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Economie industrielle
Master Théorie et Pratique de l’Innovation
Année 2007-2008
Economie industrielle
Yann Ménière (CERNA, Mines Paris Tech)
Gildas de Muizon (Directeur de Microeconomix)
Economie Industrielle


7 séances
Assurées par :
Yann Ménière (chercheur à l’école des Mines et à
l’Université de Louvain)
 Gildas de Muizon (consultant, directeur du cabinet
Microeconomix)




Comprendre le fonctionnement d’une industrie: structures
de marché et jeux concurrentiels
Théorie microéconomique + cas pratiques
Examen écrit de 3 heures
Plan général du cours
1.
Introduction générale : concurrence et organisation
industrielle
2.
Prix et produits : différentiation et discrimination
3.
Droit de la concurrence : abus de position dominante
4.
Ententes et contrôle des concentrations
5.
Coopération en R&D
6.
Introduction au droit de la concurrence
7.
Régulation dans les télécommunications
Plan de la séance 1
Structure de marché


Rappel sur la concurrence pure et parfaite

Monopole (de fait et naturel)

Oligopole (concurrence en prix/quantités ; pouvoir de marché ;
contraintes de capacité ; barrières à l’entrée)
« Faire ou faire-faire » : relations verticales


Coûts de transaction et frontières de la firme (actifs spécifiques
et relations de sous-traitance)

Doubles marges et intégration verticale
Structure de marché
La demande:

Approche simple: la quantité demandée dépend du prix:
Q=D(p)


Ou, ce qui est équivalent: p=d(Q)
Cas des “commodités” (matières premières notamment)
p=d(Q)
p
Q*
Q
L’offre:

Coût de production standard (pour une firme):
Coût total: CT(Q)=CF+CV(Q)
 Coût marginal (croissant): Cm(Q)=CT’=CV’
 Coût moyen : CM(Q)= CT(Q)/Q

p
Cm(Q)
CM(Q)
CF
Q
La concurrence pure et parfaite
Les firmes sont « preneuses de prix »
Cm(q)
p
p
q*(p)
Q
Pour maximiser son profit, chaque firme produit jusqu’à égaliser son coût marginal au
prix : Max [ p.q - CT(q) ] => p = Cm(q*)
La courbe de coût marginal la fonction d’offre de la firme.
La courbe d’offre est croissante avec le prix
La concurrence pure et parfaite
(2) Les firmes sont « preneuses de prix »
Cm(q)
p
CM(q)
CM(q*)
q*
Le profit est égal à : q*.CM(q*) > 0
Q
La concurrence pure et parfaite
(3) Atomicité + homogénéité + libre entrée
Cm(q)
p
CM(q)
p’
q*(p’)
q*(p)
Q
Comme les profits sont positifs, il est rentable pour des firmes identiques d’entrer
à leur tour sur le marché.
L’entrée de nouvelles firmes fait baisser le prix de marché jusqu’à ce que le prix
soit égal au minimum du coût moyen (profit nul).
L’économie industrielle étudie la concurrence
imparfaite


La Concurrence Pure et Parfaite rend bien compte du mécanisme fondamental
de la concurrence, qui conduit dans ce cas à l’optimum social.
Mais elle ne fonctionne réellement qu’à certaines conditions :

Les fonctions de coût sont normales (coût marginal croissant)
Or, monopoles naturels, industries de réseaux (chemin de fer, distribution de l’électricité)

les firmes sont « preneuses de prix »
Or, les firmes peuvent souvent exercer un contrôle réel sur les prix (cas extrême du monopole)

Les produits sont homogènes
Or, les produits sont souvent différenciés (différentiation pas la marque, la qualité, la localisation
géographique)

Les firmes sont nombreuses et identiques
Or, il existe des oligopoles (la téléphonie mobile (3 opérateurs), pays producteurs de pétrole, Airbus et
Boeing)

Les firmes peuvent entrer librement
Or, il peut exister des barrières à l’entrée (brevets, « sunk costs », publicité, normes nationales)
Origines du monopole


Monopole naturel
 Coût moyen de production décroissant
 Il est socialement bénéfique qu’une seule entreprise produise le
bien
 Mais il n’est pas socialement bénéfique de la laisser fixer son
prix…
 Exemples : installation portuaire, station d’épuration, transport de
l’électricité, téléphonie fixe, réseau ferré, salle de cinéma unique
dans une petite ville
Monopole de fait
 Monopole juridique: temporaire (brevet) ou légal (tiercé…)
 Position de monopole acquise (et si éventuellement maintenue) au
mérite: innovation drastique (Microsoft?), création d’un nouveau
marché (ouverture d’un cinéma dans une petite ville)
Comportement du monopole

Le monopole est confronté seul à l’ensemble des
demandes individuelles
La demande qui s’adresse à lui se confond avec la
demande totale sur le marché.
 Le monopole en choisissant son volume de production
détermine via la fonction de demande, le prix.
 S’il produit plus, il vend plus, mais le prix baisse…


Pour maximiser son profit, le monopole arbitre donc
entre produire plus à un prix moins élevé ou produire
moins pour bénéficier d’un prix plus élevé.

Au final il va « rationner » la demande…
Equilibre du monopole

Maximisation du profit
Max p.q-CT(q) => p’.q+p-Cm(q)=0
Soit : p+ p’.q = Cm(q)
Le monopole produit une quantité
qui égalise sa recette marginale au coût marginal

En



situation de monopole
le prix est supérieur au prix de concurrence parfaite.
La quantité produite est inférieure à celle de concurrence
parfaite
Exemple: le prix du vol Paris-Toulouse a baissé depuis que
Air France n’est plus la seule compagnie sur ce segment. Et
il est probable que plus de gens prennent l’avion!
Equilibre du monopole

Interprétation de l’équation : p’.q + p = Cm(q)




Élasticité prix de la demande : e(q)=p/q . (dp/dq)
On en déduit : p [ 1+1/e ] = Cm(q)
Conclusion : moins la demande est élastique (c’est-à-dire
moins les consommateurs sont sensibles au prix), plus le prix
de monopole s’éloigne du prix de concurrence parfaite.
Interprétation graphique
Oligopole

Etude des interactions d’un petit nombre d’entreprises sur un
marché


Une situation intermédiaire entre la concurrence parfaite et le
monopole.
2 cas de figure



Les firmes se font concurrence en quantités (chimie, acier, pétrole,
essence)
Les firmes se font concurrence en prix (entre cinémas sur les
grands boulevards, entre taxis dans certains pays)
De manière générale, la concurrence en prix a lieu lorsque les
capacités de production sont fixées, la concurrence en quantité
lorsqu’il faut fixer des capacités de production.
Duopole à la Cournot avec 2 entreprises

Hypothèses :




Les deux entreprises produisent un bien homogène :
quantités y1 et y2. Production totale : Y = y1 + y2
Prix de marché (fonction de demande inverse) : p(Y) =
a – b.Y
Coût de production de l’entreprise i : CT1(y1)=c1y12
Equilibre non-coopératif : situation où chacun des
concurrents n’a pas intérêt à modifier unilatéralement
ses décisions, compte tenu de la réaction anticipée de
l’autre concurrent
Equilibre de Cournot
(1) Fonctions de réaction

Chaque firme considère la production de son
concurrent comme une donnée





L’entreprise 1 considère y2 comme une donnée et
détermine y1 de façon à maximiser son profit
Maxy1 p.y1-CT1(y1) = [a – b.(y1 + y2 )].y1 - c1y12
Condition du premier ordre : a-2(b+c1).y1-b y2=0
Fonction de réaction de l’entreprise 1 :
y1= (a-b.y2) / 2(b+c1)
Fonction de réaction de l’entreprise 2 :
y2= (a-b.y1) / 2(b+c2)
Equilibre de Cournot
(2) Représentation graphique
y2
a/b
Fonction de réaction de
l’entreprise 1
a/2(b+c2)
Fonction de réaction de
l’entreprise 2
C
y1
a/2(b+c1)
a/b
Equilibre de Cournot
(3) Conclusion

L’équilibre de Cournot est défini au point C à
l’intersection des deux droites représentatives des
fonctions de réaction


En C, aucune des firmes n’a intérêt à modifier sa
production
Généralisation : duopole => oligopole à n firmes

Quand n augmente, on se rapproche de l’équilibre de
concurrence parfaite
Relations verticales
Coûts de production


Division du travail et spécialisation

Economies d’échelle

Dynamiques d’apprentissage
Théorie du cycle de vie de l’intégration verticale (Stigler,
1951)

Les industries tendent à se désintégrer verticalement à mesure
qu’elles se développent et se complexifient

Equipementiers automobiles

téléphones mobiles
Doubles marges

Humour d’économiste
Qu’est-ce qui est pire qu’un monopole ?
 Deux monopoles !!


Intuition :
2 monopoles, l’un en amont (par exemple un producteur
moteurs), l’autre en aval (par exemple un producteur
voitures)
 Le monopole amont exerce son pouvoir de monopole
restreignant les quantités de moteurs qu’il offre
 Le monopole aval exerce son pouvoir de monopole
restreignant les quantités de voitures qu’il offre
 Bilan : double pouvoir de marché

de
de
en
en
Théorie des coûts de transaction


Question : pourquoi certaines transactions se font sur des marchés
tandis que d’autres se font à l’intérieur de l’entreprise ?
Coase (1937) : la nature de la firme

Deux modes de coordination alternatifs : le marché et la firme (hiérarchie)

Ces deux modes de coordination permettent de conclure des transactions
et engendrent des coûts différents

Coûts de transaction du marché : coûts de recherche, coûts de négociation,
coûts de contrôle et d’application

Coûts de transaction de l’intégration interne : par exemple coûts de mise
en place d’une structure administrative
Théorie des coûts de transaction


Question : pourquoi certaines transactions se font sur des marchés
tandis que d’autres se font à l’intérieur de l’entreprise ?
Williamson :
prolonge l’analyse en développant une typologie des contrats à
conclure selon les caractéristiques comportementales des acteurs en
présence

Coûts de transaction = coûts de fonctionnement du système économique

Enjeu : trouver la meilleure organisation possible de l’entreprise c’est-àdire celle minimisant les coûts totaux
Hypothèses et variables


Coûts de transaction :

Coûts de recherche d’un partenaire

Coût de négociation du contrat

Coût de rédaction du contrat

Coût d’ajustement
Hypothèses sur le comportement des individus au sein de la
firme et sur le marché :

Rationalité limitée

Opportunisme : l’agent peut ne pas révéler une information inconnue de son
partenaire ou chercher à le manipuler en fournissant une information erronnée
Hypothèses et variables


Trois variables à prendre en compte :

L’incertitude (entre les parties) => contrats incomplets

La spécificité des actifs => hold up

La fréquence des transactions entre les parties
Les coûts de transaction sont une fonction croissante du niveau
de fréquence, d’incertitude et de spécificité des actifs
Hypothèses et variables

