ORTHODOXIE
Le terme « orthodoxe » vient du grec όρθός orthós (droit) et δόξα dóxa (gloire/opinion). Il
trace une ligne claire entre d'un côté ce qui est exact, conforme, mais qui n'est pas forcément l'idée
majoritaire, et de l'autre côté, ce qui diverge de l'exactitude. Ce terme est à opposer à celui
d'hétérodoxie, d’hérésie. Il s’agira ici exclusivement du terme désignant l’Eglise orthodoxe en
dehors de toute autre définition dans le champ du mot orthodoxe.
L’orthodoxie ou christianisme orthodoxe, en grec ρθοδοξία signifiant donc la pensée
droite, descend des premières communautés chrétiennes fondées par les apôtres de Jésus dans les
provinces orientales de l'Empire romain..
1 - L’orthodoxie aujourd’hui
A – Qu’est l’Eglise orthodoxe ?
Ce que l’on appelle orthodoxie aujourd’hui sur le plan religieux correspond à l’ensemble
des églises orthodoxes, ensemble rattaché au patriarcat de Constantinople, Istanbul, la deuxième
Rome 1. On estime aujourd’hui à 250 millions le nombre de chrétiens orthodoxes dans le monde
L’orthodoxie n’est pas une religion mais l’une des trois principales confessions du
christianisme. En 1054, au moment du schisme2, cette confession fut adoptée par quatre des cinq
1 Il faut savoir que Moscou se considère depuis longtemps comme la troisième Rome après Constantinople, deuxième
Rome, depuis que Kiev, berceau de l’orthodoxie russe a perdu son pouvoir à la suite des invasions des Tatares et du le
joug qui les a suivies, et surtout depuis qu’à Istanbul la communauté orthodoxe est réduite à sa plus simple expression
en raison du génocide arménien et du placement de tous les Grecs qui vivaient en Turquie. Ce fait de la perte du
pouvoir de primauté du patriarcat d’Istanbul est relativement peu connu ; pourtant c’est bien le patriarche
Athénagoras que Paul VI avait rencontré.
2 Le Vocabulaire de Théologie Biblique éclaire cette notion de schisme qui a un pendant plus grave, celui d’hérésie
qui va aussi marquer les siècles du christianisme. « Les mots schisme et hérésie désignent tous deux une division
grave et durable du peuple chrétien, mais à deux niveaux de profondeur : le schisme (schismata) est une rupture dans
la communion hiérarchique, l’hérésie (haireseis) une rupture dans la foi elle-même. […] Pour Paul, les haireseis de I
patriarcats de l'Église Indivise dite Pentarchie : Constantinople, Antioche, Alexandrie et
Jérusalem et le seul patriarcat à se séparer fut Rome.
L'Orthodoxie dite des sept conciles 3, autre formulation revendique l'exacte conformité
de ses enseignements avec ce qui était enseigné par le Christianisme des origines, des Pères de
l'Église indivise4 et des sept Conciles œcuméniques. Elle se considère comme seul Christianisme,
comme l'Église chrétienne « des origines », « une, sainte, catholique et apostolique », comme
l'Unam Sanctam, l'Église en plénitude. C'est un constat qu'elle pose par rapport à elle-même,
mais qui ne juge pas les autres : elle considère ainsi que toutes les autres Églises (ou confessions),
y compris la catholique romaine, sont ses membres ou potentiellement ses membres, même si des
séparations ont pu, provisoirement ou durablement, empêcher la communion 5.
Les Églises dites "orthodoxes", sont présentes dans l'antique zone de culture grecque, la
zone orientale du bassin de la Méditerranée, dans les zones de peuplement slave 6, ainsi qu'en
Co II,19 sont à peine différents des schismata du v. 18. Toutefois une certaine gradation est probable : les
déchirements (schismata) de la communauté tendent à se cristalliser en de véritables partis ou sectes (haireseis)
rivales ayant leurs théories particulières, comme il en existait dans le judaïsme : Sadducéens (Ac 5,17), Pharisiens
(15,5 ; 26,5), Nazaréens (24,5.14 ; 28,22), ou dans le monde grec avec ses écoles de rhéteurs (appelées aussi
haireseis).», VTB, p 530-531.
3 Premier concile de Nicée, convoqué en 325 par l’empereur Constantin, second concile de Constantinople en 381
(pour la question de l’arianisme), 3ème concile en 431 (hérésie de Nestorius), 4ème concile de calcédoine en 451.
