L`accompagnement, un certain rapport des hommes entre eux

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Sciences-Croisées
Numéro 5 : Contributions libres
L’accompagnement, un certain rapport des hommes entre eux…
Christine Charpentier,
Maéva Duchène
Université de Provence
(Département des Sciences de L’éducation ; UMR ADEF)
[email protected]
L’accompagnement,
un certain rapport des hommes entre eux …
Résumé
Ce travail prend sa source dans la mise en lumière de la diversité des
discours sur les pratiques d’accompagnement à l’emploi. Nous nous
sommes attachés à préciser la relation particulière que les pratiques
professionnelles désignent par « accompagnement ». Si la posture
d’accompagnement est transverse, elle réfère néanmoins à une mission
d’éducation de l’autre, elle est un cas particulier d’intervention éducative,
un « être là » qui vise à l’émancipation, à l’autonomisation de l’autre.
Contrairement au guidage ou à l’un de ses modes particulier qu’est la
relation d’aide, dans l’accompagnement, la place conférée à l’autre n’est
pas celle du suiveur, mais celle de créateur de son propre chemin.
L’accompagnement est de l’ordre de la rencontre d’un autre. Forme
particulière d’étayage, ce qui est en jeu dans la relation d’accompagnement
est la qualité de la liaison, l’accompagnateur s’éloignant de toute attitude de
maîtrise. Pour travailler à partir de la confiance en l’autre, pour parier que
l’autre pourra se dépasser, l’accompagnement demande travail sur soi,
vigilance et questionnement éthique.
Mots-clés : Accompagnement – Relation – Aide – Guidage –
Autonomisation – Ethique
Abstract
This work takes its source in the highlighting of the diversity of speeches
on the practices of accompaniment in job. We applied ourselves to
specifying the particular relation which professional practices indicate by
“accompaniment”. If the position of accompaniment is transverse, it refers
however to a mission of education of the other, it is a particular case of
instructive intervention, one “to be alongside” which aims at emancipation,
at developing autonomy of the other. Contrary to guidance or to one of its
individual modes that is help relation, in accompaniment, the place
conferred on the other is not that of follower, but that of creator of its own
way. Accompaniment is in the order of meeting of the other. Particular
form of shoring up, what is at stake in the relation of accompaniment is the
quality of link, the accompanist moving away from any attitude of mastery.
To work from the trust in the other, to bet that the other will be able to
surpass himself, accompaniment asks for work on oneself, for alertness and
for ethical question setting.
Key words: Accompaniment – Relation – Help – Guidance – Autonomy –
Ethics.
P
arce que nous sommes à un stade de notre vie « où l’on se pose la
question de ce qui a été effectivement acquis jusque-là, tant d’un point de vue
affectif que social » (Malarewicz, 2005, p.52) et à l’issue d’un travail sur nos
expériences, sur nos intentions, sur nos relations à l’environnement, nous
avons intégré un master professionnel en Sciences de l’Education. Le point
commun entre les enseignements tirés de nos expériences professionnelles
d’hier et nos aspirations d’aujourd’hui, réside dans notre conviction que
favoriser le développement de l’autre, l’aider à grandir, l’aider à se trouver est
un élément clé tant au sein de l’entreprise qu’à l’extérieur. Le travail
d’enquêtes réalisé en début d’année universitaire nous a permis une rencontre
qui s’est avérée déterminante dans le choix de notre thématique de mémoire.
Ainsi, le fil rouge de nos travaux, de nos recherches, de nos questionnements
concerne t-il l’accompagnement, ou plus exactement la relation
d’accompagnement dans le type de rapports qu’elle induit entre
accompagnateur et accompagné.
Effet de mode ou nouveau paradigme existentiel pérenne, le terme
« accompagnement » appartient désormais au vocabulaire usuel des sciences
humaines et des sciences de l’éducation. La montée en puissance sur le
devant de la scène sociale de l’idée d’accompagnement s’est assortie d’un
développement exponentiel des pratiques « d’assistance », « d’aide », de
« conseil », de « tutorat », de « consultance », de « mentorat », de
« compagnonnage », de « coaching » avec des tentatives extrêmement
hétérogènes d’en donner des définitions et d’établir des consensus sur les
manières de faire. C’est au travers du prisme des théories que nous nous
proposons de rechercher des éclairages sur la nature et la fonction de la
relation d’accompagnement. Ainsi tenterons-nous dans un premier chapitre
de comprendre ce que serait une relation d’accompagnement en procédant par
la négative, c’est-à-dire en « évacuant » ce qu’elle n’est pas. Nous
consacrerons un second chapitre à la fonction de cette relation, nous
chercherons là des éléments de réponse aux questions : « Que fait-on lorsque
l’on accompagne quelqu’un? Quelle cause sert-on ? ». Nous aborderons enfin
ce que nous qualifierons de «comment être » de l’accompagnateur pour que
sa pratique s’inscrive véritablement dans l’accompagnement et en serve la
visée.
1. La relation d’accompagnement, ce qu’elle n’est pas, ce
qu’elle serait.
1.1. « La démarche d’accompagnement, un signe des
temps » 1
1
(Le Bouëdec, 2002, p.13)
Si Paul (2004) nous précise que l'origine du « fond traditionnel » de
l’accompagnement, d'où toutes les formes actuelles revendiquent d'être
issues, se perd dans la nuit des temps (la question initiatique avec Homère, le
modèle maïeutique avec Socrate et le modèle thérapeutique avec Hippocrate),
nous concentrerons notre propos sur un rapide exposé des mutations de
civilisation qui se sont opérées au cours du dernier demi-siècle. Cette
incursion dans ce passé proche semble en effet pouvoir nous éclairer sur les
causes de l’émergence puis de l’envahissement du terme
« accompagnement » dans la plupart des domaines de la vie que sont
l’éducation, la santé, l’économie, la politique, la vie sociale ou encore
spirituelle.
Avant les années 60, les institutions, que ce soit la famille, l’école ou le
travail exerçaient une autorité naturellement admise et prescrivaient aux
individus leurs devoirs et le sens de leurs pratiques. C’est entre 1960 et 1975
que ces trois intégrateurs majeurs se trouvent ébranlés, des évènements tels
que Mai 68, la libération des mœurs ou l’après-concile Vatican II2
symbolisent une rupture avec les idéaux antérieurs. Avec les différents chocs
pétroliers, c’est à l’intégrateur travail d’être mis à mal, émergent dès lors les
problématiques du chômage, de l’insertion et de l’exclusion. L’intégrateur
politique sera lui discrédité avec l’évènement-signe que fut la chute du mur
de Berlin3, bousculant les derniers repères idéologiques qui valorisaient le
collectif au détriment de l’individu. L’idéologie libérale et l’individualisme
deviennent les piliers d’une société qui va enjoindre « l’individu à se tenir
debout seul, à assumer et à conduire sa vie, à ne plus s’en remettre à d’autres
qui pensent pour lui » (Le Bouëdec, 2002, p 15).
