L`impact des réformes commerciales sur la croissance

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L’impact des réformes commerciales sur la croissance économique,
l’emploi et la pauvreté dans les pays de la CEDEAO : le cas du
Sénégal
PROPOSITION DE RECHERCHE
Présentée à
Partenariat en politiques économiques (PEP)
Par
Sokhna Diarra MBOUP (chef de projet)
&
Thierno Malick DIALLO
Sénégal
Mai 2015
1
Résumé :
L’intégration régionale par le biais de l’intégration commerciale, a toujours fait partie des
composantes essentielles des politiques qui ambitionnent de stimuler une croissance
économique créatrice d’emploi et capable d’améliorer le bien être des populations. La
présente étude vise, ainsi, à évaluer les effets statiques des réformes commerciales [la
libéralisation commerciale, l’application du tarif douanier extérieur commun (TEC), la
signature des Accords de Partenariat Economique(APE)] sur la croissance économique,
l’emploi des jeunes et la pauvreté dans les pays de la CEDEAO. Elle sera appliquée à
l’économie sénégalaise. Plus précisément, l’étude se focalisera sur l'impact des politiques
d'accompagnement de ces réformes. En effet, pour mieux faire face aux menaces de ces
réformes et profiter de leurs opportunités, l’Etat doit opérer des réformes fiscales très
importantes pour s’assurer un budget adéquat et développer les secteurs productifs. Un
accent sera, ainsi, mis sur la fiscalité intérieure et la transition fiscale afin de voir la capacité
de l’Etat à mobiliser des ressources intérieures pour la compensation des pertes de recettes
douanières. L’étude s’appuiera sur le Modèle d’Equilibre Général Calculable PEP-1-1. Elle
entend prendre en compte les différentes caractéristiques socioéconomiques, en particulier
l’âge, le genre, le lieu de résidence et le niveau de capital humain, dans l’analyse des
questions liées au chômage et à l’inactivité chez les jeunes. L’étude fera ainsi, pour le cas du
Sénégal, une lumière sur l’impact
des politiques d’accompagnement des réformes
commerciales dans le cadre des engagements pris au sein de la région et avec l’extérieur.
Ceci, permettra alors aux décideurs de prendre des mesures de politique économique
appropriées ou complémentaires pour toutes conséquences inattendues.
Mots clés : CEDEAO /Sénégal/ Commerce / Libre échange /Intégration régionale / Accords de
Partenariat Economique / croissance économique / emploi / pauvreté / MEGC
Classification JEL : F10 / F13 / F43 / I32 / C68 / E24/ E27
2
Abstract
Regional integration through trade integration, has always been one of the key components
of policies that aspire to stimulate job-creating economic growth and capable of improving
the well being of populations. This study endeavor, thus, to assess the static effects of trade
reforms [trade liberalization, the application of the common external tariff (CET), the signing
of the Economic Partnership Agreements (EPAs)] on economic growth, youth employment
and poverty in ECOWAS countries. It will be applied to the Senegalese economy. Specifically,
the study will focus on the impact of these reforms accompaniment policies. In order to
better face the threats of these reforms and take advantage of their opportunities, the state
has to operate very important tax reforms to ensure an adequate budget and develop the
productive sectors. A focus will thus be on domestic taxation and fiscal transition in order to
see the capacity of the state to mobilize domestic resources for compensation of loss of
customs revenue. The study will build on the Computable General Equilibrium Model PEP-1-1.
It intends to take into account the different socioeconomic characteristics, including age,
gender, place of residence and the level of human capital in the analysis of issues related to
unemployment and inactivity among young people. The study will do so for the case of
Senegal, a light on the impact of accompanying policies of trade reforms in the context of
commitments within the region and with the outside. This, then allow policymakers to take
appropriate or complementary policy measures for any unexpected consequences.
Keywords : ECOWAS/Sénégal/Trade/Free trade / Regional Integration/ EPA/ Economic
Growth/ Employement/ Poverty/ CGEM
JEL Classification : F10 / F13 / F43 / I32 / C68 / E24/ E27
3
1. Contexte et Problématique
Dans un contexte de mondialisation de plus en plus croissante, les pays d’Afrique très faibles
face aux pays développés grands exportateurs, ont tenté de se regrouper pour mieux relever
les défis économiques. Ainsi en 1975, certains pays d’Afrique de l’Ouest ont formé la
Communauté Economique des Etats de l’Afrique de L’Ouest (CEDEAO) 1 dans le but de
promouvoir l’intégration régionale. A cet effet, elle avait prévu la création d’un marché
commun à travers
la libéralisation des échanges, l’instauration d’un Tarif Extérieur
Commun, la création d’une union économique etc.
Malgré ce regroupement, le commerce intra-CEDEAO est d'une ampleur relativement
limitée au regard des statistiques officielles. La CEDEAO commerce plus avec le reste du
monde qu’avec elle-même. Ce qui suscite beaucoup d’inquiétudes par rapport aux
conséquences de ces accords extra-zone sur les conditions de vie des populations en termes
de croissance économique, d’emploi et de niveau de pauvreté. En effet, au moment où la
CEDEAO renouvelle ses accords avec l’Union Européenne (son principal partenaire
commercial) dans le cadre des accords de coopération entre les pays Afrique-CaraïbesPacifique (ACP) et l’Union Européenne (UE), les exportations intra-zone sont estimées à
7,93% et les importations à 7,56% en 20122. En réalité, les pays ACP, notamment ceux
membres de la CEDEAO sont dans le processus de signature des Accords de Partenariat
Economique (APE) avec l’UE pour être en compatibilité avec les règles de l’OMC. Les APE
traitent des entraves aux échanges commerciaux, des contraintes d’offre des pays ACP et de
la question de la compatibilité avec les règles de l’OMC. Ils visent à mettre en place des
zones de libre échange (ZLE) pour remplacer les préférences commerciales non-réciproques
actuellement accordées par l’UE aux pays ACP aux termes de l’accord de Lomé. Sa mise en
application entre les parties ouest-africaine et européenne, a été à maintes reprises
reportée. Toutefois, le 10 juillet 2014, la 45ème session ordinaire de la conférence des Chefs
d’Etat de la CEDEAO tenue à Accra a approuvé officiellement l’APE paraphé. Elle a de ce fait
ouvert la voie vers la signature, la ratification et la mise en œuvre de l'accord. En effet, le
1
Avec le départ de la Mauritanie, les Etats Membres de la CEDEAO sont actuellement au nombre de 15. Il s’agit
du Bénin, du Burkina-Faso, du Cap-Vert, de la Cote d’Ivoire, de la Gambie, du Ghana, de la Guinée, de la Guinée
Bissau, du Libéria, du Mali, du Niger, du Sénégal, de la Sierra Léone et du Togo.
