les branches du judaïsme

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Le défi du fondamentalisme
au coeur des trois religions abrahamiques
PROF CLAUDIO MONGE
Université de Fribourg
Faculté de Théologie
SP. - AA. 2013-2014
LES BRANCHES DU JUDAÏSME
1-AVANT JÉSUS-CHRIST :
- Les « Sadducéens » :
(de saddiq = juste), au deuxième livre de Samuel, Sadoq se voit associé au prêtre Abiathar : « Sadoq
et Abiathar, fils d'Abimélek... étaient prêtres. » (2S 8,17). En raison de leur fidélité au roi, Sadoq et
ses descendants formeront la famille sacerdotale la plus importante. De cette famille seront choisis
les grands prêtres jusqu'à l'époque des Maccabées (vers 150 av. J.-C.). Plus tardivement, vers le IIe
siècle av. J.-C., les Sadducéens forment un groupe structuré. Issus principalement de familles riches,
ils forment un parti sacerdotal (les plus connus d'entre eux, grâce aux récits évangéliques sont Anne
et Caïphe). L'influence des Sadducéens se fait remarquer surtout au niveau du culte et de la liturgie.
C'est d'ailleurs eux qui gardaient le contrôle du Temple de Jérusalem. Cependant, après la
destruction du Temple en l'an 70 de notre ère, le parti des Sadducéens s'effrite et disparaît...
- Les Sadducéens considèrent seulement la Loi écrite (les cinq premiers livres de la Bible) comme
normative pour leur foi. A partir de cette référence, ils entrent en polémique avec les pharisiens : ils
refusent d'observer les nombreuses règles de purification élaborées par ces derniers, mais ils
rejettent aussi plusieurs doctrines pharisiennes telles la résurrection, l'immortalité de l'âme,
l'existence des anges...
- Les « Pharisiens » :
parti politico-religieux qui voit son apparition peu après la révolte des Maccabées qui débuta en 165
av. J.-C. Plus tard, lorsque Jean Hyrcan, un des fils de Simon Maccabée, prend le pouvoir (de 134 à
104 av. J.-C.), les Pharisiens réagissent sévèrement contre ses politiques modernisantes. En raison
de leur opposition, Jean Hyrcan les exclut du plus haut tribunal et conseil juif : le Sanhédrin. Les
Pharisiens deviennent alors une secte juive; d'où leur nom, peroushim, mot hébreu qui se traduit
« les séparés ». L'Ancien Testament ne fait pas mention de ce groupe de personnes. Toutefois,
Flavius Josèphe, un historien juif du Ier siècle, les mentionne pour la première fois vers 150 avant
J.-C. Selon eux, la personne croyante se doit d'observer à la fois la Loi écrite ou Torah (composée
des cinq livres suivants : Genèse, Exode, Lévitique, Nombres et Deutéronome) et les traditions
orales. En tout, voilà donc 613 préceptes à respecter! En ce qui concerne leurs croyances, ils
admettent l'immortalité de l'âme, la résurrection des morts, le jugement dernier, l'existence des
anges et celle des esprits. Enfin, ils insistent principalement sur l'observation du sabbat et les
différentes purifications rituelles. St Paul était l'un d'entre eux (Actes 23:6).
Les "Fharisiens" ont été les premiers "pieux" (ancêtres des « Hasidim »).
- Les « Esséniens » :
Une petite minorité, vivant autour des Morts. Flavius Josèphe présente les esséniens comme un
groupe qui se démarque par leur piété, et leur célibat. Ils refusent de profiter des plaisirs de la vie en
vivant une forme de pauvreté volontaire. Ils respectent le sabbat de façon stricte. Les rituels
quotidiens de purification par l’eau étaient très importants. Leur forme de vie communautaire a
souvent été comparée aux communautés monastiques chrétiennes. Ils ne pratiquaient pas de
sacrifices animaux. Ils nous ont laissés les précieux Manuscrits de la Mer Morte (plus connus
comme les Manuscrits de Qumran » trouvés en 1947-48. Quelques savants croient que Jean le
Baptiste était un essénien mais aucun élément concret ne permet une telle affirmation.
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- Les « Zélotes (fanatiques) » :
Partis fondé à la mort de Hérode le Grand (6 a. J.-C.), pour être les défenseurs d’un Judaïsme pur,
ils sont membres d'un mouvement révolutionnaire nationaliste militant cultivant une haine profonde
envers l'occupant romain qui opprime le peuple juif. Bien qu'ils soient peu nombreux, leurs
interventions ne passent jamais inaperçues. Rébellions et attentats, voilà autant d'actes de terrorisme
que les Zélotes commettent. En 66 après J.C., à Massada, plus de 900 d’entre eux se suicident plutôt
que de se rendre à l'ennemi Romain. Judas Iscariote, le traître de Jésus, était un Zélote. Ils partagent
l'ensemble des idées des Pharisiens et ils n'acceptent pas que les autres Juifs ne soient pas assez
fervents et engagés au niveau de la foi.
