Le texte est issu de L’Ecole des Femmes, acte I, scène 1, vers 123-154. On est donc dans la scène
d’exposition. Arnolphe, roche bourgeois, parle à son ami Chrysalde. Il est âgé de 42 an et ne supporte
ni le cocuage, ni l’émancipation qui apparaît sous l’influence des Précieuses (la préciosité est d’abord
un art de vivre qui cultive le raffinement des comportements, des idées et du langage. Elle comporte
une nouvelle doctrine amoureuse : la femme y joue un rôle privilégié, apparait comme une divinité
inaccessible que le parfait amant conquière peu à peu. Apogée : 1650-1660. En littérature, la préciosité
privilégie la subtilité de la pensée et la recherche de l’effet). Il rêve d’une femme parfaitement fidèle
et soumise à sa volonté. Dans cette tirade, il s’adresse à Chrysalde. Il lui présente sa méthode
d’éducation mise en œuvre afin d’obtenir une femme selon ses désirs et éviter les risques du cocuage.
Problématique : En quoi cette scène d’exposition est-elle une caricature d’éducation ?
Axes de lecture : 1. Un maître odieux
2. Une éducation très spéciale
3. Une dénonciation véhémente
I- Un maître odieux
1) L’égoïsme d’Arnolphe
Nombreuses occurrences de la première personne du singulier « je » (sujet) et « me » (COD). En 32
vers, ce pronom personnel est employé 20 fois, dont 7 fois à l’initiale du vers. Arnolphe est le principal
thème de la tirade alors qu’il s’agit de l’éducation d’Agnès.
Le verbe « vouloir » encadre la tirade (vers 2 et 31) comme Agnès a été encadrée par Arnolphe.
« Je crois » (v. 3), « ordonnant » (v. 15) expriment l’autoritarisme d’Arnolphe et soulignent son
égoïsme. Tout a été planifié durant 13 ans. L’autoritarisme est souligné par les termes désignant
l’éducation : « méthode », « mode », « politique », ayant pour but de ne pas être un mari cocufié par
son épouse. « Politique » indique la planification et la dépendance d’Agnès. Cela a donc pour but de
« la rendre idiote autant qu’il se pourrait » et de « [lui] faire une femme au gré de [son] souhait ». Il a
pu parvenir à cela grâce à son argent.
2) Un riche bourgeois
« Je me vois riche assez… » : Grâce à sa fortune, il a acheté une enfant « de pauvreté pressée », comme
un vulgaire bien de consommation. Il l’a ensuite façonnée à son gré durant treize ans. Il l’a « mise à
l’écart » dans sa seconde maison, où se trouvent des domestiques « aussi simples qu’elle » Il paye
pendant treize années son éducation « dans un petit couvent, loin de toute pratique ». Cet
emprisonnement dans le couvent se perpétue dans sa seconde maison
II- Une éducation très spéciale
1) Les précautions d’Arnolphe
Si Agnès avait eu de l’argent, elle aurait pu reprocher à Arnolphe la dot qu’elle lui aurait apporté et
d’avoir été contrainte d’épouser un homme moins riche qu’elle.
Arnolphe veut une femme « idiote » : la diérèse (prononciation en deux syllabes distinctes de deux
voyelles consécutives habituellement prononcées en une seule syllabe) attire l’attention sur un mot
important ; ce mot est également situé à la césure (séparant le vers en deux hémistiches).
« Innocente » (v. 18) est mis en valeur par sa présence à la rime.
C’est une sorte de simplicité et de naïveté proche de l’ignorance. Il l’obtient par l’isolement
intellectuel et moral d’Agnès.
Agnès a d’abord été achetée « dès 4 ans », ce qui implique une stratégie à long terme de la part
d’Arnolphe. Il a réussi à faire cela grâce à sa fortune, mais également grâce au soutien de la religion,
mettant en œuvre ses principes d’éducation. Il remercie la religion : « Dieu merci », « béni le Ciel » de