2
Source : Annuaire Statistique pour l’Afrique 2012 et calcul des auteurs.
4
compromis portait sur un démantèlement tarifaire de 75% des importations en provenance
de l’UE sur une période de 20 ans à partir du 1er janvier 2015.
Les pays de la CEDEAO se heurtent encore à de gros obstacles qui les empêchent de
développer et de diversifier leurs échanges. Cette situation est d’autant plus vrai que les
réformes commerciales n’ont pas toujours produit les avantages escomptés en termes
d’expansion des courants d’échanges, de croissance économique, d’emplois et de réduction
de la pauvreté. La CEDEAO va de plus en plus de l'avant pour atteindre son objectif d'un
marché commun à l'échelle régionale et son objectif ultime qu’est le passage d’une CEDEAO
des Etats à une CEDEAO des peuples. Cette dernière, serait sans entrave avec la libre
circulation des personnes, des biens, des services, des capitaux et du travail ainsi qu’avec
une politique socio-économique de coordination et d'harmonisation. Des progrès
considérables ont été réalisés dans le domaine de l'élimination des barrières tarifaires et non
tarifaires, et le développement d’une politique commerciale commune3. Sans aucun doute,
la CEDEAO a eu l'une des expériences les plus constructives avec l'intégration économique
en Afrique. Elle est présentée comme le plus réussi4, le plus ambitieux et le plus grand bloc
commercial en Afrique (Mistry, 2000). Les avantages et les résultats obtenus en rapport avec
les efforts et les coûts laissent, cependant, à désirer, en particulier en ce qui concerne la
croissance et la répartition des revenus entre les Etats membres. L'ironie est que, malgré les
modestes gains tirés des deux politiques de libéralisation intra et inter-commerce au cours
des trois dernières décennies, la région de l'Afrique de l’Ouest reste l'une des plus pauvres
au monde. En effet, au Nigéria 68% de la population vivent en dessous de 1 $ US par jour, en
Sierra Leone 51,7%, au mali 50,4%, au Sénégal 29,6%5, etc. Ceci évoque comment la
pauvreté généralisée est observée dans la CEDEAO. En outre, les Objectifs du Millénaire pour
le Développement (OMD) ne sont pas totalement atteints dans la région, notamment dans
les États instables et les pays enclavés. L’un des facteurs à l’origine des mauvaises conditions
sociales de l'Afrique de l’Ouest est le niveau élevé du chômage, surtout chez les jeunes, qui
3
En effet, dans le cadre de l’intégration commerciale de la CEDEAO, des efforts ont permis d’asseoir le régime
commercial de la communauté : suppression des barrières tarifaires et non tarifaires et un schéma de
libéralisation des échanges à partir de Janvier 1990 relatif aux produits du cru et produits de l’artisanat
traditionnel et aux produits industriels originaires de la communauté. Lors d’une conférence spéciale tenue à
Dakar, les 24-25 Octobre 2013, les chefs d’Etat de la CEDEAO ont programmé l’union douanière pour 2015
4
En 2010, la croissance de 6,2% du PIB réel enregistrée dans la région, était la plus élevée de toutes les CER
africaines.
5
Source : Annuaire Statistique pour l’Afrique 2014.
5
représentent la majorité de la population ; environ les deux tiers (BAD 2011). En effet,
L’emploi des jeunes est à ce jour une question qui interpelle plusieurs acteurs, allant des
responsables politiques aux ménages. L’accès à un emploi est un réel sujet de
préoccupations des jeunes, surtout ceux instruits qui, dans la plupart des cas, sont en
position de primo-demandeurs. Par exemple, en 2011 au Sénégal, 31% parmi les diplômés
de l’enseignement supérieur n’ont pas accès à l‘emploi. A qualifications égales, les
entreprises les préfèrent très rarement au « noyau dur des anciens occupés » qui se révèlent
être plus expérimentés. Au vu de ces perspectives limitées que leur offre le marché,
l’essentiel pour les jeunes est de trouver du travail (fut-ce précaire ou sous-employé) qui
leur servira de tremplin vers un emploi stable. Or, cet arbitrage inter-temporel n’est pas
sans risque car les jeunes exerçant les emplois de ce genre se montrent plus exposés en
période de basse conjoncture : ils sont généralement les premiers à perdre leur emploi et
peuvent avoir du mal à en retrouver un (OCDE, 2009b). Comparées aux hommes, les femmes
non plus, n’échappent à cette discrimination. Plusieurs régularités statistiques ont mis en
évidence la situation moins enviable des femmes par rapport aux hommes sur le marché du
travail ; elles sont généralement plus frappées par le chômage et l’inactivité. Une des
explications plausibles fournie à l’égard de cette discrimination est que les femmes sont plus
promptes à s’absenter de leur lieu de travail pour des raisons liées à la grossesse, à
l’allaitement, à l’entretien des enfants et à bien des maladies courantes. Partant, à
qualifications égales, les employeurs auront tendance à préférer les hommes aux femmes
pendant les embauches.
Ainsi, une focalisation de la recherche économique sur la façon dont les politiques
d’accompagnement des réformes commerciales influent sur la croissance économique,
l’emploi et la pauvreté, demeure capitale dans le cas du Sénégal qui fait face aux mêmes
problèmes.
2. Contribution et objectif de l’étude, principale question de recherche
Même si beaucoup d’études ont été faites sur les impacts des réformes commerciales dans
les pays de la CEDEAO, elles se sont concentrées sur son impact sur la pauvreté, négligeant
surtout pour le Sénégal, son impact sur la croissance et l’emploi des jeunes. En plus, ces
6
études antérieures n’ont pas mis l’accent sur les mesures d’accompagnement de politique
budgétaire.
Fofana et al. (2006), ont analysé l’impact distributif de la réduction unilatérale des tarifs
douaniers en Afrique de l'Ouest. De même, Cockburn et al. (2010), ont mis en application les
récentes avancées en matière de recherche sur les impacts distributifs de la libéralisation
commerciale tout en tenant compte de la diversité et de la spécificité des économies
africaines. Ces études, n’ont cependant mis en exergue que l’impact de la libéralisation du
commerce sur la pauvreté et le bien être. Ces études n’ont
cependant pas pris en
considération ses impacts sur la croissance économique et l’emploi des jeunes. Annabi et al.
(2006) ont analysé l’impact dynamique de la libéralisation commerciale sur la croissance et
la pauvreté au Sénégal. Ils n’ont, toutefois, pas évalué son impact sur l’emploi. Une étude
plus récente a été menée par Cockbun et al. (2010) pour analyser l’impact d’une politique de
libéralisation totale du commerce sur le genre et la pauvreté. Cette étude s’est appesantie
sur l’impact de la libéralisation commerciale sur la disparité entre les hommes et les femmes
en termes de taux de salaire, de participation au marché du travail et de distribution de
revenu. Cependant, ils n’ont pas examiné l’impact sur l’emploi des jeunes et l’impact
spécifique de l’APE.
