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OptionBio | juillet-août 2016 | n° 547-548
allergologie | pratique
moléculaires testés ; DPC Siemens, une trentaine ;
Hycor, une vingtaine).
Test multiplexe (ImmunoCAP® ISAC)
Ce type de test permet d’obtenir de multiples
résultats : 112 allergènes moléculaires sont testés,
issus de 51 sources allergéniques. Leurs carac-
téristiques sont comparées avec celles des tests
unitaires dans le tableau 1.
Discussion
Les tests unitaires restent intéressants pour
le développement de nouveaux allergènes
(il est plus facile de les mettre à disposition
rapidement) et sont les seuls à proposer des
extraits allergéniques, encore très utiles, à l’ère
moléculaire, pour des allergènes « mineurs »
(mais « majeurs » pour le patient concerné).
Mais certains allergènes moléculaires ne sont
disponibles que sur ISAC. De plus, les tests
unitaires ne répondent qu’à la question posée
(allergie à un allergène) et n’ouvrent pas sur
d’autres hypothèses diagnostiques (attention de
ne pas étendre les résultats à toute une famille).
Ces tests unitaires, s’ils sont multipliés, justifie-
ront rapidement l’utilisation d’un test multiplexe,
notamment en pédiatrie.
Les tests multiplexes donnent une vue d’en-
semble de la sensibilisation d’un sujet à un ins-
tant donné et offrent un raisonnement global,
soit par familles moléculaires, soit par sources
allergéniques. Ils fournissent une aide précieuse
dans l’exploration des cas complexes, pour les
décisions thérapeutiques. Ils permettent égale-
ment, devant des découvertes inattendues, de
reprendre l’interrogatoire de certains patients.
Enfin, ils sont utiles aux études épidémiolo-
giques. Leur principale indication concerne
le sujet polysensibilisé, pour faire un état des
lieux (réactions primaires, réactions croisées)
Tableau 1. Comparaison des tests unitaires et multiplexes
TEST UNITAIRE TEST MULTIPLEXE
Méthodologie
• Allergène en excès (1 à 2 g/cap).
• Fixation des IgE de faible et forte affinité (peut-être pas
d’intérêt à détecter ceux de faible affinité ?).
• Test optimisé pour chaque allergène, en définissant les
conditions opératoires. Le greffage est covalent.
• Utilisation de 40 ml de sérum par allergène
(4,480 l de sérum pour 112 allergènes).
• Faible quantité d’allergène fixé sur le support
microplaque (50 à 200 fentog/spot).
• Tendance à fixer des allergènes de forte affinité.
• Réalisation de compromis car il n’est pas possible
d’optimiser les conditions opératoires pour chaque
allergène sur une même puce.
• 30 l de sérum pour 112 allergènes
Qualité analytique
• Bonnes performances : quel que soit l’allergène utilisé
ou le niveau d’IgE : CV de reproductibilité compris entre
5 et 10 %.
• Sensibilité élevée : seuil 0,1 kUI/L d’IgE.
Ceci est important quand des seuils de décision clinique
sont validés, pour le suivi des patients (en particulier pour
l’ovomucoïde) et le suivi des désensibilisations.
• Reproductibilité variable selon l’allergène :
environ 20 % pour l’ambroisie ou Dermatophagoïdes ;
CV < 10 % pour ole E1
• Sensibilité variable selon l’allergène, légèrement
inférieure à celle des tests unitaires. Choix de
ThermoFisher de fixer un seuil de positivité à 0,30 ISU-E
(pourrait être optimisé ?).
Standardisation
Comparaison Immulite/ImmunoCap : bonne corrélation
mais valeurs différentes : impose qu’un patient donné soit
toujours suivi par une même technique.
Pas de problème : un seul test sur le marché.
et revoir la prise en charge, en particulier dans
les asthmes sévères, les allergies alimentaires
multiples, les anaphylaxies inexpliquées, les
dermatites atopiques et les œsophagites à éosi-
nophiles. Attention toutefois, un test multiplexe
sur micropuce ne pourra jamais comporter tous
les allergènes documentés et la négativité d’un
tel test n’élimine pas totalement une allergie
(la clinique reste prioritaire).
Conclusion
Les tests unitaires ou multiplexes constituent
deux approches complémentaires et non
opposées. Plus que jamais, le dialogue clini-
cobiologique doit être favorisé pour permettre
une prescription et une interprétation plus
pertinentes. |
Déclaration d’intérêt : l’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts
en relation avec cet article.
CAROLE EMILE
biologiste, rédactrice scientifique
source
D’après une communication de Jacques Bienvenu (Lyon)
lors du congrès de la Société française d’Allergologie, Paris,
avril 2015.