CHAPITRE 2. Notions du confort thermique et normes d’exploitation utilisées dans les bâtiments Le choix des normes d’exploitation a pour but d’assurer une qualité du milieu de travail et le bien-être des occupants. Ces normes servent à délimiter les intensités d’éclairage, les températures ambiantes, l’humidité relative, les températures d’eau chaude sanitaire, la quantité minimale d’air frais introduite au bâtiment, etc. L’utilisation de normes excessives entraîne un gaspillage inutile de l’énergie. 2.1. Confort thermique des occupants La connaissance de principes physiologiques est indispensable à tout ingénieur HVAC abordant les problèmes de traitement de l'air pour des besoins de confort et de santé des occupants des locaux ventilés, chauffés ou climatisés. Parmi les facteurs physiologiques on peut citer : • • • • • • • pureté de l'air ambiant, sa composition, odeur, etc.; température de l'air; humidité relative %; vitesse (mouvement) de l'air; débit de l'air frais (nombre de changement de l'air); nature d'activité et de l'habillement des occupants; niveau de bruit. Le corps humain échange la chaleur avec l'environnement ambiant par conduction, convection, rayonnement, vaporisation d'eau (évaporation et transpiration) et respiration. Cet échange se fait de façon à maintenir la température moyenne de la peau à 98.6°F ou 36.9°C. Il faut donc créer une ambiance qui permet d'établir l'équilibre thermique entre notre corps, qui joue rôle "d'une source de la chaleur métabolique", et l'ambiance tout en tenant compte de l'activité et de l'habillement des occupants. Le graphe montre les pertes de chaleur d'un individu habillé, au repos et en air calme. On peut remarquer que la perte de chaleur totale à partir de 18°C se stabilise aux environ de 119 W, tandis que les pertes par évaporation à partir de 10°C augmentent régulièrement (fig. 2.1). L'évaporation présente toujours deux aspects distincts: physique (évaporation) et physiologique (sudation). Dans le premier cas, l'évaporation est due à la chaleur cédée par la peau et sa couche limite, ce qui provoque l'abaissement de la température de la peau. Dans le deuxième cas, lorsque la température ambiante atteint 29°C, la sudation intervient (il faut qu'il y ait production d'eau pour qu'il y ait évaporation). Un corps exposé à la chaleur peut perdre de 0.5 à 12 litres d'eau par jour. Il MEC-733 2-1 faut noter également qu'à partir de 34°C il n'y a qu'un seule mode d'échange thermique, c'est à dire l'évaporation. Figure 2.1. Perte de chaleur d'un individu normalement habillé, au repos et en air calme Généralement les paramètres les plus importants pour définir une ambiance intérieure donnée sont les suivants: • • • • • • la température sèche de l'air; la température moyenne radiante; l'humidité de l'air; la vitesse de l'air l’habillement des occupants la nature d’activité des occupants. À l’exception du niveau d’activité, on peut modifier ces facteurs afin de réduire au minimum la consommation d’énergie. Les modifications suivantes sont envisageables : • • • • on peut régler différemment les thermostats en hiver et en été; en augmentant la température moyenne radiante dans un endroit donné, on peut maintenir le confort thermique tout en réduisant la température de l’air. Cette augmentation de température est possible en améliorant l’enveloppe du bâtiment ou en utilisant les systèmes de chauffage par radiation; on peut maintenir l’humidité relative à un niveau équilibré en hiver (relativement élevée) et en été (relativement faible); il faut accorder une attention particulière à la vitesse de l’air dans les locaux climatisés. En principe, il n'existe aucune observation physiologique précise valable permettant d'évaluer, en toute connaissance de cause, le confort thermique. Une zone de neutralité thermique variera suivant l'habillement, la saison, l'activité et beaucoup d'autres facteurs contrôlant la production de chaleur. MEC-733 2-2 Pour décrire la sensation thermique on utilise les expressions suivantes: très chaud, chaud, légèrement chaud, neutre, légèrement frais, frais, froid. Cette sensation est influencée fortement par l'habillement qui joue le rôle d'isolation thermique (l'unité de résistance thermique de l'habillement est 1 clo = 0.155 (m²°C/W) = 0.88 (pi2 hre°F/ BTU); un complet de deux pièces a une valeur de 1 clo, tandis que les pantalons courts ont 0.05 clo. Étant donné chaque individu a une sensation de