Toutes ces études citées, n’ont pas tenu compte dans leur analyse, de l’évaluation des
impacts de l’aspect commercial de l’APE. Néanmoins, dans le cadre de l’APE, des chercheurs
du Consortium pour la Recherche Economique et Sociale (2011) ont évalué l’impact que
pourrait avoir l’offre d’accès aux marchés sur les pays de l’Afrique de l’Ouest. Ils n‘ont
accentué leur analyse ni sur les effets que cet APE pourrait avoir sur l’emploi, ni sur les
conséquences d’une mise en pace d’une politique de compensation des pertes de recettes
fiscales.
En somme, les études antérieures se sont concentrées sur l’analyse de l’impact de la
libéralisation commerciale ; tout en passant outre l’impact des APE sur l’emploi à la fois des
jeunes et des femmes, au moment où l’emploi peut être considéré comme un principal canal
de transmission des effets de l’ouverture commerciale sur la pauvreté. En effet, l’ouverture
commerciale n’entrainera une amélioration du niveau de vie des populations que si elle
permet à la croissance économique de réduire la précarité de l’emploi. Ces études, non plus,
7
n’ont pas tenu compte des mesures d’accompagnement de politique budgétaire que
pourraient prendre les Etats membres de la CEDEAO pour
profiter des avantages et
compenser la perte de recettes fiscales issus de la libéralisation commerciale.
La présente étude a donc pour objectif d’évaluer les effets statiques des réformes
commerciales sur la croissance économique, l’emploi des jeunes et la pauvreté. En effet,
notre étude vise à évaluer l’impact de la libéralisation commerciale, de l’application du TEC
CEDEAO et de la mise en œuvre des APE sur la croissance économique et l’emploi et par
conséquent sur la pauvreté. Plus précisément, l’étude se focalisera sur l'impact des
politiques d'accompagnement de ces réformes. Un accent sera mis sur la fiscalité intérieure
et la transition fiscale afin de voir la capacité de l’Etat à mobiliser des ressources
intérieures pour la compensation des pertes de recettes douanières. Par rapport à la
question spécifique de l’emploi, l’étude traitera fondamentalement l’impact de ces
réformes commerciales sur l’emploi des jeunes de façon générale, et en particulier selon
différentes caractéristiques de ceux-ci : le genre (homme et femme), le niveau de capital
humain (éducation de base et éducation supérieure), et le milieu de résidence (milieu
urbain et milieu rural). Il s’agit d’une étude qui sera appliquée au cas du Sénégal tout en
tenant compte de son appartenance à la CEDEAO.
Cette présente tente donc de répondre aux questions principales suivantes :
 Quel est l’impact des réformes commerciales de la CEDEAO sur la croissance
économique, l’emploi et la pauvreté au Sénégal? En d’autres termes, quel est
l’impact au Sénégal, de la libéralisation commerciale, de l’application du TEC CEDEAO
et de la mise en œuvre des APE sur la capacité de la croissance économique à
contribuer à la lutte contre la pauvreté et à augmenter le niveau d’emploi des jeunes
selon leurs caractéristiques socioéconomiques?
 Quel rôle peuvent en jouer les politiques d’accompagnement de ces réformes ? Plus
précisément, Quel serait l’impact d’une application d’une politique de compensation
des recettes fiscales sur la capacité de l’Etat à faire aux menaces et profiter des
opportunités issues de ces réformes ? Quel serait l’impact d’une mise en œuvre
d’une politique visant à accroître l’accès des jeunes femmes dans les secteurs
productifs à prédominance masculine?
8
Les réponses à ces questions feraient une lumière sur l’impact au Sénégal, des réformes
commerciales dans le cadre des engagements pris au sein de la CEDEAO et avec l’extérieur.
Cela devrait conduire aux décideurs à prendre des mesures de politique économique
appropriées ou complémentaires pour toutes conséquences inattendues.
3. pertinence du choix du sujet
Les réformes commerciales prennent de plus en plus forme. Les négociations sont en cours
pour aller au-delà d'un Accord de Libre Echange (ALE). En octobre 2013 la commission a
adopté un TEC qui est appliqué depuis le 1er janvier 2015, ce qui est un pas vers un marché
commun au sein de la CEDEAO. Une Union Monétaire à l’horizon 2020 est aussi visée ainsi
qu’un passage d’une CEDEAO des Etats et à une CEDEAO des peuples. Ces réformes
s’inscrivent dans les politiques sur lesquelles s’appuient les processus d’intégration régionale
visant plusieurs finalités telles que : la stimulation de la croissance économique,
l’amélioration de la productivité, le renforcement des capacités de négociation au niveau
international. Ainsi lors de la conférence des chefs d’Etat et du gouvernement de la CEDEAO
d’octobre 2013, le président Alassane Ouattara, dans son discours, semblait optimiste en ce
qui concerne les effets que pourrait avoir l’adoption du TEC sur la capacité de la CEDEAO à
contribuer aux échanges mondiaux et à dynamiser le commerce intracommunautaire. « Le
commerce intra-régional pourrait également être la voie pour atteindre des taux de
croissance encore plus élevés et générateurs d’emplois et de bien-être socioéconomique »
(Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique). Ce qui est entre autres, le vœu
du nouveau président de la Commission du bloc, Kadré Désiré Ouédraogo qui, lors de la
44ème Réunion ordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO tenue en mars
2014 à Yamoussoukro, profère « la nécessité d’une performance économique régionale et
d’une consolidation du marché commun pour une croissance créatrice d’emploi ». En effet,
l’intégration régionale pourrait permettre la création d’alliances entre entreprises de
différents pays d’une zone d’intégration qui chercheront à faire face à la concurrence des
entreprises des pays développés. Ainsi « elle permet d’améliorer la qualité des produits
échangés à l’intérieur de la zone et exportés à l’extérieur de celle-ci » (Faivre-Dupaigre et al.,
2004 ; Lawrence et al., 2005). Ce qui va à l’encontre de la thèse de Jacob Viner (1950)6 qui
6
Jacob Viner est considéré comme le précurseur de la théorie de l’intégration régionale, il s’intéresse dans son
livre « the customs Unions Issue » ; aux effets du bien-être d’une association de libre échange pour ses pays
9
remarque que ce type d’association n’est pas toujours souhaitable dans la mesure où c’est
une forme de « combinaison » de libre échange et de protectionnisme. C’est ainsi qu’il
souligne que le fonctionnement de l’union douanière va engendrer un effet de
« production » qui peut se décomposer en effet de création de commerce et effet de
détournement de commerce. Il considère que les effets de « création » augmentent le bien
être alors que les effets de « détournement » le diminuent. Par ailleurs, des analyses telles
que celles avancées par l’économie géographique, estiment que les intégrations nord-sud
sont en principe plus favorables à la croissance que les intégrations régionales sud-sud.
