- Ces réformes sont indispensables pour retrouver une croissance et résorber le chômage. Et,
impérativement, il nous faut coupler cela avec la transition énergétique. Rien n'est simple !
Hélas, notre peuple ne sait pas anticiper. Seule une situation extraordinaire permettra un
effort extraordinaire ..... Sans oublier un risque de populisme qui rendrait la situation encore
plus inextricable, ....... risque élevé du fait de la mutation de notre société.
b- La société française en mutation :
En adoptant la grille de lecture d'Alvin Toffler, nous constatons que l’ère de la cueillette a
été submergée par l'ère agricole, à partir du néolithique. Puis l’ère agricole a été submergée
par l’ère industrielle à partir de 1750. Celle-ci voit triompher la puissance technique de
l'occident. Mais depuis les années 1970-1980, nous sentons bien que cette ère agonise. Une
nouvelle ère, celle de l'intelligence, est en train d'éclore.
Notre pays a assez bien réussi dans l'ère industrielle. Mais il a du mal à monter dans le train
de la nouvelle ère. Nous avons évoqué il y a quelques instants, des boulets qui alourdissent
notre société. Nous n'avons plus de projet collectif et nous avons du mal à intégrer les
nouvelles valeurs d'alliance avec la nature, de "CO", de créativité, de flexibilité, de
compromis, de complexité, .... Le cléricalisme, l'intellectualisme, le corporatisme d'état, le
cartésianisme, le centralisme, ... sont des singularités françaises et ... sont des freins à notre
adaptation.
Les nostalgiques des rois et des prélats restent convaincus que l'intelligence de quelques-uns
est supérieure à celle de la masse. Les rationalistes y voient une injure à la raison. Les
intellectuels à la française pleurent la non prise en compte de leur génie. Le patriarcat
entretient des relations dominé/dominant, asymétriques, peu favorables à la vie sociale. Le
centralisme, le corporatisme d'état, le pouvoir de la technostructure rigidifient notre vie
sociale et freinent l'émergence de l'ère de l'intelligence. Nos rigidités nous ont protégé de
trop fortes conséquences des crises depuis 30 ans, mais au prix de déficits abyssaux ; ces
rigidités nous freinent pour rebondir et aborder l’ère nouvelle.
En nous comparant à d'autres sociétés, nous prenons conscience de ces singularités. Les
protestants ont rejeté le dogmatisme romain ; ils ont lutté contre le cléricalisme. Ils vivent
dans des structures légères, horizontales, décentralisées. Ils n'ont pas de mépris pour
l'argent et la richesse.
Les anglo-saxons ont moins développé que nous le rationalisme. Ils laissent plus de place à la
créativité, à l'innovation, à l'originalité. Moins de raison raisonnante laisse plus de place à la
relation, à la rencontre, à l’inattendu, à l'incertain, à la nouveauté. Leurs intellectuels ont
beaucoup moins d'influence directe sur la société que chez nous.
Avec succès, les scandinaves ont forcé l'allure vers une parité homme/femme. Leur système
éducatif est plus égalitaire que le notre, englué dans l'élitisme. Chez eux, la relation aux
autres est déterminante ; elle précède les apprentissages.
Si le monde nouveau en train d'éclore, se définit par l'horizontalité, l'empathie, l'innovation,
les réseaux, le partage, l'alliance avec la nature, l'interdépendance, .... alors notre société
française est décalée. En nous arque-boutant sur nos acquis, nos statuts, notre
cartésianisme, notre histoire passée et notre complexe de supériorité, nous marchons à
reculons. Voilà pourquoi les nouvelles démarches d'intelligence collective s'opposent à notre
Michel Soula Février 2015 L'économie aujourd'hui : menaces et opportunités ? 3/8