chaleur ou de froid différente, la norme de l’ASHRAE détermine les conditions thermiques qui sont acceptable par au moins 80% des occupants. Il s’agit de la norme « Standard 55-1992 Thermal Environmental Conditions for Human Occupancy). Ces conditions sont présentées sur une charte de zone de confort tracée sur le diagramme psychrométrique (figure 2.2). Il y a une partie de cette zone qui est commune pour l'hiver et pour l'été (sensation thermique dans cette zone peut être décrite comme légèrement frais en été et comme légèrement chaud en hiver). Figure 2.2. La zone de confort thermique de l'ASHRAE MEC-733 2-3 Les zones d'hiver et d'été sont conçues pour une vitesse d'air respectivement de moins que 0.15 m/s (30 ppm) et de moins que 0.25 m/s (50 ppm) et pour l'habillement, respectivement de 0.9 et 0.5 clo. La zone de confort est, en plus, conçue pour l'activité considérée comme sédentaire et pour la température moyenne radiante (MTR) égale à la température ambiante. On envisage de changer la température de limite de cette zone, par tranche de -1°F (-0.6°C), pour chaque 0.1 clo plus que 0.9 et 0.5 clo et par tranche de 1°F (0.6°C), pour chaque 0.152 m/s (30 ppm) plus que les valeurs de vitesse mentionnées ci-haut. 2.1.1. Température et l’humidité d’air D’autre part, la norme de l’ASHRAE 90.1-1989 (Energy Conservation in New Building Design) recommande 78 oF en été et 72 oF en hiver. La température de 78 oF est certainement à recommander pour l’économie d’énergie mais elle peut provoquer certain disconfort thermique surtout dans le cas d’une longue occupation des locaux. Figure 2.3. Énergie requise pour la déshumidification (SDM) L’humidité relative d’air de 30 à 60% est tout à fait acceptable pour les conditions de confort thermique à condition que les températures sèches soient respectées. Cependant, maintenir MEC-733 2-4 l’humidité entre 30 et 60% en hiver n’est pas tellement raisonnable pour les raisons suivantes : (1) augmentation de la consommation d’énergie pour l’humidification, (2) danger de la condensation de la vapeur d’eau sur les surfaces froides et (3) augmentation de l’entretien des équipements d’humidification. Par conséquence, l’humidité minimale de 30% est considérée en hiver comme tout à fait acceptable. En été, plus l’humidité relative acceptable est plus élevée, plus l’économie d’énergie est importante. La figure 2.3 illustre ce phénomène et permet de déterminer la quantité approximative d’énergie consommée pour la déshumidification lorsque la température intérieure est de 78 oF. Chaque zone thermique doit être équipée d’instruments de contrôle (au moins d’un thermostat) permettant de maintenir les conditions de confort thermique mentionnées ci-dessus. Une zone thermique est un espace (une partie d’un local ou un local entier) ou plusieurs espaces ayant la charge de climatisation et de chauffage et la variation de cette charge au moins semblable. Exemples : • un thermostat pour l’ensemble d’un bâtiment n’est pas suffisant pour respecter le confort thermique, • un local périphérique d’une profondeur supérieure à 15 pi (ou 20 pi) devrait comporter deux zones thermiques, une zone périphérique et une zone interne et par conséquent il devrait être équipé de deux thermostats. 2.1.2. Débit d’air frais minimum Le débit d’air minimum est recommandé par la norme de l’ASHRAE 62-1989 (1989b). La valeur de base dans la plupart de cas est de 15 pcm par personne. Si le système de contrôle comporte une sonde de CO2 ce débit peut être plus élevé selon la demande de la sonde. 2.2. Code modèle national de l’énergie pour les bâtiments (CMNÉB) – Canada 1997 Le Code CMNÉB est préparée par la Commission canadienne des codes du bâtiment et de prévention des incendies (CCCBPI). Le CMNÉB diffère des codes modèles habituellement élaborés par la CCCBPI en se qu’il traite de la protection de l’environnement et de la conservation des ressources plutôt que de la santé et de la sécurité des occupants. Il s’agit essentiellement d’un ensemble d’exigences minimales visant l’efficacité énergétique dans les bâtiments. Ces exigences sont, pour la plupart, fondées sur des analyses de rentabilité approfondies qui tiennent compte du climat, des types et coûts des différents combustibles et des coûts de construction. Sous certaines réserves mentionnées dans le code, les exigences du CMNÉB s’appliquent à la conception, la construction et l’usage des bâtiments neufs et des agrandissements