ECONOMIE Série ES
Nº : 25003
Fiche Cours
LE TALENT C’EST D’AVOIR ENVIE
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Plan de la che
I - Notions de base
II - Problèmes économiques et sociaux
III - Théories et auteurs
IV - Repères historiques
Comment fonctionne le marché du travail dans nos sociétés industrielles ? L’offre et la demande sont-elles fonction du montant du
salaire ? Dans cette hypothèse, une politique de lutte contre le chômage ne peut-elle être menée en réduisant le coût de la masse
salariale pour l’employeur ?
C’est l’ensemble de ces problèmes qu’évoque le thème de la relation salaire-emploi.
I - Notions de base
Le salariat ou salarisation de la population active caractérise le XXe siècle et particulièrement la période des Trente Glorieuses.
Il dénit un contrat stable pour le travailleur qui perçoit de son employeur une rémunération en contrepartie de son travail. Ce
contrat englobe une protection sociale et juridique du travailleur qui bénécie en particulier des conventions collectives. Il est
qualié de « typique » car il devient un gage de stabilité par sa durée indéterminée.
On appelle salaire nominal le montant du salaire perçu par l’employé. On appelle salaire réel ce qui constitue le véritable pouvoir
d’achat du salarié, c’est-à-dire en déduisant l’ination du salaire nominal par la formule :
La politique de l’emploi dénit les mesures prises par un gouvernement à la fois pour réduire la progression du chômage et pour
améliorer la réinsertion professionnelle des chômeurs. Ces politiques peuvent conduire à réduire le coût salarial pour favoriser
l’emploi des bas salaires (gouvernement Juppé) ou vouloir créer des emplois par la réduction du temps de travail (gouvernement
Jospin).
La population active comprend les personnes en âge de travailler, qu’elles aient un emploi ou qu’elles soient au chômage.
Pour connaître l’importance du chômage dans un pays, on utilise la notion de taux de chômage, qui est le rapport du nombre
de chômeurs sur la population active.
Le chômage est un déséquilibre du marché de l’emploi où les offres de travail sont supérieures à la demande des entreprises.
Le Bureau international du travail dénit comme chômeur toute personne qui :
• n’a pas travaillé, même une heure, pendant la semaine précédant l’inscription ;
• recherche véritablement un emploi ;
• est immédiatement disponible, sous quinzaine, pour accepter le travail proposé.
L’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) utilise un autre critère, celui des demandeurs d’emplois en n de mois (DEFM). Il s’agit
des personnes inscrites à l’agence qui, en n de mois, n’ont toujours pas trouvé d’emploi.
On distingue différents types de chômage :
• le chômage conjoncturel, de courte durée, lié à un ralentissement de la croissance ou d’un ou plusieurs secteurs
économiques ;
• le chômage structurel, de longue durée, qui a pour origine des modications importantes du système économique. Les causes
peuvent être diverses : augmentation de la population active, mécanisation accrue au détriment de l’emploi, nouvelle organisation
de la production dans l’entreprise (comme le recours à la sous-traitance par exemple) ;
• le chômage frictionnel. Il qualie la période de chômage provisoire, et en quelque sorte obligatoire, qui accompagne toute
recherche d’emploi. Ce sera le cas pour un jeune à la sortie de l’école qui va rechercher un premier travail. Ce sera également le
cas pour le salarié qui change volontairement d’entreprise pour trouver une autre activité professionnelle ;
Fiche 3 : La relation salaire-emploi
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• le chômage partiel caractérise enn le salarié qui effectue un travail dont la durée est inférieure à la durée légale des 35
heures.
Le phénomène de exion est l’apparition d’une augmentation des créations d’emploi n’entraînant pas une diminution du taux de
chômage. Ce paradoxe s’explique tout simplement par le fait qu’une augmentation des offres d’emploi va attirer des personnes qui
n’étaient pas ou plus inscrites comme chômeurs. Ce sera ainsi le cas pour des femmes jusque-là au foyer ou bien ce que l’on appelle
des « chômeurs découragés » qui s’étaient retirés du marché du travail et qui décident d’y revenir.
