L2 CSD HEP 2005-2006 Dates du Cours Histoire de la Psychologie Scientifique (1) Pr. Claude Bonnet Université Louis Pasteur (Strasbourg 1) Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education Mardi 7 Février 14 28 7 Mars 14 21 28 11 Avril (révisions) [email protected] Introduction I.LesOrigines historiques de la Psychologie scientifique 1.1 Sources philosophiques 1.2 Naissance de la psychologie expérimentale en Allemagne 1.3 La psychologie scientifique en Angleterre 1.4 La psychologie scientifique en France 1.5 La psychologie scientifique aux USA II La Psychologie scientifique au XXme siècle 2.1 Etat des lieux 2.2 Le béhaviorisme 2.3 La Gestalttheorie III La Psychologie Cognitive 3.1 Contexte scientifique 3.2 Débuts du cognitivisme 3.3 Problématique du Traitement de l’Information 3.4 Cerveau et Esprit 3.5 Connexionnisme Conclusions 1.1 Origines de la pensée scientifique : les sources philosophiques BIBLIOGRAPHIE BORING E.G. (1929 & 1950) A history of experimental Psychology. New York, Appleton Century. FRAISSE P. (1963) L'évolution de la Psychologie Expérimentale. In P. Fraisse & J. Piaget (Eds.) Traité de Psychologie expérimentale. Vol 1. Paris, Presses Universitaires de France. GARDNER H. (1993) Histoire de la Révolution Cognitive. Paris, Payot. GHIGLIONE R. & RICHARD J.-F. Cours de Psychologie. Paris Dunod. LE NY J.-F., GINESTE M.-D. (Eds.) (1995) La Psychologie. Paris, Larousse, coll. Textes essentiels. MARINE C., ESCRIBE C. (1998) Histoire de la Psychologie générale : du béhaviorisme au cognitivisme. Paris, In Press. NICOLAS S. (1998) Les origines de la psychologie cognitive. In J.-L. Roulin (Ed.) Psychologie Cognitive. Paris Editions Bréal. NICOLAS S. (2001) Histoire de la Psychologie. Paris, Dunod, les topos. PAICHELER G. (1992) L’invention de la Psychologie moderne. Paris, Editions L’Harmattan. PAROT F., RICHELLE M. (1992) Introduction à la Psychologie : Histoire et Méthodes. Paris, Presses Universitaires de France. VIGNAUX G. (1991) Les Sciences cognitives. Paris, Le Livre de Poche. Grand Dictionnaire de la Psychologie.(1991) Paris, Larousse. Dictionnaire fondamental de la Psychologie. (1997) Paris, Larousse. http://lpe.psycho.univ-paris5.fr/membres/nicolas/nicolas.francais.html Diapositives du cours disponibles à : http://coursenligne.u-strasbg.fr/psychocognitive/ Toutes les disciplines scientifiques (physique, chimie, biologie etc.) ont cherché à fonder leurs connaissances sur des faits observables, répétables, mesurables et communicables. Lorsque cela est possible, l’expérimentation (y compris l’observation systématique) est devenue la méthode privilégiée d’administration de la preuve. La psychologie scientifique est née au milieu du XIXme siècle après les autres sciences naturelles. Les conceptions de la science qu’elle a faites siennes n’étaient apparues qu’à l’ « époque moderne » (XVIIme siècle) avec Francis Bacon (1561-1626) en Angleterre, Galilée (1564-1642) en Italie, René Descartes (1596-1650) en France pour ne citer que ceux là. Elle en a repris les principes qui avaient permis le renouveau des sciences naturelles. Comme celles-ci avant elle, elle a du se dégager de la philosophie pour se constituer en discipline autonome. Ceci n’entraîne pas que des problèmes philosophiques ne restent pas sous jacents aux questions qu’elle se pose. 1 Francis Bacon (1561-1626) Critique l’état des sciences de son temps parce qu’elles ne sont pas d’abord fondées sur l’observation. «Le savant ne doit pas faire comme l’araignée, qui tire tout d’ellemême. Il ne doit pas non plus se borner à amasser des faits, comme la fourmi des provisions. Il doit grouper, classer les faits et en découvrir les lois, semblable à l’abeille qui élabore son miel ». Ces idées étaient révolutionnaires à l’époque. Bacon abandonne la pensée déductive, qui procède à partir des principes admis par l’autorité des Anciens (en particulier Aristote), au