F BERGER 2011 LES TUMEURS- Généralités. Rôle du pathologiste I-CARACTERES GENERAUX Définitions: . Tumeur: "augmentation circonscrite du volume d'un organe" (Littré) s'oppose à une hypertrophie: augmentation globale du volume de l'organe. Il existe ainsi plusieurs types de tumeurs: . tumeurs inflammatoires (parfois appelées pseudo-tumeurs inflammatoires), dûes à l'oedème, accumulation de cellules inflammatoires ex: abcès, bourgeon charnu polype inflammatoire du colon ou du col utérin le traitement peut être anti-inflammatoire ou parfois chirurgical. . tumeurs rétentionnelles: dûes à l'obstruction du canal excréteur d'une glande, avec distension d'une cavité glandulaire: kystes. peuvent être évacués par ponction, avec récidive possible. . tumeurs dysgénétiques: secondaires à une anomalie de l'embryogenèse ou de l'organogenèse. ex: vestiges: persistance d'organes qui auraient dû regresser (kystes branchiaux) hamartomes: constitués de tissus normalement présents dans l'organe, mais disposés en désordre (hamartochondrome pulmonaire). . tumeurs dystrophiques: dûes à des troubles nutritionnels, endocriniens ou vasculaires, entrainant des troubes de la trophicité du tissu ex: goitre thyroidien ou gynécomastie, par trouble hormonal . tumeurs néoplasiques ou néoplasies: dûes à une prolifération cellulaire excessive clone tumoral ressemblant plus ou moins au tissu normal notion de différenciation tumorale ayant tendance à persister et à croître, échappant plus ou moins aux mécanismes de contrôle de la croissance tissulaire notion d'autonomie biologique. Le terme de tumeur est en pratique utilisé pour désigner les néoplasies. 2 Différents types de tumeurs. il existe classiquement 2 grands types de tumeurs: les tumeurs bénignes et les tumeurs malignes La distinction est en pratique parfois difficile. 1. les tumeurs bénignes. tumeurs dont la croissance est limitée et qui ne donnent pas de dissémination à distance dans l'organisme. . macroscopie: bien limitées, souvent entourées d'une capsule n'infiltrent pas les tissus voisins. peuvent étre volumineuses cependant et entraîner une compression ou une obstruction des structures normales. . histologie: ressemblent au tissu normal (tumeur différenciée) les cellules ne comportent pas d'anomalies nucléaires ou cytoplasmiques pas d'infiltration des tissus voisins . évolution: croissance lente, locale pas de récidive, après une exérèse chirurgicale complète. jamais de métastases +++ Parfois cependant, conséquences cliniques graves et même mortelles: . neurinomes intra-crâniens . adénome parathyroidien, entrainant une hypercalcémie grave. 2. les tumeurs malignes: tumeurs de croissance autonome illimitée, capables d'une dissémination à distance (métastases). . macroscopie: mal limitées, non encapsulées. infiltrent les tissus voisins foyers de nécrose et d'hémorragies fréquents. . histologie: la ressemblance avec le tissu normal est variable (différenciation tumorale) les cellules ont habituellement des caractères anormaux (critères cytologiques de malignité). . évolution: croissance habituellement rapide tendance à la récidive après exérèse chirurgicale incomplète dissémination à distance, par voie lymphatique et sanguine, vers d'autres organes: dissémination métastatique. l'évolution spontanée se fait vers la mort de l'hôte. 3 3. tumeurs de classement difficile. pratiquement tous ces critères de distinction peuvent être pris en défaut. . des proliférations cellulaires bien différenciées, sans anomalies des cellules, mais mal limitées ont tendance à récidiver localement ex: fibromatose de la paroi abdominale. . certaines tumeurs bénignes correspondent à des lésions