Ainsi, Venables (2000) estime que les intégrations régionales Sud-Sud seraient créatrices de
divergences au détriment des pays les plus pauvres.
Une étude de la Banque Mondiale (2008) concilie les deux théories et conclue que
l’intégration régionale et l’intégration mondiale des économies africaines devraient être
considérées comme des approches complémentaires et non concurrentielles. Par exemple,
une accentuation de l’intégration régionale pourrait entrainer une amélioration des
infrastructures commerciales dans les pays en développement, et qui réduirait de facto les
coûts des échanges intra-régionaux et ceux avec le reste du monde. Cette thèse serait au
profit des nouvelles réformes qui sont en perspective dans le cadre des APE et des accords
signés au sein de l’OMC. Lors du dialogue régional multi-acteurs (les 27 et 28 octobre 2014 à
Dakar) organisé par OSIWA et ENDA CACID sur les APE, le Commissaire en charge de
l’industrie de la CEDEAO, Monsieur Kalilou Traoré a assuré l’avantage que pourrait avoir
l’APE sur l’économie régionale. D’après lui, les intrants et les produits sociaux constituent
l’essentiel des lignes tarifaires libéralisées (82%). Il affirme qu’une telle libéralisation,
contribuera à la réduction des coûts de production et que par conséquent l’APE ne mettra
en péril aucune branche d’activité. Par ailleurs, en dehors d’une suppression progressive et
contrôlée des obstacles aux échanges vis-à-vis des importations provenant de l’UE7, l’un des
principaux objectifs des APE reste le renforcement du processus d’intégration régionale
entre les pays ACP.
membres. Cependant ces effets sont considérés comme étant statiques alors que pour Fukase et Winters
(1999) les effets dynamiques sont plus prometteurs et sont de nature diverse même s’ils sont peu étudiés en
raison des difficultés rencontrés pour les prendre en compte.
7
. Un volet important de cet accord demeure le démantèlement progressif sur une période de 20 ans, de
toutes les formes de barrières au commerce de biens et services entre ces entités géographiques.
10
En réalité, une intensification des échanges est bénéfique à la croissance économique en
raison de son impact sur les structures productives. L’ouverture au commerce est à elle
seule une réforme structurelle majeure qui
ouvre de nouvelles perspectives dans le
domaine de l’innovation, et renforce les gains de productivité. Par conséquent, un impact
positif de l’ouverture commerciale sur la croissance économique peut stimuler l’emploi du
fait que davantage de biens et de services sont produits. « L’intégration économique des
pays en développement, associée notamment à des stratégies de croissance tirée par
l’exportation, semble avoir libéré un potentiel important de création d’emplois. Certains
pays sont très bien parvenus à créer un nombre important d’emplois productifs en
développant les secteurs d’exportation » (CNUCED, 2013).
Toutefois « L'ouverture des marchés contribue de manière cruciale à étayer la croissance et
la création d'emplois » (Seizing the Benefit of Trade for Employment and Growth, 20108). Du
point de vue empirique, cet impact de l’ouverture commerciale sur l’emploi est très difficile
à établir, étant donné que « la libéralisation et l’expansion du commerce s’accompagnent
souvent de réformes plus générales et d’autres changements macroéconomiques »
(UNCTAD). L’inquiétude est que, l'intégration commerciale peut avoir des effets différenciés
sur la productivité. Pour les firmes opérant dans les secteurs exportateurs, la réduction de
barrières à l'exportation est positivement associée à la productivité tandis que la réduction
de barrières à l'importation peut nuire à l’évolution de la productivité des firmes en
concurrence avec les importations (Bas et Ledezma, 2010). La plupart des agents qui
perdent leur emploi dans les secteurs importateurs ne sont pas forcément absorbés par les
secteurs
exportateurs. Ceux-ci sont le plus souvent
des femmes, du fait d’une
discrimination à leur égard. De nombreuses femmes sont moins qualifiées que les hommes.
Ainsi, si leur secteur d’activité est affecté par la concurrence des importations, leur accès à
un nouvel emploi sera très difficile (Marzia Fontana, 2011).9 En effet, le commerce profite
plus aux hommes qui se spécialisent dans la culture de rente destinée à l’exportation,
contrairement aux femmes qui se focalisent sur les cultures vivrières en compétition avec les
importations [Cockburn et al (2010)].
8
« Seizing the Benefit of Trade for Employment and Growth » est un rapport publié conjointement par l'OCDE,
l'Organisation internationale du travail, la Banque mondiale et l'Organisation mondiale du commerce.
9
« L’impact des APE sur le sexe : le cas du Mozambique » Marzia Fontana Numéro 8, Volume 12, Novembre
2011.
11
En outre, l'effet d’une libéralisation commerciale sur la croissance économique peut être
parfois ambigu et même néfaste, notamment dans le cadre d'échanges Nord-Sud (Grossman
et Helpman, 1991). Il est vrai que, pour les pays en développement, si l’ouverture
commerciale n’arrive pas à compenser les défaillances des fondements internes de la
croissance et à pallier l’absence de conditions internes favorables à la croissance, alors cette
ouverture peut se révéler inefficace et parfois même contre productive [Cardebat J. M.
