Neuropsychiatric complications of traumatic brain injury: a critical review of the literature (a report by the ANPA Committee on Research) Les principaux troubles psychiatriques après une lésion cérébrale. Docteur Patrick FAYOL Service de Psycho-Réhabilitation CH Esquirol Limoges Kim E et al. Journées d'Études et de Formation CRFTC : 18 et 19 Juin 2009 Blessure cérébrale et psychopathologie : des pathologies frontières. Quelle prise en charge ? Revue de la littérature : J Neuropsychiatry Clin Neurosci. 2007 Spring;19(2):10627. Revue de la littérature : Les psychoses post-traumatiques - 66 articles de 1978 à 2006 - pas de "test diagnostique" considéré comme indiscutable (Gold Standard) pour la pathologie psychiatrique dans les troubles neurologiques - au mieux Classe III : études rétrospectives en aveugle - Classe IV : série de cas sans contrôles opinion d’un expert seul Pathologie Résultats posttraumatique Psychose Nosologie Délire paranoïde, hallucinations auditives dans 55% des cas (4) Épidémio- Incidence 20% (5) logie Prévalence inconnue Facteurs Traumatisme avant l'adolescence (6, 8) de Lésion temporale Gauche (4) risque Traumatismes plus sévères (4) Traumatismes moins sévères (6) Troubles cognitifs plus importants (4, 7) Classe de données III IV La schizophrénie post-traumatique : - Manque de critères opérationnels clairs de définition. - Aucune conclusion en ce qui concerne l’incidence et la prévalence. - Difficultés à distinguer la psychose post-traumatique d’une psychose « idiopathique » avec antécédents de TC. IV - "A partir des données publiées disponibles, on doit conclure qu'il est improbable qu'un TC soit la cause d’une schizophrénie." David SA, Prince M. Psychosis following head injury: a critical review. J Neurol Neurosurg Psychiatry. 2005 Mar;76 Suppl 1:i53-60. 1 DSM IV-TR : Critères d'un épisode dépressif majeur Au moins cinq des symptômes suivants et au moins un des symptômes est soit 1) soit 2) : 1) Humeur dépressive 2) Diminution marquée de l'intérêt ou du plaisir 3) Perte ou gain de poids 4) Insomnie ou hypersomnie 5) Agitation ou ralentissement psychomoteur 6) Fatigue ou perte d'énergie 7) Sentiment de dévalorisation ou de culpabilité 8) Diminution de l'aptitude à penser ou à se concentrer ou indécision 9) Pensées de mort, idées suicidaires ou TS Revue de la littérature : Les dépressions post-traumatiques Dépression post-traumatique Nosologie Classe III * TC Déprimés / TC non déprimés (13) : Humeur dépressive, perte d'énergie, sentiment de dévalorisation et idées suicidaires * - associés avec la dépression selon le DSM-IV (14) : fatigue, frustration, difficulté de concentration, ennui et distractibilité (Items du Neurobehavioral Functionning Inventory); - non associés : se sentir triste ou cafardeux Dépression post-traumatique Classe Épidémio Incidence : 15,3 à 33% (16, 17) III logie Prévalence : 18,5% à 61% (14, 18-29) IV Facteurs Stress psychosocial (30, 32, 33) de risque Lésion hémisph ant g (dépr majeure) (27) Lésion hémisph dte (dépr anxieuse) (27) IV IV Localisation latérale versus médiane * - davantage prédictifs d’une dépression (15) : diminution de la libido et de l’appétit, anhédonie, manque de confiance (Items du NFI) ; - moins importants : agressivité verbale et physique, oubli, fatigue Revue de la littérature : Les dépressions post-traumatiques : Complication habituelle du TC mais avec prévalence variable : - possible diagnostic par excès de la dépression chez les TC du fait de la fatigue des difficultés de concentration des troubles du sommeil - pas de définition d’un seuil d’identification d’un syndrome dépressif "cliniquement significatif " IV IV (34) III Age élevé (20, 31) Chômage/peur de perdre son travail (29, IV 32) En conclusion, cette revue de la littérature : - retient la fréquence des troubles leur polymorphisme l'impuissance séméiologique à distinguer une pathologie après un TC d'une pathologie due à un TC leur impact délétère sur la récupération et le fonctionnement post-traumatique - recommande un effort prospectif pour clarifier nosologie, facteurs de risque et évolution clinique des séquelles neuropsychiatriques des TC dans le cadre d'études multicentriques en réseau - mais n'aborde pas la spécificité des patients 2 A la recherche de la