précancéreuses et évoluent vers la malignité ex: adénomes du colon. . certains cancers (infiltrants) évoluent lentement et localement sans donner de métastases ex: carcinome basocellulaire de la peau. notion de malignité atténuée. Principes de la classification des tumeurs (nomenclature) La classification histogénétique des tumeurs, basée sur le type cellulaire/tissulaire d’origine a peu changé depuis un siècle, bien qu’elle soit imparfaite et parfois difficile à appliquer Principe : racine + suffixe +/- adjectif - racine: origine tissulaire (différenciation) - suffixe: - ome tumeur bénigne - carcinome tumeur épithéliale maligne - sarcome tumeur conjonctive maligne - matose tumeurs multiples ou diffuses Rappel des différents tissus de l'organisme. . Macroscopie: schématiquement, on peut distinguer: . la peau . les organes creux recouverts d'une muqueuse . les organes pleins ou parenchymes . Histologie: 2 grands secteurs: le tissu épithélial et le tissu conjonctif . tissu épithélial ou épithélium: les cellules sont accolées les unes aux autres. la plupart des épithéliums sont dérivés de l'ectoderme et de l'endoderme. certains dérivent du mesoderme: épithélium urinaire et génital. 4 2 types d'épithélium: . épithélium épidermoide (ou malpighien) . épithélium glandulaire (ou cylindrique) . tissu conjonctif: les cellules sont séparées les unes des autres, par une matrice extracellulaire, renfermant des fibres (collagène, fibres élastiques..). L'origine embryologique est variable: mesoderme, ectoderme, endoderme. Il existe de nombreux types de tissus conjonctifs spécialisés dans des fonctions différentes ex: os, cartilage, tissu adipeux, muscle .... 5 CLASSIFICATION GENERALE DES TUMEURS Nomenclature en fonction de l’origine cellulaire: tumeur bénigne tumeur maligne tissus épithéliaux épidermoïde glandulaire transitionnel papillome adénome papillome carcinome carcinome épidermoide adénocarcinome carcinome transitionnel . non épithéliaux *Tissus conjonctifs tissu fibreux tissu adipeux muscle lisse muscle strié cartilage os vaisseaux -ome fibrome lipome leiomyome rhabdomyome chondrome ostéome hémangiome -sarcome fibrosarcome liposarcome leiomyosarcome rhabdomyosarcome chondrosarcome ostéosarcome angiosarcome *Autres cell lymphoides lymphome Séreuses: plèvre... synoviale mésothéliome synovialosarcome SNC gliome cell naeviques naevus mélanome malin cellules germinales tératome bénin tératome malin ....... Critères de bénignité et de malignité des tumeurs. Il faut souligner d'emblée que le cancer ne se définit que par son évolution (capacité métastatique) et pas par sa morphologie. Il existe cependant des critères (morphologiques, biologiques...) qui permettent habituellement de distinguer les tumeurs bénignes des tumeurs malignes. Aucun de ces critères pris isolément n'est spécifique. Seuls, les critères morphologiques sont envisagés ici. Les autres caractères (cytogénétiques,immunologiques, propriétés fonctionnelles, comportement in vitro...) sont seulement cités plus loin: biologie de la cellule cancéreuse et du tissu cancéreux. 6 Pour plus précisions, cf cours de Biologie Cellulaire 1. Macroscopie: voir photos dans diaporama permet souvent d'évoquer la bénignité ou la malignité d'une tumeur. Les aspects sont différents selon le siège de la lésion: . peau ou muqueuse . parenchyme. . tumeurs bénignes: . sur la peau ou une muqueuse: tumeur en relief, exophytique en faveur de la bénignité: tumeur molle, ne saignant pas au contact base d'implantation souple. . dans un parenchyme: tumeur arrondie, bien limitée facilement clivable parfois kystique. . tumeurs malignes: . sur la peau ou une muqueuse: 3 types de