(2000)]. C’est ce qui explique que les pays d’Afrique de l’ouest, particulièrement le Sénégal,
sont fortement préoccupés par une augmentation des importations européennes au
détriment des producteurs nationaux moins compétitifs. Cela pourrait entrainer des coûts
d’ajustement
importants
en
termes
de
destruction
de
tissus
productifs,
de
désindustrialisation, de pression sur les conditions de salaire et de travail, de montée du
chômage et des inégalités. Certaines études soulignent que les femmes constituent la
principale force de travail dans les zones rurales et restent très actives dans le domaine de la
production, de la transformation agroalimentaire et du commerce. Elles seraient, dès lors,
les premières à souffrir des répercussions négatives d’une hausse de la concurrence compte
tenu notamment des inégalités de genre existantes en termes d’accès à l’emploi, aux
ressources, aux marchés et aux instances de décision (BIT 2010).10
Malgré toutes ces conclusions, il n’y a pas encore eu d’études empiriques rigoureuses qui
ont donné une réponse satisfaisante quant à l’impact des réformes commerciales11 sur la
croissance économique, l’emploi et la pauvreté dans les pays de la CEDEAO, et plus
précisément au Sénégal. Ceci est d’autant plus vrai qu’une analyse sur l’impact des réformes
commerciales sur
certains indicateurs de la pauvreté (la distribution des revenus, la
profondeur la sévérité etc.) demeure importante pour ce pays où la pauvreté reste élevée,
principalement, en milieu rural. En outre, l’analyse de l’emploi requiert une utilité très
particulière, dans la mesure où, dans les pays les moins avancés comme le Sénégal, les
femmes et les jeunes peinent le plus souvent à trouver un travail formel et productif. Par
ailleurs, certaines questions relatives à la perte de recettes fiscales en cas d’élimination des
tarifs douaniers sur les importations, méritent d’être soulevées. Du point de vue budgétaire,
10
Bureau International du travail (2010), Les APE et le travail décent quels enjeux pour l’Afrique de l’Ouest et
l’Afrique Centrale ? Secteur de l’emploi, Document de travail de l’Emploi n° 60
11
Réformes intra-CEDEAO et les nouvelles réformes qui sont en perspective dans le cadre des engagements
pris auprès de l’OMC et des accords de partenariat entre les pays ACP et UE
12
les recettes fiscales sur le commerce sont devenues moins importantes au cours des vingt
dernières années en raison de la réduction des tarifs douaniers. Elles restent, néanmoins,
une source capitale de financement pour la plupart des pays à revenu faible ou moyen. En
fait, ces recettes fiscales sur le commerce représentent généralement un cinquième de la
totalité des recettes fiscales et souvent davantage (FMI 2006)12. Le démantèlement tarifaire
des pays de la CEDEAO sur les importations pourrait avoir pour conséquence des moinsvalues de recettes pour l’Etat. Ceci porterait atteinte à la capacité du gouvernement à
financer des programmes de création d’emplois et à octroyer des services sociaux aux
pauvres, ce qui conduirait à une détérioration sur le bien être global (Fall et Thiaw, 2012)13.
Compte tenu de l’importance de la diminution des recettes fiscales causée par la
libéralisation commerciale, ces pays devront peut-être trouver d’autres sources de
financement public. Pour mieux faire face aux menaces de ces réformes et profiter de leurs
opportunités, l’Etat devra opérer des réformes fiscales très importantes pour s’assurer un
budget adéquat et développer les secteurs productifs. L’Etat devra être en mesure de
mobiliser des ressources intérieures pour la compensation des pertes de recettes douanières.
En effet, si des réformes sont entreprises pour convertir la fiscalité de porte en fiscalité
intérieure (augmentation de la TVA et de l'impôt sur le revenu), il n’y aura pas de lourdes
pertes de recettes fiscales pour ces pays, (BA ,2006)14.
Cette étude se focalisera alors sur ces politiques fiscales qui pourront accompagner les
réformes commerciales. Les résultats obtenus permettront aux décideurs de mettre en place
un mécanisme permanent pour discuter et trouver les ressources nécessaires à l’élaboration
de stratégies commerciales. Ils leur offriront ainsi, l’opportunité de partager et discuter leur
point de vue sur les politiques relatives au commerce international et intra-régional. Ces
résultats permettront aussi d’évaluer, les coûts et les avantages des APE sur l’économie
sénégalaise. Ils serviront à voir l’adéquation de ces politiques avec les objectifs de
développement socioéconomique du pays. Ces résultats aideront également à proposer une
12
FMI (2006), l’intégration des pays pauvres dans le système commercial mondial, dossiers économiques 37
Fall et Thiaw (2012), Incidences économiques et budgétaires de l’APE pour le Sénégal : Une analyse en
Equilibre Générale Calculable Dynamique, Direction de la Prévision et des Etudes Economiques, document
d’étude N°23, décembre 2012.
14
Ba Alassane (2006), Impact des Accords de Partenariat Economique (APE) Union européenne-Afrique de
l’Ouest sur l’économie et la pauvreté au Mali, Cellule du Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté
(CSLP), octobre 2006.
13
13
stratégie qui conduira à la création d'emplois et à de meilleures perspectives pour les
secteurs productifs.
4. Méthodologie
Le modèle utilisé sera appliqué au cas de l’économie sénégalaise, qui est supposée faire face
à un important choc macroéconomique suite à une suppression des droits de douane dans le
cadre de l’instauration du TEC CEDEAO et de la mise en œuvre des APE.
Pour mettre en évidence les impacts des réformes commerciales et de leurs politiques
d’accompagnement, nous allons appliquer notre étude en développant le modèle PEP-1-1
(Décaluwé et al, 2012).
Ce modèle permet aux décideurs de s’engager, sur des politiques diverses et alternatives
qui seront en mesure d’accompagner les réformes commerciales intra-régionales et
bilatérales, et à travers lesquelles sera issue une croissance économique créatrice d’emploi
et pro pauvre. D’une manière générale, les simulations doivent éclairer sur ce qu'un
changement de politique peut signifier pour le bien-être économique ou commercial.
 Brève revue de la littérature sur les MEGC
Une multitude d’études relatives aux impacts des réformes commerciales ont été menées
jusqu’ici. Elles se sont intéressées, selon les cas, aux accords commerciaux (Union douanière,
TEC, APE etc.) et aux réformes macroéconomiques (Union monétaire, modifications
fiscales...). Ainsi, [Georges P. (2007)15], a étudié, dans le cadre de l’ALENA, l’impact de la
suppression des Règles d’Origine sur le bien être. Il a utilisé, à cette fin, un MEGC-D multipays et multisectoriels. Sous l’hypothèse d’anticipations rationnelles et à l’aide d’un MEGCD, [Lee (2008)]16 a analysé les effets dynamiques de la libéralisation commerciale de la
Roumanie vis-à-vis de l'Union européenne. Par ailleurs, Wong et al. (2008) ont quantifié, sur
la base d’un MEGC micro-simulé séquentiel, les effets sur la pauvreté et la distribution des
revenus en Equateur, d’une libéralisation commerciale avec les Etats Unis accompagnée
d’une augmentation de la TVA pour compenser les pertes de recettes fiscales. Nous pouvons
15
Patrick Georges (2007) Modeling the Removal of NAFTA Rules of Origin: A Dynamic Computable General
Equilibrium Analysis, working paper n° 0705E University of Ottawa October 2007
16
Document de recherche n° 2008-19 Laboratoire d'Economie d'Orléans
14
aussi citer, Rim Chatti et Faycel Zidi (2009)17 qui, par le biais d’un MEGC-D multi-régions, ont
évalué l’impact de la libéralisation commerciale régionale de la Tunisie sur la croissance
économique et la pauvreté, et aussi, Ali Marouani (2000) qui, dans le cadre d’un modèle
d’équilibre général multisectoriel a évalué l’impact de l’ouverture de l’économie tunisienne
sur l’emploi et les salaires.
En ce qui concerne les études sur les pays de la CEDEAO, Decaluwé et al. (2001)
18
ont
évalué des effets potentiels de la création d'une union douanière au sein de l'UEMOA ,en
utilisant un modèle d'équilibre général calculable statique et multi-pays. Fofana et al.