Spécificité des actifs






« se réfère au degré avec lequel un actif peut être redéployé vers des
usages alternatifs et des utilisateurs alternatifs sans perte de valeur
productive »
La présence d’actifs spécifiques dans une transaction entraîne
l’impossibilité de rompre sans coût la relation contractuelle, du fait
des coûts de redéploiement.
Spécificité de site (proximité des sites de production pour
économiser sur les dépenses de stock et de transport)
Spécificité des actifs physiques lorsque des outils spécialisés sont
requis pour produire un composant
Spécificité de l’actif humain, qui émerge lors de l’apprentissage
(learning by doing) ou suite à la connaissance des membres de
l’équipe
Actifs dédiés qui sont des investissements ponctuels dans des sites
généralistes effectués à la requête d’un client particulier
Tableau de synthèse
Spécificité des actifs
Faible pour les deux
Elevée pour les deux
Incertitude élevée
Contrat ou intégration Intégration verticale
verticale
Incertitude faible
Contrat spot
Faible pour l’un,
élevée pour l’autre
Intégration verticale
Contrat de long terme Intégration verticale
Transition
Rappel
Concurrence pure et parfaire
Oligopole (en prix/quantités)
Monopole
Exemple de l’oligopole de Cournot
L’équilibre de Cournot Nash
Concurrence et dilemme du prisonnier
Plan de la séance
Différentiation des produits
Différentiation pour obtenir un pouvoir de
marché local
Libre entrée et concurrence monopolistique
Information et publicité
Antisélection et signal
Publicité et intensité concurrentielle
Discrimination par les prix
1. Différenciation des produits
Differentiation des produits
Rappel : la concurrence en prix conduit à un profit nul et à un prix
égal au coût marginal (Bertrand)
Conséquence : recherche d'
avantages compétitifs sur les
concurrents. Exemple : offrir des produits bien valorisés par les
consommateurs et pour lesquels la concurrence est aussi faible que
possible.
Stratégies concurrentielles possibles :
Prix : recherche de l'
efficacité productive maximale (économies
d'
échelle et/ou de gamme) pour réduire les prix, discrimination
Différenciation du produit : soit en offrant des caractéristiques
différentes d’un produit en apparence homogène (IBM/Apple
dans les ordinateurs personnels), soit en commercialisant un
produit avec une haute (ou basse) qualité reconnue.
Localisation géographique (position dans le marché): recherche
d'
un monopole de proximité
Motivation commune : construire un monopole (temporaire) sur une
partie du marché
Les deux dimensions de la différenciation
Deux biens ne sont jamais parfaitement
substituables mais toujours différents.
Comment décrire cette différence au sein d’un
marché ? Deux cas sont à distinguer :
Deux biens étant vendus au même prix, certains
consommateurs préféreront le premier, d’autres le
second (préférences subjectives. On parlera alors de
différenciation horizontale.
Lorsqu'
entre deux biens proposés au même prix,
tous les consommateurs s’accordent sur le même
bien préféré («qualité» supérieure), il s'
agit de
différenciation dite verticale. Ils peuvent cependant
acheter le bien de moindre qualité (fonction des prix
et de la contrainte budgétaire)
Différenciation horizontale
porte sur les différences de goût des consommateurs
Différenciation verticale
porte sur des différences de qualité (réelle ou perçue) des produits
Effets de la différenciation
En l'
absence de différenciation, l'
homogénéité du produit
limite les stratégies des firmes aux quantités (Cournot) ou
aux prix (Bertrand).
La différenciation des produits se traduit par une élasticitéprix croisée finie entre les produits des différentes firmes : si
son concurrent baisse son prix la firme ne perd pas la totalité
de sa clientèle.
=> Chaque firme possède un « mini-monopole » local
En conséquence les prix sont supérieurs au coût marginal.
Notion de concurrence monopolistique :
A l’équilibre de long terme avec libre entrée, les profits des
firmes sont nuls bien que les prix restent supérieurs au coût
marginal.
Differenciation horizontale
Le modèle linéaire (Hotelling + d’AGT):
Différentiation sur une seule dimension finie
Géographique: plage, ville linéaire
Subjective: “ringard => classique => fashion”
Hypothèses du modèle:
Consommateurs répartis le long d’un axe
Deux vendeurs, et deux variables stratégiques:
1.
Position sur l’axe
2.
Prix du produit
Les concommateurs subissent un coût de déplacement en
fonction de la distance à parcourir jusqu’à un vendeur
Vendeur 1
Prix 1
Vendeur 2
Prix 2
Differenciation horizontale
Le modèle linéaire (Hotelling + d’AGT):
Plus les vendeurs sont proches, plus la concurrence en
prix est dure
L’équilibre final dépend des coûts de transport:
Coûts linéaires => pas d’équilibre
Coûts quadratiques => différentiation maximale
Les vendeurs cherchent à se différencier au maximum pour
bénéficier d’un pouvoir de marché
Vendeur 1
Prix 1
Vendeur 2
Prix 2
Application à un oligopole à la Cournot (n firmes)
La firme i a une fonction de demande inverse:
avec
et où
représente le niveau de différenciation
Quantité et profit d’équilibre,
coûts fixes et équilibre de libre entrée
Concurrence monopolistique
= différentiation horizontale + libre entrée
Les firmes ont un pouvoir de marché local
Mais de nouveaux concurrents entrent jusqu’à ce que
les profits soient nuls
A l’équilibre de libre entrée, le prix est supérieur au
coût marginal, ce qui permet de couvrir les coûts fixes
Cas de la ville circulaire
Coûts fixes
Différenciation horizontale : modèle de Salop (1979)
Un cercle de consommateurs pour qui se déplacer sur le
cercle est coûteux
Les firmes se répartissent sur le cercle et bénéficient d’un
pouvoir de marché local
’(n) < 0
Equilibre de libre entrée à (n)-c = 0
A l’équilibre, le prix est supérieur au coût marginal
(chaque firme produit moins et plus cher par rapport à
l’équilibre de concurrence parfaite)
Coûts fixes
Différenciation horizontale : modèle de Salop (1979)
Un cercle de consommateurs pour qui se déplacer sur le
cercle est coûteux
Les firmes se répartissent sur le cercle et bénéficient d’un
pouvoir de marché local
’(n) < 0
Equilibre de libre entrée à (n)-c = 0
A l’équilibre, le prix est supérieur au coût marginal
(chaque firme produit moins et plus cher par rapport à
l’équilibre de concurrence parfaite)
Coûts fixes
Différenciation horizontale : modèle de Salop (1979)
Un cercle de consommateurs pour qui se déplacer sur le
cercle est coûteux
Les firmes se répartissent sur le cercle et bénéficient d’un
pouvoir de marché local
’(n) < 0
Equilibre de libre entrée à (n)-c = 0
A l’équilibre, le prix est supérieur au coût marginal
(chaque firme produit moins et plus cher par rapport à
l’équilibre de concurrence parfaite)
2. Information et publicité
Biens d’expérience et asymétries d’information
Définition des biens d’expérience
On n’en connait la qualité qu’en les consommant
biens culturels (livres, films), restaurants (hors
chaînes),
L’asymétrie d’information entre offre et
demande peu entraîner des échecs de
marché
Market for lemons (Akerlof)
Crise financière
Asymétries d’information et signal
Signal = un investissement visant à faire passer une information
Ne fonctionne que si il est crédible
Un signal permet d’informer sur la qualité supérieure d’un
produit
Engagement de type garantie
Crédible car la garantie n’est pas rentable si la qualité est
mauvaise
Investissement dans la construction d’une réputation
Les investissement dans la qualité sont rentabilisés sur le long
terme
Marque commerciale (Rolls, rolex)
Publicité informative
Grosses dépenses publicitaires pour annoncer un produit de
qualité
Rentabilisées seulement si les consommateurs achètent plusieurs
fois le produit
Publicité informative versus
Publicité persuasive
Probabilité d’achat de Yoplait 150 =
1,85 * exposition à la publicité
- 0,24 * exposition à la publicité * nb d’achats
antérieurs
Pourquoi?
Information sur les qualités du produit
Information sur l’existence du produit
Effet de la publicité informative sur
la concurrence
Équivalent à de la différentiation horizontale…
Moins de concurrence par les prix
… mais au détriment des autres firmes
Publicité et barrières à l’entrée
Si toutes les firmes font de la publicité, l’effet s’annule
Mais les firmes restent alors obligées d’investir dans la publicité
pour ne pas perdre de parts de marché
=> dilemme du prisonnier
firme 2
Firme 1
Pub
Pas de pub
Pub
Pas de pub
(1,1)
(0,3)
(3,0)
(2,2)
Les dépenses de publicité fonctionnent alors comme un coût fixe
supplémentaire; qui peut avoir un effet de barrière à l’entrée
lessives
3. Discrimination par les prix
Discrimination par les prix
Jusque là, hyp de prix uniforme pour tous les consommateurs
Discrimination par les prix = vente d’un même bien à des prix
différents
Rabais
Prix décroissant avec la qualité
Prix en fonction de l’âge
Vente liée (bundling)
Cela nécessite de pouvoir
distinguer entre les consommateurs
Éviter les arbitrages (marché de seconde main)
3 degrés de discrimination par les prix + bundling
Discrimination du premier degré
Le prix fixé à chaque consommateur égale son consentement à payer
Tous les consommateurs sont servis
Le profit est maximum
Suppose une position de monopole et une information parfaite sur les
consommateurs…
Lorsque tous les consommateurs sont identiques, la discrimination du
1er degré est possible avec un tarif en deux parties (fixe+variable)
T = F + vQ
T
Cm = v
Discrimination du second degré
Le monopole connaît les différences entre
consomateurs,
mais il ne sait pas reconnaître les consommateurs
Il propose des formules « prix quantité » ou « prix
qualité » et laisse les consommateurs choisir
Application: vente jointe (bundling)
Certains profils de consommateurs vont préférer acheter
des biens liés
Billets aller-retour
Single versus album
Bien + assurance
Discrimination du troisième degré
Plusieurs groupes de consommateurs identiques
Le monopole est capable de reconnaître à quel
groupe chaque consommateur appartient
Un tarif linéaire différent par groupe suffit
p1
p3
p5
p2
p4
Exemples
Tarifs SNCF
g1
g2
g3
g4
g5
Abus de position dominante
Gildas de Muizon
Master Théorie et Pratique de l’Innovation – Université de Paris Dauphine – 2007-2008

Plan de la séance

Présentation générale des abus de position dominante




Base juridique: l’article 82
Position dominante et délimitation du marché pertinent
Exemples de pratiques abusives
Focus sur les pratiques de prédation




Le principe d’une stratégie de prédation
Les limites d’un simple test de coût
L’approche en deux temps proposée par Bolton, Brodley & Riordan
Exemples
Abus de position dominante

Base juridique européenne : l’article 82 du traité CE

Il s'agit d'éviter que les entreprises jouissant d'une position
dominante dans leur secteur d'activité abusent de cette position et
créent des distorsions de concurrence affectant les échanges
intracommunautaires

L’article 82 ne réprime pas la position dominante en tant que telle,
mais seulement l'abus de cette position sur un marché déterminé
lorsque cet abus est susceptible d'affecter le commerce entre États
membres

L’article ne définit pas l'abus de position dominante. Il se contente de
donner des exemples de pratiques abusives
Position dominante

“La position dominante […] concerne une situation de puissance économique
détenue par une entreprise qui lui donne le pouvoir de faire obstacle au
maintien d’une concurrence effective sur le marché en cause en lui
fournissant la possibilité de comportements indépendants dans une mesure
appréciable vis-à-vis de ses concurrents, de ses clients et, finalement, des
consommateurs” Arrêt Hoffman-La Roche (1979)

Question : comment mesurer une éventuelle position dominante ?

Approche fondée sur un faisceau d’indices visant à apprécier le pouvoir de
marché de l’entreprise
Position dominante et part de marché


La part de marché de l’entreprise constitue l’élément central dans
l’évaluation d’une position dominante

Une part de marché inférieure à 25% rend peu probable l’existence d’une
position dominante

Une position dominante est en revanche présumée si la part de marché
s’avère supérieure à 50%
Problème : pour calculer une part de marché, il faut au préalable définir
un marché pertinent

Exemple : comment calculer la part de marché de Coca-Cola ?

Si l’on suppose que le marché n’est constitué que des boissons gazeuses au goût de cola,
la part de marché de Coca-Cola : 90%

Si l’on suppose que le marché inclut également les autres sodas, les jus de fruits, etc., la
part de marché de Coca-Cola tombe à moins de 50%

Si l’on suppose que le marché pertinent inclut toutes les boissons sans alcool, eau
minérale comprise, la part de marché de Coca-Cola n’est plus que de quelques % !!
Délimitation du marché pertinent

Définition : “un marché pertinent peut-être défini comme un ensemble de produits
présentant entre eux une forte substituabilité au niveau de la demande et de
l’offre à l’intérieur d’un espace géographique donné“ Combe (2005)

Une double délimitation : dans l’éventail des produits et dans l’espace
géographique

Du point de vue économique, il n’y a qu’un seul marché pertinent lorsque les conditions
concurrentielles qui prévalent sur chaque sous-marché de produits ou géographiques sont
analogues

Communication Européenne 9/12/1997 : “Un marché de produits en cause comprend tous
les produits et/ou services que le consommateur considère comme interchangeables ou
substituables en raison de leurs caractéristiques, de leur prix et de l’usage auxquels ils sont
destinés. Le marché pertinent géographique comprend le territoire sur lequel les entreprises
concernées concourent à l’offre et à la demande des produis ou services en cause, sur lequel
les conditions de concurrence sont suffisamment homogènes et qui peut être distingué de
zones géographiques voisines parce que, en particulier, les conditions de concurrence y
diffèrent de manière appréciable“.
Méthode de délimitation du marché pertinent (1)

Analyse des pressions concurrentielles pouvant discipliner une
hausse de prix à court, moyen et long terme

Pressions concurrentielles émanant de la demande :


A la suite d’une hausse de prix d’un bien, les consommateurs réagissent
en fonction de leurs préférences et de leur contrainte budgétaire, en se
tournant vers des biens de substitution ou en réduisant leur
consommation. L’ensemble des biens de substitution constitue le marché
pertinent des biens
Pressions concurrentielles émanant de l’offre :


A court terme : à la suite d’une hausse du prix d’un bien, des entreprises
déjà présentes sur le marché réagissent en pratiquant un prix inférieur.
L’ensemble des entreprises susceptibles de réagir ou d’entrer sur le
marché avec des stratégies de court terme définit le groupe des
entreprises intervenant réellement sur le marché pertinent.
A long terme : résultant du risque d’entrée de concurrents potentiels qui
pourraient estimer que le marché actuel leur laisse des opportunités de
rentabilité suffisante.
Méthode de délimitation du marché pertinent (2)

Test de délimitation du “monopoleur hypothétique “

Il consiste à identifier le plus petit panier de biens qui, s’il était produit par
une seule et unique entreprise, lui permettrait d’augmenter ses prix de
façon durable (i.e., 1 à 2 ans), significative (i.e., 5%) et profitable (i.e., en
gagnant plus d’argent que sans l’augmentation)

Appliqué à la définition du marché des produits, ce test revient à ajouter
au produit de l’entreprise concernée, celui de son concurrent le plus proche
et à se demander si les deux entreprises une fois réunies sont en mesure
d’augmenter leur prix.