Dès lors, le sujet se définit par son individualité, son historicité, il est
responsable de son destin. La communauté ne prenant plus en charge les
individus, il revient à chacun d’établir des liens avec autrui. Confrontée à un
effacement de repères bien identifiables pour délimiter durablement la place
de chacun, la société développe une culture du projet. « Il est alors demandé à
chacun de produire lui-même son projet tandis que disparaissent les
mécanismes de solidarité sur lequel peut s’appuyer l’individu de la société
salariale pour construire les voies de sa socialisation » (Bachelart, 2002, p
111).
Le projet devenu maître mot impose son volontarisme. Une telle culture de la
dérégulation par le projet, en germe dans nos environnements dès les années
80, transforme dans les années 90 tout un chacun en un acteur supposé
capable de définir ses intentions dans des environnements aux contours
beaucoup plus souples, parce que bousculés, par d’incessants changements.
Cet acteur est supposé, par ailleurs, être capable de mettre en pratique ses
intentions ainsi définies (Boutinet, 2002, p 245).
Mais cette entreprise, pour valorisée qu’elle soit, n’a-t-elle pas d’autant plus
de chance d’aboutir que l’individu est suréquipé en ressources tant
relationnelles, que symboliques ou matérielles ? Un individu en risque
2
Le IIème concile œcuménique du Vatican, appelé Vatican II, est le XXII ème
Concile œcuménique de l'Église catholique romaine. Ouvert par Jean XXIII en
octobre 1962, il sera clos par Paul VI en 1965. Evénement marquant de l'histoire
de l'Église catholique au XXe siècle, il symbolise son ouverture à la modernité.
3
Le 9 novembre 1989
d’exclusion ou exclus est-il en capacité de se mettre en projet, de prétendre à
l’autonomie ?
Comment envisager de se projeter quand le principal enjeu est de chercher à
assurer le quotidien ? A ce sujet, Boutinet (2002, p. 245) nous dit que chez
des personnes en situation difficile, l’injonction au projet a accentué les
formes de dépendance, en faisant achopper des illusions d’autonomie face à
des contraintes insupportables, celles de la déqualification, celles de la
flexibilité, celles d’un marché du travail très capricieux.
Ainsi, dans cette même société où dominent les injonctions au projet et à
l’autonomie, le taux de chômage, la précarité de l’emploi et les difficultés
d’insertion progressent. De fait, il se dessine une réalité angoissante sinon
désespérante, tant l’incertitude est grande, les voies diverses et
contradictoires, le discernement difficile. On est dans une ambiance
d’insécurité, de doute, d’absence d’horizon ; on a du mal à s’assurer de ce qui
est crédible ou non, de ce qui est normal (Le Bouëdec, 2002, p 15).
Face à des parcours professionnels comme personnels jamais assurés,
jalonnés de crises et de transitions incertaines, face à une recherche de sens
toujours plus difficile parce que singulière, surgissent le besoin et l’offre
d’accompagnement. « A la fois expression d’un mal de vivre dans nos
environnements post-modernes et révélateur d’un déplacement
anthropologique dans nos constructions culturelles, tel semble être le paysage
dominant qui entoure l’accompagnement et ses pratiques » (Boutinet, 2002, p
241). S’il nous parait dès lors avéré que l’accompagnement émerge en
réponse au risque de désadaptation sociale « d’un public dit “en difficulté”
mais soumis à une injonction d’autonomie » (Paul, 2007, p 253), ce terme
reste à cette étape de notre recherche un « mot valise », une étiquette verbale
dont le sens échappe. Puisque « sans travail sur les mots, on ne peut pas faire
de recherche » (Vial, 2007, p.2), nous proposons une première tentative de
clarification qui prendra appui sur une analyse sémantique.
1.2. Eclairage sémantique du mot « accompagner ».
Le mot « accompagner » est un parasynthétique, il est composé d’un radical,
d’un préfixe et d’un suffixe. Le suffixe « er » désigne l’action de. Le radical
est lui-même un composé de « com/co » et « pain ». Accompagner est donc
de la famille de « co-pain » : partager le pain, être copain. Dans cette famille,
sont d’usage courant les mots « compagnon » et « compagnie » qui expriment
l’idée de partage, partage du plaisir de voyager, pour le compagnon de
voyage, partage des épreuves de la guerre, pour le compagnon d’armes,
partage de la vie de l’autre, pour la dame de compagnie. Pour ce qui est du
préfixe « ac », il exprime le fait de devenir, d’aller vers, il exprime un
processus.
L’accompagnement est le processus pendant lequel deux personnes,
partenaires temporairement, deviennent compagnons. Elles ne sont pas
compagnons d’emblée, sinon on aurait le verbe « compagner ». Le préfixe
« ac » dit que c’est le fait d’être ensemble à ce moment là qui fait qu’au bout
du compte, ils seront compagnons. Autrement dit, on est compagnon quand
on se quitte dans l’accompagnement, pas quand on démarre […]
Accompagner, c’est « être avec » quelqu’un. L’accompagnateur est celui qui
va faire en sorte que l’autre chemine à sa façon. (Vial, 2007, p.3).
Pour Pineau (1998, p.9), étymologiquement, le mot source – « compagnon »
dont dérive « accompagnement » – est irrigué par trois filets de sens : une
relation de partage, d’échange, de communication d’un élément substantiel, le
pain ou le pas ; un mouvement vers une parité de relation, même avec une
disparité de position, de place […] ; une durée, cette relation partagée
s’établit dans le temps, avec des débuts et des suites. Elle perdure en se
nourrissant du temps.
Ces éclairages mettent en relief trois dimensions de l’accompagnement :
- la dimension relationnelle. L’accompagnement est une relation à autrui :
« Si la forme la plus simple de l’accompagnement est duale, c’est que le deux
est effectivement le minimum requis pour une relation » (Paul, 2004, p.59).
- la dimension temporelle. L’accompagnement s’entend comme processus,
comme mouvement vers.
- la dimension spatiale. L’accompagnement s’entend comme un « être là » en
même temps avec l’autre.
Le fondement de l’accompagnement serait donc la relation à autrui, reste à
déterminer l’angle sous lequel autrui est envisagé…
1.3. La relation d’accompagnement, une relation
caractérisée
L’accompagnement est une relation à autrui d’un genre particulier, définie
par un ensemble de caractéristiques propres (Paul, 2004).
- La relation est asymétrique, elle met en présence au moins deux personnes
« d’inégales puissances ».
- La relation est contractualisée, elle nécessite un accord mutuel. De fait,
l’accompagnement est une rencontre, l’accompagnement ne peut pas être
imposé, imposé par l’accompagnateur ou l’accompagné. Cependant, il peut
exister « une commande sur l’accompagné ». C’est à ce cas de figure, par
exemple que sont régulièrement confrontés les professionnels de
l’accompagnement vers l’emploi lorsqu’ils agissent en réponse à une
commande institutionnelle. Le demandeur d’emploi est en effet enjoint de se
conformer à une démarche « d’accompagnement à l’emploi ». Cette
commande ne saurait néanmoins se substituer à la demande.