Quatre autres conciles se tiendront avant la rupture entre Rome et Constantinople : Constantinople II en 553,
Constantinople III en 680-681, Nicée II en 787 et Constantinople IV en 869-870. Ces conciles ont presque tous é
convoqués par l’empereur et ce n’est qu’à partir du Xème siècle que le Pape prendra la relève dans cette convocation
aux conciles qui se tiendront plutôt en Occident (Rome en particulier) : 21 grands conciles dont 8 en Orient et 13 en
Occident (7 à Rome, 6 hors de Rome : 2 à Lyon en 1245 et 1274, à Vienne en 1311-1312, Constance en 1414-1481,
Bâle-Ferrare-Florence en 1441-1142 et trente en 1545-1563).
4 Dans la 2ème moitié du IVe et au Ve siècles, la réflexion théologique se développe après trois siècles de persécutions
et donne à l’Eglise son âge d’or de « Pères », ses premiers docteurs avec :
- quatre grecs : St Athanase (295-373), défenseur de la foi en Orient, St Basile (329-379), législateur du monachisme,
St Grégoire de Naziance (330-390), le « théologien », et St Jean Chrisostome (350-407), dit « bouche d’or »,
défenseur des pauvres
- et quatre latins : St Ambroise (340-397), éducateur et pasteur d’âmes, St Jérôme (347-419), l’ardent propagateur du
monachisme en Occident, St Augustin (354-430), l’auteur de la Cité de Dieu et des Confessions, et St Grégoire le
Grand (540-604), évangélisateur des Lombards.
Aux premiers nommés de cette floraison patristique, surtout en Orient, il faut ajouter, St Grégoire de Nysse,
fondateur de la théologie mystique, St Hilaire de Poitiers, défenseur de la foi en Occident, St Cyrille de Jérusalem,
défenseur de la divinité du Christ et auteur de catéchèses mystagogiques, St Epiphane défenseur de la doctrine
trinitaire (réfutant 80 hérésies), St Cyrille d’Alexandrie, défenseur de la Theotokos, St Maxime dit le confesseur au
VIIe siècle, St Jean Damascène au VIIe siècle, défenseur du culte des images contre les iconoclastes.
5 Organisée en de nombreuses Églises territoriales, et non nationales, formant ensemble l'« Église orthodoxe » ou
« Communion orthodoxe », fidèle à la théologie des sept conciles du premier millénaire chrétien et au droit canon qui
en découle , elle considère que jusqu'au schisme de 1054, les Églises d'Occident, aujourd'hui dans l'Église catholique,
étaient elles aussi orthodoxes, c'est-à-dire conformes à la théologie et au droit canon des sept conciles du premier
millénaire.
6 Cyrille et Méthode sont connus comme les Atres des Slaves pour avoir évangélisé les peuples slaves de l'Europe
centrale. En 862, Rostislav, prince de Grande-Moravie, demande aux Byzantins de lui envoyer des prêtres pour
former une Église locale. Le patriarche Photius lui envoie deux frères : Cyrille et Méthode, originaires de
Thessalonique et connaissant le monde slave. Cyrille met au point le premier alphabet slave, le glagolitique. Leur
mission est un succès. Si, au départ, ils sont soutenus par le pape, ils se heurtent à l’opposition des partisans de
l’usage des « trois langues », n’admettant que le grec, le latin et l’hébreu comme langues liturgiques, et surtout à
l’hostilité des évêques francs, qui ne veulent pas voir échapper la région à l’influence politique de la Germanie. Après
leur mort, leurs successeurs seront chassés de Grande-Moravie.
Les Bulgares, ennemis héréditaires des Byzantins, se convertissent à la même époque. En 866, le khan
bulgare Boris (852 - 889) est baptisé, ce qui entraîne la conversion de tout le peuple bulgare. La Bulgarie hésite
d’abord entre Rome et Constantinople. C’est Constantinople qui l’emporte et la Bulgarie fait encore actuellement
partie du monde orthodoxe. Il en va de même pour un certain nombre d’autres principautés slaves, correspondant
grosso modo aux Serbes actuels. L’adoption du christianisme va de pair avec celle de la civilisation byzantine. C’est
Géorgie, en Roumanie et bien sûr en Grèce, et sont réparties dans le monde entier au travers de la
diaspora des communautés d'origine et par le biais de convertis. CesÉglises, en inter-communion,
partagent une compréhension, un enseignement et des offices suivant le rite de l'Empire romain
d'orient et se considèrent comme faisant partie d'une seule et même Église. La Bible et la Liturgie
sont lues dans les langues vernaculaires, nationales actuelles ou anciennes : araméen, arménien
classique, grec des Évangiles, slavon ou vieux-slave,...