(2006)19 applique un MEGC multisectoriel afin d’évaluer les impacts distributifs de la
réduction unilatérale des tarifs douaniers dans quatre pays de la CEDEAO20. Cockburn et al.
(2010)21 , ont étudié les impacts distributifs de la libéralisation commerciale en tenant
compte de la diversité et de la spécificité des économies africaines22. Ils ont fait recours à
des MEGC micro-simulés intégrant explicitement et individuellement dans ces modèles tous
les ménages d’une enquête nationale.
D’autres études telles que celles de Annabi et al.
(2006)23 et celle de Cockburn et al (2010) se sont fondées sur un MEGC microsimulé
séquentiel pour étudier les effets dynamiques de la pauvreté et des inégalités, ainsi que les
implications de la libéralisation du commerce sur le genre et la pauvreté dans le contexte de
l’économie du Sénégal.
Par ailleurs, des travaux ont été faits pour évaluer les impacts des APE dans les pays de la
CEDEAO. Nous pouvons citer Rampulla et al (2007)24 qui se sont appuyés sur un MEGC-D
récursif, pour estimer l’impact de l’APE sur les recettes fiscales et l’activité économique du
17
Rim Chatti and Faycel Zidi, The Impact of Trade Liberalization on Regional Growth and Poverty in Tunisia,
Paper prepared for the 16th ERF annual conference (International Economics Theme) August 9th, 2009
18
Decaluwé Bernard, Dissou Yazid, Patry André. Union douanière au sein de l'UEMOA. Une analyse
quantitative. In: Revue économique. Volume 52, n°4, 2001. pp. 811-830.
19
Fofana I. et al, Impacts Distributifs de la Libéralisation du Commerce Extérieur en Afrique de l'Ouest : Le
Pari de la Réduction de la Pauvreté se Remporte en Zones Rurales, juillet 2006.
20
Il s’agit ; du Bénin, du Burina Faso, de la Guinée et du Sénégal.
21
Cockburn et al. (2010), Libéralisation commerciale et pauvreté en Afrique, Les Presses de l’Université Laval.
22
Les pays dans lesquels l’étude à été faite sont: l’Afrique du Sud, le Bénin, le Burkina, le Cameroun, la Guinée,
le Maroc, le Sénégal, la Tunisie et le Zimbabwe.
23
Annabi et al. (2006), Libéralisation commerciale, croissance et pauvreté au Sénégal : Une analyse à l’aide
d’un MEGC microsimulé dynamique, mai 2006.
24
Rampulla et al. (2007), Accord de partenariat économique : Etude sur les recettes douanières et la fiscalité
intérieure, Commission Européenne février 2007.
15
Mali. Ba (200625), avec le même modèle, a quantifié l’impact de l’APE sur la pauvreté et
l’économie au Mali. De même, pour le cas du Sénégal, Fall et Thiaw (2012) ont évalué avec
ce modèle les incidences économiques et budgétaires de l’APE en se reposant sur la
dernière offre d’accès au marché de l’Afrique de l’Ouest formulée par la CEDEAO envers l’UE
en novembre 2011.
Cependant, aucune de ces études n’a appliqué le MEGC pour évaluer l’impact des réformes
commerciales et celui de leurs politiques d’accompagnement sur l’emploi des jeunes au
Sénégal. En réalité, il y a peu de chercheurs résidant dans ce pays, qui peuvent manier les
techniques d’une modélisation en équilibre générale calculable. Les difficultés résident dans
le fait que le travail sérieux et rigoureux nécessaire est très fastidieux et demande beaucoup
de temps, mais surtout beaucoup de moyens financiers. D’ailleurs, les lacunes de cette
étude sont constituées par ce problème financier en plus du besoin d’une formation pointue
sur les MEGC.
 Présentation et pertinence de la méthodologie adoptée
Les MEGC sont des modèles reconnus pour l’analyse de la pauvreté, les inégalités et la
distribution de revenu. Ils prennent en compte d’une part la structure de l’économie dans
son ensemble, et d’autre part les interrelations entre les différents agents économiques.
Ainsi, notre étude s’appuiera sur un MEGC du fait de l’interdépendance économique et des
effets de rétroaction des comportements des agents économiques, dans la mesure où il est
difficile de concevoir qu’une modification de la politique commerciale ne puisse avoir
d’impact que sur un seul secteur. Par conséquent, ce modèle nous permettra de quantifier
les répercussions des réformes commerciales intra-CEDEAO et bilatérales ainsi que l’impact
des politiques d’accompagnement sur la croissance économique, l’emploi et la pauvreté au
Sénégal.
L’étude entend prendre en compte les différentes caractéristiques socioéconomiques
susmentionnées dans l’analyse des questions liées au chômage et à l’inactivité chez les
jeunes de la façon qu’il suit :
25
Ba A. (2006), Impact des Accords de Partenariat Economique (APE) Union européenne-Afrique de l’Ouest
sur l’économie et la pauvreté au Mali, octobre 2006
16
Par rapport à l’âge, une désagrégation en différentes classes d’âges quinquennaux (par
exemple de 15-19 ans, 20-24 ans, 25-29 ans, 30-34 ans) sera effectuée, de manière à
distinguer les plus jeunes des plus âgés parmi les jeunes sortants du système éducatif au
regard du phénomène du chômage et de l’inactivité ;
Par rapport à la dimension genre, l’étude analysera la situation des jeunes hommes et des
jeunes femmes au sortir du système de leur formation, une façon de voir si les jeunes
femmes sont également plus désavantagées que les hommes en termes d’insertion
professionnelle ici au Sénégal. Explorer ce point pour le cas précis d’un pays comme le
Sénégal est particulièrement intéressant. Ceci est d’autant plus vrai que les travaux en la
matière sont rares dans ce pays. Or, plusieurs régularités statistiques ont mis en évidence la
situation moins enviable des femmes par rapport aux hommes sur le marché du travail. Elles
sont généralement plus frappées par le chômage et l’inactivité. L’étude cherchera justement
à voir dans quelle mesure ces constats majeurs concordent avec les réalités du marché du
travail sénégalais.
L’étude se concentrera aussi sur le niveau d’emploi des jeunes ruraux et urbains sortants du
système éducatif, afin d’examiner les éventuelles disparités zonales. Nous supposons à ce
niveau que l’accès à l’emploi est susceptible d’être plus difficile en milieu urbain qu’en milieu
rural. Ce problème d’appariement entre l’offre et la demande de travail plus accentué en
milieu urbain serait imputable à une longue file d’attente (pour l’accès à l’emploi) à laquelle
ce milieu éprouve du mal à se résoudre. En effet, ce goulet d’étranglement découlerait du
fait que le milieu urbain est souvent vu comme le principal pourvoyeur d’emploi, justifiant
de facto les flux migratoires rural-urbain.