La démarche proprement dite d’accompagnement correspond au passage de
la commande à la demande. La première s’inscrit dans un cadre institutionnel
comme service défini avec ses contraintes. La seconde émane, non pas de la
volonté exprimée par une personne d’être accompagnée, mais de l’accueil
d’une personne considérée comme sujet et donc seule à même de dire ce
qu’elle désire pour elle-même. Pour qu’il y ait relation d’accompagnement, il
faut donc qu’il y ait un professionnel qui prenne en compte autrui comme
demandeur potentiel, même si la demande n’est pas formulée (Paul, 2004,
p.128).
Si Vial nous confirme que ce passage de la commande à la demande est une
condition sine qua non à l’amorçage du processus d’accompagnement, il nous
indique également que cette demande pourra être « évaluée, révisée,
réajustée, régulée, [et] se transformer tout au long du processus » (Vial &
Caparros-Mencacci, 2007, p. 100).
- La relation est circonstancielle, elle est due à un contexte, elle répond à une
situation particulière ou à la traversée d’une période singulière.
- La relation est temporaire, elle est délimitée par un début et une fin.
- La relation est co-mobilisatrice, elle implique les deux protagonistes, elle
sollicite un cheminement de l’un et de l’autre, elle requiert l’investissement
de chacun, accompagnateur et accompagné s’engagent dans une aventure.
La relation d’accompagnement est donc une relation « impliquante », il ne
s’agirait pas d’un traitement de dossier ou d’une simple résolution de
problème. Il nous paraît opportun à ce stade de notre réflexion de nous
réinterroger sur cette notion de l’implication dans la relation. Si accompagner
requiert l’implication du professionnel, c’est bien également en tant que
personne que l’accompagnateur va s’engager et vivre l’intensité de la
situation relationnelle. Face aux difficultés rencontrées par l’accompagné,
comment l’accompagnateur doit-il agir, réagir ? S’agit-il pour lui de tout
mettre en œuvre pour aider, assister l’accompagné, lui faciliter la tâche ?
L’accompagnateur doit-il guider l’accompagné, peut-il aller jusqu’à
explicitement ou implicitement l’orienter vers une voie, une issue qui lui
paraîtrait être la meilleure pour lui ? Ces questionnements nous amènent à
étudier ce que sont l’aide, la facilitation et le guidage et ce qu’ils impliquent
en termes de relation à l’autre.
1.4. La relation d’aide.
Abels (1998, p.24) nous éclaire sur ce qu’est l’aide, ce qu’elle implique dans
le rapport à l’autre. L’aide a une connotation de charité, de désir de faire du
bien à l’autre ; l’aidant étant dans une position haute par rapport à l’aidé,
l’aidant demeurant celui qui sait, celui qui possède par rapport à l’aidé qui est
dans le manque et qui reste l’objet de l’aide.
La relation d’aide supposerait que l’autre soit diminué. Elle supposerait un
diagnostic fait au départ et considéré comme vrai : le diagnostic de
l’inefficacité, voire de l’incapacité de l’autre. Aider consisterait à apporter
son concours à l’effort de l’autre qui, sans cette aide n’y arriverait pas, parce
que son effort est insuffisant ou parce qu’il ne peut pas faire l’effort.
Pour ce qui est de l’aide, « l’aidant se légitime par un savoir sur l’inefficacité
de l’aidé », pour ce qui est de la facilitation, « l’aidant se légitime par un a
priori sur l’incapacité de l’aidé » (Vial & Caparros-Mencacci, 2007, p. 46).
En ce sens, la facilitation fait partie de l’aide, c’est un cas extrême de l’aide.
En présupposant de l’inefficacité ou de l’incapacité de l’autre, l’aidant
dévaloriserait l’autre, à notre sens sans en avoir ni la volonté, ni la
conscience. Aider, entrer dans la sphère de la charité impliquerait donc
d’exercer un pouvoir sur l’autre, de l’empêcher d’être sujet autonome, de
l’obliger à être assujetti, de l’enfermer dans un rapport de don et de contre
don : « Derrière le don, il y a toujours du narcissisme » (Vial, 2007, p.8).
Aider reviendrait à s’attacher l’autre, à le faire sien.
En se rendant nécessaire, incontournable, en se positionnant « au-dessus » de
l’aidé, l’aidant qui se veut sachant pour l’autre exercerait « une relation de
pouvoir » (Vial & Caparros-Mencacci, 2007, p. 45). En effet, selon Fustier
(2000, p. 49), « la violence faite dans l’acte de donner semble bien être
marquée de l’empreinte de la pulsion de maîtrise, désir de posséder l’autre
dans un mouvement de déstructuration d’où surgit le plaisir ». Paul (2004, p.
306) nous confirme par ailleurs que l’aidant n’est pas accompagnateur, il
existe: « d’une part, le contexte de l’aide et des aidants. De l’autre, celui de
l’accompagnement et des accompagnants ». Ainsi, dès lors que le
professionnel est tenté d’estimer l’accompagné en incapacité de faire, il le
place en position basse, en croyant œuvrer pour l’autre, il le place en
dépendance. Si avec l’aide se joue l’assujettissement, qu’en est-il du
guidage ?
1.5. Le guidage
« Le guidage fonctionne sur une distribution implicite et évidente des places.
Le guide assigne une place au guidé, la seconde place, celle de l’objet
promené, de l’objet transformé » (Vial & Caparros-Mencacci, 2007, p. 39).
Le guide sait où il va, il ne se pose donc pas la question de la place, il occupe
la « bonne » place, celle de celui qui sait, qui connaît. Il a la maîtrise, il
contrôle, il est en position haute : « La position haute est celle de celui qui
maintient l’interaction, la contrôle et lui confère un statut. La position basse,
en revanche, est celle qui s’adapte, se conforme et s’ajuste aux
comportements de l’autre » (Vial & Caparros-Mencacci, 2007, p. 41). Et si le
guide, peut parfois adopter la position basse, ce ne serait qu’un leurre, « une
épreuve dans une trajectoire, une expérimentation ; le guide pouvant
reprendre sa place quand il veut » (Vial & Caparros-Mencacci, 2007, p.41).
Le guide dirige, prend en main, prend en charge, donne l’orientation, la voie.
Le guide donne, voire impose une trajectoire, une trajectoire étant le chemin
le plus court pour atteindre un objectif (Ardoino, 2000). Dans le guidage, la
trajectoire est décidée avant et à la place de celui qui est guidé. L’idée de
trajectoire appelle à la recherche d’efficacité. « Le guidage impose ou facilite
le dépassement de l’obstacle » (Vial & Caparros-Mencacci, 2007, p. 59).
En résumé, aide et guidage, le premier sous couvert de la charité, de bons
sentiments, le second « décomplexé » quant à ses velléités directives
fonctionneraient sur ce que nous qualifierons de registre exclusif du « JE » :
JE sais comment t’aider, JE sais où tu dois aller, JE connais la route qu’il te
faut prendre … Ainsi, aidant comme guide, en convoquant un rapport de
pouvoir et de maîtrise feraient à leur manière autorité, tous deux prendraient
en charge, or « accompagner n’est pas prendre en charge » (Vial & CaparrosMencacci, 2007, p. 23).
