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L’impact des réformes commerciales sur la croissance économique,
l’emploi et la pauvreté dans les pays de la CEDEAO : le cas du
Sénégal
PROPOSITION DE RECHERCHE
Présentée à
Partenariat en politiques économiques (PEP)
Par
Sokhna Diarra MBOUP (chef de projet)
&
Thierno Malick DIALLO
Sénégal
Mai 2015
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Résumé :
L’intégration régionale par le biais de l’intégration commerciale, a toujours fait partie des
composantes essentielles des politiques qui ambitionnent de stimuler une croissance
économique créatrice d’emploi et capable d’améliorer le bien être des populations. La
présente étude vise, ainsi, à évaluer les effets statiques des réformes commerciales [la
libéralisation commerciale, l’application du tarif douanier extérieur commun (TEC), la
signature des Accords de Partenariat Economique(APE)] sur la croissance économique,
l’emploi des jeunes et la pauvreté dans les pays de la CEDEAO. Elle sera appliquée à
l’économie sénégalaise. Plus précisément, l’étude se focalisera sur l'impact des politiques
d'accompagnement de ces réformes. En effet, pour mieux faire face aux menaces de ces
réformes et profiter de leurs opportunités, l’Etat doit opérer des réformes fiscales très
importantes pour s’assurer un budget adéquat et développer les secteurs productifs. Un
accent sera, ainsi, mis sur la fiscalité intérieure et la transition fiscale afin de voir la capacité
de l’Etat à mobiliser des ressources intérieures pour la compensation des pertes de recettes
douanières. L’étude s’appuiera sur le Modèle d’Equilibre Général Calculable PEP-1-1. Elle
entend prendre en compte les différentes caractéristiques socioéconomiques, en particulier
l’âge, le genre, le lieu de résidence et le niveau de capital humain, dans l’analyse des
questions liées au chômage et à l’inactivité chez les jeunes. L’étude fera ainsi, pour le cas du
Sénégal, une lumière sur l’impact des politiques d’accompagnement des réformes
commerciales dans le cadre des engagements pris au sein de la région et avec l’extérieur.
Ceci, permettra alors aux décideurs de prendre des mesures de politique économique
appropriées ou complémentaires pour toutes conséquences inattendues.
Mots clés : CEDEAO /Sénégal/ Commerce / Libre échange /Intégration régionale / Accords de
Partenariat Economique / croissance économique / emploi / pauvreté / MEGC
Classification JEL : F10 / F13 / F43 / I32 / C68 / E24/ E27
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Abstract
Regional integration through trade integration, has always been one of the key components
of policies that aspire to stimulate job-creating economic growth and capable of improving
the well being of populations. This study endeavor, thus, to assess the static effects of trade
reforms [trade liberalization, the application of the common external tariff (CET), the signing
of the Economic Partnership Agreements (EPAs)] on economic growth, youth employment
and poverty in ECOWAS countries. It will be applied to the Senegalese economy. Specifically,
the study will focus on the impact of these reforms accompaniment policies. In order to
better face the threats of these reforms and take advantage of their opportunities, the state
has to operate very important tax reforms to ensure an adequate budget and develop the
productive sectors. A focus will thus be on domestic taxation and fiscal transition in order to
see the capacity of the state to mobilize domestic resources for compensation of loss of
customs revenue. The study will build on the Computable General Equilibrium Model PEP-1-1.
It intends to take into account the different socioeconomic characteristics, including age,
gender, place of residence and the level of human capital in the analysis of issues related to
unemployment and inactivity among young people. The study will do so for the case of
Senegal, a light on the impact of accompanying policies of trade reforms in the context of
commitments within the region and with the outside. This, then allow policymakers to take
appropriate or complementary policy measures for any unexpected consequences.
Keywords : ECOWAS/Sénégal/Trade/Free trade / Regional Integration/ EPA/ Economic
Growth/ Employement/ Poverty/ CGEM
JEL Classification : F10 / F13 / F43 / I32 / C68 / E24/ E27
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1. Contexte et Problématique
Dans un contexte de mondialisation de plus en plus croissante, les pays d’Afrique très faibles
face aux pays développés grands exportateurs, ont tenté de se regrouper pour mieux relever
les défis économiques. Ainsi en 1975, certains pays d’Afrique de l’Ouest ont formé la
Communauté Economique des Etats de l’Afrique de L’Ouest (CEDEAO)
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dans le but de
promouvoir l’intégration régionale. A cet effet, elle avait prévu la création d’un marché
commun à travers la libéralisation des échanges, l’instauration d’un Tarif Extérieur
Commun, la création d’une union économique etc.
