Histoire littéraire p. 000
TEXTES ÉCHOS
MOLIÈRE, Le Tartuffe p. 000
MOLIÈRE, Dom Juan p. 000
MOLIÈRE, George Dandin p. 000
P. CORNEILLE, L’Illusion comique p. 000
TEXTES ÉCHOS
P. CORNEILLE, L’Illusion comique p. 146
MOLIÈRE, Dom Juan p. 148
MOLIÈRE, George Dandin p. 154
MOLIÈRE, Le Tartuffe p. 169
Chronologie
⁄§∞° La troupe de Molière obtient la protection
de Monsieur, frère de Louis XIV, et partage avec
les comédiens-italiens la salle du Petit-Bourbon.
⁄§∞· Création des Précieuses ridicules.
§§ La troupe s’installe dans la salle du Palais-Royal.
Création de L’École des maris.
Janvier ⁄§§¤
Mariage de Molière avec Armande Béjart,
de vingt ans sa cadette.
¤§ décembre ⁄§§¤
Première de L’École des femmes. Molière joue
le rôle d’Arnolphe.
Janvier-mars ⁄§§
Trente-deux représentations publiques
de la pièce. C’est un succès sans précédent.
Mai ⁄§§
Le roi attribue à Molière une pension annuelle
de mille livres.
Fin ⁄§§
Molière répond aux critiques concernant
L’École des femmes par deux autres pièces,
La Critique de l’École des femmes et
L’Impromptu de Versailles.
Objectifs
Découvrir les caractéristiques
d’une comédie classique
Analyser l’évolution d’un caractère
Comparer des mises en scène
Riche bourgeois de quarante-
deux ans, Arnolphe a élevé
une jeune fille pauvre dans
l’ignorance totale des choses
de la vie pour en faire une sotte,
et l’épouser sans risque d’être
trompé. Mais en son absence,
la jeune Agnès a rencontré
Horace qui s’est fait aimer
d’elle. Arnolphe cherche, en
vain, à éloigner les deux amants.
Agnès se révolte contre le
mariage qu’Arnolphe veut
lui imposer.
L’École
des femmes
⁄§§¤
Molière
·PARCOURS DE LECTEUR ŒUVRE INTÉGRALE
Histoire littéraire p. 157, 178
180
2 La tragédie et la comédie au XVIIe siècle : le classicisme
privilégiant le grand spectacle : les tragédies
« à machines », avec des décors fastueux et
des effets visuels, comme Cir de Thomas
Corneille, ou les premiers opéras français
comme Alceste, Thésée ou Armide, fruits d’une
collaboration entre Quinault et Lully. Ces
nouveaux genres influencent Racine qui intro-
duit des chœurs chantés dans Esther (1689) et
Athalie (1691).
Les querelles autour des règles
Si les théoriciens édictent des règles strictes,
c’est aussi pour canaliser le théâtre, divertisse-
ment considéré comme moralement dangereux
par l’Église. En effet, rire ou pleurer le temps
d’un spectacle détourne, selon eux, de Dieu.
Toutefois, les auteurs ne poursuivent pas ce but
en priorité. Qu’ils soient, comme Molière, acteur
et chef de troupe ou, comme Racine, écrivain
d’une troupe célèbre, il leur faut d’abord séduire le
public et s’assurer la protection des commanditaires,
comme Richelieu et Louis XIV. Ces objectifs divergents
engendrent des querelles retentissantes.
La querelle du Cid (1637)
Cette tragi-comédie permet à Corneille d’être reconnu
comme le maître de la scène. Pendant près d’un an
pourtant, il subit les attaques d’auteurs dramatiques
éclipsés, comme Mairet et Scudéry. Ils lui reprochent
de ne respecter qu’imparfaitement les trois unités
et d’aller à l’encontre des bienséances : l’héroïne,
Chimène, accepte d’épouser le meurtrier de son
père. La pièce contrevient donc aussi à la règle de la
constance des caractères. Richelieu lui-même pousse
l’Académie à rédiger un texte critique, puis finit par
ordonner à Mairet et Corneille de se réconcilier : il ne
peut aller à contre-courant du succès du Cid.