Avoir brossé le tableau du guidage et de l’un de ses modes particulier qu’est
la relation d’aide nous permet de mieux saisir ce qu’accompagner n’est pas,
accompagner serait donc autre chose. A cette étape, nous ne pouvons que
rejoindre Paul lorsqu’elle nous prévient que « le verbe accompagner ne dit
rien de ce que l’on fait en le faisant » (Paul, 2004, p. 79)… Néanmoins, le
descriptif que nous avons fait des relations d’aide et du guidage va nous
servir de point d’appui pour tenter d’identifier la relation d’accompagnement
dans le rapport de place entre accompagnateur et accompagné et dans les
conséquences qu’induisent ce rapport. Cette démarche n’a pas pour vocation
d’opposer, au sens de dégager des oppositions pour in fine faire émerger de
« bonnes ou de mauvaises » pratiques, mais de permettre de mieux cerner la
relation d’accompagnement dans ce qu’elle recouvre.
1.6. La nature de la relation d’accompagnement.
Alors que l’aide ou le guidage posent un diagnostic qui va conditionner,
déterminer, figer les places de chacun dans la relation (relation
essentiellement verticale en référence à l’idée de position haute et basse),
l’accompagnement en postulant des possibles de l’autre va envisager la
relation en termes d’horizontalité, où l’essentiel se retrouve dans la relation
elle-même : « L’accompagnateur travaille à partir de la confiance en l’autre,
il parie que l’autre pourra se dépasser » (Vial & Caparros-Mencacci, 2007, p.
54). Accompagner reviendrait à accueillir l’autre, être avec l’autre, à côté, un
peu en retrait, jamais au premier plan et être au service de l’autre, au sens de
« se mettre au service de quelqu’un n’est pas d’abord lui rendre service – en
faisant ce qu’il ne veut ou ne peut pas faire – mais se réaliser en faisant son
devoir, en occupant sa place » (Vial, 2007, p.2). Cette même idée est
exprimée par Roberge (2002, p.106) lorsqu’elle nous dit que
dans l’exercice du métier d’accompagnement, le défi consiste à mettre au
service de l’autre ses savoirs, son expertise, son expérience et son unicité, en
s’assurant toutefois de ne jamais se substituer à cet autre, afin de lui permettre
d’être le centre de la relation et du processus.
En effet, nous rejoignons l’idée qu’« accompagner est le terme utilisé pour
dire le positionnement du professionnel qui n’agit pas “sur” ou “à la place
de”, mais “avec” » (Paul, 2004, p.100). Postuler des possibles de l’autre,
l’accueillir en ce qu’il est, être avec lui sans se confondre à lui, ou sans
l’amener à être soi, donc en reconnaissant et en respectant sa singularité
serait le signe d’une nouvelle façon de problématiser l’autre : autrui est une
personne. Distingué du collectif et de l’anonymat, irréductible à un dossier à
traiter ou un problème à résoudre, il n’est plus l’objet passif d’une prise en
charge, mais devient le sujet actif de son parcours (Paul, 2004, p. 99).
Ainsi, « l’accompagnateur ne précède pas, il ne corrige pas, il n’est pas le
maître, il est (ou mieux, il devient dans l’accompagnement) compagnon (de
route) » (Vial & Caparros-Mencacci, 2007, p.22) ou encore,
l’accompagnateur « stimule sans jamais précéder et, ce faisant, suscite,
favorise ou éprouve la réflexion du sujet » (Forestier, 2002, p.15). Nous en
déduisons que l’accompagnement s’éloignerait de l’attitude de maîtrise.
Là encore, Roberge (2002, p.104) nous éclaire lorsqu’elle avance
qu’accompagner, c’est se placer dans « une relation d’être » et non pas dans
« une relation d’aide » :
accompagner c’est créer avec l’autre une relation d’être, où chacun peut - et
doit - être ce qu’il est […]. Une relation donc, où chacun – et surtout le
consultant, dans un accompagnement professionnel – a de l’espace pour être,
un espace qu’il est même invité à habiter entièrement afin de découvrir des
ressources jusque là ignorées de lui.
Accompagner serait alors être en relation avec un autre, que l’on découvre et
avec lequel on va cheminer :
L’art d’accompagner consiste à trouver « là où va » celui qu’on accompagne
afin d’aller avec lui. Il ne s’agit ni de le précéder, ni de lui montrer le chemin,
ni de le tirer vers l’avant car on risquerait de lui indiquer notre chemin à la
place du sien. Il ne s’agit pas non plus de le suivre en le poussant car on
risquerait, là, de n’avoir d’autre objectif que de le faire avancer, sans savoir
vers quoi (Hévin & Turner, 2002, p. 262).
Il s’agirait ainsi d’amener l’autre à trouver son propre chemin, à tâtonner,
quitte à ce qu’il bifurque, revienne en arrière. En ce sens, l’idée d’un
accompagnement programmable, maîtrisé, à l’issue certaine et prédéterminée
paraîtrait exclue. De nouveau, nous entendons ici, que l’accompagnateur n’a
pas la main mise, ni sur l’autre, ni sur son chemin : « L’accompagnateur vise
le cheminement de l’accompagné, tandis que l’accompagné vise son propre
devenir » (Vial & Caparros-Mencacci, 2007, p.36).
Si la trajectoire relève de la sphère du guidage, le cheminement, le trajet
relèverait lui de celle de l’accompagnement : « Si l’accompagnement se
définit métaphoriquement par l’expression du chemin faisant, c’est qu’il se
constitue dans une logique intégrant l’incertitude, l’aléa, le non-ordre et incite
à la modestie : il est possible que quelque chose échappe » (Paul, 2004, p
309). Ainsi, l’accompagnateur en se mettant à côté, en retrait, au service de
l’autre va faire en sorte de cheminer avec l’accompagné, lui-même dans la
construction de son propre chemin. La place de l’accompagné sera celle où il
pourra « se loger en tant que sujet » (Vial & Caparros-Mencacci, 2007, p. 56).
L’accompagnateur qui ne se lie pas l’accompagné, qui ne le fait pas sien, qui
ne parle pas, qui n’agit pas en son nom, ne serait plus dans la logique du JE
telle que nous l’avions défini en résumé de la relation d’aide et du guidage,
mais bien dans la logique du IL. Ce IL tel que nous l’entendons résumerait à
notre sens le mouvement de retrait qu’opère l’accompagnateur, le
décentrement de soi et le centrage sur l’accompagné tout en lui laissant
suffisamment de place et de latitude pour qu’il dessine son propre chemin,
cette approche nécessitant pour l’accompagnateur d’être en capacité de « ne
plus s’écouter » pour accueillir et écouter l’autre. En effet, « favoriser et
considérer la parole permettent à l’autre de prendre sa place de sujet » car,
pour l’accompagné, « dire et être entendu permettent d’avancer dans une
réflexion et une démarche d’évolution personnelle et professionnelle »
(Prodhomme, 2002, p. 84).
La nature de la relation d’accompagnement nous apparaissant dorénavant
plus précise, nous nous proposons d’aborder la question de sa fonction.
