Quelques réflexions sur les 4 émotions fondamentales
Nous rencontrons essentiellement quatre émotions fondamentales : la joie,
la colère, la peur et la tristesse. Les autres émotions en sont des
subdivisions. A la joie s'apparentent : le contentement, la satisfaction, la
fierté, l’espoir; à la colère : la haine, la rancune, l’amertume, la jalousie, la
rage, le dégoût; à la peur : l'anxiété, l'angoisse, l'inquiétude, la terreur, le
frisson; à la tristesse : le chagrin, la lassitude, le découragement, le
désespoir, etc.
La joie
La joie rend le présent agréable, elle procure ce que j’attends de bon ou préfigure l’avenir comme porteur
de plaisir. Le désir est de conserver cet état et de partager cette joie avec les autres.
"Au niveau instinctif, la joie se traduit par une ouverture vers les autres, un partage avec spontanéité. Au
niveau social, la personne joyeuse cherche à organiser le partage de cette joie. Au niveau de la
philosophie personnelle, de la sublimation, la personne accepte la frustration que tout le monde ne peut
pas partager sa joie." (Jacques Poujol, voir : http://www.relation-aide.com/art_details_cat.php?cat=19)
La colère
La colère est souvent mal vue. Elle semble être une émotion négative parce qu'on la confond souvent
avec l'agressivité ou l'agression (à laquelle elle peut en effet conduire).
La colère est une émotion, et en tant que telle, elle survient, à la suite d'un stimulus. Le surgissement lui-
même de l'émotion ne peut pas être contrôlé, mais les manifestations extérieures peuvent (doivent) l'être.
La colère n'est en soi ni bonne ni mauvaise. La colère, en tant qu'émotion, est l'énergie mise au service du
changement. C'est une force qui réclame un changement. On me marche sur le pied et la colère demande
que cela cesse.
Pour être efficace, la colère doit donc exprimer, se transformer en une demande. La demande n'a pas
besoin d'être chargée d'agressivité, elle doit simplement être efficace et proportionnée aux circonstances.
Ce qui est utile dans l'éducation, c'est d'apprendre aux enfants à reconnaître quand ils sont en colère, donc
le leur dire ! Par ce miroir, ils apprendront à reconnaître ce qui monte en eux. De là, on peut — dans un
premier temps — leur apprendre à dire qu'ils sont en colère (à travers des mots, pas des coups, p.ex en
disant simplement : "je suis fâché, contrarié, en colère, blessé", etc) et ensuite — dans un deuxième temps
— leur apprendre à chercher quelle demande concrète réduirait leur mal-être ("j'ai besoin de…"). Si
l'enfant arrive à formuler sa demande, il y a toutes les chances que son émotion s'évanouisse. La colère a
joué son rôle, il a obtenu ce dont il avait besoin.
Il n'est pas toujours approprié de satisfaire la demande ! Dans ce cas, l'adulte peut dire qu'il entend la
demande, qu'il voit la frustration, mais que la demande ne peut pas être satisfaite. Dans ce cas, l'adulte, au
lieu de satisfaire la demande, doit aider l'enfant à vivre avec cette frustration ("Je sais que tu as soif et que
tu voudrais un Coca, mais à présent je ne peux (veux) pas t'en donner. Dès que nous trouverons de l'eau,
je veillerai à ce que tu puisses boire pour ne plus avoir soif"). Avec un tel soutien, l'enfant se calme parce
qu'il voit qu'on est attentif à ses besoins.
"Au niveau instinctif, la colère s’exprime par une agressivité, la personne en colère attaque. Au niveau
social, elle demande des réparations et la reconnaissance du vécu douloureux. Elle a soif de justice, de
changement, de respect. Au niveau de la philosophie personnelle, de la sublimation, la personne lâche la
colère entre les mains du Dieu de toute justice." (Jacques Poujol)
Remarque :
souvent la manifestation de la colère peut être un écran qui masque un sentiment de tristesse ou de peur.