L’École des femmes (1662)
Les attaques contre la pièce de Molière, qui connaît
aussi un grand succès, viennent de la troupe concur-
rente de l’Hôtel de Bourgogne et ses auteurs attitrés,
les frères Corneille, et des dévots et moralistes. Ils pré-
tendent que la pièce, contenant des obscénités, ne res-
pecte pas la bienséance. En se moquant du sacrement
du mariage, Molière compromettrait la visée morali-
satrice du genre comique. Les deux camps s’affrontent
pendant un an avec des comédies, des essais critiques,
des lettres. Molière répond à ses détracteurs par deux
courtes pièces en 1663, La Critique de l’École des
femmes et L’Impromptu de Versailles où il se met en
scène comme auteur et chef de troupe pour défendre
la dignité de la comédie : « Bien des gens ont frondé
cette comédie ; mais les rieurs ont été pour elle », dit-il
dans la préface, rappelant ainsi que le succès d’une
comédie tient surtout… à sa force comique.
Les grandes figures du théâtre
classique
Pierre Corneille
Ses premières œuvres (1630-1637), comédies (Le
Menteur) ou tragi-comédies (Le Cid, L’Illusion comique)
montrent son goût baroque pour le mélange des
genres et les effets spectaculaires. Même si, avec
ses dix-sept tragédies régulières (Horace, Cinna,
Polyeucte), il devient, à partir de 1640, le modèle des
écrivains de son époque, il a une conception souple
des règles classiques. C’est pourquoi il écrit aussi
des « pièces à machines » (avec des machineries
assurant des effets spéciaux extraordinaires) comme
Andromède (1650) et La Conquête de la Toison d’or
(1660).
Molière
Il commence sa carrière d’acteur en jouant des tragé-
dies de Corneille et sa troupe montera les premières
œuvres de Racine. Comme auteur, il renouvelle d’abord
le genre de la farce en accentuant son caractère sati-
rique (Les Précieuses ridicules). Il devient ensuite le
maître de la comédie de caractère. Enfin, avec le
musicien Lully, il invente pour les divertissements de
Louis XIV la comédie-ballet (Le Bourgeois gentil-
homme, Le Malade imaginaire).
Racine et la fin du siècle
Il détrône Corneille vieillissant avec Andromaque
(1667). Ses tragédies, impitoyables huis-clos destinés
à broyer les héros, sont les chefs-d’œuvre du théâtre
classique (Britannicus, Bérénice, Bajazet, Phèdre).
Ses rivaux de la fin du siècle créent des œuvres
J. D. COURT (1797-1865),
Corneille accueilli au théâtre par le Grand Condé, 1828-29,
esquisse (Musée Pierre-Corneille, Rouen).
182
2 La tragédie et la comédie au XVIIe siècle : le clacissisme
PARCOURS DE LECTEUR L’École des femmes
9 L’École des femmes
183
LECTURE DU TEXTE
1 RECHERCHE Cherchez le sens du mot « ingénue ».
Montrez que le portrait d’Agnès donné dans la scène
d’exposition correspond à ce qualificatif et relevez les
synonymes de ce terme employés par Arnolphe.
Lesquels sont péjoratifs, lesquels sont mélioratifs ?
Que signifie l’expression : « jouer les ingénues » ?
2 Pourquoi l’éducation qu’Arnolphe a imposée à Agnès
l’a-t-elle rendue ingénue ?
3 Au théâtre, quelles péripéties comiques le caractère
d’ingénue peut-il créer ?
HISTOIRE DES ARTS
4 Comparez les costumes présentés (forme, couleur,
accessoires) : quelles similitudes et différences remarquez-
vous ? Que suggèrent-ils du rôle donné à la femme ?
5 Analysez les postures et expressions des actrices :
comment le caractère d’ingénue est-il suggéré ?
6 MISE EN VOIX Mettez en voix les Maximes sur le
mariage qu’Arnolphe fait lire à Agnès (Acte III, scène 2,
éd. Classiques Hachette, p. 60 à 62) en essayant de
trouver une intonation correspondant à chacune des
postures proposées ici. Justifiez votre choix.
Antiquité Moyen Âge
XVIeXVIIeXVIIIeXXIe
XXe
XIXe
1
5
10
15
20
25
Scène d’exposition
EXTRAIT 1
La naissance du personnage d’Agnès
L’École des femmes fait écho à L’École des maris, farce en trois actes écrite par
Molière en 1661. On y retrouve Arnolphe, personnage masculin que ses opinions
rétrogrades sur le mariage et les relations entre hommes et femmes rendent ridicule.
