
Chapitre 4 OSPH Plan incliné et force de frottement page 17
4.2.Le frottement de glissement.
Le frottement joue un double rôle dans les phénomènes de la vie courante. D'une part, il gêne
le mouvement des objets, cause l'abrasion et l'usure, et convertit en chaleur d'autres formes
d'énergie. D'autre part, sans le frottement, nous ne pourrions pas marcher, rouler en
automobile, grimper à la corde ou planter un clou. Le frottement est une force de contact qui
s'oppose au mouvement relatif de deux corps. C'est un phénomène complexe pour lequel il
n'existe pas de théorie fondamentale. Pourtant, les faits de base concernant le frottement entre
des surfaces sèches et non lubrifiées sont assez simples et ont été établis il y a longtemps. En
1508, Léonard de Vinci fit les deux découvertes suivantes.
La force de frottement est proportionnelle à la charge.
La force de frottement est indépendante de l'aire de contact.
Par «charge», on entend la force qui presse les deux surfaces l'une contre l'autre. Léonard de
Vinci n'a jamais publié ses résultats mais un scientifique français, Amontons, fit les mêmes
découvertes en 1699, en plus d'une troisième:
La force de frottement est indépendante de la vitesse.
Il semble plausible que la force de frottement soit
proportionnelle à la charge, mais il est surprenant qu'elle
soit indépendante de l'aire de contact. Nous devons faire
ici la distinction entre l'aire apparente de contact et l'aire
réelle de contact. Comme le montre la figure, même des
surfaces bien polies ne sont pas parfaitement lisses au
niveau microscopique. Les irrégularités peuvent aller de
10-5 à 10-4 mm. Les deux surfaces ne se touchent qu'aux
sommets des pics (appelés aspérités), de sorte que l'aire
de contact réelle peut être inférieure à dix millièmes de
l'aire de contact apparente. À la figure b, les points de
contact sur lesquels est réparti le poids du bloc B sont
moins nombreux que ceux du bloc A. Toutefois, les
aspérités étant plus aplaties dans le cas du bloc B, la charge est répartie sur la même aire réelle
de contact. Par conséquent, le frottement augmente bien avec l'aire réelle de contact mais il
est indépendant de l'aire apparente de contact.
Il est naturel de supposer que le frottement est causé par la rugosité des surfaces en contact.
En 1785, Charles Coulomb suggéra que les irrégularités superficielles étaient entremêlées
comme les poils d'une brosse et qu'il est donc nécessaire de fournir constamment un travail
pour soulever la surface en mouvement au-dessus des bosses. Pour les surfaces visiblement
rugueuses, cela est partiellement vrai (une surface rugueuse peut avoir des bosses de 0,01 mm
de haut environ, alors qu'elles sont presque cent fois moins hautes sur une surface plus fine).
Lorsqu'on ponce deux surfaces rugueuses, le frottement entre ces surfaces diminue. Mais si on
continue à les polir, on constate que le frottement commence à augmenter. Il est donc
incorrect de considérer une surface «lisse» comme étant sans frottement. S'il en était ainsi, les
roues polies d'une locomotive ne pourraient jamais exercer une traction sur les rails en acier,
qui sont lisses! La rugosité ne fournit donc pas l'explication qui convient.