cancers: . cancer bourgeonnant, exophytique induré, saignant facilement pédicule large et induré . cancer ulcéré: parfois difficile à différencier d'un ulcère traumatique ou peptique (estomac) . cancer induré: plan en fait, il existe souvent une association de ces 3 aspects: . cancer ulcéro-bourgeonnant: zone centrale ulcérée, entourée par un bourrelet périphérique bourgeonnant, le tout reposant sur une base indurée. . dans un parenchyme: tumeur mal limitée, avec des prolongements irréguliers -"crabe"--> exérèse difficile. adhérence et envahissement des tissus voisins: nerfs, vaisseaux, peau... A la coupe, zones nécrotiques et hémorragiques. 2. Microcopie: indispensable pour confirmer la nature bénigne ou maligne d'une tumeur. Critères de malignité d'une tumeur (les signes de bénignité étant leurs contraires): de 4 types: . désorganisation de l'architecture du tissu . infiltration des tissus voisins . stroma réaction. . signes cellulaires (cytologiques) 7 . désorganisation de l'architecture tissulaire: d'intensité très variable, reflétant la différenciation tumorale. importance pronostique. . cancer bien différencié ou orthoplasique structure peu différente de celle du tissu normal . cancer indifférencié ou anaplasique, avec bouleversement de l'architecture. généralement de plus mauvais pronostic. Les tumeurs bénignes sont toujours bien différenciées. . envahissement des tissus voisins: signe de malignité capital, plus facile à apprécier au niveau de la peau et des muqueuses qu'au niveau des parenchymes pleins. valeur pronostique du degré d'infiltration tumorale +++ . stroma-réaction: tissu conjonctif de soutien, développé par l'hôte, indispensable à la croissance tumorale, mais traduisant aussi une réaction de défense immunitaire contre la tumeur. N'existe que dans les tumeurs malignes. Constitué par des fibroblastes, sécrétant les glycoprotéines de la matrice extracellulaire, des vaisseaux sanguins et lymphatiques, des nerfs,des cellules lymphoides, parfois polynucléaires... L'aspect du stroma est très variable selon les cancers: . très inflammatoire . très fibreux ... Rôle du stroma +++ = micro-environnement tumoral - croissance tumorale : facteurs de croissanse, angiogenèse… - réponse immune anti-tumorale valeur pronostique . signes cytologiques de malignité: contrairement aux signes précédents, visibles aussi bien sur des prélèvements cytologiques qu'histologiques. . signes cytoplasmiques: . irrégularité de taille des cellules: anisocytose . basophilie cytoplasmique (augmentation des ARN) . dédifférenciation cellulaire: diminution ou perte des fonctions cellulaires normales. ex: sécrétion de mucus. 8 . signes nucléaires: . irrégularité de taille des noyaux: anisocaryose . augmentation du rapport nucléo-cytoplasmique . hyperchromatisme: noyaux plus denses, avec une chromatine plus épaisse ou chromatine répartie irrégulièrement. . membrane nucléaire épaissie, irrégulière. . nucléoles volumineux, irréguliers, parfois multiples. . mitoses: nombre généralement augmenté (en fait, très variable selon les cancers) parfois, mitoses anormales, multipolaires... Ainsi, certaines cellules cancéreuses peuvent être monstrueuses, très volumineuses, avec des atypies nucléaires majeures ... La valeur de ces signes de malignité est relative. Aucun d'eux, pris isolément, n'est spécifique du cancer. Ex: une augmentation de l'activité mitotique se voit dans tous les tissus en cours de régénération. des noyaux irréguliers ou atypiques sont parfois observés dans les tissus mal vascularisés. des mitoses anormales peuvent être secondaires à une irradiation. C'est la conjonction des signes macroscopiques, architecturaux et cytologiques qui permet de porter le diagnostic de cancer. On sait par ailleurs depuis longtemps qu' il existe: des états intermédiaires entre la bénignité et la malignité: lésions précancéreux, dysplasies . au stade de cancer, une gradation de la malignité (grading) qu'il est nécessaire d'évaluer pour orienter le traitement. 