Si la réponse est négative, il faut ajouter le produit d’une troisième firme.
L’itération s’arrête quand l’entreprise hypothétique ainsi constituée parvient à
augmenter son prix. Le panier de produits définit alors les frontières du marché
pertinent
Pour la définition géographique du marché, le principe est le même

on raisonne de façon itérative en ajoutant dans le panier les zones desservies par
les concurrents jusqu’au moment où le monopoleur hypothétique est en mesure
d’augmenter son prix
La réforme de l’article 82 : une plus grande place à
l’analyse économique des effets

L’application de l’article 82 constitue la dernière étape de la réforme de la
politique de concurrence de l’Union Européenne.


Traditionnellement, l’approche de la Commission européenne est fondée sur la
qualification de comportements en termes de pratiques anticoncurrentielles (prix
prédateurs, échange d’information etc.).



Cette réforme accorde à l’analyse économique une plus grande place au détriment de
l’approche formaliste.
Cette qualification repose sur la mise en évidence de caractéristiques souvent formelles
et de tests plus ou moins élaborés selon la jurisprudence.
Cette analyse per se dispense d’analyser les effets économiques réels des pratiques
condamnées.
Les économistes défendent une approche différente se concentrant sur l’analyse
des effets plutôt que sur la qualification des pratiques. L’analyse cherche alors à
répondre successivement aux trois questions suivantes :



La stratégie ou comportement observé est-il non conforme à l’intérêt de l’entreprise ?
Cette stratégie est-elle effective, au sens où elle conduit réellement à l’exclusion d’un
concurrent (ou à dissuader un entrant)?
Si oui, en résulte-t-il une perte de surplus pour le consommateur ?
Exemples de pratiques abusives

Stratégies d’exclusion (dont l’effet peut être de dissuader l’entrée ou de
forcer les concurrents à sortir)



Stratégies de prix

Prix prédateurs (voir deuxième partie du cours)

Discrimination en prix et remises de fidélité
Autres stratégies

Refus de vente

Tying
Quelques rares cas de pratiques exploitatives (prix excessifs)
Affaires devant la Commission Européenne



Microsoft (2004)

Ventes liées: couplage Microsoft Windows et Media Player

Refus de Microsoft de fournir à ses concurrents des informations afin de leurs
permettre le développement de produits tiers interopérables avec les serveurs sous
Windows

497 M$ d’amende
Wanadoo (2003)

Prix prédateurs sur les abonnements ADSL entre 1999 et 2002

10 M€ d’amende
Michelin (2001)

Système de rabais et de primes pour rendre les distributeurs tributaires de ses produits
et les empêcher de choisir librement leurs fournisseurs

20 M€ d’amende
Affaires devant le Conseil de la Concurrence

France Télécom (2005) : 80 M€ d’amende


Roquefort Société (2004) : 5 M€ d’amende


Refus aux opérateurs téléphoniques concurrents, notamment à Neuf Télécom, la
possibilité de substituer, pour partie, leurs installations aux siennes propres, les
empêchant ainsi de faire des offres en gros aux FAI (1999-2002)
Accords d'exclusivité négociés avec les grandes enseignes de la distribution dans le but
d'évincer les concurrents
JC Decaux (2004) : 700 000 € d’amende

Mise en œuvre de pratiques dilatoires dont l'objet était, d'une part, de retarder le
changement effectif de prestataire sur la ville de Rennes et, d'autre part et à plus long
terme, de décourager les collectivités locales d'envisager l'attribution du marché à un
autre prestataire que lui lors du renouvellement des contrats d'exploitation de mobiliers
urbains arrivant à échéance et de dissuader ses concurrents de répondre aux appels
d'offres lancés par ces collectivités.
Focus sur les pratiques de prédation





Le principe d’une stratégie de prédation
Modélisation économique des stratégies de prédation
Les limites d’un simple test de coût
L’approche en deux temps proposée par Bolton, Brodley & Riordan
Exemples
Prix prédateurs


Principe : une firme en position dominante consent un sacrifice en
pratiquant un prix bas dans le but d’évincer du marché ses concurrents et
récupère plus que son sacrifice en augmentant son prix une fois les
concurrents évincés
Une stratégie de prédation peut s’interpréter comme un investissement
dans un pouvoir de marché futur (i.e. la possibilité de pratiquer un prix
supérieur à celui qui aurait prévalu en présence des concurrents évincés)
Prix de monopole
Prix d’équilibre
Prix de prédation
Récupération des pertes une fois les
concurrents évincés
Sacrifice pendant la période de prédation
Prix prédateurs : modèles économiques

Analyse de McGee (1958, 1980) : la prédation est une stratégie peu
rentable





Les concurrents peuvent revenir sur le marché lorsque la firme prédatrice tente de
remonter ses prix
La prédation est très coûteuse pour la firme en position dominante qui l’initie
Il existe des moyens moins coûteux d’acquérir une position de monopole (par exemple
en rachetant son concurrent)
Si les concurrents anticipent qu’il s’agit d’une stratégie de prédation, ils peuvent
emprunter pour résister et faire échouer la prédation
Trois modèles de prédation



La prédation financière (s’il existe une asymétrie de moyens financiers entre le
prédateur et sa proie et une asymétrie d’information des banquiers)
La prédation par effet de réputation : une guerre des prix initiée à l’encontre d’un
nouvel entrant permet de se construire une réputation d’être agressif et peut dissuader
l’entrée de nouveaux concurrents sur d’autres marchés
La prédation par effet de signal : en baissant son prix la firme prédatrice fait croire au
nouvel entrant qu’elle est plus efficace que lui et le dissuade ainsi d’entrer
Prix prédateurs : difficultés

Une notion simple mais difficile à évaluer dans la pratique : comment
distinguer un effet d’éviction lié à une moindre efficacité du concurrent
d’une pratique de prédation ?

Sanctionner à la légère la pratique d’un prix bas risque de favoriser le
maintien de firmes inefficaces et d’inciter les firmes à ne pas faire
bénéficier les consommateurs de gains d’efficience de peur d’être
accusées de prédation

La prédation se traduit par une première période bénéfique pour le
consommateur (puisque le prix baisse). Ce n’est que dans un second
temps, si la stratégie de prédation réussit, qu’il y aura une perte pour le
consommateur.

Importance d’analyser la possibilité de récupération des pertes : ce n’est
pas parce qu’un concurrent est évincé du marché qu’il ne peut par y
revenir dès que le prédateur tente de remonter son prix (cela dépend
notamment des barrières à l’entrée et des coûts échoués)
Prix prédateurs : le test Akzo



L’arrêt Akzo du 13 juillet 1991 (Cour de Justice des Communautés Européennes) :
définit des seuils pour évaluer le caractère prédateur d’un prix
Justification économique : il n’est pas rationnel pour une firme de pratiquer un
prix inférieur à son coût marginal car cela lui fait perdre de l’argent
Pour des raisons pratiques, le coût marginal est approximé par le coût variable
moyen
Pas de prédation
Prix > coûts totaux moyens
Prix < coûts totaux moyens
Prix < coûts variables moyens
Zone grise : nécessité de
démontrer l’intentionnalité
de la prédation
Zone noire : prix considéré
de facto comme prédateur
Les limites d’un simple test de coût

Il existe des situations dans lesquelles une entreprise peut être amenée à
pratiquer un prix inférieur à son coût marginal sans intention prédatrice



Evaluer les coûts est un exercice difficile, long et coûteux


Effets de réseaux
Marchés à deux faces (two-sided markets)
Difficulté de distinguer coûts variables et coûts fixes
Les pratiques de prédation ne se limitent pas à des pratiques de prix bas


Prédation par excès de capacité (Air Canada 2003)
Test du coût évitable
L’approche en deux temps de Bolton, Brodley, Riordan (2002)

Bolton, Brodley & Riordan (2000) proposent une approche comprenant cinq
conditions cumulatives permettant de caractériser une pratique de prédation.

Le premier temps de l'analyse est constitué de trois conditions nécessaires qui
permettent d'exclure un certain nombre de cas pour lesquels l'une de ces
conditions ne serait pas vérifiée, sans entamer une analyse longue et difficile des
prix et des coûts.



Une structure du marché favorable ("facilitating martket structure"). Il s'agit
principalement de démontrer que les caractéristiques du marché, notamment en
termes de barrières à l'entrée et à la réentrée peuvent faciliter la réussite d'une
stratégie de prédation.
Un plan de prédation étayé de faits ("scheme of predation and supporting evidence"). Il
s'agit d'identifier une stratégie parmi les modèles de prédation développés par la
théorie économique, et de démontrer qu'une telle stratégie pouvait être rationnelle et
documentée pour l'entreprise considérée.
Une probable récupération des pertes consenties en première période ("probable
recoupment"). Il s'agit de démonter que l'entreprise suspectée de prédation pouvait
s'attendre à ce qu'une stratégie de prédation lui confère un pouvoir de marché
suffisant pour récupérer plus que ses pertes une fois les concurrents éliminés ou
marginalisés.
L’approche en deux temps de Bolton, Brodley, Riordan (2002)

Si les trois conditions précédentes sont réunies, une stratégie de
prédation est rendue possible par la structure du marché et une
entreprise initiant une telle stratégie peut s'attendre à ce qu'elle
réussisse et lui permette de gagner de l’argent à long terme.

Le deuxième temps de l'analyse doit apporter la preuve que l'entreprise
suspectée de prédation a consenti des pertes en première période et que
cette stratégie ne peut rationnellement s'expliquer que par la perspective
de récupérer plus que les pertes consenties une fois les concurrents
éliminés ou marginalisés


Le prix pratiqué par l'entreprise suspectée de prédation doit être inférieur à
ses coûts ("Price below cost"). Il s'agit de démontrer l'existence d'un sacrifice.
L'entreprise suspectée ne peut apporter de justifications à sa stratégie, ni
démonter l'existence d'efficiences ("absence of a business justification or
efficiencies defense"). Il s'agit de démontrer que la stratégie observée ne peut
rationnellement s'expliquer que par une stratégie de prédation.
La prédation, un abus de position dominante ?

La jurisprudence française et européenne aborde l'examen d'une pratique de
prédation dans le cadre des abus de position dominante. L'exigence d'une
position dominante est ainsi, du point de vue de la jurisprudence, une condition
préalable à l'examen d'une pratique de prédation.

Du point de vue de l’analyse économique, nul besoin d’être en position
dominante pour faire de la prédation


Pas besoin de disposer d’un pouvoir de marché pour baisser ses prix !

La logique d'une stratégie de prédation n'est pas d'abuser d'une position dominante
mais de la créer, la renforcer ou la préserver
Traditionnellement, l’examen de la position dominante joue le rôle d’un premier
test permettant d’exclure les situations où le comportement de l’entreprise ne
risque pas d’être anticoncurrentiel


Ce test n’est pas adapté aux pratiques de prédation
Le premier volet de l’approche de Bolton, Brodley & Riordan le remplace avantageusement
Bibliographie


Manuels

Combe, E. (2002). La politique de la concurrence, Collection Repère, 8,5€

Combe, E. (2005). Economie et politique de la concurrence, Précis Dalloz, 38€

Encaoua, D. & R. Guesnerie (2006). Politique de la concurrence, Rapport du Conseil
d'Analyse Economique, téléchargeable gratuitement
http://www.cae.gouv.fr/rapports/dl/060.pdf

Motta, M. (2004). Competition Policy, theory and practice, Cambridge University Press,
51€
Texte de référence sur la prédation

Bolton, P., J.F. Brodley & M.H. Riordan (2000). Predatory pricing: strategic theory and
legal policy, The Georgtown Law Journal, vol. 88(8)
Cartels & contrôle des concentrations
Gildas de Muizon
Master Théorie et Pratique de l’Innovation – Université de Paris Dauphine – 2007-2008

Plan de la séance

Cartels

Contrôle des concentrations
Cartels

Cartels




Base juridique : l’article 81
La lutte contre les cartels au niveau européen
Analyse économique des cartels
Les effets des programmes de clémence
Ententes et pratiques concertées

Base juridique européenne : l’article 81 du traité CE

L’article 81 du traité CE interdit les ententes et pratiques concertées entre
entreprises qui « sont susceptibles d'affecter le commerce entre États
membres et qui ont pour objet ou pour effet d'empêcher, de restreindre ou de
fausser le jeu de la concurrence à l'intérieur du marché commun ».

Une entente est un accord entre entreprises destiné à limiter ou à éliminer la
concurrence s'exerçant entre elles, dans le but d'augmenter les prix et les
bénéfices des entreprises participantes, sans produire d'avantages
compensatoires objectifs.