- La « Secte des Samaritains » :
du nom de la ville et de la région qu'au temps de Jésus constitue l'une des trois parties de la
Palestine avec la Judée (au sud) et la Galilée (au nord). les Samaritains se distinguent nettement des
autres Juifs. Sur le plan historique, certains événements contribuèrent à établir un fossé entre les
Samaritains et les habitants de la Judée. L'opposition commence par le schisme de 935 av. J.-C. Le
peuple hébreu se scinde alors en deux : le Royaume du nord et le Royaume du sud. Environ deux
siècles plus tard, en 721 av. J.-C., les Assyriens s'emparent de la capitale de la Samarie pour mettre
fin au Royaume du nord. À partir de cette date, la population samaritaine forme un regroupement de
gens constitué d'Assyriens venus repeupler la Samarie et d'Israélites non déportés du Royaume du
nord. Ces deux groupes se mêlent l'un à l'autre et il en résulte une « dilution » de leurs croyances
religieuses respectives. Deux autres faits accentuent la division entre les Samaritains et les Judéens.
D'une part, au VIe siècle av. J.-C., les Samaritains se construisent un temple sur le mont Garizim.
Ce nouveau lieu de culte constituera un sanctuaire rival du temple de Jérusalem. D'autre part, en
166 av. J.-C., des troupes samaritaines se joignent à l'armée séleucide pour combattre Israël lors de
la révolte des frères Maccabées. Au temps de Jésus, les Juifs considèrent les Samaritains comme
des hérétiques (ils ne reconnaissent que les cinq premiers livres de la Bible), des schismatiques (en
raison de leur temple sur le mont Garizim) et même comme des païens. L'Évangile selon saint Jean
témoigne notamment de ces relations tendues entre Juifs et Samaritains.
- Les « Publicains » :
Au temps de Jésus, en Palestine, les dirigeants romains vendent à gros prix les postes de collecteurs
d'impôts a certains juifs qui possèdent de grandes sommes d'argent. Ces intermédiaires entre
l'empereur et le peuple juif ne font pas directement affaire avec les gens. Au contraire, ils engagent
à leur tour des subalternes pour faire le travail à leur place. Ces derniers se trouvent en relation avec
le public (d'où leur nom de publicains). Dans le Nouveau Testament, le Publicain est donc le plus
petit subalterne juif qui veille à collecter les impôts directement des mains des citoyens. Il est
l'agent de la perception des impôts. Le peuple juif méprise profondément ces collecteurs d'impôts.
Cette haine des gens à leur égard repose sur le fait qu'ils imposent souvent des montants excessifs.
Les Publicains apparaissent alors comme des fraudeurs qui s'enrichissent aux dépens des
contribuables. Saint Matthieu et Zachée étaient des Publicains.
- Les « Gentils (Païens) »:
"Les gens" d'une autre nation de l'Israël. Ceux qui n'étaient pas des Juifs. La première mission des
Apôtres excluait ces gens là (Matt 10:5) et Saint Paul deviendra leur grand Apôtre.
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2- Les Branches du Judaïsme « APRÈS JÉSUS CHRIST » :
- « Ebionites » et « Nazaréens » [Premier Siècle] :
Il s'agit de groupe judéo-chrétiens, à savoir des juifs messianiques qui acceptaient Jésus comme le
Messie d’Israël. De même que le judaïsme du premier siècle av. J.-C. était pluraliste, de même le
judéo-christianisme sera varié. Il n’y a pas qu’une forme de judéo-christianisme. Il y a celui dans la
lignée de Pierre, dans la lignée de Jacques et d’autres formes qui sont plus ou moins hétérodoxes.
Épiphane de Salamine (310-403) nous donne les deux grands courants du judéo-christianisme. Il y
avait des nazaréens et des ébionites. Une des différences entre les deux est que les ébionites
("sectaires") ne croyaient pas en la virginité de Marie, ils pensaient qu’elle avait eu d’autres enfants.
Les nazaréens, eux, défendaient la virginité de Marie. Ces derniers avaient l’évangile en hébreu. Ils
continuaient à célébrer le shabbat et de pratiquer la circoncision.
- « Le Judaïsme Rabbinique » :
Se développe pendant le 2ème siècle de notre ère. Le programme rabbinique modelé par Johanan
Ben Zakkai remplace les sacrifices et les pèlerinages au Temple par l’étude de l’Écriture sainte, la
prière et les œuvres de piété, éliminant ainsi le besoin d'un sanctuaire central à Jérusalem et faisant
du judaïsme une association religieuse capable de s'implanter désormais partout.
- Réactions Anti-rabbiniques :
« Les "Karaïtes » (Scripturalistes), se basent uniquement sur la Torah en redonnant de
nouveau plus d’importance aux Écritures Saintes que les Rabbins avec les commentaires du
Talmud. Plus radicalement, les karaїtes refusent le Talmud en tant que loi orale et caractère divin
puisqu'il écrit par des hommes donc faillible et l'estiment en contradiction avec la Torah.Le
Karaїsme rappelle que la Torah écrit : « "Tu n'y ajouteras rien et tu n'en retrancheras rien ". On
applique la Torah en l'interprétant littéralement et à la lettre. La pratique religieuse doit se baser sur
les paroles de Dieu uniquement sous peine de s'éloigner dangereusement de ses commandements.
