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Résumé
En Ile de France, environ trois quarts des
habitants se déclarent quotidiennement
gênés par le bruit. Bien au-delà de ques-
tions de confort, le bruit est devenu aux
yeux d’un nombre croissant d’acteurs une
nuisance dont les eets sur la santé doivent être pris
en compte le plus en amont possible par les profes-
sionnels de l’aménagement urbain. En milieu urbain,
le bruit routier lié aux modes de déplacement, es-
sentiellement automobile, est en général la nuisance
la plus saillante. Due au bruit du moteur et au bruit
causé par le contact entre la roue et la chaussée, dont
l’importance augmente avec la vitesse, cette nuisance
est également fonction des modes de gestion des
infrastructures, notamment en termes de régulation
du trac et de vitesse maximale autorisée.
Ce constat a conduit à identier la réduction des
nuisances et des risques comme l’une des 10 lignes
d’action de la méthode @d aménagement durable®
sur laquelle la collectivité est amenée à se positionner
pour élaborer un projet d’aménagement durable sur
son territoire.
Si une certaine latitude est permise par la réglemen-
tation en vigueur, laquelle dénit le classement des
infrastructures et requiert la réalisation de cartes de
bruit stratégiques et l’élaboration de Plans de Pré-
vention du Bruit dans l’Environnement, force est de
constater que les solutions correctives mises en place
reposent aujourd’hui principalement sur la pose de
coûteux murs antibruit. Des solutions alternatives, tra-
vaillées à l’échelle du quartier, par l’aménagement ur-
bain lui-même, sont cependant envisageables dans le
cadre de nouveaux développements urbains comme
dans le cadre d’actions de réinvention écologique de
la ville existante.
La présente étude de cas, réalisée pour la DRIEA, et
portant sur quatre opérations, en France, en Al-
lemagne et aux Etats-Unis, illustre comment des
solutions acoustiques, envisagées au travers de
l’aménagement de quartiers, peuvent apporter un
confort sonore en même temps qu’une réelle qualité
urbaine. L’analyse est complétée par des simulations
issues de logiciels de cartographie acoustique.
Quelles alternatives au mur antibruit peut-on envisa-
ger?
Un projet urbain dont les bâtiments mêmes font
oce d’écran antibruit. A San Francisco, par exemple,
un immeuble dispose d’une façade en continu pour
faire obstacle aux nuisances sonores provenant d’une
voie ferrée ; à Potsdam, le long d’une autoroute, dix
bâtiments sont reliés entre eux par des plaques de
verre an de former un écran antibruit. Dans les deux
cas, une réduction allant jusqu’à 20 dB(A) a été consta-
tée, permettant aux habitants de jouir pleinement des
espaces habitables ainsi que des espaces communs
extérieurs (cours, terrasses, jardins). A San Francisco,
cette disposition a également permis de réaliser des
économies sur les coûts de renforcement acoustique
d’autres bâtiments à l’intérieur du même projet.
Un agencement stratégique des immeubles où une
zone tampon (composée, par exemple, de bureaux
et d’équipements) à proximité de la source du bruit
protège des activités plus sensibles aux nuisances
sonores (habitations, écoles, crèches, etc.). C’est
le résultat d’une structuration où la répartition des
terrains est organisée, pour partie, en fonction des
nuisances urbaines. Lors du grand projet de recouvre-
ment du boulevard périphérique parisien à la Porte
des Lilas, l’emplacement des bureaux et des équipe-
ments s’est fait en priorité le long de la voie rapide
pour qu’une deuxième rangée d’immeubles puisse
accueillir des activités exigeant plus de tranquillité,
telles que des habitations, des écoles ou des crèches.
Une forme et une disposition de bâtiments privilé-
giant de grandes emprises, des fronts bâtis continus
et une hauteur importante. Par rapport à un tissu
urbain très n, une forme urbaine « massive » est
souvent mieux adaptée pour protéger les habitants
et les usagers des nuisances sonores. C’est le cas de la
Porte des Lilas où, par leur forme et leur disposition,
les immeubles longeant la voie rapide font obstacle
au bruit routier.