La pratique concertée se situe à un niveau inférieur à l'entente. Il s'agit d'une
coordination entre entreprises qui n'a pas été poussée jusqu'à la réalisation
d'un accord proprement dit. Une pratique concertée peut consister dans une
prise de contact directe ou indirecte entre entreprises dont l'intention ou
l'effet est soit d'influer sur le comportement du marché, soit de faire connaître
aux concurrents le comportement qu'elles entendent adopter à l'avenir
Ententes et pratiques concertées

Très grande variété de comportements d’entente






Ententes de prix entre entreprises concurrentes
Mise au point et diffusion de barèmes, recommandations ou directives en matière
de prix ou de remises par des organismes professionnels
Échanges d'informations ou ententes entre soumissionnaires à un appel d'offres
Ententes de répartition sur des marchés
Pratiques concertées de boycottage
Deux situations de collusion sont à distinguer

Collusion explicite : cartel, entente plus ou moins organisée



Cartel ou entente organisé avec instructions explicites sur les prix à pratiquer, la
politique commerciale, les quantités à produire, etc.
Rencontres à l’occasion de conférences, déjeuners etc. permettant un échange
d’informations ou l’adoption d’un ligne d’action commune
Collusion tacite : résulte d’un équilibre non coopératif, les firmes se comportant
indépendamment les unes des autres, sans s’entendre sur un comportement à
adopter
Politique européenne en matière de cartels


La lutte contre les cartels: une priorité

1998 : mise en place d’une première unité dédiée aux cartels au sein de la DG
Comp

2002 : création d’une deuxième unité

2005: création d’une direction dédiée aux cartels composée de trois unités (60
personnes dont 40 chargées de l’instruction des cas)
89 cartels sanctionnés depuis 1969 (dont 47 depuis 1998)
Source: UE
Les dix plus fortes amendes par cartel depuis 1969
Source: UE
Les dix plus fortes amendes par entreprise depuis 1969
Source: UE
Quelques exemples d’ententes sanctionnées

Devant le Conseil de la Concurrence :
 12 mars 2004 : entente sur le prix de la baguette de pain



1er décembre 2005, entente sur le marché de la téléphonie mobile :



Le Conseil de la Concurrence sanctionne la Fédération départementale de la Boulangerie
et Boulangerie Pâtisserie de la Marne ainsi que 26 artisans boulangers : sanctions
pécuniaires pour la Fédération (15000€) et pour 26 boulangers (de 300 à 5700€)
Grief : consignes d'augmentation du prix de la baguette fixées par la Fédération
départementale de la Boulangerie et Boulangerie Pâtisserie de la Marne
Le Conseil de la Concurrence sanctionne à hauteur de 534 millions d'euros les sociétés
Orange France, SFR et Bouygues Télécom.
Griefs : échange d’informations, entente sur les parts de marché
Devant la Commission Européenne

3 mai 2006 : cartel (peroxyde d’hydrogène et du perborate)


La Commission inflige des amendes d'un montant de 388,128 millions d'euros à sept
entreprises ayant participé à des ententes dans le secteur des agents blanchissants
20 septembre 2006 : cartel (raccords en cuivre)

La Commission inflige aux producteurs de raccords en cuivre des amendes d'un montant
de 314,7 millions d'euros pour avoir participé à une entente portant sur la fixation des
prix
Source : Hogan & Hartson
Décision n° 05-D-65 du 30 novembre 2005 relative à des pratiques constatées dans le
secteur de la téléphonie mobile : 534 millions d’€ d’amende
Source : Conseil de la Concurrence
Décision n° 05-D-65 du 30 novembre 2005 relative à des pratiques constatées dans le
secteur de la téléphonie mobile : 534 millions d’€ d’amende
Source : Conseil de la Concurrence
Définition économique de la collusion

Intérêt de s’entendre : organiser la rareté pour faire monter les prix



Justification économique : la maximisation d’un profit joint permet d’atteindre un
niveau de profit supérieur à celui résultant d’un comportement non coordonné
des firmes (le profit de monopole est toujours supérieur à la somme des profits
d’un oligopole)
Mais il s’agit d’un équilibre instable (dilemme du prisonnier) : chaque firme
participant à l’entente à intérêt à ne pas respecter l’accord => nécessité d’un
dispositif de détection de la défaillance et de sanction
Définition économique de la collusion : situation dans laquelle les firmes
fixent un prix plus élevé que celui qui prévaudrait en l’absence de
collusion



Par exemple dans le cadre d’une concurrence à la Bertrand (en prix) pour un bien
homogène, une situation de collusion se caractérise par un prix supérieur au coût
marginal
Dans le cadre d’une concurrence à la Cournot (en quantités), une situation de
collusion se traduira par une quantité produite inférieure à celle résultant de
l’équilibre de Cournot
On ne peut donc évaluer une situation de collusion que par rapport à une situation
de référence traduisant le fonctionnement concurrentiel du marché considéré
(concurrence parfaite, oligopolistique à la Bertrand ou à la Cournot, avec bien
homogène ou différenciation, concurrence monopolistique, etc.)
Facteurs favorables à la collusion

Quelques facteurs structurels facilitant la collusion





La concentration du marché considéré : il est plus facile de s’entendre à 2 qu’à 10.
Les barrières à l’entrée : si l’entrée sur un marché est très facile, les firmes en places
auront du mal à maintenir un équilibre collusif
L’élasticité de la demande : effet indéterminé sur l’incitation à la collusion (moins
d’incitation à augmenter le prix, mais plus grande efficacité de la sanction d’un
désistement), mais limite la capacité de la collusion à augmenter le prix
Symétrie des firmes : par exemple gamme de produits similaire, parts de marchés
identiques, utilisation de la même technologie, etc.
Influence de la transparence du marché et des échanges d’informations

Deux effets opposés


Effet pro concurrentiel : stimulation des employés (permet de séparer une mauvaise
performance liée à un conjoncture économique défavorable d’une mauvaise
performance liée à une meilleure efficacité des concurrents), réduction des
incertitudes sur les coûts et la demande (permet d’opérer de meilleurs choix en
matière de rationalisation de sa production et de programmation de ses
investissements)
Effet anticoncurrentiel : une information précise sur les prix et les quantités
produites par chaque firme facilite l’identification des déviations et donc accroit
l’efficacité d’une entente
L’instabilité intrinsèque de la collusion

Dilemme du prisonnier


Le profit joint des membres d’un cartel est supérieur à la sommes de leur profit en
l’absence de cartel
Mais individuellement, chaque entreprise a intérêt à dévier de l’accord : son profit
augmente si elle est la seule à ne pas respecter l’accord
A fait défection
A respecte l’accord
B fait défection
(30 ; 30)
Profit de concurrence
(20 ; 60)
B respecte l’accord
(60; 20)
(50 ; 50)
Profit de Monopole
Répétition du dilemme du prisonnier à l’infini

En dynamique, on peut ajouter un règle supplémentaire : par exemple, les firmes
respectent l’accord tant qu’aucune firme de fait défection. Dès qu’une firme fait
défection, plus personne ne respecte l’accord

Calcul des gains (a étant le taux d’actualisation des profits futurs)

En respectant l’accord : 50 par période => gain total de

En faisant défection : 60 la première période, puis 30 par période :

Le cartel est stable si le gain en respectant l’accord est supérieur au gain obtenu en
faisant défection soit dans notre exemple : a > 1/3
Les programmes de clémence

Objectifs de la politique de lutte contre les cartels





Principe d’un programme de clémence : récompenser la délation


Faciliter la condamnation des cartels détectés
Faciliter la détection des cartels
Accentuer l’instabilité des cartels non détectés
Décourager la formation de nouveaux cartels
Exonération totale ou partielle accordée à un ou plusieurs membres d’un cartels qui
apportent des éléments de preuve significatifs
Un élément clé de la lutte contre les cartels

1996 : introduction du premier programme de clémence européen


En cinq ans, 16 cartels ont été défaits, 80 entreprises ont fait une demande de
clémence, 3 ont obtenu une exonération totale
2002 : nouvelle politique de clémence

En quatre ans, 80 cartels ont été défaits, 167 entreprises ont fait une demande de
clémence, 51 entreprises on obtenu une réduction d’amende
Les programmes de clémence
Trois designs différents de programmes de clémence
Union Européenne
1er
2ème
3ème
4ème
Avant le lancement d’une enquête
100%
30-50%
20-30%
<20%
Après le lancement d’une enquête
30-100%
20-30%
<20%
<20%
Etats-Unis
1er
2ème
3ème
4ème
Avant le lancement d’une enquête
100%
0%
0%
0%
Après le lancement d’une enquête
100%
0%
0%
0%
Japon
1er
2ème
3ème
4ème
Avant le lancement d’une enquête
100%
50%
30%
0%
Après le lancement d’une enquête
30%
30%
30%
0%
Synthèse sur les effets des programmes de clémence


Effets positifs

Confondre les suspects : la réduction d’amende permet à l’autorité de concurrence
d’être plus efficace dans l’instruction et la poursuite judiciaire

Inciter à la défection : le programme de clémence accorde un bénéfice
supplémentaire à l’entreprise qui trahit

Déclencher la course au bureau de l’autorité de concurrence : le programme de
clémence favorise le basculement de l’équilibre coopératif (personne n’avoue) à
l’équilibre non-coopératif (les entreprises avouent)
Effet pervers

Faciliter la collusion en allégeant les sanctions

Solutions envisageables pour limiter cet effet pervers : compenser la réduction
d’amende accordée au demandeur de clémence par une hausse des amendes
infligées aux autres membres du cartel
Bibliographie

Combe, E. (2004). Cartels et ententes, PUF, 8€

Motta, M. (2004). Competition Policy, theory and practice, Cambridge University
Press, 51€, chapitre 4 : collusion and horizontal agreements

Statistiques européennes sur les cartels
http://ec.europa.eu/comm/competition/cartels/statistics/statistics.pdf

Harrington, J.E. (2006). Corporate Leniency Programs and the Role of the Antitrust
Authority in Detecting Collusion
Contrôle des concentrations

Contrôle des concentrations



Politique européenne en matière de contrôle des concentrations
Fusions horizontales
Fusions verticales
Contrôle des concentrations

Fondement juridique




Le traité CEE n'avait rien prévu à cet égard, c'est la jurisprudence de la Cour de justice
qui a d'abord comblé ce vide
Règlement n°4064/89 du 21 décembre 1989 : établit le critère de "position dominante",
selon lequel "les opérations de concentration de dimension communautaire, qui créent
ou renforcent une position ayant comme conséquence qu'une concurrence effective
dans le marché commun ou une partie substantielle de celui-ci est entravée de manière
significative doivent être déclarées incompatibles avec le marché commun "
Nouveau règlement sur le contrôle des concentrations, le règlement (CE) n° 139/2004 :
encourage la participation des autorités nationales de la concurrence et simplifie la
procédure de notification et d'enquête.
Une concentration d'entreprises (par fusion ou acquisition) peut
évidemment créer ou renforcer une position dominante susceptible de
donner lieu à des abus. Ce risque justifie un contrôle a priori sur les
opérations de concentration de la part de l'autorité communautaire


Le contrôle des concentrations n’a pas pour objectif d’accroître la concurrence sur un
marché donné
Il agit en prévention afin d’éviter la constitution ou le renforcement d’une position
dominante risquant de générer des abus
Procédure européenne
Statistiques européennes
Fusions horizontales

Rappel économique




Dans un oligopole à la Cournot, le prix diminue avec le nombre de concurrents : une
fusion horizontale se traduit donc par une augmentation du prix d’équilibre
Dans un oligopole à la Bertrand produisant un bien homogène, le prix est toujours égal
au coût marginal. Ce n’est plus vrai si les biens sont différenciés
L’effet d’une fusion horizontale dépend du type de concurrence
Une fusion horizontale accroît la concentration du marché


Indice de concentration du marché : l’indice de Hirfindahl-Hirshman (HHI)
 HHI = somme du carré des parts de marché
 Exemple : monopole (HHI = 10000), duopole symétrique (HHI = 5000), dix firmes
ayant chacune 10% du marché (HHI = 1000)
 Une fusion horizontale se traduit toujours par une augmentation du HHI
a2+b2<(a+b)2
Lignes directrices de la Commission Européenne

Si HHI <1000 ou si 1000<HHI<2000 mais ∆HHI<250 : pas d’effets anticoncurrentiels

Si HHI > 2000 ou si 1000<HHI<2000 mais ∆HHI>250 : susceptible d’identifier des effets
anticoncurrentiels
Concentration de quelques secteurs


Calcul du HHI pour quelques secteurs

Téléphonie mobile en France : 3 acteurs, Orange (47%), SFR (36%), Bouygues
(17%) => HHI = 3794

ADSL (triple-play) : Orange (50%), Free (18%), Neuf (18%), Autres (Alice, Darty,
SFR etc.) (14%) => HHI = 3148
Indicateur simple mais partiel

Certains secteurs concentrés peuvent néanmoins être très concurrentiels
(exemple de l’ADSL)

Le calcul du HHI n’est qu’une première étape permettant de déterminer si un
analyse plus fine du marché considéré doit être entreprise
Analyse économique des fusions horizontales

Effets unilatéraux (ou non coordonnés)


Effets coordonnées (position dominante collective)