Dans les deux pièces, Arnolphe devient un fiancé ou un mari trompé, malgré toutes
ses précautions.
En revanche, le personnage d’Agnès est nouveau : ignorante et soumise, la jeune
fille, grâce à l’amour, s’éveille à l’intelligence et acquiert une épaisseur psycholo-
gique. C’est l’« inconstance », l’évolution de son caractère, contraire aux conven-
tions classiques, qui a déchaîné les critiques. Molière met ainsi à profit des thèmes
à la mode dans les salons mondains qu’il fréquente, où l’on débat de la puissance
de l’amour et de son rapport avec l’esprit. Il se moque également des préjugés
bourgeois sur le rôle des femmes que les milieux aristocratiques critiquaient :
les précieuses, femmes de lettres et intellectuelles, voyaient dans l’institution du
mariage le principal lieu d’oppression des femmes.
Mlle de Brie avait déjà trente-deux ans quand elle créa le rôle en 1663. Pourtant,
son succès fut tel que, lorsqu’elle voulut se faire remplacer en 1685, le parterre
protesta. Mlle de Brie dut se précipiter au théâtre et jouer en costume de ville !
Mlle de Brie à la création du rôle en 1662.
Entrée dans l’œuvre : Mettre en scène une ingénue
Isabelle Adjani dans le rôle d’Agnès, mise en scène
de Jean-Paul Roussillon (Comédie-Française, Paris, 1973).
Agnès (Johanna Korthals Altes), mise en scène d’Éric Vigner
(Comédie-Française, Paris, 1999).
Arnolphe fait le portrait de la jeune Agnès à son ami Chrysalde.
Acte I, scène 1
ARNOLPHE, CHRYSALDE
ARNOLPHE. – Un air doux et posé, parmi d’autres enfants,
M’inspira de l’amour pour elle dès quatre ans ;
Sa mère se trouvant de pauvreté pressée,
De la lui demander il me vint la pensée ;
Et la bonne paysanne, apprenant mon désir,
À s’ôter cette charge eut beaucoup de plaisir.
Dans un petit couvent, loin de toute pratique,
Je la fis élever selon ma politique,
C’est-à-dire ordonnant quels soins on emploierait
Pour la rendre idiote autant qu’il se pourrait.
Dieu merci, le succès a suivi mon attente ;
Et grande, je l’ai vue à tel point innocente,
Que j’ai béni le Ciel d’avoir trouvé mon fait1,
Pour me faire une femme au gré de mon souhait.
Je l’ai donc retirée ; et comme ma demeure
À cent sortes de monde est ouverte à toute heure,
Je l’ai mise à l’écart, comme il faut tout prévoir,
Dans cette autre maison où nul ne me vient voir ;
Et pour ne point gâter sa bonté naturelle,
Je n’y tiens que des gens tout aussi simples qu’elle.
Vous me direz : Pourquoi cette narration ?
C’est pour vous rendre instruit de ma précaution.
Le résultat de tout est qu’en ami fidèle
Ce soir je vous invite à souper avec elle ;
Je veux que vous puissiez un peu l’examiner,
Et voir si de mon choix on me doit condamner.
MOLIÈRE, L’École des femmes, Acte I, scène 1
(éd. Classiques Hachette, p. 18-19), 1662.
1. Mon affaire.
184
2 La tragédie et la comédie au XVIIe siècle : le clacissisme
PARCOURS DE LECTEUR L’École des femmes
9 L’École des femmes
185
1
5
10
15
TEXTE ÉCHO
La naïveté,
une source du comique
Molière,
Dom Juan p. 148
20
25
L’ingénue « torture » le barbon
EXTRAIT 2
Arnolphe a appris par Horace, qui ignore sa véritable identité, sa rencontre avec
Agnès. Il cherche à savoir ce qui s’est vraiment passé.
Acte II, scène 5
ARNOLPHE, AGNÈS
ARNOLPHE. – Oui, mais que faisait-il étant seul avec vous ?