La peur
La peur est l'émotion qui surgit face à un danger. Le danger peut être réel ou imaginé,
l'émotion est la même (d'où des peurs irraisonnées, des phobies). Face à un danger réel, il
faut prendre des mesures de protection (mettre sa ceinture de sécurité, mais aussi ralentir et
adapter sa vitesse, p.ex.).
Face à un danger imaginaire, les mesures de protection ne fonctionnent pas, puisque l'imaginaire les
contourne. (Attention, même si le danger est irréel, la peur est réelle !) Souvent l'imaginaire invente des
mesures de protection particulières, p. ex. en mettant en place des "rites" (comme dans les TOC, troubles
obsessionnels compulsifs). La plupart du temps ces angoisses ne peuvent être désamorcées qu'avec un
travail psychologique visant à réaliser que le danger est imaginaire et en retrouvant à quelle peur réelle
elle est liée dans le passé, souvent dans l'enfance.
"Au niveau instinctif, la peur se traduit par une fuite face au danger. Au niveau social, la personne
effrayée attend, cherche une sécurité, une protection. Au niveau de la philosophie personnelle, de la
sublimation, la peur se traduit par une acceptation de la précarité de l’existence et une prise de conscience
que Dieu est au dessus de cette peur. " (Jacques Poujol)
La tristesse
La tristesse est une émotion très présente, puisqu'elle accompagne toutes les pertes, toutes les séparations
ou les déceptions. Chaque changement, notamment d'âge, implique une perte à côté du gain de capacités
nouvelles. L'enfant qui gagne en autonomie, perd quelque chose en sécurité, même s'il devient capable de
l'assumer. La tristesse (les larmes) est très souvent réprimée dans notre société, surtout chez les garçons.
La réaction est le repli et la recherche de réconfort ou de consolation.
La tristesse est aussi l'émotion où l'on se trouve le plus en contact avec son être intérieur. La tristesse
permet l'intimité avec soi-même. Le partage de la tristesse, l'intimité avec d'autres.
"Au niveau instinctif, la tristesse s’exprime par un retrait, un renfermement et un repli sur soi. Sur le plan
social, la personne triste cherche une consolation. Au niveau de la philosophie personnelle, de la
sublimation, la personne triste accepte la perte et entame un travail de deuil. " (Jacques Poujol)
Processus de résolution des crises
Un stimulus est à l'origine de chaque émotion. Cette émotion déclenche une réaction dans le cerveau
primitif. La réaction est en lien avec la survie physique (bagarre, fuite ou replis). Cet réaction primaire
peut être contrôlée par la conscience (dans le cortex cérébral) et conduire à une réponse élaborée. Cette
réponse se traduit, en général, par une demande qui — lorsqu'elle est prise en compte et change la réalité
— conduit à la clôture de l'émotion (fin de la colère, de la peur ou de la tristesse).
Si cette première clôture échoue (la demande n'est pas prise en compte, l'environnement n'a pas changé)
une 2e clôture est possible en réalisant le changement à l'intérieur de soi, dans son monde psychologique,
par l'acceptation d'une limite inhérente à l'existence humaine. Avec la colère : accepter les limites des
autres (je ne peux pas les changer, je ne suis pas tout-puissant). Avec la peur : accepter ses propres limites
(Je dois adapter ma conduite aux dangers que je rencontre). Avec la tristesse : accepter les limites de la
vie (Après un travail de deuil, je peux accepter la vie telle qu'elle est et en profiter).
Stimuli
émotion
action primitive
-> 1ère clôture
si échec
-> 2e clôture
Dommage
colère
aller contre
(cri-injure, coup)
Demande d'action
(Fais ! Arrête !)
si demande non
prise en compte
accepter les
limites des autres.
Danger
peur
sens en éveil,
préparation à la
fuite ou à faire
face
demande de
protection
si demande non
prise en compte
accepter ses
propres limites.
Perte
tristesse
repli sur soi
demande de
consolation
si demande non
prise en compte
accepter les
limites de la vie.
© Jean-Marie Thévoz, 2008
Rédaction personnelle selon mes expériences de vie et de développement personnel.
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