profit de l’« interprétation de la nature », où l’expérience apporte des connaissances nouvelles. Il préconise : - de soumettre la nature à l’expérience par une investigation au ras du sol -et de tirer de l’expérience une « induction », non pas simplement « totalisante » qui se borne à constituer le catalogue des données acquises, mais « amplifiante » qui passe des faits connus à ceux qu’on peut raisonnablement leur assimiler. The Advancement of Learning, traité «de la valeur et de l’avancement des sciences» (1605) Instauratio magna (1620) Galileo Galilée (1564-1642) Galileo Galilei (Galilée) (1564-1642) fonda ses recherches sur l’observation et l’expérimentation. Il réagit ainsi contre les méthodes d’étude en vigueur et qui reposaient essentiellement sur la pensée d’Aristote (384-322 <notre ère). • Il montra ainsi qu'Aristote se trompait en supposant que la vitesse de chute d'un corps était proportionnelle à son poids. Pour le démontrer il mesura le temps de chute de poids lâchés de la tour penchée de Pise; il découvrit l'isochronisme du pendule en regardant les oscillations d'un chandelier de la cathédrale. • La méthode scientifique consiste à considérer les choses de l’extérieur. Problème de l’objectivité. • Les mathématiques sont l’instrument de l’établissement de lois. • Les qualités de ce que nous percevons sont relatives aux sens (exemples: la couleur, le poids). • Les propriétés vraies, objectives, sont le résultat de mesures. • Il n’y a pas d’intention, ni de finalité dans la nature. Elle est mue par des mécanismes. Rupture entre la nature et son créateur. Démêlés avec l’Inquisition, il est condamné pour sa défense de la théorie copernicienne. • Question : la conception mécaniste de Galilée peut-elle s’étendre à l’homme et à l’étude de son psychisme ? René Descartes (1596-1650) le débat du dualisme L'explication scientifique des phénomènes consiste à décrire les mécanismes de leur apparition et de leur déroulement. Descartes restreindra cette conception mécaniste au fonctionnement du corps humain et à celui des animaux (notion de réflexe). L'âme, source de la pensée et de la raison, échappe pour lui à la pensée mécaniste. Les animaux n'ayant pas d'âme ne sont que des machines. Discours de la Méthode (1637) N'admettre en sciences que la raison. Il veut tirer toute vérité de la méditation du moi sans recourir à aucune aide externe, ni de l'autorité, ni de la tradition, ni de l'objet d'expérience. Isaac Newton (1643-1727) • • • • • Continuateur de Galilée dans sa pensée mécaniste. Formation en philosophie, mathématique; découvre le calcul différentiel et intégral. Découvre la décomposition de la lumière blanche. Formule la loi de la gravitation universelle et de l’attraction entre les corps. La science est l’énoncé de lois et non la recherche de l’explication des phénomènes (positivisme). Les idées ne sont pas révélées mais le fruit de la raison. Elles sont innées puisque d’origine divine (l’homme qui déraisonne ne peut qu’être un possédé). Le moi, c'est-à-dire l'âme, par laquelle je suis ce que je suis, est entièrement distincte du corps (dualisme). La raison est la seule chose qui nous distingue des bêtes. Fondements d’une connaissance scientifique L’approche scientifique des phénomènes (physiques, biologiques ou mentaux) se fonde d’abord sur l’observation systématique et l’expérimentation. Elle récuse l’argument d’autorité (même les ‘grands’ hommes peuvent se tromper !) Elle cherche à aborder les phénomènes de l’extérieur en se centrant sur l’élucidation des mécanismes qui les génèrent et non à une quelconque finalité. L’application de ces principes à l’étude des phénomènes mentaux ne pourra cependant pas s’affranchir complètement de présupposés philosophiques. Débats philosophiques récurrents Dualisme et Monisme • La psychologie de l’âme → dualisme : Platon (428-347<JC), Aristote (384-322 <JC), René Descartes (1596-1650) L’âme rationnelle est une entité distincte du corps. • Le monisme spiritualiste : Benedictus de Spinoza (1632-1677), Gottfried Leibniz (1646-1716), George Berkeley (1685-1753). • Le monisme matérialiste Démocrite (460-370 avant), Epicure (341270 avant), Lucrèce (98-55 avant), Denis Diderot (1713-1784), Julien Offray de La Mettrie (1709-1751) . Inné et Acquis • Pour Descartes la raison est innée. • La psychologie des Facultés Christian von Wolf (1679–1754) et Thomas Ried (1710-1796), Franz-Joseph Gall (1758-1828) et la phrénologie. • L’empirisme anglais John Locke (1632-1704), David Hume (17111776). 2 Réactions au dualisme cartésien Benedictus de Spinoza (1632-1677): le mental et le physique ne sont que des aspects d’une même réalité, d’une même substance : Dieu. Il identifie Dieu à la Nature. La Nature est le tout du réel. Le spinozisme est un monisme radical: tout être participe de l'être, et du même être, qui est la Nature. Ethique (1677). Gottfried Leibniz (1646-1716) suggère que l’esprit et le corps fonctionnent en parallèle comme deux horloges synchronisées. Leur harmonie est préétablie au moment de la création par Dieu. Leibniz a vu dans le monde, non pas une machine, ainsi que le voulait Descartes, mais un tout plein de vie, avec lequel nous sommes en relation par une foule de petites perceptions. Nouveaux Essais sur l'entendement humain (1704, publiés en 1765). George Berkeley (1685-1753) l’immatérialisme • nie la possibilité qu’existe une substance matérielle sans esprit, sans pensée. Ce que nous pensons être le corps n’est que la perception du corps. C’est une forme de monisme immatérialiste. • combat l'empirisme de Locke, lequel lui paraît faire trop confiance aux vieilles théories de l'abstraction. En particulier, l'idée d'une matière existant en soi – et qui fonderait la réalité de nos perceptions – est une abstraction indémontrable. • l'essence des objets consiste en ce qu'ils sont perçus. Les choses et les sensation sont connues comme idées: («être c'est être perçu»). • • Essay toward a New Theory of Vision (1709) Treatise Concerning the Principles of Human Knowledge (1710) La machine à calculer de Leibniz (1694) John Locke (1632-1704) L’empirisme anglais • Thomas Hobbes (1588-1679): toute connaissance vient de l’extérieur, il n’existe pas d’idées innées. Les sens sont mis en mouvement à partir d'une excitation extérieure, mouvement transmis au cerveau et au cœur, d'où part un mouvement en sens inverse, dont le début (conatus) est la sensation. The Leviathan (1660). • John Locke (1632-1704) - Essay concerning Human Understanding (1690): les idées résultent des sensations que nous éprouvons. Elles se combinent entre elles pour donner des idées plus générales, par un seul mécanisme, l'association. • David Hume (1711-1776) A Treatise of Human Nature (1739) explicite les lois de l’association : - la contiguïté spatiale et temporelle - la ressemblance - la relation de cause à effet. Essay concerning Human Understanding (1690) • Rejette l’innéisme des idées de Platon comme de Descartes. L’esprit est au départ une table rase. • Les sens remplissent notre esprit de diverses idées. L'esprit se rendant peu à peu ces idées familières les place dans sa mémoire, et leur donne des noms. Ensuite, il vient à se représenter d'autres idées, qu'il abstrait de celles-là, et il apprend l'usage des noms généraux. • L'expérience sensorielle ne suffit pas pour savoir. Il faut aussi que l'esprit agisse activement sur cette expérience. La réflexion est indispensable. • Les idées complexes sont formées par l'esprit, par construction et composition, à partir des idées simples. Comme la gravitation est le mécanisme qui règle les rapports entre les corps célestes (Newton), l’association est le mécanisme qui règle les rapports entre les idées. • Les différences entre les idées des gens ne viennent pas de différences entre leurs