AGNÈS. – Il jurait qu’il m’aimait d’une amour sans seconde,
Et me disait des mots les plus gentils du monde,
Des choses que jamais rien ne peut égaler,
Et dont, toutes les fois que je l’entends parler,
La douceur me chatouille et là-dedans remue
Certain je ne sais quoi dont je suis toute émue.
ARNOLPHE, à part. – Ô fâcheux examen d’un mystère fatal,
Où l’examinateur souffre seul tout le mal !
(À Agnès.)
Outre tous ces discours, toutes ces gentillesses,
Ne vous faisait-il point aussi quelques caresses ?
AGNÈS. – Oh tant ! Il me prenait et les mains et les bras,
Et de me les baiser il n’était jamais las.
ARNOLPHE. – Ne vous a-t-il point pris, Agnès, quelqu’autre chose ?
(La voyant interdite.)
Ouf !
1. Donnez votre parole.
Sur quel
quiproquo la scène
repose-t-elle ?
Qu’est-ce qui rend
chacun des
personnages
comiques ?
MISE EN SCÈNE
Comment le jeu
des acteurs
exprime-t-il le
registre comique ?
Lisez le texte
écho. Pourquoi la
naïveté des jeunes
filles opposée
à l’expérience
masculine
devient-elle source
comique dans
les deux textes ?
Louis Jouvet et
Madeleine Ozeray,
mise en scène
de Louis Jouvet, 1936.
AGNÈS. – Hé ! il m’a...
ARNOLPHE. – Quoi ?
AGNÈS. – Pris...
ARNOLPHE. – Euh !
AGNÈS. – Le...
ARNOLPHE. – Plaît-il ?
AGNÈS. – Je n’ose,
Et vous vous fâcherez peut-être contre moi.
ARNOLPHE. – Non.
AGNÈS. – Si fait.
ARNOLPHE. – Mon Dieu, non !
AGNÈS. – Jurez donc votre foi 1.
ARNOLPHE. – Ma foi, soit.
AGNÈS. – Il m’a pris... Vous serez en colère.
ARNOLPHE. – Non.
AGNÈS. – Si.
ARNOLPHE. – Non, non, non, non ! Diantre ! que de mystère !
Qu’est-ce qu’il vous a pris ?
AGNÈS. – Il...
ARNOLPHE, à part. Je souffre en damné.
AGNÈS. – Il m’a pris le ruban que vous m’aviez donné.
À vous dire le vrai, je n’ai pu m’en défendre.
ARNOLPHE, reprenant haleine. – Passe pour le ruban. Mais je voulais apprendre
S’il ne vous a rien fait que vous baiser les bras.
AGNÈS. – Comment ? est-ce qu’on fait d’autres choses ?
MOLIÈRE, L’École des femmes, Acte II, scène 5 (éd. Classiques Hachette, p. 48-50), 1662.
Agnès Sourdillon
et Pierre Arditi,
mise en scène
de Didier Bezace
(Théâtre de
la Commune,
Aubervilliers, 2001).
Antiquité Moyen Âge
XVIeXVIIeXVIIIeXXIe
XXe
XIXe
PARCOURS DE LECTEUR L’École des femmes
9 L’École des femmes
187
TEXTES ÉCHOS
La mise en scène des
« caractères » : ressort
comique ou réflexion
sur la nature humaine ?
P. Corneille,
L’Illusion comique p. 146
Molière,
George Dandin p. 154
Molière,
Le Tartuffe p. 169
TEXTE ÉCHO
Le trio amoureux,
ressource comique
Molière,
Le Tartuffe p. 169
1
5
10
15
20
25
1. Les précieuses sont
des intellectuelles
au XVIIe siècle.
2. Excelle, brille.
3. Terme péjoratif,
insultant au XVIIe siècle.
Comment
Arnolphe
s’impose-t-il ?
Comment Agnès
lui résiste-t-elle ?
MISE EN SCÈNE
Analysez la façon
dont les mises en
scène traduisent le
rapport de force.
Lisez les deux
premiers textes
échos.
Comment la
révolte des jeunes
filles sert-elle
l’intrigue dans
les comédies
classiques ?
Lisez le dernier
texte écho.
En quoi un mari
trompé est-il
à la fois comique
et pathétique ?
Horace a organisé l’enlèvement d’Agnès, mais il est piégé par Arnolphe et c’est
face à lui que se retrouve la jeune fi lle. Agnès revendique la liberté d’aimer Horace.