Une fusion horizontale augmente la concentration du marché, conduisant à un
accroissement du pouvoir de marché des firmes et une diminution du surplus du
consommateur
Une fusion horizontale peut modifier le mode de concurrence et faciliter une collusion
tacite
Gain d’efficacité

Une fusion horizontale peut générer des gains d’efficacité





Baisse absolue des coûts : pouvoir de négociation accrue vis-à-vis des fournisseurs, technologie plus
efficace de l’une des firmes
Economie d’échelles : baisse du coût unitaire de production lorsque le volume augmente
Complémentarité technologique
Efficience dynamique
Bilan : effet ambigu sur le bien-être du consommateur d’une fusion
horizontale
Analyse économique des fusions verticales

Effets pro concurrentiels


Effets anticoncurrentiels


Elimination de la double marge
Forclusion de clients ou d’intrant
L’évaluation des effets d’un fusion verticale nécessite de mettre en
balance les effets pro concurrentiels et les effets anticoncurrentiels


A priori, une fusion verticale pose moins de problèmes anticoncurrentiels
qu’une fusion horizontale
En cas de problème anticoncurrentiel vertical, les autres concurrents sont
plus incités à contester la fusion qu’en cas de problème anticoncurrentiel
horizontal (l’accroissement de la concentration d’un marché ne bénéficie pas
qu’aux entités qui fusionnent mais également aux autres concurrents)
Mécanisme de forclusion de clients

La forclusion de clients revient à fermer une partie des débouchés
à l'aval des entreprises concurrentes de l’entreprise intégrée, cette
dernière ne s’approvisionnant plus qu’auprès de sa filière amont.
Mécanisme de forclusion d’intrant

La forclusion d'intrant désigne une pratique d'exclusion menée par la
division amont de la firme intégrée à l'encontre des concurrents de sa
division aval, soit en les privant d'un accès à un intrant nécessaire à leur
activité, soit en augmentant le coût de cet intrant.
Synthèse
Concentration
verticale
Risque de pouvoir
de marché
Forclusion
Contrôle d’accès à
une ressource rare
Elimination de la
Sources d’efficiences
double marge
Concentration
horizontale
Concentration
conglomérale
Effets unilatéraux
Dominance collective
Contacts
multimarchés
Effet de portefeuille
Economies d’échelle
Economies de coût
absolu
Economies de gamme
Source : Combe (2005)
Décisions de la Commission en matière de fusions

Interdiction de la fusion (très rare)

Autorisation sans condition

Autorisation sous condition


Avec des remèdes structuraux (modifient les droits de propriété)

Exemple : cession ou rétrocession d’actifs

Problème : il faut trouver un repreneur, s’assurer de la viabilité de la cession, etc.
Avec des remèdes comportementaux

Exemples : accès non discriminatoire au réseau, engagement de ne pas accorder
de distribution exclusive, mise en place d’une muraille de Chine entre plusieurs
activités, etc.

Problème : il faut surveiller leur mise en œuvre
Bibliographie

Combe, E. (2005). Economie et politique de la concurrence, Précis Dalloz, 40€,
partie 4 : Le contrôle des concentrations

Motta, M. (2004). Competition Policy, theory and practice, Cambridge University
Press, 51€, chapitre 5 : Horizontal mergers et chapitre 6 : Vertical restraints and
vertical mergers
Economie industrielle
Y. Ménière et G. de Muizon
Master Théorie et pratique de l’innovation – Université de Paris Dauphine –
2007/2008
Compatibilité et concurrence
Informatique
Télécommunications
Plan de la séance
Les mécanismes fondamentaux
Effets de réseaux
Coûts de sortie et verrouillage
Effets de réseaux et concurrence
Choisir les règles de la concurrence…
Les mécanismes fondamentaux
1.
Effets de réseaux
2.
Coûts de sortie et verrouillage
Effets de réseau et dynamique d’adoption
Effet de réseau = Lorsque la valeur d’un bien pour un consommateur augmente
avec le nombre d’autres consommateurs qui possèdent ce bien.
Effets de réseaux directs
Plus il y a d’utilisateurs, plus c’est utile
Fax, téléphone, emails, Msn/Skype , internet, suite Office
Effets de réseaux indirects dans le cas des biens systèmes
L’existence d’une «base installée» importante de consommateurs va susciter la production de
produits complémentaires…
… qui vont eux même augmenter la valeur du bien pour chaque consommateur…
… et donc attirer de nouveaux consommateurs
Minitel, Matériels PC, Consoles de jeux et jeux, Système d’exploitation et applications, Services
pour téléphones cellulaires, sites web et e-commerce
Feedback positif: les consommateurs
(« tipping markets» = marchés « à bascule »)
attirent
Windows, téléphones cellulaires, internet, consoles de jeu
Modification des mécanismes de la concurrence:
Importance d’avoir une base installée (stratégies de gratuité…)
Importance des anticipations (effets d’annonce…)
les
consommateurs
Coûts de sortie et verrouillage
Coût de sortie = coûts subis par un consommateur lorsqu’il veut changer de
fournisseur
Investissements spécifiques/irrécupérables…
… matériels
Cas classique: voie ferrée, machine pour honorer un contrat précis, frais de clôture de
compte bancaire
… ou immatériels
Capital humain spécifique (= compétences « sur le tas »)
Settings, maîtrise d’un logiciel, carnet d’adresse, favoris
Les effets de réseaux créent aussi des coûts de sortie
Biens complémentaires
Logiciels, cartouches de jeu, hardware
La base installée de consommateurs peut devenir captive
Cela est vrai lorsque les consommateurs ne sont pas capables de se coordonner pour
tous changer de fournisseur en même temps
Dans ce cas, il est possible que les consommateurs restent « prisonniers » d’une offre
qui n’est pourtant pas la meilleure (Microsoft et Linux??)
Coûts de sortie et verrouillage (suite)
En présence de coût de sortie, un mauvais choix de départ coûte
cher aux consommateurs, ce qui renforce l’importance des
anticipations
Grâce aux coûts de sortie, les firmes tiennent les consommateurs
captifs et peuvent leur imposer des prix plus élevés
P = prix du concurrent + coût de sortie
Notion de «add-on pricing »: le fournisseur fait ses marges sur la
vente de biens complémentaires après avoir « capturé » les
consommateurs
Consommations et services dans les hôtels
consoles+ jeux,
Tél. mobile + abonnement
ERP (parfois open source)+add-ons
Stratégies d’élévation des coûts de sortie: cookies, carnet
d’adresse, favoris…
Effets de réseaux et concurrence
1.
Guerre des standards
2.
« Petit frère collant »
3.
Standards coopératifs
Concurrence et effets de réseaux
Que se passe-t-il quand deux firmes se disputent un marché en présence
d’effets de réseaux?
Une première décision stratégique concerne l’interopérabilité entre les
offres des firmes
i.e.: Faut-il rendre les produits compatibles pour bénéficier d’effets de réseaux entre
les bases installées de consommateurs et de produits complémentaires de chaque
concurrent?
Plusieurs scénarios possibles (cas avec 2 firmes)
Aucune firme ne veut la compatibilité
Seule une firme veut la compatibilité
Les firmes veulent toutes 2 la compatibilité
Le trade off:
Incompatibilité: plus risqué, mais plus à gagner si ça marche car les consommateurs
sont captifs
Compatibilité: réduit les risques d’échec mais véritable concurrence au mérite en
l’absence de verrouillage
Hypothèse pour la suite: la firme 1 possède la meilleure technologie
Scénario 1: guerre des standards
Firme 2
Chaque firme refuse la compatibilité et
cherche à imposer son standard au marché
Techno 1 Techno 2
Tactiques possibles:
Chercher à profiter d’un temps d’avance
IPod
Attirer des compléments
Windows,
Techno 1
2,2
4,3
Techno 2
0,0
1,1
Firme 1
processeurs Intel versus Motorola
Attirer des vendeurs de compléments
Windows, processeurs Intel versus Motorola
Manipulation des anticipations
Différentes générations de Windows, buzz
Une forme de concurrence coûteuse et
risquée…
Scénario 2: « petit frère collant »
Firme 2
La firme la plus forte peut imposer son
standard au marché et ne veut donc pas de
compatibilité
Techno 1 Techno 2
Meilleure technologie
Base installée
Réputation d’établir les standards
Techno 1
4,3
5,2
Techno 2
0,0
2,4
Firme 1
Mais l’autre firme sait que sa technologie
n’est pas assez bonne et souhaite donc la
compatibilité
Elle va essayer de forcer la compatibilité
Reverse engineering
Sega vs Accolade, Apple vs « clones » compatibles
La firme dominante va au contraire essayer de verrouiller son standard
Cryptage (Fairplay), Droits de propriété intellectuelle (Microsoft)
Améliorations régulières du standard
Scénario 3: Standard coopératif
Lorsqu’une guerre des standards est trop coûteuse et
risquée, les firmes peuvent se mettre d’accord ex ante en
amont sur un standard commun
Firme 2
Techno 1 Techno 2
GSM, UMTS, DVD, MPEG etc
Rôle des standard setting bodies
Patent pools
Dans ce cas les firmes se font une
concurrence normale « dans » le
standard
Techno 1
5,3
2,1
Techno 2
0,0
3,4
Firme 1
Le problème est alors de savoir quelle technologie va être mise dans le standard ?
La négociation entraîne généralement des délais supplémentaires
Evolution des « standard setting bodies » au cours des dernières années
Dans certains cas, les firmes choisissent ex post des formes intermédiaires de
compatibilité
Accords MS Apple et MS Red Hat
Paris Dauphine - Master Théorie et Pratique de l’Innovation
Introduction au droit de la concurrence, focus sur « L’abus de dominance » (12 nov. 07)
Me Michel Debroux, Avocat associé, Hogan & Hartson MNP (Paris)
1.
Introduction sommaire au droit de la concurrence
1.1.
Un droit hybride et mondialisé
Le droit de la concurrence est le produit du modèle d’économie libérale de marché, en dehors duquel
il ne peut pas se comprendre. Il est le rejeton d’une quadruple lignée et il multiplie les emprunts :




Théorie économique :
Droit pénal :
Droit administratif :
Droit civil :
emprunt des principaux concepts théoriques et de l’approche pragmatique
emprunt de certaines procédures et de l’arsenal de sanctions
emprunt de l’essentiel de ses procédures
dont le rôle est croissant en matière d’indemnisation du dommage.
Le droit de la concurrence est un droit mondialisé par excellence :
 Les principaux concepts et outils du droit de la concurrence sont très similaires à travers le monde
(dominance, ententes, définitions de marché). Influence des « best practices » (ex : OCDE, ICN).
 Meilleur exemple : l’Union Européenne, et l’application du droit communautaire de la concurrence
par les juridictions nationales.
 Ne jamais oublier qu’en droit communautaire, le droit de la concurrence est un outil au service
d’un objectif politique : la réalisation du marché intérieur.
 Interactions et collaboration entre les autorités de concurrence (réseaux ICN, ECA, etc.), accords
de coopérations bilatéraux Europe – USA, etc.
1.2.
Le contenu du droit de la concurrence
Dans une optique transversale, qui ne distingue pas entre le droit français et le droit communautaire,
on décrira quatre principaux « piliers », pour la plupart communs aux deux droits, mais qui peuvent
présenter pourtant quelques différences :

Ententes et abus de position dominante (approche « comportementale » et sanctions a posteriori)

Contrôle des concentrations (approche « structurelle » et mesures a priori)

Aides d’Etat (spécificité communautaire : contrôle a priori et a posteriori des interventions de
l’Etat dans le champ de l’économie)

Le droit de la distribution
Les délimitations entre ces sujets sont parfois floues : le contrôle des concentrations sert parfois à
prescrire des comportements (cessions, engagements) que les autorités de concurrence ne pourraient
pas toujours imposer par le biais d’une procédure contentieuse.
Il existe un concept commun, supposé être un préalable à toute application du droit de la concurrence :
le marché pertinent (en termes de produits et en termes géographiques) :




Concept du « monopoleur hypothétique » et test SSNIP
Analyse de la substituabilité de la demande et –moins- de la substituabilité de l’offre
Examen des caractéristiques empiriques du marché
… mais la définition de marché est moins cruciale dans une approche « effect-based ».
1
Paris Dauphine - Master Théorie et Pratique de l’Innovation
Introduction au droit de la concurrence, 12 novembre 2007 (Me Michel Debroux)
1.3.
Revue sommaire des principaux piliers du droit de la concurrence
1.3.1. Les ententes






La forme de l’entente est sans importance.
Distinction entre l’objet anticoncurrentiel et l’effet anticoncurrentiel, même potentiel.
Le « cartel » est la forme la plus aboutie et la plus lourdement sanctionnée d’entente,
mais pas la seule (exemple : les échanges d’information sur un marché
« oligopolistique »).
Développement des politiques de clémence, à l’image des USA.
Risques pénaux, encore rares, mais la tendance est à l’accroissement.
Tendance croissante aussi à la réparation civile des dommages subis en raison d’une
pratique anticoncurrentielle (y compris via de futures class actions ?)
1.3.2. Les abus de position dominante