Malgré ce regroupement, le commerce intra-CEDEAO est d'une ampleur relativement
limitée au regard des statistiques officielles. La CEDEAO commerce plus avec le reste du
monde qu’avec elle-même. Ce qui suscite beaucoup d’inquiétudes par rapport aux
conséquences de ces accords extra-zone sur les conditions de vie des populations en termes
de croissance économique, d’emploi et de niveau de pauvreté. En effet, au moment la
CEDEAO renouvelle ses accords avec l’Union Européenne (son principal partenaire
commercial) dans le cadre des accords de coopération entre les pays Afrique-Caraïbes-
Pacifique (ACP) et l’Union Européenne (UE), les exportations intra-zone sont estimées à
7,93% et les importations à 7,56% en 2012
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. En réalité, les pays ACP, notamment ceux
membres de la CEDEAO sont dans le processus de signature des Accords de Partenariat
Economique (APE) avec l’UE pour être en compatibilité avec les règles de l’OMC. Les APE
traitent des entraves aux échanges commerciaux, des contraintes d’offre des pays ACP et de
la question de la compatibilité avec les règles de l’OMC. Ils visent à mettre en place des
zones de libre échange (ZLE) pour remplacer les préférences commerciales non-réciproques
actuellement accordées par l’UE aux pays ACP aux termes de l’accord de Lomé. Sa mise en
application entre les parties ouest-africaine et européenne, a été à maintes reprises
reportée. Toutefois, le 10 juillet 2014, la 45ème session ordinaire de la conférence des Chefs
d’Etat de la CEDEAO tenue à Accra a approuvé officiellement l’APE paraphé. Elle a de ce fait
ouvert la voie vers la signature, la ratification et la mise en œuvre de l'accord. En effet, le
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Avec le départ de la Mauritanie, les Etats Membres de la CEDEAO sont actuellement au nombre de 15. Il s’agit
du Bénin, du Burkina-Faso, du Cap-Vert, de la Cote d’Ivoire, de la Gambie, du Ghana, de la Guinée, de la Guinée
Bissau, du Libéria, du Mali, du Niger, du Sénégal, de la Sierra Léone et du Togo.
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Source : Annuaire Statistique pour l’Afrique 2012 et calcul des auteurs.
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compromis portait sur un démantèlement tarifaire de 75% des importations en provenance
de l’UE sur une période de 20 ans à partir du 1er janvier 2015.
Les pays de la CEDEAO se heurtent encore à de gros obstacles qui les empêchent de
velopper et de diversifier leurs échanges. Cette situation est dautant plus vrai que les
réformes commerciales n’ont pas toujours produit les avantages escomptés en termes
d’expansion des courants d’échanges, de croissance économique, d’emplois et de réduction
de la pauvreté. La CEDEAO va de plus en plus de l'avant pour atteindre son objectif d'un
marché commun à l'échelle régionale et son objectif ultime qu’est le passage d’une CEDEAO
des Etats à une CEDEAO des peuples. Cette dernière, serait sans entrave avec la libre
circulation des personnes, des biens, des services, des capitaux et du travail ainsi qu’avec
une politique socio-économique de coordination et d'harmonisation. Des progrès
considérables ont été réalisés dans le domaine de l'élimination des barrières tarifaires et non
tarifaires, et le développement d’une politique commerciale commune
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. Sans aucun doute,
la CEDEAO a eu l'une des expériences les plus constructives avec l'intégration économique
en Afrique. Elle est présentée comme le plus réussi
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, le plus ambitieux et le plus grand bloc
commercial en Afrique (Mistry, 2000). Les avantages et les résultats obtenus en rapport avec
les efforts et les coûts laissent, cependant, à désirer, en particulier en ce qui concerne la
croissance et la répartition des revenus entre les Etats membres. L'ironie est que, malgré les
modestes gains tirés des deux politiques de libéralisation intra et inter-commerce au cours
des trois dernières décennies, la région de l'Afrique de l’Ouest reste l'une des plus pauvres
au monde. En effet, au Nigéria 68% de la population vivent en dessous de 1 $ US par jour, en
Sierra Leone 51,7%, au mali 50,4%, au Sénégal 29,6%
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, etc. Ceci évoque comment la
pauvreté généralisée est observée dans la CEDEAO. En outre, les Objectifs du Millénaire pour
le Développement (OMD) ne sont pas totalement atteints dans la région, notamment dans
les États instables et les pays enclavés. L’un des facteurs à l’origine des mauvaises conditions
sociales de l'Afrique de l’Ouest est le niveau élevé du chômage, surtout chez les jeunes, qui
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En effet, dans le cadre de l’intégration commerciale de la CEDEAO, des efforts ont permis d’asseoir le régime
commercial de la communauté : suppression des barrières tarifaires et non tarifaires et un schéma de
libéralisation des échanges à partir de Janvier 1990 relatif aux produits du cru et produits de l’artisanat
traditionnel et aux produits industriels originaires de la communauté. Lors d’une conférence spéciale tenue à
Dakar, les 24-25 Octobre 2013, les chefs d’Etat de la CEDEAO ont programmé l’union douanière pour 2015
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En 2010, la croissance de 6,2% du PIB réel enregistrée dans la région, était la plus élevée de toutes les CER
africaines.
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Source : Annuaire Statistique pour l’Afrique 2014.
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