AVANT-PROPOS
En 1999 avait lieu à l’Université Saint-Paul d’Ottawa (Canada), un symposium
portant sur l’histoire récente de l’université catholique, symposium dont les Actes ont été
publiés en 2001 par la FIUC sous le titre : D’un paradigme à un autre : l’université
catholique aujourd’hui. Ce symposium se situait de fait dans le cadre d’un projet mis sur pied
en 1996 par le Centre de Coordination de la Recherche de la FIUC et visant à retracer
l’histoire de l’université catholique depuis ses débuts, mais dans une perspective bien
spécifique, soit l’étude des rapports existant aux divers moments de son existence entre
l’université catholique et son environnement politique, socioculturel et religieux, d’où le
thème : Université, Église, Culture, retenu pour désigner l’ensemble de ce projet.
Il avait alors été convenu que ce dernier comporterait quatre volets représentant autant
de paradigmes à partir desquels l’université catholique s’était constituée ou reconstituée au fil
des siècles et que ces quatre volets seraient abordés dans l’ordre inverse de leur apparition
dans le temps, soit, tout d’abord, la période de l’après Deuxième Guerre mondiale, puis,
successivement, la période correspondant au «long dix-neuvième siècle», c’est-à-dire, en
gros, de la Restauration aux années soixante, la période moderne débutant avec la Réforme et
se terminant avec la Révolution française, enfin, la période médiévale.
Un deuxième symposium consacré au «long dix-neuvième siècle» eut donc lieu, tel
que prévu, à l’Institut catholique de Paris en avril 2001, sous la responsabilité du professeur
Gérard Cholvy de l’Université Paul Valéry de Montpellier. Ce sont les Actes de cet important
symposium consacré à une époque déterminante, voire cruciale, de l’histoire universitaire
catholique que nous vous présentons aujourd’hui.
En effet, pratiquement détruit par le raz-de-marée révolutionnaire qui déferla sur une
grande partie de l’Europe, plus tard sur l’ensemble de l’Amérique latine à la fin du XVIIIe et
au début du XIXe siècle, l’important réseau d’institutions universitaires depuis des siècles
implanté en terre catholique, dut être pratiquement reconstitué à neuf, mais dans un contexte
très différent et surtout particulièrement difficile, face à des États au mieux tolérants, au pire
hostiles à l’endroit du catholicisme, États qui, au surplus, entendaient de plus en plus se
réserver tout le domaine de l’éducation, enseignement universitaire compris. C’est donc très
souvent, sinon à rebours, du moins en marge de l’État que les catholiques, au cours des XIXe
et XXe siècles, chercheront à se doter à nouveau ou pour la première fois d’institutions
d’enseignement supérieur bien à eux et répondant à leurs besoins spécifiques. L’adjectif
«catholique» qu’avant la crise révolutionnaire on ne sentait pas le besoin d’ajouter au
substantif «université», tant le rattachement de celle-ci à l’une ou l’autre confession
chrétienne paraissait alors évident, devint après 1789, face à des États et à des institutions
sinon déjà «sécularisées», du moins en voie de l’être, un complément identitaire jugé
indispensable et souvent utilisé comme une sorte de signe de ralliement, voire d’arme de
combat.
On trouvera dans les pages qui suivent le récit, parfois épique, de la mise en place,
région par région, voire institution par institution de ces nouveaux modèles d’universités ou
de collèges universitaires catholiques, mais on y trouvera surtout la description des contextes
variés et variables à l’intérieur desquels cette mise en place eut lieu et l’analyse des facteurs
qui rendirent cette dernière plus ou moins ardue et plus ou moins réussie. Histoire complexe