Les Eglises autocéphales regroupées dans l’Eglise orthodoxe sont celles de
Constantinople, d’Alexandrie, d’Antioche, de Jérusalem et des pays suivants : Géorgie, Bulgarie,
Serbie, Russie, Roumanie, Grèce, Chypre, Albanie, Pologne, Tchéquie et Slovaquie. Des églises
dites autonomes existent : Sinaï, Finlande, Japon, Chine, et celles rattachées : 1) au patriarcat de
Moscou : Biélorussie, Égl. russe hors frontières, Estonie , Lettonie, Moldavie, Ukraine, 2) au
patriarcat Œcuménique : Estonie 3) au patriarcat de Roumanie : Moldavie 4) au patriarcat de
Serbie : Ohrid (Macédoine),
Les Églises des deux conciles et celles des trois conciles se réclament aussi de
« l'orthodoxie » et sont moins territoriales puisque, du fait de l'histoire des persécutions et des
exils, leurs membres nestoriens, coptes et arméniens furent chassés, exclus, anathématisés par les
orthodoxes des 7 conciles.
B – L’Eglise orthodoxe par quelques flashes récents
Quelques faits illustrent la situation actuelle de l’orthodoxie. D’abord, l’église grecque qui
vient de s’illustrer cemment avec la crise financière. En effet l’église, est d’Etat, et il n’y a pas
comme en France de séparation entre l’église et l’Etat, et elle passe pour être très riche et avoir un
statut de privilégié (pas d’impôts), au même titre que les armateurs, comparaison qui est
péjorative aux yeux de nombreux grecs (voir article du Point).
donc à cette époque que se forme dans les Balkans une nouvelle frontière : celle entre le monde orthodoxe et le
monde catholique.
Un autre événement capital est la conversion des Russes au christianisme. La princesse Olga, sœur du prince
de Kiev (Rus) Igor s’était déjà convertie au milieu du Xème siècle. En 989, le prince Vladimir Ier, soucieux d’asseoir
son pouvoir plus solidement, négocie avec les Byzantins son baptême ainsi que celui de ses sujets et son mariage avec
une princesse byzantine. La Russie relève directement du patriarche de Constantinople, qui désigne le métropolite de
Kiev. Pendant près de 400 ans, celui-ci sera grec et contribuera à ancrer la Russie dans la sphère d’influence
byzantine. D’autant que de nombreux moines du Mont Athos sont envoyés ou décident eux-mêmes d’aller
évangéliser la Rus. Au Xème siècle, Mieszko Ier de Pologne, Géza de Hongrie, son fils, le futur Étienne Ier de Hongrie
et Bořivoj Ier de Bohême, époux de Ludmila de Bohême et grand-père de Venceslas de Bohême sont parmi les
premiers souverains à se convertir au christianisme.
En Russie, le réveil de l’église est impressionnant 7: par exemple homélie du Carême par le
patriarche de Moscou présentée in extenso (chose impossible en France) à la télévision,, repas de
carême proposé dans tous les restaurants, réfection de monastères, d’églises, richesse de l’église,
relations avec le pouvoir politique, reddition par lui des biens saisis au moment de la révolution,
retour de beaucoup vers l’église (certains se découvrant réellement baptisés par les grand-parents,
mariages nombreux à l’église,…). Presque chaque maison ou appartement a aussi son « coin
sacré » avec une icône, une bougie,…pour prier.
Le patriarche de Roumanie à la fin du régime de Ceaucescu a préféré démissionner pour
laisser la place à un nouveau moins compromis avec le régime, ce n’est pas ce qui s’est passé en
Russie par exemple, ni dans les autres anciennes républiques dépendant du bloc soviétique, ni en
ex-Yougoslavie.
2 - L’orthodoxie, résultat d’une histoire
Jésus-Christ a annoncé à l'avance la fondation de son Église en utilisant une métaphore
architecturale : « je bâtirai mon Église », du grec Εκκλησία : ecclésia, communauté, dans Mat. 16,
13-20. C’est ainsi qu’après la Pentecôte va commencer à vivre l’Eglise de Jésus Christ. Elle va
connaître des péripéties diverses avec les persécutions, puis les hérésies, les luttes intestines ou
entre pouvoir temporel et spirituel : c’est une histoire chahutée mais celle d’une Eglise qui peu à
peu grandit en Orient comme en Occident. L’histoire commune 8 de l’orthodoxie et du
catholicisme est celle d’une rupture profonde lors du schisme en 1054, aggravée par le sac de
Constantinople par les croisés en 1204.