capacités à percevoir ou libérer leurs idées innées, mais de différences d'expérience. Inné et Acquis: la question de Molyneux Monisme matérialiste • • • • • • • • L’autre forme de monisme est matérialiste : il n’existe qu’une seule substance, la matière. Le matérialisme a des racines anciennes : Démocrite (460-370 <notre ère), Epicure (341-270 < notre ère) Lucrèce (98-55 < notre ère) Il resurgit au XVIIIme siècle : Denis Diderot (1713-1784) Encyclopédie (1751) Condillac (Etienne Bonnot;1715-1780).Traité des sensations (1754) LaMettrie (Julian Offray de 1709-1751) L'hommemachine (1748) : l’âme a une étendue, elle est matérielle De nos jours Jean-Pierre Changeux L’homme neuronal (1987) • William Molyneux soumit dans une lettre de 1688 à son ami John Locke et que ce dernier reproduisit en 1690 dans l’ « Essai sur l’entendement humain »: • « Supposez un aveugle de naissance, qui soit présentement homme fait, auquel on ait appris à distinguer par le seul attouchement un cube d’un globe, du même métal et à peu près de la même grosseur, en sorte que lorsqu’il touche l’un et l’autre il puisse dire quel est le cube et quel est le globe. Supposez que le cube et le globe étant posés sur une table, cet aveugle vienne à jouir de la vue. On demande si, en les voyant sans les toucher, il pourra les discerner, et dire quel est le globe et quel est le cube». 3 Racines philosophiques de la psychologie scientifique La conception Galiléenne s’est progressivement imposée dans toutes les sciences. Sciences (dites) exactes comme la physique, l’astronomie, puis les sciences naturelles comme la biologie, la botanique et… la psychologie. Galilée (1564-1642) en Italie, Francis Bacon (1561-1626) en Angleterre, René Descartes (1596-1650) en France, autant de noms qui marquent l'avènement d'une nouvelle façon de connaître combinant le travail expérimental et la conceptualisation mathématique. 1.2 Naissance de la psychologie expérimentale en Allemagne Emmanuel Kant (1724-1804) déniait à la psychologie la possibilité de devenir scientifique: elle ne peut donner lieu à des formulations mathématiques ni à des expérimentations. Critique de la raison pure (1782) Psychologie scientifique en Allemagne J.F. Herbart (1776-1841) – La Psychologie comme science fondée sur l’expérience, la métaphysique et les mathématiques (1824)oppose à Kant que les phénomènes mentaux ne sont pas unidimensionnels; ils varient pas que selon le temps, mais aussi en intensité et en qualité. Fechner démontre que les phénomènes mentaux peuvent être systématiquement manipulés par l’expérimentation. Lire Théodule Ribot (1875) La psychologie allemande contemporaine Herman von Helmholtz (1821-1894) • Puisque la vitesse de propagation des influx dans les nerfs est finie et mesurable, la pensée ne peut pas être instantanée (contre Kant). • L’individu construit sa connaissance de l’espace comme le montrent les expériences de distorsion prismatique. L’espace n’est donc pas inné (contre Kant). • La perception implique l’appel (inférences inconscientes) à des connaissances antérieures pour interpréter les données de nos sens. Herman von Helmholtz (1821-1894) Handbuch der physiologischen Optik (1856-1866) partage avec Müller la théorie de l‘énergie spécifique des nerfs. Pour lui, la perception est active, et implique des processus d‘inférence inconsciente. Toute science a besoin de mettre au point des méthodes spécifiques. Expérimenter c’est se donner les moyens d’observations rigoureuses, répétables et communicables. C’est aussi se donner les moyens de mesurer les phénomènes afin de pouvoir établir des lois. La Psychophysique Les précurseurs : Pierre Bouguer (1698-1758), 1729 "Essai d'optique sur la gradation de la lumière“. Charles-Edouard Delezenne (1776-1866) :discrimination des fréquences sonores. Ernst-Heinrich Weber (1795-1888) : discrimination de poids, loi de Weber. Le fondateur Les travaux