La prise en considération du niveau d’éducation atteint dans l’analyse du chômage et de
l’inactivité apportera de nouvelles informations, si l’on sait que les études antérieures
réalisées au Sénégal [notamment celle de Diagne et al. (2003)] révèle une absence d’effet
protecteur de l’éducation contre le chômage : le chômage va croissant avec le niveau
d’éducation, et celui-ci est d’ailleurs plus faible chez les non instruits comparés aux individus
instruits. Ce résultat contre-intuitif pourrait s’expliquer par une attitude des jeunes non
instruits à rarement décliner les emplois qui s’offrent à eux, en raison de leurs faibles
prétentions salariales, à l’inverse des jeunes instruits qui auraient tendance à être plus
17
exigeants et aspirer à des rémunérations encore plus conséquentes que celles prévalant sur
le marché.
Une étude portant sur les récentes enquêtes réalisées au Sénégal serait
intéressante dans ce sens pour en voir l’état des lieux.
Par ailleurs, pour la distribution en branches des Catégories de produits importés de l’UE,
nous allons nous inspirer de « la structure des branches en catégories de produits importés »
et de « la structure des Importations en provenance de l’UE selon la catégorie et le type de
produits » établies par Fall et Thiaw (2012).
Enfin, nous allons décomposer le marché du travail en secteur public et secteur privé. Ceci
nous permettra de voir le niveau d’emploi des jeunes dans le secteur public surtout ceux qui
ont un emploi temporaire, lors d’une perte de recettes fiscales de l’Etat. Cette perte de
recettes fiscales, peut en effet, entrainer une réduction des dépenses publiques. Celle-ci à
son tour peut causer une diminution de l’achat des biens et services publics et par la suite
favoriser une réduction de l’emploi dans le secteur public.
5. Données requises et sources :
L’équipe dispose déjà de la version détaillée et agrégée de la Matrice de Comptabilité Sociale
(MCS) 2011 de l’Economie Sénégalaise élaborée par Fofana et al. (2015)26 . Cette matrice est
basée sur les statistiques des comptes nationaux de 2011 ; « elle fournit un cadre cohérent
pour l’évaluation des politiques de croissance et d’emploi » (Fofana et al, 2015). Elle est
composée de 120 comptes répartis comme suit :
-
35 branches ou activités ;
-
35 produits ;
-
19 facteurs de production dont 17 catégories de travailleurs classés suivant leur
niveau d’éducation et de formation ;
-
6 taxes et marges ;
-
23 comptes institutionnels dont 20 catégories de ménages représentatifs répartis en
fonction de leur lieu de résidence (urbain et rural), et de leur niveau de
consommation par décile ;
26
2 comptes d’accumulation (formation brute de capital fixe et variations de stocks).
Fofana et al., 2011 Social Accounting Matrix for Senegal, IFPRI Dicussion Paper 01417, february 2015
18
En cas de nécessité de construire une MCS plus détaillée que celle de Fofana et al. (2015),
l’équipe dispose aussi des comptes nationaux définitifs 2011 du Sénégal. En effet nous avons
à notre possession: la Balance des Paiements(BDP), le Tableau des Opérations Financières et
Economiques (TOFE) et le Tableau des Ressources et des Emplois (TER).
De plus, l’équipe possède la base de données de la seconde Enquête de Suivi de la Pauvreté
au Sénégal de 2011 (ESPS II) réalisée par l’ANSD. Celle-ci nous permettra de segmenter le
marché du travail en secteur public et secteur privé. A l’aide de cette enquête nous
pourrions aussi classifier les jeunes en différentes classes d’âges quinquennaux. Nous nous
servirons de la base de données de CENUCED, pour désagréger le compte Reste Du Monde
(RDM ) en trois parties : CEDEAO, UE et les autres pays du RDM.
L’enquête (ESPS II) est constituée d’un volet « individu » et d’un volet « ménage ». Le volet
« individu » recense sept modules portant sur des informations individuelles par rapport à
chaque membre du ménage, tandis que le volet « ménage » comporte au total quatorze
modules donnant des informations collectives sur chaque ménage éligible aux questions
posées. Les modules qui composent les volets « individu » et « ménage », comme les
caractéristiques individuelles, l’éducation, l’emploi des membres du ménage, les différentes
branches d’activité dans lesquelles les membres sont employés, et la situation patrimoniale
du ménage ,etc., nous permettent d’élaborer notre modèle de micro-simulation, et d’étudier
les problématiques soulevées plus haut sans une très grande restriction.
Données clés
Sources
MCS 2011
International Food Policy Research Institute (IFPRI)
BDP
Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO)
TOFE
BCEAO
Comptes Nationaux
Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie
(ANSD)
ESPS II
ANSD
19
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23
6. Plan pour influencer les politiques (ou stratégie de communication de
la recherche)
L’équipe a eu déjà à assister à certaines rencontres telles que, la Conférence Internationale
du projet NOPOOR (06 juin 2014), ainsi qu’au dialogue régional multi-acteurs sur les APE coorganisé par ENDA CACID et OSIWA (27 et 28 octobre 2014). Lors de ces rencontres, la
discussion se focalisait principalement sur l’impact que pourrait avoir la libéralisation
commerciale (surtout les APE) sur les conditions de vie des populations. Particulièrement à
l’issue du dialogue sur les APE certaines recommandations ont été données; « le dialogue a
reconnu que l’APE n’est pas une fin en soi. Sa négociation ne doit pas cacher l’impérieuse
nécessité pour l’Afrique de l’ouest de prendre en charge son destin et de mettre sur pied
tous les instruments nécessaires au renforcement de son intégration et au financement de
son développement. Les organisations régionales sont aussi invités à opérer des réformes
profondes, y compris fiscales, pour accompagner les secteurs productifs et garantir des
revenus adéquats à l’État» (Conclusions et recommandations dialogue APE). Partant de ces
recommandations, nous pouvons estimer que les résultats de notre recherche pourraient
intéresser les structures suivantes : cf. tableau ci-dessous.
Pour vulgariser nos résultats, nous comptons aussi continuer à participer à ces genres de
rencontres (conférences nationales et internationales) et parfois même en organiser. Les
membres de l’équipe comptent aussi, présenter leurs résultats durant les séminaires
qu’organise leur laboratoire de recherche (LARES). Puisque le débat sur les réformes
commerciales et leurs politiques d’accompagnement ne doit pas rester une affaire d’experts,
les membres de l’équipe participeront aux émissions qui traitent les questions économiques
et sociales du pays afin d’élargir le débat à tous les citoyens qui seront concernés par les
impacts.
Institution
Ministère de l’Economie,
Contact
i)
des Finances et de la
Planification (MEFP)
Cible
Dr.