2. La fonction de la relation d’accompagnement.
2.1. Une fonction éducative.
Le Bouëdec (1998, p.53) nous dit que l’accompagnement remplit « une
fonction éducative ». Alors que l’instruction donne la priorité aux contenus à
transmettre et vise à rendre savant, l’éducation viserait elle, à permettre
une adaptation du plus grand nombre des membres d’une société à leur
environnement immédiat, tout comme leur développement physique,
intellectuel […], psychologique et moral propres devant faciliter pour chacun,
tout à la fois, l’entrée dans la vie personnelle, la conquête d’une capacité à
s’autoriser, et l’entrée dans la société, avec l’exercice partagé d’une
citoyenneté, relativement autonome parce que pourvue de capacités critiques
suffisantes (Ardoino, 2000, p. 110).
« L’éducation est un “savoir être”, formation du sujet, élaboration de la
relation à soi et au monde, autant, sinon plus qu’acquisition de “savoirs” et de
“savoir faire” étroitement entendus » (Ardoino & Lecerf, 1986, p. 14, cités
par Eymard & Vial, 2000, p. 100). Le mot éducation, tient sa richesse de sa
polysémie naturelle. Originellement, il dériverait du latin educare, nourrir
(référant ainsi à l'acception d'élevage), certains y rattachent un autre verbe :
e-ducere (sortir de...), ce dernier évoquant la transition d'un état à un autre.
Éduquer renvoie donc à l’idée de prendre soin de, et aussi, à l’action de faire
croître, d'élever.
Ainsi l’accompagnateur en suscitant la mise en mouvement de l’accompagné,
en favorisant son cheminement singulier lui permettrait-il de s’élever, de
« grandir », de tendre à l’autonomie.
2.2. La visée de l’autonomie.
2.2.1. Etymologie.
Le mot « autonomie » vient du grec autonomia, pouvoir de celui qui est
autonomos, c'est-à-dire qui détermine lui-même la loi (nomos) à laquelle il
obéit (Foulquier, 1971). Ce premier éclairage étymologique nous questionne
sur le type de loi dont il s’agit : s’agit-il pour l’individu de se déterminer hors
des lois extérieures ou de régler lui-même sa conduite en tenant compte des
lois extérieures ?
2.2.2. L’autonomie, une affaire de personne.
La définition du dictionnaire pédagogique Bordas (2000) nous précise que
« la conquête de l’autonomie est la prise de conscience des lois et
l’intégration de ces lois dans un advenir personnel, dialectique entre
contrainte et liberté ». Viser à l’autonomie passerait donc par la prise de
conscience des lois existantes (et non pas la création ex-nihilo de ses propres
lois), et par l’intégration de ces lois avec l’idée que l’individu puisse agir sur
son environnement, se créer son espace et se construire un devenir qui lui sera
propre. L’autonomie est « une attitude qui consiste à prendre son avenir en
main et à s’en rendre responsable » (Hoffmans-Gosset, 1996, p.129), elle
« est à lire comme une transformation de nous-mêmes et de notre rapport au
réel » (Hoffmans-Gosset, 1996, p.153). L’autonomie serait donc en lien avec
la responsabilité, le fait de s’assumer.
Si l’autonomie a à voir avec l’indépendance, la liberté, ces termes ne sont
pourtant pas synonymes :
S’il est question de liberté, c’est une liberté relative qui accepte d’être
soumise à des lois. S’il est question de responsabilité, ce sont des
responsabilités assumées qui rencontrent formes d’autorité et de pouvoir. S’il
est question de choix et d’initiatives, c’est encore davantage la créativité et la
réalisation de soi qui intéresse (Hoffmans-Gosset, 1996, p 116).
Devenir autonome serait ainsi se construire, devenir ce que l’on est et le
devenir par ses propres moyens. Plus que d’autonomie, il nous faudrait parler
d’autonomisation, Hoffmans-Gosset (1996) nous précisant qu’il s’agit plus
d’une quête que d’un état, d’un processus inachevable. Tendre à l’autonomie
serait donc une quête, une quête de soi et de son identité pour prendre son
avenir en main et s’en rendre responsable. L’autonomisation est donc bien un
travail que la personne doit faire elle-même et sur elle-même. En effet, « on
ne donne pas l’autonomie, on donne des matériaux pour qu’elle s’édifie, on
met en situation de devenir » (Hoffmans-Gosset, 1996, p.126). Et si
« l’exercice de l’autonomie entraîne une plus grande autonomie, comme si
celle-ci sécrétait elle-même sa propre substance » (Hoffmans-Gosset, 1996, p.
148), tendre à l’autonomie c’est aussi, pour la personne « accepter l’insécurité
ou le doute dans lequel, parfois elle peut plonger » (Hoffmans-Gosset, 1996,
p. 128). En chacun d’entre nous, les besoins de dépendance, de sécurité, de
réassurance coexistent avec le besoin d’indépendance, nous ne serions pas
dans l’alternative mais dans la dépendance et l’indépendance à la fois et en
même temps.
L’accompagnateur aura ici un rôle important à jouer en favorisant chez
l’accompagné la prise de conscience que, pour tendre à l’autonomie, il faut
affronter l’incertitude, accepter de remettre en cause ses conceptions, ses
représentations pour mieux se déterminer et assumer ses choix. L’autonomie
serait donc en lien avec la façon d’aborder les choses de la vie et de faire
retour sur elles. En ce sens, il nous paraît que l’autonomie soit à relier avec la
conscience et la connaissance de soi, avec la capacité à s’accorder une
certaine valeur, à oser se faire confiance, à s’affirmer et à se positionner.
L’estime de soi, ce sentiment d’avoir de la valeur, et de se sentir reconnu par
autrui (Maslow, 1970) comme la confiance en soi, c'est-à-dire la prise de
conscience de ses propres attitudes nous semblent des éléments majeurs à
construire, développer, structurer pour tendre à l’autonomie. En lui donnant
les moyens de réfléchir à son vécu, de le mettre en dialectique, mais aussi en
contribuant à restaurer la confiance, l’accompagnateur favoriserait le
développement de l’autonomie de l’accompagné.
2.2.3. L’autonomie, une affaire de société.
Si l’autonomie est une affaire de personne, c’est également une affaire de
société : « L’autonomie, ce n’est pas être seul, c’est s’éprouver responsable et
en communion avec les autres. L’autonomie se joue en société, elle n’est
jamais une pratique de reclus ou de solitaire » (Hoffmans-Gosset, 1996, p.
48).
Elle concerne le sujet, mais elle ne peut se concevoir sans prendre appui sur
le groupe, « creuset nécessaire à sa réalisation » (Hoffmans-Gosset, 1996, p.