de Weber, de Fechner, de Donders vont être pionniers dans cette perspective. Ils constituent les fondements d’une psychologie scientifique (nécessairement expérimentale). Gustav Theodor Fechner (1801-1887) Éléments de psychophysique (1860). Distingue la psychophysique interne qui a pour objet l'étude des rapports de l'âme avec le corps c'est-à-dire les rapports des phénomènes psychologiques avec les phénomènes physiologiques et la psychophysique externe a pour objet l'étude des rapports de l'âme avec le monde physique, c'est-à-dire les rapports des phénomènes psychologiques avec les phénomènes physiques. 4 F.C. Donders (1818-1889) Fechner et la psychophysique • La psychophysique externe est devenue la science de la mesure des sensations, celle des rapports entre l'âme et le corps. Dans ce domaine Fechner a reconnu en Weber son principal précurseur. • Formule la loi selon laquelle la sensation croit comme le logarithme de l’intensité stimulatrice qui fait du rapport de Weber l’unité de la sensation. • Formule et codifie les principales méthodes de mesure des seuils encore utilisées de nos jours. • Voir Nicolas, S. (2001). Gustav Theodor Fechner (1801-1887) et les précurseurs français de la psychophysique : Pierre Bouguer (1729) et Charles Delezenne (1828). Psychologie et Histoire, Vol. 2, pp. 86-130. (http://lpe.psycho.univparis5.fr/membres/nicolas/nicolas.francais.html) Donders, F. C. , hollandais (1868). On the speed of mental processes. propose une conception séquentielle du fonctionnement mental. Précurseur de la notion de traitement de l’information appliquée au fonctionnement mental. Chronoscope de Hipp La méthode soustractive S → détection → décision→ TRC = 285 ms S → détection → TRS (détection) = 197 ms Durée de l’étape de décision Temps de Réaction • • En 1796, l’astronome britannique, Nevil Maskelyne chasse son assistant, J. Kinnebrook qui trouvait systématiquement des temps de passage des planètes dans le réticule plus longs que lui. En 1806, Friedrich Bessel démontre des différences systématiques entre astronomes : l’équation personnelle. En 1850, Helmholtz mesure la vitesse de conduction des nerfs et montre qu’elle n’est pas celle de la lumière. La pensée n’est donc pas instantannée. En 1860, Donders s’attaque à la question de la mesure de la vitesse de la pensée Wilhem Wundt s’inspirera des travaux de Donders. J.McK Cattell (1886) The time taken up for cerebral operations Mind, 11, 220-242. Wilhelm Wundt (1832-1920) Assistant d‘Helmholtz, il créé le premier laboratoire de Psychologie expérimentale (1879) à Leipzig. Les phénomènes mentaux sont objet de science (naturelle). La méthode expérimentale s‘inspire de celle des sciences naturelles et cherche à isoler et à mesurer les composants des phénomènes complexes, les processus. A côté de l‘intropection utilise le temps de réaction. Les théories de Wundt sont imprégnées d‘associationisme. Ce laboratoire sera un lieu de formation de nombreux psychologues : Cattell, Titchener, Spearman, Külpe, G. Stanley Hall. 88 ms Hermann Ebbinghaus (1850-1909) • • • • • Über das Gedächtnis (1885) Sur la mémoire http://psychclassics.yorku.ca/Ebbinghaus/ Met au point une méthode d’étude de l’oubli en utilisant des syllabes sans signification. Premier temps : apprentissage d’une liste de syllabes jusqu’à rappel parfait, mesure du temps (Ti). Deuxième temps : délai. Troisième temps : mesure du temps de réapprentissage jusqu’à rappel parfait (Tr). L’économie est mesurée par: (Ti – Tr)/Ti • A la fin du XIXme siècle la psychologie devient scientifique en utilisant la méthode expérimentale et en se séparant ainsi de la philosophie. Elle commence à essaimer dans le monde. • La Psychologie scientifique n’est pas l’œuvre d’un seul homme, mais de toute une génération. • Aucune science ne se résume à l’œuvre d’un seul homme. • Ses méthodes sont diverses, mais explicites et communicables. • Suscite