Un théâtre d’ombres particulier où tout est montré
Le théâtre d’ombres que nous exploitons n’est pas celui qui consiste à se mettre derrière un drap
et à faire évoluer des personnages de carton dont on ne voit que l’ombre.
Notre démarche artistique s’oriente vers un théâtre où tout est montré, même la machinerie,
l’envers du décor (car, d’après nous, de cette machinerie, cet envers, peut naître une poésie, il
n’est pas nécessaire de cacher quoique ce soit) et vers le fait de s’adapter à tous les endroits où
nous jouons.
Nous allons dès lors projeter la lumière sur un mur (au lieu d’un drap) et les comédiens joueront
devant le mur, à vue des enfants. Ils feront naître des personnages à partir d’objets quotidiens qui,
mis les uns sur les autres ou même mis dans une certaine position feront naître un personnage au
travers de leur ombre projetée sur le mur. Les enfants pourront dès lors porter leur regard sur les
ombres et sur la façon dont des comédiens les feront naître grâce à leur façon, entre autre, de
détourner les objets.
Le détournement d’objets
Nous avons fait le choix de travailler à partir d’objets quotidiens (du Burkina Faso), théière, verres
à thé, assiettes, petits balais faits à base de branches, tissus, manche à piler, … car nous
trouvions intéressant de faire naître de la poésie par le détournement d’objets qui n’ont à la base
comme seul intérêt que leur utilité. Dans le même principe que la manière détournée de raconter
des contes, nous aimons, dans chacune de nos créations travailler sur ce principe de détournement
de la réalité (dans « Le Premier » la farine représentait la ligne, dans « Macbeth », des casseroles
remaniées par Sahaab représentaient les fantômes invoqués par la sorcière) pour poétiser celle-ci.
De la réalité de tous les jours peuvent sortir mille fictions et dès lors également mille possibilités.
La réalité n’est pas une fatalité mais une base qui peut évoluer avec un peu d’imagination.
Un duo-duel de conteurs
Les comédiens étant à vue et pas cachés derrière un drap, nous voulons qu’au-delà de l’histoire
jouée et racontée, il y ait également une histoire entre les deux comédiens afin d’exploiter au
maximum, avec l’humour au premier rang, le duo présent sur scène.
Ainsi les enfants verront les comédiens tantôt se disputer tantôt s’accorder sur qui joue qui, quel
chemin l’histoire doit emprunter, où va le personnage,… ils pourront avoir peur aussi des ombres
qui naissent et représentent des personnages plus sombres. Ils pourront se faire peur, se faire des
blagues, etc. Il y aura ainsi des « sorties de jeu » dans les contes présentés car nous aimons,
comme écrit plus haut, montrer la machinerie – technique et humaine - la dimension théâtrale qui
en naît.
Le traitement sonore
Au niveau sonore, nous apporterons avec nous des bases sonores, des nappes, réalisées par un
musicien belge. Nous ne savons pas encore à l’heure qu’il est si nous nous en servirons ou si nous
travaillerons les sons à partir de chants et bruitages créés en direct par les comédiens grâce à leur
voix, leur corps,les objets qui les entoureront,… Nous mêlerons peut-être les deux aussi. A voir ce
qui sonnera le plus juste avec la mise en scène.