Il convient de rappeler que la notion de chômage et sa mesure deviennent de plus en plus délicates à déterminer. La réduction du
salariat et la montée de l’intérim, du temps partiel ou de la cessation progressive d’activité entourent d’un halo de plus en plus
grand les zones de l’emploi, de l’inactivité voulue ou subie et du chômage.
L’employabilité qualie la probabilité pour une personne de trouver un emploi plus rapidement qu’une autre pour des raisons
diverses : la jeunesse, qui implique une formation plus aisée que pour une personne âgée, la possession de diplômes susceptibles de
rendre la personne plus adaptable à une polyvalence des fonctions et à leurs évolutions.
A l’inverse, seront considérés comme « inemployables » des chômeurs de longue durée. Il existe également des demandeurs
d’emploi qualiés de «moins employables » comme par exemple les femmes dont on redoutera les congés de maternité ou ceux
pris pour la garde d’enfants malades.
Enn, on entend par coût du travail l’ensemble des charges supportées par l’entreprise pour le paiement des salariés. Cela
comprend, outre les salaires, le paiement des cotisations salariales et patronales, les taxes professionnelles et les versements de
l’intéressement aux bénéces ou des avantages en nature.
II - Problèmes économiques et sociaux
Le salaire, déterminant de l’emploi pour les économistes classiques
Existe-t-il une relation entre le montant du salaire et l’emploi ?
Pour les économistes classiques et néoclassiques, ainsi appelés en raison d’une démarche scientique centrée sur un individu
considéré comme rationnel, la relation montant du salaire et emploi ne fait aucun doute.
Le travail n’est qu’une marchandise dont le prix est fonction de l’offre et de la demande. Pour eux les salariés arbitrent au départ
entre temps de loisir et temps de travail. Si le salaire s’élève, le salarié réduira son temps de loisir pour travailler davantage. A
l’inverse, il réduira son offre de travail si le salaire baisse pour augmenter son temps de loisir. Cette relation souligne que l’offre de
travail émanant des salariés est fonction de la croissance du salaire réel.
Pour les chefs d’entreprise, la demande de travail se fera en fonction de la baisse du salaire réel. Ces derniers arbitrent en effet leur
besoin d’embauche selon la productivité marginale de l’entreprise, c’est-à-dire que le dernier salarié recruté doit rapporter plus
que sa rémunération. Si les salaires baissent, les employeurs embaucheront donc davantage. En revanche, si les salaires augmentent,
le coût de la productivité marginale s’élèvera, ce qui va dissuader l’employeur d’embaucher de nouveaux salariés.
Il apparaît donc que la rencontre entre l’offre et la demande de travail détermine un niveau de salaire donné ou salaire d’équilibre
qui assure le plein-emploi. S’il y a trop de demandeurs d’emploi, la baisse du salaire entraînera une augmentation de la demande
des employeurs. S’il n’y a pas assez de demandeurs d’emploi, la hausse des salaires qui s’ensuivra va susciter des candidats, prêts à
renoncer à leurs loisirs.
Suivant la théorie des classiques, le marché du travail s’autorégule par la exibilité du salaire, ce qui ne peut donc engendrer de
chômage. Ou alors celui-ci sera volontaire, le salarié n’acceptant pas de travailler aux conditions du salaire d’équilibre. Ou encore
cela aura pour cause l’intervention des syndicats et de l’Etat qui vont créer des rigidités sur le marché et détruire ainsi son bel
équilibre.
La demande, seul déterminant de l’emploi pour Keynes
Keynes s’oppose aux économistes classiques sur deux points.
En premier, il considère que les chefs d’entreprise ne se déterminent pas sur le coût du salaire pour embaucher. Pour lui, c’est ce
qu’il appelle la demande effective qui va conditionner leurs décisions. Par demande effective, il entend l’anticipation du marché
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par le chef d’entreprise. C’est la reprise des dépenses de consommation et d’investissement qui vont déterminer le volume de la
production à réaliser et corrélativement décider des besoins d’embauche.
En second, il estime que la réduction du coût salarial n’entraîne pas une réduction du chômage. Au contraire, cela risque de
l’aggraver car le salaire est un revenu. Toute diminution va conduire à un échissement de la demande incitant les chefs d’entreprise
à réduire leurs productions, leurs investissements et à licencier du personnel.