108). « L’autonomie de la personne va de pair avec son insertion dans la
communauté sociale et passe par la capacité à restaurer des liens » (Paul,
2004, p.105). Les liens dont il est question ici ne sont pas à entendre comme
les liens qui attacheraient l’accompagné à l’accompagnateur, qui le lieraient à
l’autre, mais les liens qui vont permettre à l’accompagné de se re-lier, c'est-àdire de se lier autrement qu’avant : « Accompagner, c’est permettre à
quelqu’un de rejoindre un groupe, qu’il se ré-affilie, qu’il reconnaisse son
appartenance à une culture. C’est travailler ce qu’on appelle la reliance »
(Vial, 2007, p.3). L’accompagnement aurait donc une fonction de
développement de la personne, en termes d’autonomisation, de socialisation :
« L’accompagnement dans sa contribution à la réparation des liens sociaux
participe à l’articulation de l’individuel et du collectif, de l’autonomisation et
de la socialisation » (Paul, 2004, p.312).
Dès lors, se pose à notre sens, la question du « comment faire » ou plutôt du
« comment être » de l’accompagnateur dans sa relation avec autrui :
« L’accompagnement ne dépend pas de principes universels, d’actes de bonté
qu’il suffirait d’afficher. Il demande un travail sur soi » (Vial & CaparrosMencacci, 2007, p. 45), cette même idée est exprimée par Le Bouëdec
lorsqu’il avance qu’« accompagner demande une attention permanente à sa
propre attitude » (Le Bouëdec, Du Crest, Pasquier & Stahl, 2001, p.48). Cette
attention permanente de l’accompagnateur pour identifier le registre dans
lequel il se trouve et évaluer sa pertinence au regard du contexte nous parait
d’autant plus importante que les frontières entre « aide », « guidage » et
« accompagnement » peuvent à notre sens rapidement devenir perméables.
Accompagner demanderait donc une vigilance, une attention et une autoévaluation de ce qui se joue dans la relation. C’est ce travail sur soi de
l’accompagnateur et dans son rapport avec l’accompagné que nous nous
proposons d’aborder maintenant.
3. Le « comment être » de l’accompagnateur.
3.1. L’accompagnateur et les représentations.
A l’instar de chacun, l’accompagnateur est une personne qui évolue, s’inscrit
et se construit par les interactions avec son environnement social. Il entre en
relation avec l’accompagné avec son propre système d’interprétation de la
réalité, avec sa « grille de lecture » personnelle, avec ses représentations. Se
représenter quelque chose ou quelqu'un, c'est dans le langage courant s'en
faire une idée, l'imaginer, c'est, en somme, réduire à des dimensions
intégrables à notre pensée les caractéristiques que nous percevons d'une
réalité quelconque.
Emile Durkheim (1858-1917) fut le premier à évoquer la notion de
représentations en distinguant les représentations collectives des
représentations individuelles, à travers l'étude des religions et des mythes.
C’est néanmoins avec le psychosociologue Serge Moscovici que le concept
de représentation sociale s'élabore véritablement, lorsqu’en 1961, il s’attache
à montrer comment, diffusée dans une culture donnée, une théorie
scientifique (la psychanalyse) est transformée en représentations sociales et
modifie la vision que les gens ont d’eux-mêmes et du monde qui les entoure.
Si le terme de « représentation sociale » est relativement récent, le concept,
lui, paraît tirer son fondement dans celui de la doxa, qui remonte aux origines
mêmes de la philosophie. En effet, peu avant Platon et Aristote, Parménide,
philosophe grec, définissait la doxa comme étant un ensemble plus ou moins
cohérent, de points de vue, de propos, d’opinions, de présuppositions
généralement admises en tant que tels sur lesquels venaient se fonder toute
forme de communication. A la suite de Moscovici, de nombreux chercheurs
se sont intéressés aux représentations sociales. Si la polysémie du concept et
les multiples phénomènes et processus qu’il désigne le rendent difficile à
cerner, nous proposerons néanmoins quelques éléments de définition.
Pour Jodelet (1993, p.22) :
On entend par représentation sociale une forme de connaissance courante dite
de sens commun, présentant les caractéristiques suivantes : Elle est
socialement élaborée et partagée car elle se constitue à partir de nos
expériences, mais aussi des informations, savoirs, modèles de pensée que
nous recevons et transmettons par la tradition, l'éducation et la
communication sociale. Elle a une visée pratique d'organisation, de maîtrise
de l'environnement (matériel, social, idéel) et d'orientation des conduites et
communications. Elle concourt à l'établissement d'une vision de la réalité
commune à un ensemble social (groupe, classe etc.) ou culturel.
Abric (1994, p.13) définit, lui, la représentation :
comme une vision fonctionnelle du monde, qui permet à l'individu ou au
groupe de donner un sens à ses conduites, et de comprendre la réalité, à
travers son propre système de références, donc de s'y adapter, de s'y définir
une place.
La représentation sociale serait donc une connaissance (au sens d’un
ensemble organisé de cognitions - opinions, croyances, images, opinions,
attitudes, valeurs…) :
- naïve et de sens commun (par opposition à la connaissance scientifique),
- socialement élaborée (par la communication, par l’expérience, en référence
aux normes) et partagée (commune à des groupes sociaux),
- ayant une visée pratique (agir sur le monde et interagir avec autrui) et
concernant un objet de la réalité quotidienne.
Les représentations sociales, système d’interprétation et de construction de la
réalité orientent voire justifient nos actions, nos comportements, nos
conduites et nos relations sociales. Mucchielli (1994, p.93) précise par
ailleurs que, si les représentations sociales proposent « des schémas tout
faits », elles perturbent notre perception de la réalité car « elles exercent sur
tous les membres du groupe une influence qui les pousse à adopter la
représentation sociale dominante et, plus, à s’y conformer ». Ainsi, « elles
sont à l’origine des préjugés ».
Pour ce qui est du champ que nous avons pu observer, mais qui nous paraît
néanmoins généralisable à l’ensemble des champs traversés par
l’accompagnement, l’accompagnateur a sa propre représentation du
demandeur d’emploi, de la précarité, de l’insertion, liée à son histoire
personnelle, aux personnes rencontrées et au contexte, à l’institution au sein
duquel il exerce sa profession. Afin que son décryptage et son analyse de la
demande ne soient le moins possible altérés ou orientés par ses propres
représentations, l’accompagnateur va, à notre sens devoir les identifier pour
mieux s’en distancier. Prodhomme (2002, p.88) nous confirme que
le savoir-faire de l’accompagnant suppose évidemment une prise de
conscience et une distanciation de ses propres modèles implicites, ceux qui
sont susceptibles, à son insu, d’influencer sa pratique…Faire abstraction de
ses propres représentations de ce qu’est une bonne intégration sociale, une
bonne insertion professionnelle pour laisser à l’autre le champ ouvert.
Si le travail de distanciation de l’accompagnateur sur ses représentations
paraît être en première lecture un travail sur soi avec soi, le travail de
compréhension de l’autre, de ses représentations, de son système de
références ne paraît envisageable que dans le cadre des échanges, de la
communication entre accompagnateur et accompagné. Ainsi, choisissonsnous à présent de nous intéresser à la manière d’être de l’accompagnateur
dans sa communication et donc dans sa relation avec l’accompagné.