Acte V, scène 4
ARNOLPHE, AGNÈS
AGNÈS. – Mon Dieu, ce n’est pas moi que vous devez blâmer :
Que ne vous êtes-vous, comme lui, fait aimer ?
Je ne vous en ai pas empêché, que je pense.
ARNOLPHE. – Je m’y suis efforcé de toute ma puissance ;
Mais les soins que j’ai pris, je les ai perdus tous.
AGNÈS. – Vraiment, il en sait donc là-dessus plus que vous ;
Car à se faire aimer il n’a point eu de peine.
ARNOLPHE. – Voyez comme raisonne et répond la vilaine !
Peste ! une précieuse1 en dirait-elle plus ?
Ah ! je l’ai mal connue ; ou, ma foi ! là-dessus
Une sotte en sait plus que le plus habile homme,
Puisqu’en raisonnement votre esprit se consomme2,
La belle raisonneuse, est-ce qu’un si long temps
Je vous aurai pour lui nourrie à mes dépens ?
AGNÈS. – Non, il vous rendra tout jusques au dernier double.
ARNOLPHE. – Elle a de certains mots où mon dépit redouble.
Me rendra-t-il, coquine3, avec tout son pouvoir,
Les obligations que vous pouvez m’avoir ?
AGNÈS. – Je ne vous en ai pas de si grandes qu’on pense.
ARNOLPHE. – N’est-ce rien que les soins d’élever votre enfance ?
AGNÈS. – Vous avez là-dedans bien opéré vraiment,
Et m’avez fait en tout instruire joliment !
Croit-on que je me flatte, et qu’enfin dans ma tête,
Je ne juge pas bien que je suis une bête ?
Moi-même, j’en ai honte ; et, dans l’âge où je suis,
Je ne veux plus passer pour sotte, si je puis.
MOLIÈRE, L’École des femmes, Acte V, scène 4 (éd. Classiques Hachette, p. 113-114), 1662.
L’ingénue émancipée
EXTRAIT 4
1
5
10
15
20
25
Qu’est-ce que
la « duplicité » ?
Agnès en fait-elle
preuve ? Justifiez.
Comment
Molière rend-il
le thème de
la « confidence
inappropriée »
scéniquement
comique ?
Aidez-vous du
texte et de l’image.
Lisez le texte
écho.
a Qui est caché
dans chacune des
scènes ? Qui est
ridiculisé dans les
deux cas ? Justifiez.
b Quelle scène est
plus comique ?
L’ingénue devient ingénieuse
EXTRAIT 3
Arnolphe a exigé d’Agnès qu’elle chasse Horace en lui lançant une pierre – un
« grès » – par la fenêtre.
Acte III, scène 4
HORACE, ARNOLPHE
ARNOLPHE. – Le grès vous a mis en déroute ;
Mais cela ne doit pas vous étonner.
HORACE. – Sans doute,
Et j’ai compris d’abord que mon homme était là,
Qui, sans se faire voir, conduisait tout cela.
Mais ce qui m’a surpris, et qui va vous surprendre,
C’est un autre incident que vous allez entendre,
Un trait hardi qu’a fait cette jeune beauté,
Et qu’on n’attendrait point de sa simplicité.
Il le faut avouer, l’amour est un grand maître :
Ce qu’on ne fut jamais il nous enseigne à l’être ;
Et souvent de nos mœurs l’absolu changement
Devient, par ses leçons, l’ouvrage d’un moment ;
De la nature, en nous, il force les obstacles,
Et ses effets soudains ont de l’air des miracles ;
D’un avare à l’instant il fait un libéral,
Un vaillant d’un poltron, un civil d’un brutal ;
Il rend agile à tout l’âme la plus pesante,
Et donne de l’esprit à la plus innocente.
Oui, ce dernier miracle éclate dans Agnès ;
Car, tranchant avec moi par ces termes exprès :
Retirez-vous : mon âme aux visites renonce ;
Je sais tous vos discours ; et voilà ma réponse,
Cette pierre, ou ce grès, dont vous vous étonniez
Avec un mot de lettre est tombée à mes pieds ;
Et j’admire de voir cette lettre ajustée
Avec le sens des mots ; et la pierre jetée.
D’une telle action n’êtes-vous pas surpris ?