9 Rappel : Biologie de la cellule et du tissu cancéreux Un cancer est dû à l'accumulation dans les cellules d'altérations successives de l'ADN, entraînant la dérégulation de différents types de gènes contrôlant: Types de gènes concernés (hyperexpression ou inactivation) . la prolifération cellulaire Oncogènes : Ras, c-myc… Gènes suppresseurs de tumeurs : pRb ; p53… . la différenciation cellulaire Divers . la mort cellulaire programmée Gènes promoteurs de l’apoptose (apoptose) Gènes inhibiteurs // . la réparation de l’ADN Divers . la senescence Gènes immortalisants, télomérases . la néo-angiogenèse Facteurs pro/anti-angiogéniques... . l’invasion et la dissémination tumorale Divers. Ex: protéases... Ces altérations de l’ADN sont : - le plus souvent acquises par les cellules somatiques : exposition à des agents carcinogènes +/- terrain génétique…. - plus rarement liées à des mutations germinales transmises par un parent dans les cancers familiaux. Les différents stades de la tumorogenèse sont multiples et complexes, très imparfaitement connus. Ils ont été d'abord étudiés et sont mieux connus dans certains cancers : tumeurs hématologiques, cancers du colon, cancers pédiatriques... Cette complexité : - reflète la variabilité des aspects morphologiques et de l’évolution des tumeurs. - permet d'expliquer les lésions intermédiaires entre la bénignité et la malignité (états précancéreux, dysplasies...) Histoire naturelle du cancer : les stades morphologiques de la carcinogenèse Des anomalies morphologiques associées à différentes étapes de l'apparition et de l'évolution d'un cancer, sont connues dans de nombreux organes, en particuliers au niveau des épithéliums. 10 . stades précoces: - lésion pré-cancéreuse dysplasie (anomalies de la maturation, de la différenciation et de la prolifétation cellulaire) - cancer débutant carcinome in situ ou intra-épithélial limites floues entre dysplasie et cancer débutant (morphologiquement) . invasion: . dissémination: cancer invasif envahissement du tissu normal voisin critère formel de malignité métastases. II. Diagnostic du cancer. Rôle du pathologiste La morphologie reste encore aujourd'hui la méthode de référence, la plus rapide et la plus fiable pour reconnaître une tumeur ou une lésion précancéreuse, et préciser son stade d'évolution. Mais, d'autres méthodes sont utilisées ou sont en cours de développement, pour estimer d'autres paramètres biologiques: . immunologie: marqueurs de différenciation, de prolifération, de clonalité, marqueurs tumoraux... immunohistochimie +++ très utilisée . cytogénétique: anomalies chromosomiques (anomalies de nombre, translocations spécifiques...) marqueurs cytogénétiques . biologie moléculaire: anomalies géniques, marqueurs de clonalité marqueurs génotypiques . cinétique cellulaire (prolifération, apoptose ....) . Données récentes : notion de « carte d’identité »d’une tumeur : - étude du transcriptome (profil d’expression génique): recherche de l’expression de milliers de gènes : technique des biopuces à c-DNA (micro-arrays) - et étude du protéome (en développement) : spectrométrie de masse. Retombées attendues : mise en évidence de nouveaux marqueurs pronostiques détectables en RQ-PCR, immunohistochimie… 11 En pratique, le pathologiste doit toujours répondre à 3 questions: . quelle est l'origine de la tumeur? . quelle est son extension? . quelle est son évolution probable?