3.2. L’accompagnateur et son rapport à l’accompagné.
Ce chapitre s’appuie sur les travaux de Carl Rogers (1902-1987),
psychologue humaniste américain. Carl Rogers, père fondateur de l’Approche
Centrée sur la Personne (ACP) défend que chacun possède en soi une
tendance fondamentale à réaliser pleinement ses potentialités humaines :
« Carl Rogers a mis l’accent sur la conviction anthropologique que tout
homme possède les ressources pour se développer » (Le Bouëdec, Du Crest,
Pasquier & Stahl, 2001, p.14). La principale condition à cette réalisation
d’autrui serait qu’il soit pleinement, inconditionnellement accepté par ceux
avec lesquels il est en relation. Accepter pleinement l’autre nécessiterait de la
part du thérapeute une certaine façon d’être, d’être soi et d’être dans son
rapport à l’autre : « Pour Rogers dans la communication interindividuelle,
comme dans la relation thérapeutique, l’essentiel est la création d’un climat
relationnel particulier fondé sur quatre composantes, qui sont les quatre
fondements de l’esprit et de la démarche rogérienne » (Abric, 1996, p. 41).
♦ la congruence
La notion de « congruence » renvoie au fait d’être véritablement soi-même
dans la relation, de se montrer tel que l’on est, et pour cela, il conviendrait
d’avoir conscience de ce que l’on est. Montrer de la congruence, nous
apparaît dès lors comme la résultante d’un travail sur soi, de connaissance et
d’acceptation de soi : « Congruence est le terme que nous avons employé
pour indiquer une correspondance exacte entre l’expérience et la prise de
conscience. Ce terme peut aussi désigner d’une façon plus large l’accord de
l’expérience, de la conscience et de la communication » (Rogers, 1968,
p.238)
♦ la neutralité bienveillante
« Elle n’est pas une neutralité passive fondée sur un refus de s’engager. Elle
est bien un engagement sans jugement, mais un engagement positif reposant
sur l’intérêt porté à l’autre » (Abric, 1996, p. 43). Nous comprenons ici, que
la non-directivité ne signifie pas un laisser-faire. En ce sens, nous rejoignons
Vial lorsqu’il choisit de parler de « la présence à l’autre » versus « la
neutralité bienveillante » : « l’accompagnateur ne gomme pas sa présence, il
est présent à l’autre… Et il manifeste cette présence à l’autre : il s’engage
activement dans les questions pour provoquer l’engagement de
l’accompagné » (Vial & Caparros-Mencacci, 2007, p. 251).
♦ l’empathie
Pour Carl Rogers, il s’agit de ressentir l’univers particulier du client comme
si c’était le sien propre, mais sans jamais oublier le « comme si ».
L’empathie ou la compréhension empathique consiste en la perception
correcte du cadre de référence d’autrui avec les harmonies subjectives et les
valeurs personnelles qui s’y rattachent. Percevoir de manière empathique,
c’est percevoir le monde subjectif d’autrui ‘comme si’ on était cette personne
– sans toutefois perdre de vue qu’il s’agit d’une situation analogue, ‘comme
si’ […] Si cette dernière condition est absente, ou cesse de jouer, il ne s’agit
plus d’empathie mais d’identification » (Rogers, 1962, p. 197).
Faire preuve de compréhension empathique consisterait à avoir la capacité de
s’immerger dans le monde subjectif d’autrui, tout en restant
émotionnellement indépendant. L’empathie, c’est « comprendre le vécu de
quelqu’un d’autre sans l’éprouver pour autant de façon réelle dans notre
affectivité » (Vial & Caparros-Mencacci, 2007, p. 250). L’empathie
permettrait d’accueillir la parole de l’accompagné, de porter son attention
vers l’autre tout en gardant une distance suffisante pour ne pas être dans la
fusion avec l’autre.
♦ le respect
Rogers nous parle de considération positive inconditionnelle, « c’est l’attitude
qui consiste à accueillir et accepter chaleureusement autrui comme il est et en
totalité » (Rogers, 1968, p.238). Nous comprenons ici qu’il s’agit du respect
de l’autre, de sa personnalité, de ses appartenances sociales, culturelles et
professionnelles, de sa manière d’agir, de réagir ou de résister. L’idée de
respect nous renvoie à la notion de non-jugement de l’autre dans ce qu’il est :
« C’est toujours du jugement dont il s’agit de se défaire » (Cifali, 1994,
p.289).
Les qualités évoquées par C. Rogers sont certes empruntées au monde de la
thérapie, et bien que la relation d’accompagnement ne soit pas une relation
thérapeutique, ces qualités « dans la mesure où elles favorisent une relation
dont l’objectif est d’aider à grandir restent pertinentes dans le cadre des
relations éducatives prises dans un sens large » (Lerbet-Séréni, 1994, p.21).
Ainsi, avoir conscience de ce que l’on est et l’être pleinement, avoir
conscience de ce qui se joue dans la relation, pouvoir le verbaliser, accueillir
et accepter l’autre dans sa différence, s’immerger dans le monde de l’autre
sans s’identifier, ne pas porter de jugement de valeur, nous paraissent bien
relever d’un travail sur soi, d’une vigilance, d’une attitude réflexive, d’un
questionnement de l’accompagnateur sur son rapport à l’autre :
« Accompagner demande une attention permanente à sa propre attitude et
notamment une mise en garde contre le fantasme de toute puissance » (Le
Bouëdec, Du Crest, Pasquier & Stahl, 2001, p. 48). Accompagner
nécessiterait donc de porter un regard distancié sur ses attitudes, ses
pratiques, de se questionner sur sa relation à autrui, sur le sens de ce qui est
fait. Il nous semble toucher là au domaine de l’éthique.
3.3. L’accompagnateur et l’éthique.
L’accompagnement sous-tend une espérance éthique en développant à l’égard
d’autrui la certitude qu’il est en capacité d’initier un processus par lequel il se
révèlera un sujet pensant, agissant de manière autonome. Par ailleurs, ne
pouvant par définition pas prendre appui sur un protocole qui n’existe pas,
l’accompagnateur doit inventer à chaque fois la façon d’être avec l’autre,
accepter l’imprévu, savoir faire avec l’imprévu, « ce qui débouche toujours
dans les métiers de l’humain sur des questionnements éthiques » (Vial, 2007,
p.13). En effet, « le questionnement éthique survient habituellement lorsque,
au-delà des règles de conduite habituellement en vigueur dans un espace
donné, le professionnel s’interroge sur ce qu’il estime bon de faire »
(Niewiadomski, 2002, p 174). Vial (2005, p.6) nous précise que ce
questionnement « surgit en situation, quand la déontologie fait défaut ou/et
quand la morale est inopérante ». L’éthique ne serait donc pas la morale. La
morale se veut universelle, applicable à tous, en toutes circonstances : « la
morale appelle ordre et discipline ; elle identifie et classe ; son monde est
celui du prévisible, du simplifié et du maîtrisable » (Imbert, 1987, p.11), alors
que « l’éthique ouvre un champ de création ; un champ où chacun se trouve
confronté à la tâche de son incessante auto-création (Imbert, 1987, p. 70).
La visée éthique placerait celle-ci du côté du sens, de l'orientation vers une
vie bonne. La norme morale s'imposerait du dehors de moi, et me
contraindrait. Là où la morale me contraint, l'éthique me libère. Là où la
morale est pour moi hétéro-référencée, l'éthique renvoie à mon autoréférence.