La position dominante n’est pas sanctionnée, seule l’est l’abus
Qu’est-ce qu’une position dominante ? (les parts de marché restent un indicateur
important, mais ne suffisent plus)
Typologie très vaste des abus possibles : refus de vente, discrimination, ventes liées,
prix abusifs ou prix prédateurs, ciseaux tarifaires, etc.
Réforme en cours : privilégier un approche économique au cas par cas, fondée sur
l’examen des effets
Sanctions non pécuniaires (à la fois pour les ententes et les abus de position dominante) : en
France, 10 % du CA consolidé mondial, dans l’Union, 10 % du CA de
l’« entreprise concernée », sachant que la notion d’ « entreprise » peut être très floue, la
Commission tentant de développer une théorie de l’imputabilité automatique des pratiques
d’une filiale à sa société mère.
Sanctions non pécuniaires : sanctions pénales, dommages et intérêts, atteintes à l’image, etc.
1.3.3. Contrôle des concentrations






Contrôle a priori visant à interdire la création et/ou le renforcement d’une position
dominante susceptible d’altérer la concurrence sur un marché, sans examens des abus
(en principe …)
Concepts proches, voire identiques, en droit français et en droit communautaire
Délais très courts (contrairement aux dossiers contentieux)
Importance considérable de l’analyse économique
Il y a des cas « simples » : position dominante simple (ex : GE / Honeywell)
… et des cas compliqués : position dominante collective, effets congloméraux, etc. (ex :
GE / Honeywell)
1.3.4. Les aides d’Etat

Spécificité communautaire, dialogue entre les Etats et la Commission, rôle limité des
bénéficiaires et des plaignants. Les critères sont :



mobilisation de ressources d’Etat (notion vaste …),
… bénéficiant à une entreprise ou un groupe d’entreprises et
… faussant la concurrence.
Paris Dauphine - Master Théorie et Pratique de l’Innovation
Introduction au droit de la concurrence, 12 novembre 2007 (Me Michel Debroux)
1.4.
Les institutions appliquant le droit de la concurrence
France
Conseil de la concurrence - DGCCRF
 « Autorités de régulation » ou « quasi-juges » ?
Contentieux objectifs, en charge du bon
fonctionnement du marché
 Peuvent imposer des remèdes et des sanctions,
mais ne peuvent attribuer des dommages et
intérêts
 Aucun rôle en aides d’Etat.
Les tribunaux – la Cour d’appel de Paris
Juridictions => saisies de contentieux subjectifs ;
peuvent accorder des D.I. ;
rôle limité mais crucial en aides d’Etat
la CA de Paris est le juge d’appel des décisions du CC
Union Européenne
Commission européenne
 Triple casquette :
o Législateur / régulateur
o Autorité d’enquête et de poursuite
o « quasi-juge »
 Aucun pouvoir pour accorder des D.I.
 Pas de droit pénal européen
Le TPI – la CJCE
Juge d’appel des décisions de la CE
La CJCE rend également des avis préjudiciel au profit
des juridictions nationales
Les autorités de régulation sectorielle
Appliquent aussi, à leur niveau et dans les limites de
leurs attributions, les principes du droit de la
concurrence
1.5.
Les relations parfois floues entre le droit de la concurrence et la régulation




La régulation est sectorielle, et elle vise essentiellement à intervenir a priori
En principe, la régulation est transitoire, surtout dans les secteurs économiques en phase
de libéralisation
La régulation mobilise de nombreux « outils » (réglementaires, règlement des
différends, contrôle a priori de certaines conditions sur le marché, avis aux législateur
et aux autorités de concurrence, etc.)
L’ARCEP, la CRE, l’AMF, sont des autorités de régulation ; est-ce le cas du Conseil de
la concurrence ? (ex : les modes alternatifs de traitement des affaires, type ‘transaction’
et surtout ‘engagements’).
Paris Dauphine - Master Théorie et Pratique de l’Innovation
Introduction au droit de la concurrence, 12 novembre 2007 (Me Michel Debroux)
2.
Focus sur l’abus de position dominante, après l’arrêt Microsoft
Cas étudiés :
« Wanadoo » : Arrêt du TPI, aff. T-340/03, 30 janvier 2007
« EDF » : Décision 07-MC-04 (mesure conservatoires) du Conseil de la concurrence, 28 juin 2007
« Microsoft » : Arrêt du TPI, aff. T-201/04, 17 septembre 2007
[insérer slides powerpoint « Après Microsoft »]
***
Après Microsoft
Abus de position dominante :
développements récents, tendances et perspectives
Michel Debroux, Mastère Dauphine
(12 novembre 2007)
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Plan
•
Introduction : Portée et impact de l‟arrêt Microsoft
1. Enjeux,
finalité et cadre analytique de l‟approche fondée sur les
effets
2. En
–
pratique : examen de quelques pratiques abusives récurrentes:
Prix prédateurs, ciseaux tarifaires, ventes liées / ventes couplées,
refus de vente / discrimination, rabais et discounts
3. Articulation
entre les abus de position dominante et d‟autres
problématiques:
–
Cartels, propriété intellectuelle, contrôle des concentrations,
régulation ex ante (“Trinko”)
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2
Introduction : l‟arrêt Microsoft du 17 septembre 2007 (1)
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3
Introduction: Portée et impact de l‟arrêt Microsoft (2)
•
Bref rappel chronologique
–
Décembre 98 : plainte de Sun Microsystem (interopérabilité
serveurs)
–
2000 – 2001 : extension de la portée de l‟enquête (couplage
Windows Media Player)
–
24 mars 2004 : décision sur deux griefs, amende de 497 M€ et
injonction (i) de communication d‟informations permettant
l‟interopérabilité de certains serveurs avec les PC Windows et (ii)
de découplage les systèmes d‟exploitation Windows avec WMP
–
Juin 2004 : recours + demande de suspension (qui sera rejettée
en décembre 2004)
–
Été 2005 – été 2007 : bras de fer autour de la question des
injonctions
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4
Introduction: Portée et impact de l‟arrêt Microsoft (3)
•
•
Les deux griefs retenus par la Commission
–
Le grief lié aux serveurs : non communication d‟informations
relatives à l‟interopérabilité de certains types de serveurs (“work
group server operating systems”)
–
Le grief lié à Windows Media Player : couplage entre Windows et
WMP
Les principaux arguments de Microsoft
–
Microsoft conteste avoir l‟obligation de permettre à un concurrent
de développer des logiciels directement concurrents des siens, en
divulguant pour ce faire des informations confidentielles et
protégées par la propriété intellectuelle ;
–
Microsoft conteste l‟aspect anti-concurrentiel du couplage entre
Windows et WMP
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5
Introduction : Portée et impact de l‟arrêt Microsoft (4)
L‟arrêt du Tribunal : un net succès pour la Commission (abus
correctement identifiés et qualifiés ET remèdes appropriés et
proportionnés)
•
•
Grief “interopérabilité” :
–
Point de départ : le TPI admet la PI de Microsoft sur les informations
–
Le refus de licence est traité comme n‟importe quel autre type de “refus
de prestation” de la part d‟une entreprise en position dominante
–
Reprise des critères “IMS”, mais appréciation souple du critère tiré du
“risque d‟élimination de toute concurrence”
Grief “couplage” :
–
Rejet des arguments de MS sur l‟unicité du produit
–
L‟effet de forclusion reconnu, sur la base d‟une „tendance‟ à la baisse des
parts de marché des logiciels concurrents
–
Rejet de tous les arguments relatifs aux effets pro-concurrentiels
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6
Introduction: Portée et impact de l‟arrêt Microsoft (5)
Quelles conséquences ?
•
L‟affaire Microsoft est-elle transposable ou est-elle au contraire
tributaire de circonstances liées à une “hyper-dominance” ?
–
IMS : refus de laisser émerger une concurrence nouvelle ><
Microsoft : volonté d‟évincer une concurrence existante …
–
Des considérations politiques ont-elles jouées ?
•
Vers une “banalisation” des droits de propriété intellectuelle dans
le débat sur les abus de position dominante ?
•
Si l‟arrêt se traduit par un recours plus fréquent aux licences
obligatoires, à quel prix ?
•
Les risques liés au couplage : la forclusion peut-elle se déduire
d‟une “tendance” ?
•
Un échec pourtant, pour la Commission, non dépourvu de
conséquences : la question du rôle du Mandataire indépendant
et du financement de son intervention.
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7
Introduction: Portée et impact de l‟arrêt Microsoft (6)
Divergences US – UE : “widening the gap … again ?”
« We are concerned that the
standard applied to unilateral
conduct (…) may have the
unfortunate consequence of
harming consumers by
chilling innovation and
discouraging competition »
« In the US, the antitrust laws
are enforced to protect
consumers by protecting
competition, not competitors
…»
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8
Vers une nouvelle approche
fondée sur les effets :
Enjeux, finalité et risques
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9
Enjeux, finalités et cadre analytique d‟une approche fondée
sur les effets (1)
L’approche traditionnelle repose (reposait ?) sur un
tryptique assez simple et une analyse prévisible:
1.
2.
Définition de marché, en fonction :
-
Des caractéristiques du produit du point de vue de la demande et
plus rarement du point de vue de l’offre,
-
De l’élasticité croisée des prix / test SSNIP,
-
Des préférences des consommateurs, etc.
Définition de la dominance
-
Rôle prépondérant des parts de marché :
< 40 % (P Dom improbable)
3.
40 – 50 % (P Dom probable)
> 50 % (P Dom quasi certaine)
Catalogue plus ou moins détaillé d’abus « per se » :
-
Rabais fidélisant, prédation, refus de vente, discrimination, etc.
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10
Enjeux, finalités et cadre analytique d‟une approche fondée
sur les effets (2)
•
Depuis quelques années, la Commission a la volonté
d‟adopter une approche plus économique
•
… Mais quelle est la finalité d‟une politique de
concurrence dans une économie de marché ?
•
–
Le surplus du consommateur ?
–
L‟incitation à l‟innovation ?
–
La croissance et l‟emploi ?
–
La protection du consommateur ?
–
La protection de la concurrence ou des concurrents ?
… et la concurrence est-elle un but ou un moyen ?
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11
Enjeux, finalités et cadre analytique d‟une approche fondée
sur les effets (3)
•
Cadre analytique de la “nouvelle approche”:
–
Faut-il encore définir les marchés ?
–
Faut-il encore démontrer la dominance ?
“In terms of procedure, the economic approach implies that
there is no need to establish a preliminary and separate
assessment of dominance. Rather, the emphasis is on the
establishment of a verifiable and consistent account of
significant consumer harm, since such an anti-competitive effect
is what really matters and is already proof of dominance” (“An
economic approach to Article 82”, EAGCP, 2005, p. 4)
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12
Enjeux, finalités et cadre analytique d‟une approche fondée
sur les effets (4)
•
Cadre analytique de la “nouvelle approche”:
–
Le juge / l‟autorité sera à la recherche de l‟”histoire la plus
plausible” ; pour démontrer un abus :
•
identifier un effet anticoncurrentiel (ex : dissuader les
concurrents d‟entrer sur un marché par le biais de “signaux” de
type variés, dont par exemple les prix prédateurs)
•
Identifier la théorie économique pertinente (“forclusion”)
•
Démontrer que les faits corroborent la théorie
•
… à moins que l‟on démontre des effets pro-concurrentiels ou
des gains d’efficacité (bilan coût-avantage)
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13
Enjeux, finalités et cadre analytique d‟une approche fondée
sur les effets (5)
•
•
L‟équilibre (introuvable ?) entre :
–
Les interdictions per se (prévisibles mais rigides et souvent
inadaptées);
–
L‟application systématique d‟une règle de raison (en principe mieux
adaptée et souple, mais difficilement prévisible et très lourde en
termes de charge de la preuve pour les entreprises)
Qu‟est-ce que l‟approche fondée sur les effets (theory of harm) ?
–
L‟objectif ultime : accroître le surplus consommateur
–
La mesure : satisfaction des besoins des consommateurs
–
La règle d‟or : juger chaque situation au cas par cas
–
Les tests : “as efficient competitor” et “no economic sense”
–
Le risque : imprévisibilité accrue, voire être à la merci de “modes”
passagères dans l‟analyse économique
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14
Enjeux, finalités et cadre analytique d‟une approche fondée
sur les effets (6)
Typologie des abus les plus fréquents :
•
Refus de prestation / discrimination
•
Clauses d‟exclusivité
•
Prix prédateurs
•
Effets de ciseaux tarifaires
•
Remises et rabais fidélisants
•
Ventes liées / ventes couplées
•
Cas particulier des droits de propriété intellectuelle : “patent
ambush” ou usage “abusif” de droits de propriété
intellectuelle
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15
Trois cas pratiques
Les principaux types d’abus au
travers de cas emblématiques
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16
Cas pratiques (1)
Prix prédateurs ( “Wanadoo”) TPI, T-340/03, 30 janvier 2007
1. Les faits
• Marché: accès à Internet par ADSL (haut débit)
• Problème: tarifs de détail de Wanadoo inférieurs aux coûts complets
moyens
• Commission: pratiques d‟éviction dirigées contre la concurrence, en
phase émergente
2. Les enseignements de la décision
• Le jugement confirme l‟approche statique: prix prédateurs même si
l‟entreprise ne peut pas „récupérer‟ ses pertes initiales à long terme
• Analyse dynamique, et non comptable, des coûts (amortissement sur
cinq ans des coûts initiaux de lancement)
• Position dominante même sur marchés dynamiques et émergents
• Les entreprises dominantes ont „le droit de concurrencer‟ mais marge
de manoeuvre limitée (limites au droit d‟alignement)
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17
Cas pratiques (2)
Ciseaux tarifaires (“Direct Energie”), Cons. Conc., 07-MC-04, 28 juin 2007
1. Les faits
• Contrat de fourniture d‟électricité avec EDF à prix fixe pour une durée
de 5 ans assurant des volumes garantis jusqu‟en 2010
• Ce prix ne permet pas de proposer aux petits professionnels des prix
en compétition avec les prix de détail EDF, … eux-mêmes régulés
(tarifs “TaRTAM”) => hiatus entre prix de marchés (élevés) et prix
régulés (plus faibles)
2. Les enseignements de la décision
• Pas de concurrence possible sans subir de perte = pratique de ciseau
tarifaire, … mais dans un contexte de tarifs régulés.
• Demande du Conseil à EDF de proposer une solution dans les 2 mois
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18
Cas pratiques (3)
Ventes liées / Vente couplée (“Microsoft”, TPI, 17 septembre 2007)
1. Les faits
• Refus de fourniture aux concurrents de certaines informations
relatives à l‟interopérabilité et d‟en autoriser l‟usage pour le
développement et la distribution de produits concurrents aux siens
• Vente liée du lecteur windows Media Player avec le système
d‟exploitation Windows pour PC
2. Les enseignements de la décision
• Encouragement pour les concurrents à demander accès à
informations?
• Recours plus fréquent aux licences obligatoires lorsque l‟entreprise
dominante dispose d‟un “standard” de marché ?
• Ventes liées: abusif même si le „bundling‟ est avantageux pour le
consommateur (meilleur produit, gains de temps, facilités d‟utilisation)
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19
Cas pratiques (4)
… et la propriété intellectuelle ? (“IMS” et “Microsoft”, CJCE, 29 avril 2004 et TPI, 17
septembre 2007)
1. Les faits
• IMS : système de „briques‟ rassemblant données et informations sur pharmacies en
Allemagne
• Commission: ce système est une „facilité essentielle‟ et justifie l‟octroi d‟une licence
aux concurrents
2. Les enseignements de la décision
• IMS : application relativement stricte des critères qualifiant les „circonstances
exceptionnelles‟ dans lesquelles un abus de licence peut être abusif :
•
•
•
•
Le refus porte sur des produits / services „amont‟ indispensables à l‟exercice de l‟activité
„aval‟ (ou voisine)
Le concurrent veut offrir des produits / services nouveaux pour lesquels il existe une
demande potentielle ;
le refus est de nature à exclure toute concurrence sur le marché aval ou voisin
Le refus n‟est pas objectivement justifié (les droits de PI ne sont pas en soi une
justification objective)
• Microsoft : application plus souple de ces critères ? (en particulier sur l‟exclusion de
“toute” concurrence)
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20
Articulation entre les abus de
position dominante et d‟autres
problématiques de concurrence
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21
Articulation avec d‟autres problématiques (1)
Abus de position dominante et cartels
• Définition de la position dominante collective (ex : affaire des
“enrobés bitumineux”)
• La position dominante collective comme “facteur agravant” en
cas d‟ententes (ex: l‟affaire des Mobiles)
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22
Articulation avec d‟autres problématiques (2)
Abus de position dominante et propriété intellectuelle
• A la recherche d‟un (impossible ?) équilibre
• Deux moyens complémentaires et parfois conflictuels
d‟encourager l‟innovation
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23
Articulation avec d‟autres problématiques (3)
Abus de position dominante et contrôle des concentrations
• La probabilité d‟une sanction de pratiques abusives doit être
prise en compte par la Commission dans l‟analyse des
concentrations (arrêt CJCE 15 février 2005 Tetra Laval)
•
La Commission devrait prendre en compte à la fois la
probabilité d‟un abus et la probabilité de détection de cet abus
(cf. les lignes directrices sur les concentrations non
horizontales, “Guidelines on the assessment of non-horizontal
mergers under the Council Regulation on the control of
concentrations between undertakings, Draft - for the purpose of
public consultation”)
© Hogan & Hartson LLP. All rights reserved.
24
Articulation avec d‟autres problématiques (4)
Abus de position dominante et régulation (ex post v. ex ante)
• Les leçons de l‟arrêt “Trinko” de la Cour suprême américaine
• Un “Trinko” est-il possible en France ou en Europe ?
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25
Conclusions
• La “théorie des effets” : au-delà de l‟effet de mode, une
approche intellectuellement séduisante, mais aussi des risques
sérieux et une imprévisibilité préoccupante
• La jurisprudence de la Cour et du TPI intègre les bilans coûtsavantages, mais dans une approche qui reste encore à ce jour
assez traditionnelle
• Faut-il encore définir les marchés ?
• Résurgence du vieux débat entre les Etats-unis et l‟Europe
(“protéger la concurrence” versus “protéger les concurrents”) ?
• Concurrence et propriété intellectuelle : comment favoriser au
mieux l‟innovation ?
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26
Hogan & Hartson - Une vision globale
Countries with Hogan & Hartson Offices
Europe
Amérique du Nord
Baltimore
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Amérique Latine
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Asie
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www.hhlaw.com
27
Economie industrielle – Séance 7 - Télécommunications
G. de Muizon
Master Théorie et pratique de l’innovation – Université de Paris Dauphine – 2007/2008

