve dans une phase stable,
instable ou de conversion et la manière
dont se présente le déroulement de sa
journée en ce qui concerne l’alimentation
et l’activité physique. En principe, plus le
contrôle de la glycémie doit être précis et
physiologique, plus le nombre nécessaire
de déterminations de la glycémie doit être
grand. Pour ce qui est du principe basal/
bolus, cela peut signifier par exemple
quatre injections d’insuline et quatre dé-
terminations de la glycémie par jour. Il est
très important que les patients soient
instruits quant au moment et à la fré-
quence du contrôle ainsi qu’à la manière
d’interpréter les taux.
Recommandations de conversion
Le tableau 3 comporte un récapitulatif
des recommandations de remplacement
pour les insulines et les aides d’applica-
tion retirées du commerce. La conversion
ne devrait être effectuée qu’en collabora-
tion avec le médecin traitant ou le diabé-
tologue. En cas de changement, la dose
d’insuline est maintenue plutôt basse et
augmentée de deux unités tous les trois à
sept jours jusqu’à ce que les taux glycé-
miques cibles soient atteints. C’est pour-
quoi des contrôles plus fréquents de la
glycémie sont nécessaires pendant la
conversion. z
Cet article a été rédigé par Chantal Schlatter, pharmacienne,
Bâle, sur mandat de la CMPS.
Nous remercions le Dr méd. Beat Schwegler, spécialiste FMH
en médecine interne et en endocrinologie/diabétologie,
hôpital cantonal de Zoug, pour la relecture du manuscrit.
Adresse de correspondance
Commission des médicaments des pharmaciens suisses
(CMPS)
Case postale 5247
3001 Berne
Tél. 044 994 75 63, fax 044 994 75 64
E-mail: mail@aka.ch
Références
[1] Singh SR, Ahmad F, Lal A, Yu C, Bai Z, Bennett H. Efficacy
and safety of insulin analogues for the management of
diabetes mellitus: a meta-analysis. CMAJ 2009; 180: 385–97.
[2] Nathan DM, Buse JB, Davidson MB, et al. Medical mana-
gement of hyperglycemia in type 2 diabetes: a consensus
algorithm for the initiation and adjustment of therapy:
a consensus statement of the American Diabetes
Association and the European Association for the Study
of Diabetes. Diabetes Care 2009; 32: 193–203.
[3] Philippe J, Brändle M, Carrel J, et al. Massnahmen zur
Blutzuckerkontrolle bei Patienten mit Typ-2-Diabetes-
mellitus. Consensus statement der Schweizerischen
Gesellschaft für Endokrinologie und der Diabetologie
(SGED). Schweiz Med Forum 2009; 9: 50–5.
[4] Rev Prescrire 2006; 26(271): 245–250
Encadré 2:
Taux de glycémie cibles (référencés sur
plasma) selon la Société suisse d’endocrino-
logie et de diabétologie
préprandial: 5–7 mmol/l
postprandial: < 8 mmol/l
HbA1c: < 6,5–7%