des résistances à considérer les phénomènes psychiques de l’extérieur (ex. Ecole de Wurtzbourg avec Külpe). • Les fondateurs de la psychologie scientifique avaient tous une formation multiple : philosophie, physiologie, mathématique etc. • L’objet de la psychologie a évolué : l’âme pour Aristote (384-322 avant): âme végétative, âme sensitive, âme raisonnable, les facultés pour Christian von Wolf (1679–1754) et Thomas Ried (1710-1796), une Psychologie réflexive pour Emmanuel Kant (1724-1804) et enfin une Psychologie de la conscience pour Wilhelm Wundt (1832-1920). Wilhelm Wundt Psychologie de la conscience 5 1.3 Psychologie scientifique en Angleterre Travaux sur la Perception • De nombreux auteurs ont étudié la perception dont les phénomènes ont préoccupé aussi bien les physiciens, que les philosophes. Galilée considère la couleur comme une sensation et non comme une propriété des objets. Descartes et Newton font des travaux d’optique. Berkeley présente la première théorie de la perception de la profondeur. Le rôle des sensations et des perceptions à l’origine des idées est mis en avant chez Locke, Leibniz, Condillac… Un certain nombre de physiciens seront les précurseurs de la psychophysique de la vision. Helmholtz Au laboratoire de Wundt, des questions autres que celles relatives à la perception (dans différentes modalités) sont progressivement abordées comme le sens du temps, l’esthétique expérimentale, l’attention, les sentiments et les affects, l’association et la mémoire • • • • • • • Psychologie comparée homme – animal • • • 1.4 Psychologie scientifique en France Débuts de la psychologie corrélationnelle • Francis Galton (1822- 1911), cousin de Darwin, qui s'intéressant à l'hérédité du génie instaura l'usage des statistiques en psychologie. Il cherchait, en s'appuyant sur les idées darwiniennes d'évolution, à corréler divers indices anthropométriques (par ex volume du cerveau) avec l'intelligence. Défend un point de vue innéiste et prônera l’eugénisme. • Charles Spearman (1863-1945) fait sa thèse avec Wundt (1897). Il développe une théorie psychologique qui utilise comme moyen de démonstration des outils statistiques portant sur des corrélations entre épreuves (physiques, mentales, physiologiques, anthropométriques etc.) • Le premier professeur de psychologie expérimentale, Bartlett sera nommé en 1931 à l'université de Cambridge • Pierre Janet (1859-1947) succède à Ribot au Collège de France en 1902. L’Automatisme psychologique (1889) • Henri Beaunis (1830-1921) en 1889 fonde le premier laboratoire de psychologie physiologique rattaché à l’EPHE ; Benjamin Bourdon (1860-1943), élève de Wundt, fonde le sien à Rennes en 1896 et Foucault (1865-1947) à Montpellier. • Alfred Binet (1857-1911) succéda à Beaunis en 1895 à la tête du laboratoire et créa la même année L’année Psychologique. . Henri Piéron (1881-1964) reprend en 1912 la direction du laboratoire de Binet. Piéron dirigea le Laboratoire de Psychologie expérimentale et comparée jusqu'en 1952, date à laquelle il en confia la direction à Paul Fraisse. Charles Darwin (1809-1882) The origin of species (1863):introduit l’idée d’évolution (les espèces ne sont plus fixes) et de continuité phylogénétique entre espèces y compris l’homme. George John Romanes (1848-1894) Animal Intelligence (1892) voit dans l’intelligence animale toutes les composantes de l’intelligence humaine Conway Lloyd Morgan Introduction to comparative Psychology (1894) recommande de toujours recourir à l’explication la plus simple (non anthropomorphique) pour expliquer les actions des animaux • • • • • Théodule Ribot (1839-1916). En 1889, le Collège de France (fondé en 1530 par François 1er) créa pour lui une chaire de Psychologie expérimentale et comparée. La notion de comparée fait référence à la psychopathologie. "La psychologie dont il s'agit ici sera donc purement expérimentale : elle n'aura pour