Cette rupture progressive est à chercher tant du côté des divergences doctrinales et
liturgiques qui couvaient entre l'Église d'occident et celles d'orient depuis le VIIIème siècle 9, que
7 Les autorités politiques de l'URSS ont tenté, pendant plus de soixante-dix ans, d'éradiquer la foi orthodoxe, tenue
pour responsable de l'aliénation des masses et coupable d'avoir soutenu, durant des siècles, l'empire tsariste. Cette
position des autorités soviétiques n’a toutefois pas été immuable. Dans les années suivant la Révolution russe de
février 1917 et le coup d'état bolchevik d'octobre, le pouvoir adopte une position clairement anticléricale. On brûle
alors des églises et des reliques. La saisie des biens de l'Église est ordonnée en 1934, officiellement pour lutter contre
la Grande Famine. Avec la Grande Guerre Patriotique qui commence par l'opération Barbarossa en 1941, la politique
soviétique vis-à-vis de la religion orthodoxe change: pour souder la population autour du régime : il ne s'agit plus de
persécuter, mais d'instrumentaliser l'Église. Celle-ci connaît un nouveau départ avec l'élection d'un nouveau
patriarche (le dernier n'avait pas été remplacé à sa mort). Staline s'adresse à la radio aux citoyens en utilisant non plus
le terme de товарищь, "camarades" mais celui de брать , "frères". Certes, l'emprise de l'Église sur la société reste
limitée par rapport à ce qu'elle était autrefois. Mais pratiquer l'orthodoxie ne conduit plus au Goulag, et même des
membres du Parti et de la Nomenklatura finissent par s'y adonner, notamment après l'instauration de la "transparence"
(гласность: glasnost) et de la "réfondation" (перестройка: perestroïka) en 1985.
Longtemps étouffée par les régimes communistes, la foi orthodoxe a repris souffle malgré les conflits
auxquels sont confrontées les Églises, longtemps inféodées au communisme, puis au nationalisme de la
Nomenklatura. Près de vingt ans après la chute du régime soviétique, qui rétablit une totale liberté de culte, des
milliers d'églises ont été construites ou reconstruites et de nombreux citoyens des pays ex-communistes retournent à
la religion. À côté d'une recherche spirituelle, beaucoup d'orthodoxes voient sans doute dans la religion un retour à
leurs racines historiques, l'affirmation d'une culture millénaire des pays slaves de l'est et du sud, et des pays roumains,
qui n'a pas été effacée par la police politique.
Le mardi 30 Novembre, le président Dmitri Medvedev annonce avoir signé la loi sur la restitution des biens
de l'Église. La loi prévoit de rendre à l'église Orthodoxe de nombreux monastères et églises, soit 6 584 sites religieux
souvent transformés en musées.
8 A partir de 395, à la mort de Théodose, le partage définitif de l’Empire romain entre l’Orient et l’Occident est
consommé. Ce partage n’a pas pour autant détruit l’unité de l’économie-monde romaine qui se prolonge en direction
du Danube et vers la mer Rouge et l’Océan Indien, au-delà des frontières de l’Empire.
9 Tandis qu’elle progresse en Occident, l’Eglise s’enlisait au Proche-Orient. L’empereur Constantin, qui a pris l’Edit
de Milan en 313 interdisant toute persécution, faisant des chrétiens des hommes libres de proclamer hautement leur
croyance, de célébrer publiquement leur culte, et leur restituant les biens confisqués, a transféré la capitale de
l’empire à Byzance, devenue la prestigieuse Constantinople, laissant Rome à la tutelle temporelle des papes, sous le
du côté des rivalités politiques entre les États occidentaux qui commencent à s'affirmer, et
l'Empire byzantin dont la puissance décline au XIIème siècle.
Deux premiers schismes, en 787 et 863, ont deux causes principales: 1) la diminution de
l'influence de l'Empire romain d'Orient en Italie, au profit des Lombards, et le souci de la Papauté
de se concilier ces derniers, géographiquement plus proches ; 2) la divergence doctrinale du
filioque au sujet du Saint-Esprit:10.
La rupture définitive de 1054 de l'évêque de Rome, à l'époque Léon IX, avec le reste de la
Pentarchie a pour origine : 1) la disparition de l'influence de l'Empire romain d'Orient en Italie, au
profit des Francs et des Normands, et le souci de la Papauté de renforcer son autorité spirituelle
sur ces puissants voisins ; 2) la rivalité politique entre Léon IX et le patriarche de Constantinople
Michel Cérulaire, le premier interprétant son statut de Primus inter pares dans le sens d'une
autorité canonique sur les autres Patriarches, le second réfutant cette interprétation ; 3) la volonté
papale d'uniformiser dans le sens latin les rites dans la partie sud de l'Italie, récemment conquise
par les Normands sur les Byzantins, qui se heurte à l'opposition du même Michel Cérulaire
(Keroularios), tout aussi soucieux de les uniformiser dans le sens grec ; 4) la pierre d'achoppement
fut l'usage du pain azyme (dont la pâte n'a pas été levée) en Occident.