Pour Keynes le chômage est donc involontaire car il ne dépend pas du montant du salaire mais du niveau insufsant de la demande
effective, ce que l’on appellerait aujourd’hui le carnet de commande de l’entreprise. Seule une intervention de l’Etat par le décit
budgétaire permettra de relancer la demande et de retrouver le plein-emploi.
Les politiques actuelles de lutte contre le chômage
La politique keynésienne d’une relance de la demande par le décit budgétaire pour lutter contre le chômage est à présent
condamnée :
elle aggrave le décit budgétaire, ce qui est contraire aux principes de la politique économique européenne dénie par le pacte de
stabilité et de croissance du traité d’Amsterdam ;
• elle développe une ination préjudiciable à la compétitivité des entreprises sur le marché mondial ;
• elle tend, par la relance de la demande qu’elle suscite, à augmenter les importations, ce qui va aggraver le déséquilibre nancier
des échanges extérieurs.
Les théories néolibérales ont réactualisé l’intérêt d’une réduction du coût du travail pour relancer l’emploi. La diminution de
la masse salariale doit permettre à l’entreprise :
• de nancer de nouveaux investissements qui seront créateurs d’emploi ;
• d’être plus compétitive sur le marché mondial, et donc d’augmenter sa production et créer des emplois.
Pour maintenir le pouvoir d’achat des salariés, la France s’est engagée depuis les années quatre-vingt-dix dans une politique de
réduction du coût du travail en allégeant seulement les charges sociales des entreprises.
Une autre politique de lutte contre le chômage a été mise en place avec la réduction du temps de travail à 35 heures. Si le
personnel travaille moins, l’entreprise, pour maintenir sa production, doit embaucher de nouveaux salariés. Cette politique, tout
en présentant des aspects positifs, conduit davantage à partager l’emploi existant qu’à en créer. Elle s’accompagne également d’un
important effort nancier de l’Etat qui, par un abaissement des charges sociales pour le personnel au Smic, permet à l’entreprise de
continuer à payer le salarié sur la base de 39 heures ; c’est ce que l’on appelle la compensation salariale.
Enn, il convient d’évoquer les politiques gouvernementales ayant pour objet de développer l’insertion professionnelle des
demandeurs d’emploi. Ces politiques visent à améliorer la qualication professionnelle pour mieux ajuster l’offre à la demande
d’emploi, ainsi qu’à aider les jeunes à la recherche du premier emploi.
On citera, pour les années quatre-vingt, les Travaux d’utilité collective (TUC) et les Stages d’insertion à la vie professionnelle (SIVP).
Puis, dans les années quatre-vingt-dix, les contrats emploi-solidarité et les contrats emploi-jeune.
III - Théories et auteurs
David Ricardo (1772-1823), dans son livre Principes de l’économie politique et de l’impôt (1817), estime que : « […] le prix du
marché du travail est celui qui est réellement payé et qui résulte du mécanisme naturel de l’offre et de la demande. Le travail est cher quand
il est rare, et bon marché quand il est abondant. […] »
Comme Adam Smith, il estime que le prix du travail « naturel » doit être xé à un montant « nécessaire pour permettre globalement
aux travailleurs de subsister et de perpétuer leur espèce sans variation de leur nombre ». Et d’ajouter que « si le prix de la nourriture et
des biens nécessaires augmente, le prix naturel du travail augmentera ; si le prix de la nourriture et des biens nécessaires diminue, le prix du
travail baissera ».
Arthur Cecil Pigou (1877-1959), dans The Theory of Unemployment, déplore que la puissance des organisations syndicales et le
développement d’un Etat providence, protecteur des licenciements, perturbent et rigidient le bon fonctionnement du marché du
travail.
Jacques Rueff dès 1931, et Milton Friedman plus récemment, avec la qualication d’un chômage « naturel », évoquent tous deux
un développement du chômage dans nos sociétés en raison du montant jugé trop élevé des indemnisations.
