
GUIDE DE LECTURE DE LA MÉTAPHYSIQUE
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LIVRE IV
SUJETS DE CONSIDÉRATION DE LA PHILOSOPHIE PREMIÈRE
Aristote s’est interrogé dialectiquement sur les réalités que notre science doit
considérer. Il commence à en établir démonstrativement la vérité. Mais le mode
de procéder est à connaître avant d’avancer dans l’examen des sujets d’une
discipline. C’est pourquoi il commence par préciser le sujet, en partant du
principe qu’existe une science dont le sujet est l’être. Or, une science doit
examiner non seulement son sujet, mais aussi les accidents qui lui appartiennent
en eux-mêmes. Aussi Aristote écrit-il qu’existe une science qui étudie l’être en sa
qualité d’être, ainsi que les caractéristiques qui l’accompagnent en elles-mêmes,
c'est-à-dire les accidents par soi de l’être36.
Puis Aristote aborde l’analogie du terme "être" selon les dix catégories d’êtres.
Il démontre que la philosophie s’articule selon les différentes subdivisions de l’être et
de l’un. Elle aura autant de chapitres qu’il y a de types à cette substance qui est dite
être et une plus que toute autre chose, et qui forme le sujet principal et le ressort de
cette science. Les spécimens de substance sont ordonnés les uns aux autres car la
substance immatérielle est naturellement antérieure à la substance sensible. C’est
pourquoi il est nécessaire qu’il y ait une première parmi les parties de la philosophie.
Celle qui concerne les substances sensibles est première dans l’ordre pédagogique,
car il faut aborder une discipline par ce qui est plus connu pour nous, et c’est l’objet
des livres VII et VIII. Mais celle qui concerne la substance immatérielle, antérieure
en noblesse et dans l’intention de la science, elle est transmise au livre XII. Pourtant,
quelle que soit la première, il est néanmoins nécessaire qu’elle soit en continuité avec
les autres parties, car toutes ont pour genre l’un et l’être. Les branches de cette
discipline sont donc réunies dans la considération de l’un et de l’être, même
lorsqu’elles portent sur des types distincts de substances37.
Il est clair que c’est à une science unique qu’incombe l’examen de l’être en sa
qualité d’être et de ses caractéristiques inhérentes. Il est non moins évident que
cette science se penche sur la substance, mais aussi sur les accidents, puisque l’être
se prédique des deux. Elle se préoccupe aussi, avons-nous dit, de notions comme le
même, le divers, le semblable, le dissemblable, l’égal, l’inégal, la négation, la
privation, les contraires et tout ce que nous avons défini comme étant des accidents
par soi de l’être. Et non seulement de ces concepts, mais encore d’autres comme
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