spécificité perdue du Traumatisme Crânien "La décision d'exclure de cette revue une étude centrée sur les déficits cognitifs posttraumatiques a été prise devant le fait que les perturbations cognitives, comme les syndromes dysexécutifs, les amnésies, les troubles de la perception, peuvent contribuer, imiter ou modifier la présentation clinique des troubles psychiatriques." A la recherche de la spécificité perdue du Traumatisme Crânien Le syndrome psycho-organique : BLEULER (1916) "L’ensemble des troubles psychiques en rapport avec des lésions cérébrales chroniques et diffuses" : un syndrome commun : amnésie, trouble du jugement et du sens critique, labilité affective (sensiblerie, incontinence émotionnelle), rétrécissement des intérêts et des sentiments éthiques, suggestibilité, faiblesse de l'attention, perturbation de l'orientation; divers troubles accessoires : accès de confusion, de dépression, d'excitation, idées délirantes, hallucinations, fabulations compensatoires DSM IV (1994) → (2012) Modification de la personnalité due à … (indiquer l'affection médicale générale) A. Perturbation de la personnalité représentant un chgt B. Étiologie somatique C. Pas mieux expliqué par un autre trouble mental D. Exclure un delirium ou une démence E. Altération du fonctionnement social, professionnel Spécifier le type A la recherche de la spécificité perdue du Traumatisme Crânien Troubles neuropsychologiques + Symptômes psychiatriques = Syndrome psycho-organique DSM III (1980) → (1994) Le psycho-syndrome organique (organic personnality syndrome) Changement net dans le comportement ou la personnalité impliquant au moins : 1) Labilité émotionnelle par ex. accès de colère explosifs ou crises de pleurs 2) Altération du contrôle des pulsions par ex. altération du sens des valeurs sociales, délits sexuels, vol à l'étalage 3) Apathie marquée et indifférence par ex. absence d'intérêt pour les passe-temps habituels 4) Méfiance ou mode de pensée persécutoire DSM IV (1994) → (2012) Modification de la personnalité due à … (indiquer l'affection médicale générale) Spécifier le type Labile : labilité affective Désinhibé : faible contrôle des impulsions (par ex. conduites sexuelles inconsidérées) Agressif : comportement agressif Apathique : apathie marquée et indifférence Paranoïaque : méfiance ou idéation paranoïaque Autre Combiné Non spécifié 3 La nosologie : CIM : Troubles mentaux organiques F 07.0 Trouble organique de la personnalité Au moins deux des caractéristiques suivantes : - réduction de la capacité à mener à bien des activités dirigées vers un but labilité émotionnelle - modifications émotionnelles euphorie inappropriée irritabilité, accès de colère - désinhibition apathie - troubles cognitifs (méfiance, mode de pensée persécutoire, monoïdéisme abstrait, manichéisme) - altération marquée du débit et de la fluidité verbale - altération du comportement sexuel A la recherche de la spécificité perdue du Traumatisme Crânien Le syndrome psycho-organique A la recherche de la spécificité perdue du Traumatisme Crânien Le syndrome psycho-organique : un fourre-tout ? des troubles neuro-psychologiques des réactions psychiques : - anxieuses - dépressives du coping : - surcompensation (physique ou psychique) - projection de la responsabilité sur les autres des mécanismes de défense : - déni - exacerbation de certains traits de personnalité, - sensitivité, voire paranoïa Approche des programmes holistiques de la rééducation cognitive Prigatano G.P. Principles of neuropsychological rehabilitation. Oxford University Press, 1999, 356 p. Voie finale commune - de l’expression des troubles neuro-psychologiques - de la réaction aux échecs qu’ils impliquent - des stratégies psychiques pour les prévenir - de la personnalité antérieure. Établir une alliance thérapeutique Favoriser la prise de conscience des déficits et de leurs csq l’utilisation des ressources et atouts du blessé le développement de l’estime de soi ⇒ UEROS Approche systémique Destaillats J.-M., Mazaux J.-M. et al. L’approche neuro-systémique des troubles du comportement. – du symptôme au symbole : la construction du sens. In Azouvi P., Mazaux J.