Serigne
Moustapha Séne
i)
Directeur Général
de la Direction de
Tel : +221776408859
la Prévision et des
Email :
Etudes
[email protected]
Economiques
24
ii)
M. Mayacine Camara
Email :
(DPEE)
ii)
Coordonnateur de
[email protected]
iii)
la Direction de la
Dr. Fatou Diané
Tel :
planification
+221
des
772741362/776376902
et
Politiques
Economiques
du
MEFP
iii)
Conseiller
Technique
au
MEFP
Agence Nationale Pour le Alioune Faye
Chargé
Promotion de l’Emploi Email : [email protected]
chargé du partenariat avec
des Jeunes
Tel : 766447683
les partenaires financiers
Ministère du Commerce
M. Fallou Mbow Fall
Chef
Email : [email protected]
Politiques
Tel :
Société Civile :
+221
de
de
la
Programme,
Division
des
Commerciales
775115721/+221 Sectorielles,
Direction
338204494
Commerce Extérieur
M. Ibrahima Barro
MEF Société Civile
du
Email :
[email protected]
CEDEAO
i)
Commissaire
en
Email : [email protected]
charge
de
Tel : +234 8141375786
l’Industrie et du
ii)
M. Kalilou Taoré
Dr.
Lapodini
i)
Marc
Atouga
Email : [email protected]
Secteur Privé
ii)
Commissaire
AERE/CEDEAO
Tel : +234 8030726699
Banque Mondiale
Moustapha Lô
Spécialiste de l’éducation
Email : [email protected]
Tel : +221775854531
25
7. Liste des membres de l’équipe, leur âge, leurs formation et expérience
1. Mlle. Sokhna Diarra MBOUP, chercheur junior affilié au Laboratoire de Recherche en
Economie de Saint-Louis (LARES), UFR SEG, Université Gaston Berger (UGB) de SaintLouis du Sénégal.
-
Age: 27 ans
-
Sexe: Féminin
-
Formation et expérience: Doctorante, UGB; DEA en Analyse Economique et
Quantitative UGB; Maitrise d’Economie Appliquée, UGB.
-
Elle n’a en ce moment aucune expérience en EGC, néanmoins elle y accorde un grand
intérêt. En effet, elle compte appliquer une modélisation en EGC dans le cadre de sa
thèse. Elle a écrit son mémoire de maitrise sur les effets de la corruption sur la
croissance économique et les dépenses publiques au Sénégal; et son mémoire de
DEA sur les Accords commerciaux et flux de commerce dans l’espace CEDEAO. Ce
dernier a fait l’objet d’un article intitulé « Accords commerciaux et flux de commerce
dans l’espace CEDEAO: le partage d’une monnaie unique est il déterminant? ». Cet
article a été présenté lors de la Conférence Economique Africaine (Johannesburg,
octobre 2013) et a été publié récemment par Palgrave Macmillan dans un livre
(hardback) intitulé « Regional Integration and Trade in Africa ».
2. M. Thierno Malick DIALLO chercheur junior affilié au laboratoire de Recherche en
Economie de Saint-Louis à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal.
-
Age: 27 ans
-
Sexe: Masculin
-
Formation et Expérience: Doctorant à l’UGB; DEA en Analyse Economique et
Quantitative à l’UGB.
Il a travaillé dans le cadre de son mémoire de DEA sur les rendements éducatifs au
Sénégal. Ceci lui a permis de mieux s’imprégner des questions liées au système
éducatif et au marché du travail sénégalais. Il s’est inscrit en thèse de doctorat à
l’UGB dans le but d’approfondir encore cette thématique de recherche, mais cette
fois-ci en faisant appel aux modèles d’équilibre général calculable. Toutefois, ses
connaissances en la matière (c’est-à-dire en EGC) ne sont que théoriques à l’heure
actuelle, et il souhaiterait être initié à ces techniques d’estimation et de simulations
afin de mener à bien ses recherches.
26
L’équipe est ainsi composée de deux doctorants qui n’ont encore effectué aucune étude
recourant à la modélisation en EGC. Ce projet permettra aux membres de l’équipe de se
familiariser avec les MEGC. Ils ne disposent, cependant que des connaissances théoriques
pour ce qui concerne les MEGC, au moment où ils doivent les appliquer dans le cadre de leur
thèse. En outre, ce projet a combiné le domaine de recherche des deux doctorants, à savoir
l’intégration commerciale, et l’évaluation de la pauvreté pour l’un et la problématique de
l’emploi des jeunes pour l’autre. Dès lors ce projet leur permettra de mieux maitriser les
techniques de modélisation de leur domaine de recherche.
8. Renforcement des capacités de recherche
NOMS
TÂCHES
Sokhna Diarra MBOUP
Mlle. MBOUP sera chargée d’examiner les politiques
commerciales et fiscales du Sénégal et les enjeux d’une
croissance économique pro pauvre. Son rôle sera aussi
d’évaluer l’impact des réformes commerciales sur la
croissance économique et la pauvreté. Elle devra, ainsi,
suivre une formation sur les MEGC (construction du
modèle, construction de MCS désagrégée, techniques de
micro-simulation, analyse et interprétation des résultats
obtenus, etc.). Elle devra, en outre, comprendre le
fonctionnement du logiciel GAMS et apprendre à l’utiliser
pour des besoins de modélisation. D’ailleurs, cette année il
est prévu dans le programme du laboratoire auquel elle
est affiliée (LARES), un séminaire de formation sur les
MEGC. Cet apprentissage sera un élément essentiel pour la
réalisation de ce projet et pour sa carrière de chercheur.
Par ailleurs, elle sera tenue de communiquer et de
convaincre les autorités universitaires et décideurs
politiques par le biais d’entretiens avec ceux-ci. De plus
elle devra être en mesure de présenter les résultats
obtenus de l’étude. Son rôle sera aussi de montrer à
27
travers les médias, colloques, conférences etc., l’intérêt
du projet et son apport à la lutte contre la pauvreté et la
précarité de l’emploi.
Thierno Malick DIALLO
M. DIALLO, sera chargé d’étudier les enjeux d’une
croissance économique créatrice d’emploi. Il faudra qu’il
évalue l’impact des réformes commerciales sur l’emploi. Il
devra aussi suivre la même formation que Mlle MBOUP,
sur les MEGC, le logiciel GAMS, etc. Il participera à la
construction de la MCS en utilisant notamment l’ESPS II.
M. DIALLO participera aussi à l’analyse et à l’interprétation
des résultats. En collaboration avec sa coéquipière, il
interviendra auprès des institutions et des décideurs
politiques, utilisateurs des résultats qui seront produits. En
outre, il devra prendre part à la diffusion et à la
vulgarisation des résultats via les médias, conférences,
dialogues nationaux et internationaux, etc.
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