Plan de la séance : 2 études de cas
1.
Les services de téléphonie fixe sur IP appartiennent-ils
au même marché pertinent que la téléphonie fixe
traditionnelle ?
2.
Ciseau tarifaire : Décision n° 04-D-48 du 14 octobre 2004
relative à des pratiques mises en œuvre par France
Télécom, SFR Cegetel et Bouygues Télécom
Etude de cas : marché pertinent de la téléphonie fixe

Question : la téléphonie sur IP appartient-elle au même marché
pertinent que la téléphonie fixe traditionnelle ?

Plan de l’analyse :



Présentation des différentes offres de services d’accès et de
communication commercialisées en France
Eléments d’analyse de la substituabilité de l’offre
Analyse de la substituabilité de la demande





Délimitation géographique des consommateurs de téléphonie fixe
Comparaison des services offerts par la téléphonie fixe et la téléphonie sur IP
Comparaison des prix des services
Estimation des coûts de migration d’une offre de téléphonie fixe traditionnelle vers
une offre de téléphonie sur IP
Conclusion
Offres de services d’accès et de communications (1)

L’offre traditionnelle de France Télécom
France Télécom
Accès
Communications
Consommateurs
Offres de services d’accès et de communications (2)

Les offres proposés aux consommateurs disposant d’un abonnement
principal France Télécom
France Télécom
Présélection
Accès
Dégroupage partiel
Opérateurs alternatifs
(Télé2…)
FAI
(Free, Neuf, Alice…)
Communications
Internet haut-débit +
VoIP
Consommateurs
Offres de services d’accès et de communication (3)
Les offres proposés aux consommateurs sans abonnement principal
France Télécom

France Télécom
VGAST
Opérateurs alternatifs
(Télé2, Neuf…)
Accès
Communications
ADSL nu
FAI
(Free, Neuf, Alice…)
Accès
Internet hautdébit + VoIP
Consommateurs
Dégroupage total
FAI
(Free, Neuf, Alice…)
Accès
Triple-play
Eléments d’analyse de la substituabilité de l’offre

Existe-t-il une substitution possible sur le marché de l’accès en gros
à la boucle locale ?






France Télécom est l’unique propriétaire de la boucle locale
La boucle locale ne peut être dupliquée à l’identique par des opérateurs
alternatifs à un coût économiquement raisonnable
Les technologies alternatives (câbles, fibres optiques, boucle locale radio,
WiFi, courant porteur de ligne, Wimax, satellite…) restent pour le moment
trop coûteuses ou au stade d’expérimentation
La boucle locale présente donc aujourd’hui les caractéristiques d’une
facilité essentielle
Il n’existe par aujourd’hui de substitution possible du côté de l’offre
d’accès à la boucle locale
C’est la raison pour laquelle, afin de développer la concurrence sur le
marché de détail, il a été mis en place des réglementations sur les offres
de gros que France Télécom doit proposer à des opérateurs alternatifs
Comment satisfaire son besoin de téléphonie fixe ?

Pour un consommateur ayant souscrit un abonnement principal
France Télécom :




Il peut souscrire à une offre de communication fixe traditionnelle commercialisée par
France Télécom
Il peut opter pour la présélection et souscrire une offre de communication fixe
traditionnelle commercialisée par un opérateur alternatif
Il peut opter pour le dégroupage partiel et souscrire une offre de communication sur IP
commercialisée par un FAI
Pour un consommateur n’ayant pas souscrit d’abonnement
principal France Télécom :



Il peut opter pour le dégroupage total et souscrire à une offre de téléphonie sur IP
commercialisée par un FAI
Il peut opter pour une offre de téléphonie traditionnelle commercialisée par un
opérateur alternatif achetant en gros de l’accès VGAST
Il peut opter pour une offre de téléphonie sur IP commercialisée par un FAI achetant en
gros de l’accès ADSL nu
Délimitation géographique des consommateurs de
téléphonie fixe

Selon la localisation géographique des consommateurs, toutes les
offres ne leur sont pas offertes




62% de la population française se trouvent en zone dégroupée : ils peuvent
choisir entre toutes les offres
36% de la population française se trouve en zone non dégroupée mais
couverte par l’ADSL : ils ne peuvent pas bénéficier des offres de dégroupage
total proposées par les FAI
2% de la population française se trouvent dans une zone non couverte par
l’ADSL : ils ne peuvent bénéficier que d’un service de téléphonie fixe
traditionnelle
Conclusion


98% de la population française peuvent bénéficier de la téléphonie sur IP.
Pour les 2% restants, la téléphonie fixe traditionnelle et la téléphonie sur IP
n’appartiennent par au même marché pertinent
Les offres de téléphonie sur IP sont proposées à travers
une offre liée

Les offres de téléphonie sur IP sont actuellement couplées à un accès
Internet haut-débit (offres triple-play ou dual-play)

Ce couplage n’est-il pas un frein à la substituabilité des offres de
téléphonie sur IP aux offres de téléphonie fixe qui peuvent être souscrites
indépendamment d’un accès Internet ?



Lorsque le couplage entre deux services A et B est obligatoire, le coût de revient
total d’accès à cet ensemble peut le rendre non substituable à un service A’, même
si du point de vue du consommateur A et A’ rendent les mêmes services
Exemple : pneus de voiture. Si un consommateur a besoin de pneus neufs pour sa
voiture, il ne va pas acheter une voiture neuve pour en récupérer les pneus !
Est-on dans le même cas avec les offres dual/triple-play ? Un
consommateur intéressé uniquement par une service de téléphonie peutil avoir intérêt à souscrire à une telle offre liant accès Internet haut-débit
et téléphonie sur IP ?
Téléphonie fixe traditionnelle illimitée

Offre de France Télécom/Orange


Offres avec présélection


Optimale illimité : 39€/mois (téléphonie fixe traditionnelle)
Télé2 : offre “plus illimité 24/7“ 19,90€ + abonnement principal FT 19€ =
38,90€/mois
Offre basée sur VGAST


Télé2 : forfait “ligne Télé2 illimitée“ = 29,90€/mois
Neuf : forfait illimité = 29,90€/mois
Source : d’après site internet des opérateurs (novembre 2007), liste des offres et opérateurs
non exhaustive
Téléphonie fixe sur IP

Offre de France Télécom/Orange



Offres en ADSL nu (dual-play)



Avec abonnement téléphonique : 8 mégamax 29,90€ + Abonnement principal FT
19€ = 48,90€ /mois
Sans abonnement téléphonique : 8 mégamax = 39,90 €/mois
Neuf : internet haut-débit + téléphonie sur IP illimitée = 34,90 €/mois
Free : internet haut-débit + téléphonie sur IP illimitée = 29,99 €/mois
Offre en dégroupage total (triple-play)


Neuf : internet haut-débit + téléphonie sur IP illimitée + TV = 29,90 €/mois
Free : internet haut-débit + téléphonie sur IP illimitée + TV = 29,99 €/mois
Source : d’après site internet des opérateurs (novembre 2007), liste des offres et opérateurs non
exhaustive
Conclusion sur les offres illimitées

Pour les consommateurs uniquement intéressés par un service de
téléphonie fixe et téléphonant beaucoup, les offres multi-play sont
plus attractives que les offres de téléphonie fixe traditionnelle
illimitée !