= évaluation du pronostic Pour permettre un traitement adapté +++ Et dans certains cas : détecter une cible thérapeutique évaluer l’effet du traitement rechercher la maladie résiduelle. 1. Détermination de l’origine d'une tumeur. L'aspect histologique permet souvent de déterminer le type cellulaire qui est à l'origine de la tumeur : cancers bien différenciés. ex: carcinome épidermoide kératinisant Mais il existe des tumeurs indifférenciées, pour lesquelles le diagnostic doit être précisé, en raison des possibilités thérapeutiques actuelles. Ex: les lymphomes malins, les tumeurs embryonnaires peuvent être traités efficacement par une chimiothérapie spécifique et doivent être distingués des carcinomes indifférenciés. Diagnostic des tumeurs indifférenciées . L'immunohistochimie a actuellement un rôle capital, dans le diagnostic des tumeurs indifférenciées, bien qu'il n'existe pas d'anticorps vraiment spécifique d'un tissu ou d’une tumeur. Association de plusieurs marqueurs phénotype de la tumeur Utilisation d'anticorps souvent monoclonaux sur coupes en paraffine (ou en congélation), qui permettent de détecter: . des marqueurs de différenciation +++ . des marqueurs tumoraux Marqueurs de différenciation •Filaments intermédiaires cytosquelette • cytokératines (CK) cell épithéliales • vimentine • desmine • neurofilaments cell conjonctives cell musculaires cell nerveuses • CD20 • CD3 •….NCAM (mol adhésion) leucocytes cell lymphoïdes B cell lymphoïdes T cell nerveuses et neuro-endocrines • Antigènes de surface • Ag pan-leucocytaire CD45 • Marqueurs cytoplasmiques (produits sécrétion ou autres mol) • mucines adénocarcinomes • chromogranine cell endocrines • thyroglobuline cell thyroïdiennes…. 12 . La cytogénétique et la biologie moléculaire sont encore peu utilisées en routine pour le diagnostic, sauf en hématologie et pour certaines tumeurs conjonctives (sarcomes). critères de clonalité (qui n'est pas synonyme de malignité) anomalies et marqueurs cytogénétiques: anomalies de nombre translocations spécifiques marqueurs moléculaires: anomalies géniques, marqueurs génotypiques Intérêt : classement initial de la tumeur et suivi au cours de l’évolution: détection de la « maladie résiduelle » après traitement (en hématologie, dans le sang et la moëlle). +++ pour ces techniques, nécessité de tissu frais ou congelé, non fixé: - caryotype: culture cellulaire immédiate (rarement possible) - FISH (hybridation in situ en fluorescence sur chromosomes) possible sur appositions - CGH (hybridation génomique comparative) tissus congelés - biologie moléculaire: congélation rapide (ADN, ARN, protéines) Marqueurs cytogénétiques et moléculaires Tumeur Marq cytogénétique caryotype/ FISH Marq moléculaire PCR/RT-PCR Leucémie myéloide chronique t(9;22)(q34;q21) gène hybride BCR-ABL Lymphome Burkitt t(8;14)(q24:q32) Réarrangement c-MYC Lymphome folliculaire t(14;18)(q32;q21) Réarrangement BCL2 Lymphome manteau t(11,14)(q13;q32) Réarrangement CCND1 Lymhome anaplasique T t(2;5)(p23;q35) Gène hybride ALK-NPM Sarcome d ’Ewing/ PNET t(11;22)(q24;q12) Gène hybride EWS-FLI1, ERG, ETV1 Rhabdomyosarcome Alvéolaire t(2:13)(q35;q14) t(1;13)(p38;q14) Gène hybride PAX3-FKHR Gène hybride PAX7-FKHR Synovialosarcome (X;18)(p11.2;q11.2) Gène hybride SYT-SSX1, SSX2,SSX4 Liposarcome myxoïde/ à cell rondes t(12;16)(q13;p11 Gène hybride FUS-CHOP 13 2/Détermination de l’extension tumorale Notion très importante pour apprécier la curabilité d'un cancer Evaluation résection chirurgicale possible ou non pré-opératoire indication d’un traitement adjuvant (radio/chimiothérapie…) pièce