MOLIÈRE, L’École des femmes, Acte III, scène 4 (éd. Classiques Hachette, p. 71-72), 1662.
Horace (Richard Fontana)
et Arnolphe (Didier Sandre),
mise en scène d’Antoine Vitez, 1978.
Lyn Thibault et Daniel Auteuil,
mise en scène de Jean-Pierre Vincent, 2008.
Isabelle Adjani
et Michel Aumont,
mise en scène de
Jean-Paul Roussillon
(Comédie-Française,
Paris, 1973).
Antiquité Moyen Âge
XVIeXVIIeXVIIIeXXIe
XXe
XIXe
PARCOURS DE LECTEUR L’École des femmes
Olivier Ythier (Horace) et Pierre Arditi (Arnolphe),
mise en scène de Didier Bezace
(Théâtre de la Commune, Aubervilliers, 2001).
La réception de l’œuvre : Des personnages vraisemblables ?
1 Quelles invraisemblances dans les caractères les
trois textes relèvent-ils ? Comment sont-elles
expliquées ? Classez vos éléments de réponse.
2 Expliquez, en vous appuyant sur le texte 2 et les
monologues d’Arnolphe (éd. Classiques Hachette,
p. 77, 81-82, 91-92), pourquoi des metteurs en scène
font souvent d’Arnolphe un personnage tragique.
MISE EN SCÈNE Comment le jeu de Pierre Arditi tra-
duit-il cette idée ?
3 Horace et Agnès sont-ils pour vous « des ados
comme il peut y en avoir tant » ? Argumentez.
Intrigue classique et
évolution d’un caractère
Personnage et caractère
Le personnage de théâtre classique se définit par un
état civil (nom, âge, situation sociale et familiale) et
se construit par sa présence sur scène, les actions
qu’il accomplit et les paroles qu’il prononce ou celles
que l’on dit sur lui. Le caractère est l’ensemble de ses
traits psychologiques et moraux, particulièrement
marqués, voire stéréotypés (exemples : l’ingénue,
l’avare, le barbon).
La règle classique prône que le comportement du per-
sonnage reste cohérent, tout au long de la pièce, avec
son caractère initial. Il ne doit, ni ne peut, évoluer.
1 @ RECHERCHE Quelle est l’étymologie du prénom
Agnès ? Quelles en sont les connotations ? Qu’est-il
arrivé à sainte Agnès ?
2 Établissez la fiche d’identité d’Agnès grâce
aux informations données à l’acte I, scène 1 (éd.
Classiques Hachette, p. 18-19), puis à celles qui sont
révélées à l’acte V, scènes 7 à 9 (p. 119 à 125).
3 Relevez dans les propos d’Arnolphe (v. 123-164,
p. 18-19), puis dans ceux d’Horace (v. 316-340,
p. 32-33) les termes définissant le caractère de la
jeune fille. Confrontez ces éléments à l’attitude
d’Agnès à l’acte II, scène 5 (p. 44 et suivantes) et à sa
lettre (acte III, scène 4, p. 73-74). Brossez le portrait
psychologique et moral de la jeune fille.
Un personnage moteur de l’intrigue
1 Dans combien de scènes Agnès apparaît-elle ?
Avec quel(s) personnage(s) ? Que remarquez-vous ?
2 Dans ses plus longs dialogues, quels éléments
révèlent l’évolution de son caractère ?
3 Relevez les actions d’Agnès, relatées dans les
actes III, scène 4 (éd. Classiques Hachette, p. 72-73) ;
IV, scène 6 (p. 90-91) et V, scène 2 (p. 104-105).
Pourquoi constituent-elles des coups de théâtre ?
Jouer Agnès
1 Relevez les didascalies et les éléments de dialogue
(v. 676 ; v. 1012-1015) précisant l’attitude d’Agnès
(mimiques, regards, etc.). Révèlent-ils la complexité
du personnage ? Quel effet ce jeu produit-il sur
Arnolphe (fin des actes II, scène 5 et IV, scène 1) ?
2 MISE EN SCÈNE Comparez les images d’Agnès : com-
ment les actrices incarnent-elles le caractère du
personnage et son évolution ?