Le fait que les offres de téléphonie sur IP fassent partie d’un bundle
n’est donc pas un frein à leur substituabilité avec les offres de
téléphonie fixe traditionnelle

Ce résultat n’est valable que pour les consommateurs désirant une
offre de téléphonie fixe illimitée. Qu’en est-il des petits
consommateurs ?
Offres de téléphonie fixe

Prix de l’abonnement



France Télécom : 19€/ mois
Télé2 : 14,99€ / mois
Prix de la communication

France Télécom (Atout) : 2€/mois



Télé2 (SIMPL’ECO) :



Mise en relation : 0,11€ par appel
Fixe France : 0,014€/min
Mise en relation : 0,119€ par appel
Fixe France : 0,01€/min
Exemples

Consommateur occasionnel : 10 appels par mois, 20 minutes au total



FT = 19 + 2 + 10*0,11 + 20*0,014 = 22,36€/mois
Télé 2 = 14,99 +10*0,119 + 20*0,01 = 16,36€/mois
Consommateur régulier : 4 appels par jours de 5 minutes chacun

FT : 42,6 €/mois ; Télé2 : 35,25€/mois
Conclusion sur l’attrait des offres multi-play

Pour les consommateurs de téléphonie fixe très occasionnels, les
offres multi-play ne sont pas des alternatives intéressantes aux
offres de téléphonie fixe traditionnelle


Remarque : pour ces petits consommateurs, il peut être intéressant de
souscrire une offre de téléphonie mobile pré-payée (exemple : mobicarte
45€ valable 3 mois => 82 minutes de communication)
Pour des consommateurs réguliers, mêmes s’ils ne valorisent pas
du tout l’accès internet ou la TV numérique, il peut être intéressant
d’opter pour une offre multi-play

Cet attrait des offres multi-play s’accroit si ce consommateur valorise
l’accès à Internet, la TV numérique ou les autres services inclus (vidéo à la
demande, téléchargement de musique…)
Coûts de migration

Nous avons montré




Que la téléphonie sur IP rend les mêmes services au consommateur que la téléphonie
fixe traditionnelle et que 98% de la population française peut souscrire ces deux offres,
Que le prix des offres multi-play incluant un service de téléphonie sur IP ne constituent
pas un obstacle à leur substituabilité aux offres de téléphonie traditionnelle.
Avant de pouvoir conclure que les services de téléphonie fixe traditionnelle et
de téléphonie sur IP appartiennent au même marché pertinent, il est
nécessaire d’estimer les coûts de migration (switching-costs) supportés par les
consommateurs souhaitant passer d’une offre de téléphonie fixe
traditionnelle à une offre de téléphonie sur IP afin de vérifier qu’ils ne
constituent pas un obstacle
Liste des coûts de migration :



Depuis le 1er janvier 2007 : portabilité du numéro de fixe gratuit et dans un délais
maximal de 10 jours
Interruption de service lié au dégroupage de la ligne de l’abonné : réduite à quelques
jours
Coûts psychologiques : difficiles à évaluer mais certainement en baisse (hausse de la
notoriété des opérateurs alternatifs, etc.)
Conclusions

Sur l’étude de cas : téléphonie fixe et sur IP
rendent le même service au consommateur
 sont proposés à des prix suffisamment proches
 les barrières au changement semblent de plus en puls faibles
=> pour 98% de la population française, la téléphonie fixe et la téléphonie sur IP
appartiennent au même marché pertinent


La délimitation des marchés pertinents n’est pas figée


Elle évolue selon les usages et préférences des consommateurs
Elle se modifie lorsque des innovations se diffusent
Etude de cas : ciseau tarifaire

Quand un effet de ciseau tarifaire peut-il se produire ?

Entreprise verticalement intégrée disposant d’un pouvoir de marché élevé sur le marché amont
(voire d’un monopole)

En concurrence sur le marché aval

Commercialise le bien aval à un prix qui, en comparaison avec le prix du bien intermédiaire, est trop
faible pour permettre l’existence, le développement ou le maintien d’une concurrence sur le marché
aval

L’entreprise verticalement intégrée favorise sa filiale aval au détriment de ses concurrents sur le
marché aval

Monopole
amont
Filiale aval
Concurrent
aval
Exemple

France Télécom détient un monopole sur la boucle
locale qui est un infrastructure essentielle pour
commercialiser des services tels que Internet,
téléphonie, etc.

Les opérateurs alternatifs de téléphonie et les
fournisseurs d’accès à Internet doivent se fournir
auprès de France Télécom

Si France Télécom leur vend un accès en dégroupage
total à 30€/mois, les FAI ne peuvent concurrenceR
Orange sur le marché aval
Comment fixer le prix d’accès ?

Question de la tarification de l’accès aux infrastructures


Réseau de transport de l’électricité, réseau ferré, boucle locale, etc.
Lorsque le monopole historique est séparé entre un gestionnaire du réseau et des
concurrents sur les activités aval, il s’agit d’une réglementation classique d’un monopole
naturel



Rappel : il y a un monopole naturel sur un marché quand le coût de production du bien est
minimisé lorsque la totalité de la production est assurée par une seule firme (rendement
d’échelle croissants)
Dilemme : il est plus efficace que l’entreprise soit en monopole, mais elle va abuser de son
pouvoir de monopole au détriment des consommateurs
Solution possible : réglementation des prix par une autorité publique



Tarification au coût marginal : le monopole est alors déficitaire et doit être financé par un
autre moyen
Tarification maximisant le surplus social sous contrainte d’équilibre budgétaire (optimum de
second rang) : règle de Ramsey-Boiteux
Lorsque le monopole historique reste verticalement intégré, à la question de la gestion
efficace du réseau, s’ajoute celle de l’exercice d’une concurrence loyale entre le monopole
intégré et les nouveaux entrants sur le marché aval
Exemple : la règle E.C.P.R.

Efficient Component Pricing Rule de Baumol & Sidack (1994)
 Le tarif d’accès est fixé à la somme du coût incrémental direct qu’induit
l’interconnexion et du coût d’opportunité (le manque à gagner) que subit
l’opérateur historique en ne servant pas lui-même le client final

T = ci + (p – c) où

Avantages : cette règle de tarification ne permet l’entrée qu’aux entrants plus
efficaces que l’opérateur historique
Inconvénients : le monopole historique conserve sa rente de monopole,
incitation à freiner la baisse du prix du service aval, à abaisser le coût unitaire
du service aval à l’excès (en surinvestissant en productivité au détriment de
du réseau

T est le tarif d’accès
ci est le coût incrémental de l’interconnexion
p est le prix du service aval (avant entrée)
c est le coût unitaire du service aval (du monopole
historique)
Principes de la réglementation dans les télécommunications

Objectifs




Empêcher l’opérateur historique de discriminer entre sa filiale aval et les nouveaux
entrants
Facilité l’entrée de nouveaux opérateurs efficaces
Assurer que le gestionnaire du réseau couvre bien ses coûts et investit de manière
efficace
Pratique

Négociations avec l’ARCEP



Définition des services élémentaires dont la tarification sera réglementée
Fixation du prix de ces services orientés vers les coûts supportés par l’opérateur historique
Problèmes quand à la mesure des coûts des services élémentaires



Allocation des coûts communs
Mesure des coûts : coûts historiques ? Coûts d’un réseau optimal ?
Objectif : tendre vers le Coût Moyen Incrémental de Long Terme (recommandation de la
Commission Européenne)
Décision n° 04-D-48 du 14 octobre 2004 relative à des pratiques mises en
œuvre par France Télécom, SFR Cegetel et Bouygues Télécom

Eléments de contexte


Saisine d’une association regroupant des opérateurs de réseaux de télécommunication
et des fournisseurs de services de télécommunication à l’encontre de France Télécom,
de SFR et de Bouygues Télécom
Griefs retenus par le Conseil de la Concurrence






Grief initial : mise en œuvre par France Télécom de pratiques ayant pu avoir pour effet de
limiter l’accès au marché de détail des appels fixes vers mobiles destinés aux entreprises
Grief complémentaire 1 (France Télécom) et 2 (SFR) : pratiques discriminatoires limitant la
possibilité d’opérateurs de téléphonie fixe de recourir à leurs services de téléphonie mobile en
vue d’offrir des services de téléphonie fixe vers mobile via des mobile box
Grief complémentaire 3 (France Télécom) et 4 (SFR) : fixation de prix de détail sur les marchés
des services de téléphonie fixe vers mobile pour grands comptes et pour les entreprises de
taille moyenne ne couvrant pas le coût direct supporté par un opérateur de téléphonie fixe
efficace
Grief complémentaire 5 (France Télécom) et 6 (SFR) : service permettant aux entreprises
d’utiliser leurs services de téléphonie mobile pour acheminer leurs appels fixe vers mobile par
le biais de boîtiers radio à des niveaux de prix qui se situent en deçà du coût technique
supporté par un opérateur de téléphonie fixe efficace pour ce type de trafic
Grief complémentaire 7 (Bouygues Télécom) : offres de communications fixes vers Bouygues
Télécom à des prix largement inférieurs aux coûts techniques supportés
Reproche général : pratiques mises en œuvre par des entreprises en position
dominante (monopole) sur le marché de la terminaison des appels sur leur réseau
GSM ayant pour effet d’évincer d’autres opérateurs de téléphonie fixes des
marchés de téléphonie fixe vers mobile
Décision n° 04-D-48 du 14 octobre 2004 relative à des pratiques mises en
œuvre par France Télécom, SFR Cegetel et Bouygues Télécom


Contexte réglementaire

A la date de la saisine, les trois opérateurs mobiles fixaient les tarifs de détail de téléphonie fixe
pratiqués par France Télécom pour les appels destinés à leur réseau GSM (système d’interconnexion
indirecte)

A partir de mars 1999, le trafic fixe vers mobile a été soumis au régime de l’interconnexion directe

L’opérateur de l’appelé détermine une charge de terminaison d’appel qu’il facture à l’opérateur
de l’appelant pour toute communication à destination de son réseau
Modalité d’acheminement du trafic



Opérateur de téléphonie fixe autre que France Télécom
Reroutage international

Le trafic collecté est acheminé sur le réseau longue distance (via un opérateur étranger proche comme British
Télécom) puis amené sur le réseau de l’opérateur GSM de l’appelé

Solution aberrante d’un point de vue technique mais financièrement attractive car les terminaisons d’appels
facturées aux opérateurs étrangers était indépendante des réseau de destination (fixe ou mobile)
Mobile box (hérissons)


Boîtiers radio placés auprès du central téléphonique de l’entreprise cliente et permettant de transformer des
appels fixe vers mobile en appels mobile vers mobile
Solution rendue intéressante financièrement car les opérateurs GSM pratiquaient des tarifs de détail
substantiellement inférieurs au prix des appels fixe vers mobile
Décision n° 04-D-48 du 14 octobre 2004 relative à des pratiques mises en
œuvre par France Télécom, SFR Cegetel et Bouygues Télécom

Tests de ciseau tarifaire

Comparaison des tarifs de France Télécom pour les appels fixe-GSM Orange et des coûts de
terminaison d’appel d’Orange France


Comparaison entre d’une part la recette moyenne par minute perçu par France Télécom pour les
communications fixe vers Orange France
Et d’autre part le coût moyen encouru pour la fourniture de ces services par un opérateur aussi efficace que
France Télécom
Résultats obtenus pour 19 profils
de consommation
Taux de marge négatif de janvier
1999 à janvier 2000 pour les
profils 1 à 9 (entreprise de taille
moyenne)
Taux de marge négatif de janvier
1999 à janvier 2001 pour les
profils 10 à 19 (grands comptes)
Décision n° 04-D-48 du 14 octobre 2004 relative à des pratiques mises en
œuvre par France Télécom, SFR Cegetel et Bouygues Télécom

Résultats du test de ciseau tarifaire pour SFR



Résultats du test de ciseau tarifaire pour Bouygues Télécom



Comparaison des tarifs de la société Cegetel pour les appels fixe vers SFR et des coûts de
terminaison d’appel de SFR
Taux de marge négatif (jusqu’à -65%) de janvier 1999 à avril 2000 pour l’ensemble des profils
de consommation
Comparaison des tarifs de la société Bouygues Télécom pour les appels fixe vers Bouygues
Télécom et son coûts de terminaison d’appel
Taux de marge négatif sur l’ensemble de la période (-30% à -100% !!)
Conclusions du Conseil


Bouygues Télécom n’est pas un opérateur intégré sur la téléphonie fixe (il n’est présent que le
marché des services fixes vers mobile qu’au travers de réseaux privés), et ne représente qu’un
sixième des lignes mobiles => aucun grief retenu au final
En revanche, France Télécom et SFR sont reconnues coupables de pratiques de ciseau tarifaire



Circonstance aggravante pour France Télécom : position dominante sur le marché de la téléphonie fixe
Circonstance aggravante pour SFR Cegetel : ampleur et durée des pratiques
Amendes : France Télécom = 18 M€ (0,1% de son CA en 2003), SFR = 2 M€ (0,03% de son CA)
Rappel

Examen le 17 décembre sur les 7 séances + les textes du poly
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