Ils ont inventé plusieurs systèmes de vocalisation de la Bible hébraïque à Babylone et à Tibériade
aux 9ème et au 10ème siècles et ont créé le texte « Massorétique » de l’Ancien Testament, la
prétendue vraie Bible hébraïque.
- Les « Séfarades » et les « Ashkénazes » :
il s'agit des deux branches principales du Judaïsme européen médiéval qui représentent toujours les
deux écoles de pensée principales du judaïsme contemporain (le Sépharadisme hispanique
traditionnel et l’Ashkénazisme allemand libéral).
­ LES SÉFARADES :
On a connu les Juifs en Espagne et au Portugal au 8ème siècle comme "Séfarades", un mot pris du
livre d’Abdias au chapitre 20, terme identifié par erreur avec le mot "Espagne". Ils ont développé
une langue, le "ladino" : une combinaison hébraïque-espagnole écrite en caractères hébreux.
- Maimonide (1135-1204) était le plus influent des philosophes. Médecin, philosophe,
commentateur de la Mishna, jurisconsulte en matière de Loi juive et dirigeant de la communauté
juive d’Égypte, il excellait dans tous ces domaines, et influença également le monde non-juif,
notamment Thomas d’Aquin, qui le surnomma « l’Aigle de la Synagogue ». Dans sa fameuse
« Guide des égarés » Maimonide écrit entre autre : « « Il n’y a aucun moyen de percevoir Dieu
autrement que par ses œuvres ; ce sont elles qui indiquent son existence et ce qu’il faut croire à son
égard, je veux dire ce qu’il faut affirmer ou nier de lui. Il faut donc nécessairement examiner les
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êtres dans leur réalité, afin que de chaque branche de science, nous puissions tirer des principes
vrais et certains pour nous servir dans nos recherches métaphysique. » Il développa, outre une
connaissance intime de la philosophie arabe, une maîtrise des doctrines d’Aristote. Toute son œuvre
vise à réconcilier la philosophie aristotélicienne et la science avec les enseignements de la tradition
juive. Dans son commentaire de la Mishna il énonce ses 13 principes de la foi.
- Parmi d'autres expressions du judaïsme séfarade on a aussi la "Kabbalah", la tradition mystique
développée, elle aussi, en Espagne, avec le "Zohar", compilée au 13ème siècle par Moïse de Leon
de l'Espagne.
- Les Séfarades (arrivés aussi en Israël, principalement des pays d’Afrique du Nord) sont les plus
intransigeants dans l’opposition aux concessions de terre aux Palestiniens. Ils veulent faire passer la
législation d’observance des règles traditionnelles du mariage, des pratiques diététiques, des rituels
d'adoration et la définition de ce qu’est un Juif. Ils rêvent du jour où Israël pourra avoir un état
théocratique, ré-édition du Royaume biblique de Salomon.
Sur le plan historique, les juifs séfarades se sont mieux intégrés dans la culture locale non-juive que
les juifs ashkénazes. En terre chrétienne, là où le judaïsme ashkénaze a été florissant, les tensions
entre chrétiens et juifs étaient grandes et les juifs avaient tendance à être isolés de leurs voisins
non-juifs. Dans les terres islamiques, la pensée et la culture des juifs séfarades ont été fortement
influencés par la science et la philosophie musulmane et grecque.
­ LES ASHKÉNAZES :
En Allemagne, au 12ème siècle, se développe la famille des "Ashkénazes", qui prennent leur nom
d'un arrière-petit-fils de Noé (cf. Gn 10, 3). Ils représentent la pensée libérale, ou la « Reforme » au
sein des Juifs en Israël. Ils sont instruits et riches, ils acceptent une actualisation interprétative en
théologie et ils sont plus réceptif par rapport à « l’intermariage » et aux concessions aux
Palestiniens pour arriver à une solution négociée du conflit proche oriental.C'est eux qui créent la
langue "Yiddish" : une combinaison hébraïque allemande écrite avec des caractères hébreux.
- La plupart des Juifs aujourd’hui, y compris la plupart des Juifs américains, sont des Ashkénazes
(ils représentent environs le 70% des Juifs du monde et le 99% de la population juive en Israël, à
savoir 5.350.000 habitants sur 7.000.000 au total du Pays). La population totale des juifs au monde
était estimée d’environs 13.254.000 personnes (statistiques du début des années 2000).
- Parmi les personnalités ashkénazes, brille le Rabbin Solomon Ben Isaac de Troyes, connu comme
"Rashi", qui a écrit un commentaire succinct du Talmud, ayant acquis une autorité s’approchant de
celle du texte lui-même !
- Le "Hassidisme" aussi est un produit mystique de l'Ashkénazisme.
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