Il s'ensuivit un échange de lettres peu amènes dans lesquelles fut discutée l'œcuménicité du
patriarcat de Constantinople 11. Mais à la fin du XIème siècle, il n'est pas question de schisme. Ce
n'est qu'au XIIIème siècle que les choses se gâteront au moment des croisades. L'événement
déterminant sera le sac de Constantinople par la quatrième croisade en 1204 12.
contrôle plus nominal que réel d’un légat impérial à Milan ou à Ravenne. Depuis, chrétiens d’Orient et chrétiens
d’Occident commençaient à s’éloigner les uns des autres : ils ne parlaient pas la même langue, le grec en Orient et le
latin en Occident, n’avaient pas le même tempérament, plus intuitif en Orient et plus rationnel en Occident. De plus
par suite des divisions politiques successives, ils appartenaient à des empires différents souvent en lutte l’un contre
l’autre. Enfin l’Islam commençait à occuper des territoires qui avaient servi de berceau au christianisme, fragilisant
l’empire d’Orient et l’isolant encore plus de l’Occident.
Il faut noter que sur le plan linguistique l’Empire romain a fonctionné avec deux systèmes officiels. Les
langues vernaculaires ont été conservées un peu partout mais dans les écoles le bilinguisme latin-grec était appliq
dans l’Empire romain d’Occident, et le monolinguisme grec dans celui d’Orient. La langue officielle, celle de
l’administration romaine était le latin ; ainsi un oriental voulant devenir fonctionnaire devait apprendre, adulte, le
latin. On peut sans doute trouver là l’un des germes du schisme, né entre personnes qui ne se comprenaient plus.
10 Selon l'évêque de Rome, celui-ci découle du Christ autant que du Père : par conséquent seule une âme chrétienne
peut être sauvée et par conséquent le devoir de l'Église est de convertir tout incroyant ; selon le reste de l'Église restée
fidèle au symbole de Nicée-Constantinople et donc selon les patriarcats orthodoxes, le Saint-Esprit ne découle que du
Père et celui-ci peut sauver qui Il veut, sans condition de religion.
11 L'intransigeance des deux protagonistes mène à la rupture, alors que l'empereur Constantin IX est partisan d'une
alliance avec Rome et se veut conciliant. Le pape Léon IX envoie à Constantinople les gats Humbert de
Moyenmoûtier, Frédéric de Lorraine (plus tard pape sous le nom d'Étienne IX) et Pietro d'Amalfi. Humbert et Michel
Cérulaire sont aussi susceptibles l'un que l'autre. Michel Cérulaire met en doute la validité du mandat des légats. Le
débat tourne à l'échange de propos injurieux. Humbert soulève le problème du Filioque. Le 16 juillet 1054, Humbert
et les légats posent la bulle d'excommunication de Michel sur l'autel de la cathédrale Sainte-Sophie, sortent et
secouent la poussière de leurs chaussures. Le 24 juillet, le synode permanent byzantin plique en anathématisant les
légats. Toutefois, contrairement à ce qui est souvent affirmé, l'excommunication n'est pas réciproque entre Rome et
Constantinople car le pape n'y est pas mis en cause (il était mort et remplacé quelque temps avant l'arrivée d'Humbert
à Constantinople, rendant la mission de ce dernier caduque), et l'affaire n'est pas prise très au sérieux à l'époque,
malgré l'excommunication, quelques années plus tard de l'empereur Alexis Ier Comnène, d'ailleurs levée par le pape
Urbain II.
12 Lequel avec son flot de barbaries et d'actes satanistes (les croisés font danser des prostituées dans les églises, sur les
autels et sur la chaire de St Jean Chrysostome, où ils forniquent avec elles) choquera profondément et durablement les
Orthodoxes.
Le sac de Constantinople par les Croisés va consommer la rupture. À deux occasions, au deuxième concile
de Lyon en 1276 et au concile de Florence en 1439, pour obtenir le soutien des armées occidentales contre la
conquête musulmane, des empereurs byzantins reconnaissent la primauté du pape de Rome, mais sont désavoués par
la hiérarchie de l’Église orthodoxe. Après la chute de l'empire d'Orient, du XIe au XVe siècle, l'Église occidentale
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