56 C. CHEVALLEY
représentations linéaires du groupe qui permettent de construire un
isomorphisme du groupe avec un groupe linéaire.
Passons maintenant aux groupes du type abélien. Ces groupes n'ont
été introduits jusqu'ici que dans le cas où le corps de base est celui des
complexes; c'est Weil qui a donné la généralisation de ces groupes au cas
d'un corps de base de caractéristique quelconque. La définition des
variétés abéliennes repose sur la notion de variété complète qui généralise
en géométrie algébrique celle des espaces compacts (on observera
que
les variétés abéliennes introduites plus haut sont, du point de vue des
groupes de Lie, des groupes compacts). Considérons une variété
U
et
un morphisme / d'une
sous-variété
ouverte V
d'une
variété V dans
U;
le graphe de/ est une partie V de la variété produit U x V; prenons son
adhérence F. Bien que l'application / ne soit pas définie aux points de
V—V,
il peut se produire que, si y
e
V—
Y',
il y ait un ou des points
x e U tels que {x,y)
e
F;
on dit alors que x est une valeur d'adhérence
de/en
y. La variété U étant donnée, si pour tous choix de V, V
et/et
pour tout y
eV—V
il existe au moins une valeur d'adhérence de/ en
y,
on dit que la variété U est
complète.
Ceci étant, si
K
est le corps des
complexes, on peut montrer que les variétés abéliennes comme définies
plus haut sont exactement tous les groupes algébriques qui sont des
variétés complètes. Il est donc naturel, pour un corps de base quel-
conque, d'appeler variétés abéliennes les groupes algébriques qui sont des
variétés complètes. Ces groupes sont nécessairement commutatifs; leur
étude est à certains égards plus difficile que celle des groupes linéaires;
le simple fait qu'ils soient commutatifs oblige par exemple à aller chercher
beaucoup plus profondément les éléments de structure propres à les
caractériser. Cette étude a été cependant poussée très loin dans les
travaux de Weil et de ses successeurs; nous y reviendrons.
Tandis qu'un groupe linéaire admet une représentation linéaire fidèle,
un groupe du type abélien n'admet aucune représentation linéaire non
triviale; un groupe ne peut donc être à fois linéaire et du type abélien
sans se réduire à son élément neutre.
Par contre, on peut montrer que les groupes algébriques les plus
généraux peuvent se construire à partir des groupes linéaires et des
groupes du type abélien. Indiquons d'abord que, si G est un groupe
algébrique et
H
un sous-groupe algébrique de G, l'ensemble
G\H
des
classes (à droite ou à gauche) de
G
suivant
H
peut être muni de manière
naturelle d'une structure de variété; l'application naturelle /:
G->G/H
est un morphisme, et tout morphisme de G dans une variété qui est
constant sur chaque classe suivant
H
se décompose en l'application /