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John Maynard Keynes (1883-1946) reconnaît, dans sa Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936), la justesse
du raisonnement des économistes classiques s’il est appliqué seulement par une entreprise. Dans ce cas, la baisse des salaires
entraînera effectivement une baisse des prix qui conduira à produire plus et donc à embaucher. Mais cela ne peut être vrai quand
toutes les entreprises font de même, car cela entraînera une baisse générale de la demande effective.
« Si un producteur déterminé […] diminue les salaires, ce producteur […] sera en mesure de se tailler une meilleure part de la demande
globale tant que les autres ne l’imiteront pas. Mais si on diminue les salaires partout à la fois, le pouvoir d’achat de la communauté dans son
ensemble sera réduit du même montant que les coûts, et, ici non plus, personne n’y gagnera. »
An de lutter contre le chômage involontaire qu’entraîne une demande effective insufsante, Keynes préconise l’intervention de
l’Etat. Grâce au décit budgétaire qui va relancer la demande (voir che 14), la reprise de la croissance conduira corrélativement à
augmenter les emplois et assurer le retour à l’équilibre du marché du travail.
Pour Karl Marx, le montant du salaire représente le prix de la valeur de la force de travail de l’ouvrier, un prix qui peut uctuer
selon le jeu de l’offre et de la demande.
Mais, et c’est l’élément essentiel de sa théorie, il estime que la valeur du travail fourni par l’ouvrier est toujours supérieure à la
rémunération qu’il reçoit. Il y a donc, pour lui, conscation de ce qu’il appelle la « plus-value » par l’employeur et donc exploitation
de l’ouvrier.
Par ailleurs, il souligne que les chefs d’entreprise capitalistes utilisent les chômeurs comme une « armée de réserve industrielle » pour
faire pression sur les travailleurs an d’en « réfréner les prétentions » et faire baisser les coûts du salaire.
La théorie du « job search » ou « recherche de l’emploi » souligne les rigidités sur le marché du travail qu’entraînent les indemnités
chômage. Dans sa prospection d’emploi, le chômeur ne voudra donc pas accepter un salaire inférieur à ses indemnités compensatrices.
Il pourra également prolonger sa période de chômage dans l’espoir de trouver un emploi plus rémunérateur. Tout ceci allonge le
délai de rencontre entre l’offre et la demande de travail.
La théorie du salaire d’efcience de Stiglitz et Yellen, encore appelée économie des « hauts salaires » souligne que dans nos
sociétés, les entreprises développent volontairement le versement d’un salaire supérieur au « salaire d’équilibre » des classiques.
L’objectif est d’augmenter la productivité :
• en attirant le personnel le plus performant ;
• en le délisant pour éviter les coûts d’un turnover, ou rotation accélérée du personnel, trop élevé ;
• en sachant pouvoir compter en conséquence sur une plus grande motivation des salariés. Une politique de baisse des salaires
entraînerait, dans ce cas une baisse de la productivité de l’entreprise.
IV - Repères historiques
Le marché du travail n’a jamais été le lieu de rencontre parfait entre l’offre et la demande. A l’époque d’Adam Smith, les
rassemblements ou ligues d’ouvriers qui pouvaient chercher à élever le prix du travail sont interdits. Ce dernier reconnaît alors
que la « coalition des maîtres » se trouve en situation de force sur le marché, ce qui fait « baisser au-dessous du taux habituel les salaires
du travail ».
Cela conduira le socialiste allemand Ferdinand Lassalle, au XIXe siècle, à parler de la « loi d’airain des salaires », soulignant que la thèse
des économistes classiques conduit les ouvriers à n’obtenir, pour salaire, que le strict minimum pour survivre.
Progressivement, nos sociétés vont mettre en place une protection du travailleur, en commençant en France par la reconnaissance
du droit de grève en 1864 et une réglementation du travail des femmes et des enfants dix ans plus tard.
La liberté syndicale est reconnue en 1884 et, dès 1906, le code du travail aura pour objet de réglementer les horaires et le droit de
licenciement. Enn 1950 voit l’instauration du Smig (Salaire minimum interprofessionnel garanti).
Les Etats-Unis connaissent également l’institution d’un salaire minimum légal. En général, les démocrates sont partisans de
l’augmenter et les républicains de le diminuer.
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