Le triomphe du naturel
« Agnès enseigne par l’exemple qu’un esprit bien
né ne saurait être entièrement étouffé par une
mauvaise éducation, mais qu’une bonne éducation
permettrait de brûler les étapes. »
G. FORESTIER, Notice à L’École des femmes,
© Éditions Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2010.
1 Lisez les passages où il est question de l’éducation
des filles (Actes I, scène 1, éd. Classiques Hachette,
p. 16-18 ; III, scènes 3, 4, 5, p. 66-77 ; V, scène 4,
p. 114). Qu’a-t-on enseigné à Agnès ? Quel rôle cette
éducation donne-t-elle aux femmes ? Que critiquent
Chrysalde, Horace et Agnès ?
2 Quels « fâcheux périls » (v. 1414 et suivants)
Agnès court-elle à cause de cette éducation ?
3 Le « naturel » d’Agnès joue-t-il un rôle détermi-
nant dans son émancipation ? Expliquez.
FICHE DE LECTURE 1
9 L’École des femmes
189
⁄. Molière, La Critique de l’École des femmes
Uranie réunit dans son salon des amis et connaissances. La conver-
sation s’oriente sur la pièce de Molière que tous ont vue. Uranie et
Dorante s’y sont amusés, les autres sont très critiques.
Scène VI
URANIE. – Pour moi, je trouve que la beauté du sujet de L’École
des femmes consiste dans cette confidence perpétuelle ; et ce
qui me paraît assez plaisant, c’est qu’un homme qui a de l’es-
prit, et qui est averti de tout par une innocente qui est sa maî-
tresse, et par un étourdi qui est son rival, ne puisse avec cela
éviter ce qui lui arrive.
LE MARQUIS. – Bagatelle, bagatelle.
CLIMÈNE. – Faible réponse.
ÉLISE. – Mauvaises raisons.
DORANTE. – Pour ce qui est des enfants par l’oreille, ils ne sont
plaisants que par réflexion à Arnolphe1 ; et l’auteur n’a pas mis
cela pour être de soi un bon mot, mais seulement pour une
chose qui caractérise l’homme, et peint d’autant mieux son
extravagance, puisqu’il rapporte une sottise triviale qu’a dite
Agnès comme la chose la plus belle du monde, et qui lui donne
une joie inconcevable.
LE MARQUIS. – C’est mal répondre.
CLIMÈNE. – Cela ne satisfait point.
ÉLISE. – C’est ne rien dire.
DORANTE. – Quant à l’argent qu’il donne librement, outre que la
lettre de son meilleur ami lui est une caution suffisante, il n’est
pas incompatible qu’une personne soit ridicule en de certaines
choses et honnête homme en d’autres.
MOLIÈRE, La Critique de l’École des femmes, Scène VI, 1663.
1. Si on les rapporte au personnage d’Arnolphe.
Philippe Clévenot et Anouk Grinberg,
mise en scène de Bernard Sobel, 1985.
Didier Sandre et Dominique Valadié,
mise en scène d’Antoine Vitez, 1978.
¤. Didier Bezace,
metteur en scène
Ainsi L’École s’inverse : elle
devait être celle d’un magister 1
tyrannique à l’égard d’une jeune
conscience brimée, celle de l’ap-
propriation, de la bêtise et de la
cruauté, celle que l’on subit encore
tout près de chez nous sous certains
voiles, elle devient l’apprentissage
forcé de l’humain par un homme
solitaire et têtu. Si le combat de la
vie semble gagné d’avance, celui de
la lucidité apparaît comme perdu :
Arnolphe restera jusqu’au bout un
mauvais élève et la fin de la pièce le
met au piquet pour toujours.
Est-ce cette fin sans appel qui
fait de L’École une tragédie autant
qu’une farce ?
D. BEZACE, Extrait du programme du
spectacle (Théâtre de la Commune,
Aubervilliers, 2001-2002).
1. Maître d’école.
‹. Jean-Pierre Vincent,
metteur en scène
Oh, nos jeunes amis ne sont
pas des génies, pas des surdoués,
non ! Agnès et Horace sont des
personnes très ordinaires, loin du
luxe baroque de Roméo et Juliette :
une naïve et un gaffeur, comme on
en voit dans les feuilletons, des ados
comme il peut y en avoir tant.
J.-P. VINCENT, Dossier de l’Odéon
(Théâtre de l’Europe, Paris, 2008).
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