opératoire Critères: dans l’organe régional . envahissement lymphatique, nerveux . métastases ganglionnaires . métastases viscérales . degré d'infiltration : Notion de stade tumoral (« staging ») basé sur la taille de la tumeur primitive son extension locale et à distance l'existence ou l'absence de métastases ganglionnaires l'existence ou l'absence de métastases viscérales. Classification la plus utilisée: code TNM T: caractères de la tumeur primitive N: extension ganglionnaire M: métastases + dans certains cas, évaluation des traitements possible sur la pièce opératoire - Qualité du traitement chirurgical : marges de la résection (envahissement macro ou microscopique) - Radiothérapie et chimiothérapie (ex : ostéosarcome) : réduction de la taille tumorale, nécrose, fibrose… Peut être appréciée par le stade TNM : - R (résection) : 0 1 2 - yp TNM (stade après radio ou chimiothérapie). 3 Evaluation du pronostic d'une tumeur (prévision de l'évolution) Les facteurs pronostiques sont multiples, incluant des paramètres : . liés à la tumeur : - cellules tumorales : anomalies génétiques, instabilité du génome cycle cellulaire, apoptose recept facteurs croissance, transduction du signal mobilité, invasion - micro-environnement tissulaire : stroma tumoral, angiogenèse, réponse immune locale … . liés à l’hôte : réponse immune générale, facteurs génétiques (polymorphisme génétique)… Les critères d’évaluation sont : 14 - cliniques - morphologigues - biologiques (immuno, cytogénétiques, moléculaires) L’évaluation histologique du pronostic d’un cancer But : prévision : - de l’évolution : récidives dissémination métasatique - de la chimio et/ou radiosensibilité Notion de grade tumoral (« grading ») tumeurs de faible grade de haut grade de malignité. basé sur des critères histologiques:: architecture, différenciation cellulaire, intensité des anomalies cytonucléaires, nombre et aspect des mitoses. Les systèmes de classification sont multiples, selon les tumeurs Fiabilité médiocre mauvaise reproductibilité variations des aspects dans une même tumeur. Ex: Kc de prostate: classification de Gleason Kc du sein: grading de Scarff-Bloom-Richardson. nécessité d’autres marqueurs pronostiques encore peu nombreux, détectables en immunohistochimie (IHC), biologie moléculaire, FISH… Ex: Cancer du sein: Détection • expression récepteurs hormonaux bon pronostic IHC mauvais pronostic IHC +/-FISH (oestrogènes, progestérone) • amplification d ’HER2/neu recepteur à activité tyrosine kinase Tumeurs stromales digestives (GIST: gastro-intestinal stromal tumors) comportant une mutation du gène c-Kit mutation exon 11 gène c-Kit bon pronostic PCR Lymphomes B diffus à grandes cellules Expression protéine Bcl2 mauvais pronostic IHC application : thérapeutique ciblée +++ traitement spécifique dirigé contre des molécules cibles, identifiées au niveau des cellules tumorales Ex : Cibles Traitement Kc 15 recepteurs oestrogènes progestérone anti-oestrogènes sein HER2/neu Ac anti-HER2 Herceptine* sein c-Kit CD117 Ac anti-CD117 Glivec* LMC GIST EGFR/HER1 AC anti-EGFR Erbitux* Iressa* Tarceva* Kc colon métast Adc poumon Kc ORL CD20 Rituximab* lymphomes B ……. prédiction de la réponse aux Ac anti-EGFR : recherche mutations KRAS résistance au traitement (KRAS activé activation continue de la voie de signalisation EGFR, indépendamment du récepteur). Intérêt de l’évaluation de ces paramètres multiples : . théorique : compréhension des mécanismes de la tumorogenèse . amélioration du diagnostic : classement plus précis de la tumeur . évaluation du pronostic pour permettre un traitement adapté +++ et dans certains cas : - détecter une cible