Là où la morale me dicte de ne pas agir ainsi pour ne pas apparaître tel ou tel
aux yeux des autres, l'éthique me dicte de ne pas agir ainsi pour ne pas être tel
ou tel à mes propres yeux (Lerbet-Sereni, 1998, p.4).
L’accompagnateur en cédant par le retrait et la retenue la place à l’autre est
dans un exercice éthique, dans l’éthique de la relation. Cet exercice lui
permettrait de ne pas viser la maîtrise de l’autre et d’ainsi se prémunir du
fantasme de toute-puissance : « Nous réserver, nous abstenir, nous contenir,
nous retenir […], c’est laisser davantage d’espace et de temps à soi et à
l’autre pour penser, pour douter, pour essayer et pour que peu à peu l’autre
construise son chemin, invente son œuvre » (Beauvais, 2004, p 107). C’est en
se questionnant, en se mettant dans un processus d’auto-questionnement, que
le sujet investit le champ de l’éthique. Ces questionnements impliquent
l’exercice du doute pour l’accompagnateur, pour ne pas céder à la certitude
de « bien-faire ».
Pour pouvoir vivre « sans panique » le questionnement éthique, Vial (2005)
nous suggère trois mises en travail :
- préserver l’énigme de l’autre et de soi : nous entendons ici ne pas porter de
jugement de valeur, ne pas étiqueter, ne pas figer la relation à soi comme à
l’autre,
- faire le travail du deuil de la maîtrise et de la toute puissance,
- développer l’intelligence des relations, se distancier, s’ouvrir à l’imprévu,
accepter la surprise.
Par ailleurs, si ces questionnements éthiques impliquent l’exercice du doute
pour l’accompagnateur, ils impliquent également le doute pour l’accompagné,
« créer autour de l’autre suffisamment de désordre pour qu’il hésite,
abandonne ses assurances et certitudes et accueille en lui le doute nécessaire
et préalable à toute prise de décision concernant son propre destin »
(Beauvais, 2004, p.108). Amener l’accompagné à abandonner ses certitudes
nécessite pour l’accompagnateur un travail d’écoute, de questionnements
mais renvoie également à sa capacité d’évaluer ce que l’accompagné est en
mesure d’entendre au moment des échanges.
Avec ce chapitre consacré à l’éthique de la relation qui s’éprouve dans le
questionnement, nous investiguons la sphère de l’évaluation, l’évaluation
étant le rapport que les sujets entretiennent avec la valeur, c'est-à-dire avec le
sens, avec ce qui compte. C’est en cherchant le sens, l’essentiel, en
questionnant le sens de ce qui est fait, en étant en proie au doute, que
l’accompagnateur pourra faire le deuil de la maîtrise et promouvoir les
possibles. L’évaluation dont il est question dans la relation relèverait ainsi de
l’appréciation. L’accompagnateur apprécie, il apprécie dans le but de réagir,
de faire évoluer la relation, de faire en sorte que l’autre se questionne. In fine,
l’accompagnateur apprécie pour faire progresser. Nous nous situons dans le
monde du subjectif et non pas sur l’axe de la mesure, du calcul ou de la
précision. L’accompagnateur apprécie ce qui n’est pas mesurable.
L’accompagnateur évalue pour rendre intelligibles les situations. Il évalue en
continu pour l’intelligibilité de ce qu’il fait : « La grandeur de cette posture
[d’accompagnement] est essentiellement éthique parce qu’elle concerne le
devenir de l’autre » (Le Bouëdec, Du Crest, Pasquier & Stahl, 2001, p.16).
Conclusion.
Nous nous interrogions sur la nature et la fonction de la relation
d’accompagnement. Les éclairages théoriques convoqués nous ont permis de
différencier la relation d’accompagnement des relations d’aide ou de guidage
et d’inscrire cette relation dans une dimension éducative ayant pour visée le
développement de l’autonomie chez l’accompagné.
En effet, la relation d’accompagnement ne réfère ni à l’aide, qui assujettit,
met en dépendance, ni au guidage qui placerait « l’accompagnateur » comme
seul sachant et cautionnerait de fait une attitude de toute puissance, des
velléités de maîtrise sur l’autre et sur le chemin qu’il lui serait imposé
d’emprunter. Alors qu’aidant ou guide prennent en charge, imposent à leur
manière une autorité et occupent une position haute dans la relation,
l’accompagnateur, lui se place dans une logique autre. L’accompagnateur se
met au service de l’accompagné, en s’assurant de ne jamais se substituer à lui,
en respectant sa singularité et en postulant de ses possibles, il n’agit pas
« sur » ou « à la place de », il ne prend pas en charge, il agit « avec ».
L’accompagnateur envisage la relation en terme d’horizontalité, il accueille,
il stimule sans jamais précéder. Cet « être là » de l’accompagnateur vise à
faire grandir l’accompagné, à lui permettre de s’émanciper, de se dés-adhérer
pour mieux se découvrir et se lier autrement au monde qui l’entoure. En ce
sens, l’accompagnement ainsi défini remplit une fonction éducative, il est à
concevoir comme un processus éducatif qui permettrait à l’accompagné
d’élaborer lui-même son chemin et par la même de tendre à l’autonomie,
c'est-à-dire prendre son avenir en main, s’en rendre responsable, « se
trouver » et s’assumer au sein de la collectivité, de son environnement social.
Nous avons également souligné combien « être accompagnateur » au sens
entendu ici demande de la vigilance, un travail sur soi, une analyse réflexive
de ses pratiques et de son rapport à l’autre, afin de ne pas céder à la tentation
de mettre l’accompagné en dépendance. Le « savoir-faire » principal de
l’accompagnateur nous paraît donc bien être de l’ordre du « savoir être »,
« l’accompagnement est un art, pas une science » (Le Bouëdec, Du Crest,
Pasquier & Stahl, 2001, p.16).
Et si, « servir l’humain est le vœu de tout accompagnateur » (Vial &
Caparros-Mencacci, 2007, p. 111), il nous semble qu’accompagner relève
d’un processus complexe requérant de la part de l’accompagnateur la capacité
à travailler et élucider sa relation à autrui, à conjuguer proximité et distance, à
s’engager tout en restant « à côté », à intervenir mais en laissant à l’autre les
choix, à accepter de ne plus s’écouter pour écouter l’autre. Nous comprenons
dès lors que « l’accompagnement exige des accompagnants émancipés,
parlants et agissants, réfléchissants et délibérants, capables d’agir de façon
autonome et responsable » (Paul, 2004, p. 313).
Accepter le doute et l’incertitude, avoir la conscience qu’il va se passer
quelque chose, voir venir plutôt que de vouloir faire, accompagner
demanderait donc un inachevable travail sur soi : « Tout métier de l’humain
est contraint à débusquer l’ombre derrière la lumière, l’intéressement derrière
l’altruisme, l’égoïsme derrière la générosité, le narcissisme derrière le don »
(Cifali, 1994, p.64).
Christine Charpentier
L’accompagnement, un certain rapport des hommes entre eux…
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