de bâtiments existants. Les bâtiments visés par le CMNÉB doivent être conformes aux dispositions obligatoires du code. Les bâtiments doivent être aussi conformes : MEC-733 2-5 • • aux exigences prescriptives relatives à l’enveloppe, l’éclairage, aux systèmes CVCA (chauffage, ventilation et conditionnement d’air) et aux systèmes de l’eau chaude sanitaire; ou aux exigences de performance mentionnées dans la partie du code « Conformité par la méthode de performance énergétique. Figure 2.4. Structure du CMNÉB Structure du CMNÉB Outre les exigences obligatoires de base, qui ne peuvent être contournées, le CMNÉB offre 3 méthodes de conformité présentées sur la figure 2.4. MEC-733 2-6 Exigences prescriptives La première méthode est celle des exigences prescriptives, qui dicte généralement les caractéristiques thermiques minimales pour les éléments de l’enveloppe ainsi que les mesures d’économies d’énergie qui peuvent être énoncées comme instructions particulières. Solutions de remplacement La seconde méthode confère un certain niveau de souplesse aux exigences prescriptives relatives à l’enveloppe du bâtiment. Elle permet aux usagers de réduire la résistance thermique d’une partie de l’enveloppe à condition que cette résistance soit accrue en d’autres endroits, de façon que la consommation énergétique du bâtiment ne soit pas augmentée. Cette méthode se veut en moyen facile d’apporter des changements mineurs aux caractéristiques de l’enveloppe sans avoir à utiliser exclusivement la méthode de performance. Méthode de performance La troisième méthode est celle de conformité par performance. Quiconque considère que certains aspects de la méthode prescriptive sont trop restrictifs peut concevoir un bâtiment ayant les caractéristiques thermiques qu’il désire (sous réserve de certaines restrictions), pourvu que, dans les conditions normalisées, le bâtiment tel qu’il est conçu n’ait pas une consommation énergétique calculée supérieure à celle qu’il aurait eue si les exigences prescriptives été scrupuleusement respectées, tous les autres aspects du bâtiments (qui ne sont pas visés par les exigences du CMNÉB) demeurant les mêmes dans les deux cas. La preuve de conformité selon la méthode de performance se fait à l’aide de deux analyses énergétiques : l’une du bâtiment s’il était conforme aux exigences prescriptives, selon la performance « cible » et l’autre du bâtiment conçu pour lequel un permis de construction est demandé. 2.2.1. Enveloppe du bâtiment Exemples des dispositions obligatoires relatives à l’enveloppe Fenêtres : doivent être conformes à la loi fédérale, provinciale ou territoriale pertinente sur l’efficacité énergétique des appareils ou de l’équipement ou, en absence d’une telle loi ou si celleci ne vise pas les fenêtres, avoir un taux de fuite correspondant au moins à la classe A2 de la norme CAN/CSA-A440-M, « Fenêtres ». MEC-733 2-7 Exemples des exigences prescriptives relatives à l’enveloppe MEC-733 2-8 Exemples des solutions de remplacement relatives à l’enveloppe Le coefficient de transmission thermique globale des composants opaques de l’enveloppe du bâtiment ne doit pas être porté à plus de 167% du coefficient de transmission thermique globale maximal permis dans les exigences prescriptives. 2.2. Norme de l’ASHRAE 90.1-1989 Energy efficient design of new buildings except new low-rise residential buildings Le Code modèle national de l’énergie pour les bâtiments – Canada 1997 rassemble beaucoup, au niveau de l’approche utilisée, à la norme de l’ASHRAE 90.1. Comme au Code on propose dans cette norme la méthode prescriptive ainsi que la méthode de performance permettant une souplesse importante au niveau de choix des paramètres de l’enveloppe et de systèmes CVCA. La différence importante existe au niveau de la méthode de performance qui consiste dans deux MEC-733 2-9 cas à comparer le design avec le bâtiment prototype (norme de l’ASHRAE) ou avec le bâtiment de référence (Code modèle). Dan le cas de Code modèle de l’énergie, le bâtiment de référence comportant une seule zone est desservi par un système à débit constant et bâtiment comportant plusieurs zones est desservi par un système VAV à débit variable. La norme de l’ASHRAE propose pour le bâtiment prototype les systèmes CVCA davantage diversifiés tout en tenant compte de la vocation et la superficie du bâtiment. Les tableaux ci dessous présentent ces systèmes CVCA. MEC-733 2-10 MEC-733 2-11 MEC-733 2-12