thérapeutique. Ex : . lymphomes B : expression du CD20 (immunohistochimie) traitement par Rituximab, Ac anti-CD20 humanisé . cancer du sein : surexpression d’HER2 (immunohistochimie et/ou cytogénétique) traitement par Herceptine - suivi d’un marqueur au cours de l’évolution, après traitement: détection de la maladie résiduelle. Notion récente de « carte d’identité »d’une tumeur : - étude du transcriptome (profil d’expression génique): recherche de l’expression de milliers de gènes : technique des biopuces à c-DNA (microarrays) - et étude du protéome (en développement) Retombées attendues : mise en évidence de nouveaux marqueurs pronostiques détectables en RQ-PCR, immunohistochimie… MARQUEURS IMMUNOLOGIQUES, GENETIQUES et MOLECULAIRES DES CANCERS 16 Un exemple en hématologie: le lymphome folliculaire tumeur ganglionnaire fréquente chez l’adulte - dérivée des cellules lymphoïdes B des centres germinatifs, exprimant à l’état normal certains marqueurs de différenciation: CD20, CD10, BCL6 - prolifération de cellules B monoclonales (clone issu d’une seule cellule) - caractérisée par une translocation chromosomique t(14;18) entrainant un réarrangement du gène BCL2, gène anti-apoptotique, responsable d’une prolongation de la survie des cellules lymphoïdes B. - Diagnostic histologique parfois difficile avec une simple hyperplasie folliculaire bénigne, d’origine inflammatoire. - Evolution : lymmhome B de faible grade, avec survie prolongée Transformation en un lymphome agressif chez certains patients (précoce ou tardive). Diagnostic d’un lymphome folliculaire: . Morphologie: histologie, cytologie : cellules centro-folliculaires architecture folliculaire . Immunologie: marqueur lymphoïde B général CD20 + CD10 + BCL6 (cellules des centres germinatifs) + 1 seule chaine légère des Ig (monoclonalité) + protéine BCL2 . Cytogénétique (caryotype): t(14;18) (q32;q21) IgH-BCL2 anomalies surajoutés valeur pronostique . Biologie moléculaire (actuellement PCR): . clonalité: réarrangement clonal des gènes des immunoglobulines . marqueur moléculaire spécifique: réarrangement gène BCL2 intérêt au Dg et dans le suivi : détection de la maladie résiduelle, après chimiothérapie, souvent associée au Rituximab (anti-CD20). 17 Etablissement du pronostic difficile, actuellement basée sur : - grading histologique : nombre de grandes cellules grade 1, 2, 3a, 3b - caryotype simple ou anomalies surajoutées* - index pronostique international FLIPI : âge, stade, LDH sériques, taux d’hémoglobine, extension tumorale Ces critères sont insuffisants. De nouvelles données sont issues de l’étude du transcriptome (profil d’expression génique de lymphomes folliculaires de bon et de mauvais pronostic) : Valeur pronostique de la réponse immune anti-tumorale+++ : - Dans les lymphomes folliculaires de bon pronostic sont exprimés des gènes d’une réponse immune de type 1 : lymphocytes T non activés - Alors que dans les lymphomes folliculaires de mauvais pronostic, sont exprimés des gènes d’une réponse immune de type 2 : lymphocytes T activés et macrophages. Des applications immunohistochimiques sont en cours d’évaluation : comptage des macrophages et de populations lyphocytaires T au diagnostic valeur pronostique ? Lymphome folliculaire 18 Immunohistochimie & Cytométrie en flux : CD19+ CD20+ CD10+ Bcl2+ Follicular Lymphoma 14% der(14)t(14;18 ) 0% CD68 ? FOXP3 ?16% 79% CD19-ECD cytologie 49% CD10-PE Histologie CD10-PE CD4-FITC 68% CD19-ECD CD5-PC5 Transcriptome : Valeur pronostique Réponse immune anti-tumorale der(18)t(14;18 ) Caryotype & FISH : t (14 ;18) JH-BCL2 +/- anomalies surajoutées PCR : Réarrgt clonal gènes Ig Réarrangt JH-BCL2 CD10-PE Grading