-M., Pradat-Diehl P. Comportement et lésions cérébrales: Actes des 19e Entretiens de la Fondation Garches. Editions Frison –Roche ; 2006, p 165-82.) Le symptôme comme tentative de symbolisation d’une souffrance familiale et individuelle Recherche d’informations à trois niveaux différents : - institutionnel - familial - individuel : la dimension neurologique et séquellaire la dimension neuropsychologique de la cognition le parcours de vie antérieur Approche psychodynamique Fayada C. Repères pour une psychothérapie psychanalytique en psychopathologie neurologique. Neuropsy News 2006, 5, 3, 104-9 "Si le thérapeute connaît les effets des troubles neurologiques et neuropsychologiques sur la vie psychique et s'il aménage le dispositif thérapeutique, la psychothérapie peut être utile et efficace sur le plan psychique et même sur le plan cognitif." 4 Cas clinique Ouss-Ryngaert L. Impact des neurosciences sur la pratique psychanalytique : la double lecture comme clinique "neuropsychanalytique". Rev Franç Psychanal 2007, 2, 419-36 Lecture double : au niveau neuropsychologique et au niveau psychodynamique Mr A. 30 ans Le 19/11/2003 : AVP en scooter sans casque GCS = 10 → 7 APT : 20 jours Scanner initial : Trois principes pour une "grille de lecture" : - lire les symptômes dans un ou l'autre des domaines - ce qui entraîne une intervention différente en fonction du domaine de lecture adopté hématome sous-dural fronto-temporal gauche fracture pariétale droite pétéchies intra-parenchymateuses droites hématome extra-dural pariétal droit opéré - double lecture non simultanée mais se complémentant Mr A. Imagerie Scanner (à 3 semaines) : séquelle de contusion pariétale droite Mr A. J 12 : désorienté dans le temps et l'espace, mais très compliant. Propos plus ou moins cohérents : fait des rêves, se sent parfois manipulé, se sent incapable de vivre avec une femme, quelque chose ne va pas bien dans sa tête. Les jours suivants : Amélioration de l'orientation, Opposition : pense être manipulé, entend des gens à la radio qui parlent de lui, se sent agressé par le bilan orthophonique, refuse le traitement, refuse de manger. "Laissez moi tranquille". Confusion de l'éveil → Psychose post-traumatique ? Mr A. Anamnèse : Mr A. Pour les parents il n'a jamais posé de problème : Une psychose ordinaire suppléance à la forclusion du Nom-du-Père branchement sur l'idéal d'un proche Échec au bac, Mais depuis un travail stable. 5 mois au Maroc. Récupéré par ses parents fin septembre : il avait tout perdu : voiture, argent, appareil photo. Ses parents le trouve "déprimé, fermé, dans son monde", mais sans idées bizarres : "Il s'est toujours posé beaucoup de questions existentielles". Évolution : Hospitalisé 13 jours en HDT Très discrètement délirant mais calme et coopérant. Sortie chez lui le 24/12/2003. Parents non convaincus de la pathologie psychiatrique. 5 Mr A. Évolution : Mr A. - Mi-janvier part de chez ses parents - Décembre 2004 : - 4 jours plus tard en détention provisoire à Fresnes pour vol avec violence. Expertise : irresponsable Bilan neuropsychologique et ergothérapique : Difficultés attentionnelles - HO : 2 Fugues de l'HP. Fatigabilité - Mi-mars 2004 : 2 tentatives de vol de voiture avec violence sur les propriétaires. Expertise : irresponsable. HO. Ralentissement Inadaptation à certaines convenances sociales - Transfert dans sa région. Nouvelle fugue en Espagne : fracture du cubitus. Mr A. Évolution : Mr A. - Novembre 2005 : 4 mois d'essai en centre de réadaptation : refusé pour "difficultés aux ateliers préprofessionnels et consommation importante de cannabis". 08/12/2007 : Un accident "Au changement de train , j'ai ressenti une grande fatigue, puis des malaises et j'ai dû perdre conscience et l'équilibre au bord du quai. Je suis alors tombé sur les rails du train qui, en repartant, m'a écrasé le bas de la jambe droite." - 23/04 au 28/04/2006 : mise en situation dans son ancien métier - Août 2006 : CDD d'un mois dans un contexte protégé sur le plan relationnel avec une équipe réduite. - 22/12/2006 au 22/04/2007 : CDD dans son ancien métier avec RQTH. Mr A. A retenir : Les interrogations des psychiatres - "Est-ce à rapporter à un syndrome frontal ou à une forme indifférenciée de schizophrénie précédent les troubles ?" - Possibilité de "trancher entre des séquelles d'un TC et une décompensation psychique autonome ?" Psychose ordinaire Évolution : 02/06/2009 : Présente une discordance très discrète. Vit chez ses parents. Envisage une reconversion professionnelle quand ses problèmes de moignon seront réglés. Cas clinique Mr B. 44 ans Le 19/07/2006 : Chute de 3 m d'une échelle GCS = 9 APT : 11 jours Scanner initial : contusions frontales et temporales gauches, hématome sous-dural bilatéral minime, fracture pariétale droite avec pneumocéphalie Phénomènes de corps dans les psychoses 6 Cas clinique Cas clinique Mr B. Imagerie Scanner à 3 semaines : atrophie cortico-sous-corticale avec augmentation du volume ventriculaire Mr B. Imagerie IRM à 6 mois : dilacérations axonales frontale droite et du pédoncule cérébral droit Mr B. Bilan neuropsychologique (à 10 mois) : Mr B. Motif de consultation (à 2 ans): il entend des voix Perturbation de la mémoire antérograde verbale et visuelle. Ses plaintes : "j'oublie, je suis ralenti" Son histoire : Entrepreneur plomberie-chauffage (3 salariés) Syndrome dysexécutif avec tr de la mémoire de travail, de la flexibilité mentale, de la planification de l'action. Ralentissement de la vitesse de traitement de l'information et difficultés en double tache. Manque du mot et paraphasie sémantiques. Mr B. Les voix ? Lutte intérieure : il faut se battre / ça ne sert à rien J'ai deux cerveaux : mon cerveau d'avant qui me dit que je peux fonctionner comme avant et un nouveau cerveau Les voix lui disent : il ne peut pas fonctionner comme avant sa femme l'a poussé son fils fouille dans ses comptes professionnels on se mêle de ses affaires. Avant :bureau + chantiers + dépannages Maintenant : que bureau "J’ai toujours travaillé, je me suis fait tout seul" : Père cultivateur retraité quand il a 8 ans, aide à la ferme, puis apprentissage de plombier, armée dans les chars, ouvrier pendant 5 ans, puis s'installe à son compte Mr B. Intervention : Ne pas remettre en cause sa façon d'expliquer l'inexplicable. Revenir sur l'Amnésie Post-Traumatique. Encourager son "travail" sur les fonctions supérieures et le suivi par l'équipe d'accompagnement à la réinsertion professionnelle. Proposer une aide médicamenteuse s'il en ressent le besoin Évolution : 1 an après, 3 ans après le TC : commence à saisir que ça ne sera plus comme avant. Parallèlement, les "voix" se font moins présentes. 7 Cas clinique Mr B. A retenir : Difficulté diagnostique séméiologie ? personnalité ? Mme C. 74 ans Le 10/08/2006 : AVP "Traumatisme crânio-cervical sans perte de connaissance initiale" La prudence En fait : Le temps Radio : fracture comminutive du corps de C2 GCS = 14 APT = 30 mn Scanner initial : Aucun Sortie après 5 jours d'hospitalisation avec minerve et traitement antalgique Mme C. Dans les suites immédiates : fatigue, céphalées, oublis liés à des difficultés attentionnelles, irritabilité, troubles de l'équilibre → Syndrome Post-Commotionnel Dans les suites différées : cauchemars, reviviscence fréquente de l'accident associés à des manifestations anxieuses, trouble du sommeil, repli sur soi, évitement, restriction d'activités → État de Stress Post-Traumatique Mme C. Imagerie Le signifiant quelconque du transfert : Mme C. Bilan neuropsychologique (22 mois après l'accident) : - fatigabilité, - difficultés en mémoire antérograde épisodique verbale (stockage et récupération de l'information), - fluctuations attentionnelles, - syndrome dysexécutif (trouble planification et de la flexibilité mentale), - ralentissement de la vitesse de traitement de l'information Mme C. Motif de consultation (2 ans après l'accident) : elle est dépressive Ses plaintes : "Je ne suis plus bonne à rien, je ne peux plus conduire, je ne sors plus". Céphalées, cauchemars. Circonstances de l'accident : conduite par une amie sur la route des vacances, un fourgon fait demi-tour en haut d'une côte. Lui il n'a rien eu, mon amie non plus, c'est moi qui ai tout pris. "Le neurochirurgien ne veut plus que je conduise, il m'oblige à porter un collier cervical en voiture." 