objet que les phénomènes, leurs lois et leurs causes immédiates." La Psychologie anglaise contemporaine (1870) La Psychologie allemande contemporaine (1875) Les maladies de la mémoire (1881) L’influence du matérialisme de La Mettrie s’exerça sur de nombreux chercheurs dont Cabanis (1757-1808) qui eut un rôle particulier dans le développement de la psychiatrie en France. En 1802, Rapports du physique et du moral chez l’homme, il écrivait « pour avoir une idée précise des opérations dont résulte la pensée, il est nécessaire de considérer le cerveau comme un organe spécial conçu spécialement pour la produire, comme l’estomac et les intestins son conçus pour réaliser la digestion, le foie pour filtrer la bile… » Cependant le dualisme cartésien va freiner le développement de la psychologie scientifique en France. 1.5 Psychologie scientifique aux Etats-Unis William James (1842-1910) avait passé un an et demi en Allemagne Principles of Psychology (1890) Il n'a jamais expérimenté lui-même, mais ses étudiants à l'Université d'Harvard figurent parmi les grands noms de la psychologie expérimentale américaine: Stanley Hall (1844-1924) qui étudia auprès de Wundt à Leipzig, Edward Lee Thorndike (1874- 1949) spécialiste de psychologie animale, James Dewey (1859-1952) et Robert S. Woodworth (1869-1962 Le premier laboratoire de psychologie expérimentale américain sera créé par Stanley Hall en 1883 à l'Université John Hopkins de Baltimore. En 1892, on compte déjà 17 laboratoires de psychologie aux USA 6 Fonctionnalisme et Structuralisme • • James orienta la psychologie américaine vers le fonctionnalisme, théorie qui définit les entités psychologiques par la fonction adaptative qu'elles exercent. Pour James, les états de conscience sont des activités de l'organisme dont la fonction est de permettre son adaptation à l'environnement. Dans la conduite d’un individu l’unité fondamentale est la fonction, l’acte adapté et non la sensation, ou la réaction. La notion d’adaptation est centrale dans leur conception, notion fondée sur les théories évolutionnistes de Herbert Spenser (1820-1903) et de Darwin (continuité animal-homme). La tradition passe par Galton. Titchener (1867-1927) anglais d’origine, défendra une approche structuraliste, il pratiqua l’introspection expérimentale analytique visant à découvrir et à cataloguer les sensations les plus élémentaires. Trois classes de processus élémentaires ont été distingués : sensations, images et affects. Il s'agit là d'une position dans la tradition de Wundt qui vise à établir des lois générales de l'esprit rendant compte de l'organisation des éléments mentaux entre eux. La position de Thurstone relève aussi de ce structuralisme. Il se situe dans la tradition de l'associationnisme. • Lange (chez Wundt), avait montré que le temps de réaction pouvait varier selon l'attitude du sujet: avec une attitude motrice, il est plus rapide qu'avec une attitude sensorielle. • L'américain Baldwin doutait de cette loi et surtout que le résultat résulte d'une différence d'attitude chez les mêmes sujets. Il pensait qu'il existait des types de sujets (sensoriels vs moteurs), des différences individuelles (fonctionnalisme). • Hypothèse contre laquelle s'éleva Titchener. Le structuralisme suppose que l'esprit résulte de la combinaison d'éléments qui se combinent entre eux. • La position de Thurstone (psychologie corrélationnelle américaine) relève aussi de ce structuralisme. Il se situe dans la tradition de l'associationnisme. Résumé Chronologie Bacon (1561-1626) Galilée (1564-1642) Descartes (1637) Hobbes (1660) Spinoza (1677) Locke (1690) Newton (1704) Leibniz (1704) Berkeley (1710) Hume (1739) Diderot (1751) LaMettrie (1748) Condillac (1754) Kant (1782) Herbart (1824) Helmholtz (1856) Darwin (1863) Broca (1861) Ribot (1870-75) Janet (1889) Fechner (1860) Donders (1868) Galton (1865) Wundt (1879) James (1890) Binet (1894) 7