8 Mme C. Intervention : Souligner la fatalité de l'événement traumatique. La conduite automobile ? faire préciser les dires du neurochirurgien proposer un bilan de la conduite Proposer une aide médicamenteuse tout en allégeant son traitement Encourager la prise en charge en hôpital de jour. Mme C. Évolution : - 15 jours plus tard : Pleure moins, dort mieux. Commence à intégrer son AVP dans son histoire. - un mois plus tard : transformée, a d'avantage d'envie, a pris RDV pour une leçon de conduite. Toujours ses maux de tête mais le prend mieux. - Aujourd'hui : dans l'ensemble beaucoup mieux : Les vertiges ont disparu. Le traitement s'est allégé. Les céphalées et les cauchemars sont toujours là. Accepte de ne plus pouvoir conduire. Actuellement est en voyage avec un ami comme avant. Cas clinique Mme C. Mme D. 63 ans A retenir : Une clinique sous transfert La réappropriation de son histoire par le sujet Le 30/07/2005 : AVP : GCS = 13 Fracture du bassin avec lésions artérielles → choc hémorragique, CIVD Puis hydrocéphalie majeure puis méningite. Au total 7 interventions Hospi : 1,5 mois en réa et 5 mois en neurochirurgie APT = 8 mois Mme D. Imagerie Scanner initial : hyperdensité médiane du tronc cérébral (→ strabisme) et hémorragie méningée au niveau du IV ème ventricule Scanner à 1 an: atrophie corticale bifrontale Mme D. Imagerie : IRM à 3 ans remaniements hémorragiques intra-parenchymateux sur le trajet des anciennes dérivations + séquelles hémorragiques intra-ventriculaires 9 Mme D. Bilan neuropsychologique à 3 ans : - syndrome dysexécutif majeur : perturbation des stratégies de récupération en mémoire antérograde épisodique verbale, trouble de la mémoire de travail difficultés de planification et de flexibilité mentale - difficultés d'attention sélective et soutenue - ralentissement de la vitesse de traitement de l'information Pas de conscience de ses troubles cognitifs. Mme D. Motif de consultation (août 2008) : dépressive depuis mars 2008, refuse un traitement Sa présentation : une femme coquette Ses plaintes : "Je ne suis plus la même personne J'étais dynamique, sportive, … Le regard des autres me gêne : je me trouve trop diminuée. Je ne suis bien que quand je suis seule. Ma sœur jumelle s’est installée en permanence à la maison." Refus des médicaments parce que perte du contrôle de soi : "on me sortait comme une chose, là où je n'avais pas ma place." Mme D. Mme D. Donc : pas vraiment d'état dépressif un état de dépossession d'elle-même Évolution : "nous avons noté de gros progrès" - a repris la gym - sa sœur a déménagé Intervention : Solliciter ses réponses. Ne pas abonder dans le sens de la plainte. Souligner les choses qu'elle aime faire et dans lesquelles elle est active. Questionner la possibilité d'une reprise en main de sa vie : ses activités antérieures ? sa sœur ? . Mme D. A retenir : A chacun son traumatisme Le traumatisme comme cause mais peu de choses ont bougé : Fixation par identification du sujet à une pseudocause, l'accident. "une blessure interne que personne ne pourra enlever" En conclusion Intérêt d'une étude au cas par cas • Une expression identique pour des histoires différentes • Avoir un Traumatisme Crânien ou être un Traumatisé Crânien Une clinique sous transfert La neuropsychologie "S'en passer à condition de s'en servir" 10 Caroline DOUCET Le psychologue en service de médecine : les mots du corps Masson (23 janvier 2008) Bibliographie - Kim E et al. Neuropsychiatric complications of traumatic brain injury: a critical review of the literature (a report by the ANPA Committee on Research) J Neuropsychiatry Clin Neurosci. 2007 Spring;19(2):106-27. - David SA, Prince M. Psychosis following head injury: a critical review. J Neurol Neurosurg Psychiatry. 2005 Mar;76 Suppl 1:i53-60. - Prigatano G.P. Principles of neuropsychological rehabilitation. Oxford University Press, 1999, 356 p. - Destaillats J.-M., Mazaux J.-M. et al. L’approche neuro-systémique des troubles du comportement. – du symptôme au symbole : la construction du sens. In Azouvi P., Mazaux J.-M., Pradat-Diehl P. Comportement et lésions cérébrales: Actes des 19e Entretiens de la Fondation Garches. Editions Frison-Roche, 2006, p 165-82. - Fayada C. Repères pour une psychothérapie psychanalytique en psychopathologie neurologique. Neuropsy News 2006, 5, 3, 104-9. - Ouss-Ryngaert L. Impact des neurosciences sur la pratique psychanalytique : la double lecture comme clinique "neuropsychanalytique". Rev Franç Psychanal 2007, 2, 419-36. - Doucet C. Le psychologue en service de médecine : les mots du corps. Masson, 2008, 166 p. 11