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Introduction
En juin 2011, Apple, dont la capitalisation boursière dépasse les 300 milliards de dollars,
est l’une des valeurs préférées des analystes sell-side. Une écrasante majorité d’entre eux est à
l’achat sur le titre et leur objectif de cours moyen de 472 dollars indique un potentiel
d’appréciation de plus de 40% par rapport au cours de clôture du 30 juin 2011
.
Néanmoins, l’action Apple est valorisée par le marché à des multiples faibles au regard
des perspectives de croissance importantes de la société. Au 30 juin 2011, le multiple EV/EBIT
CY12E est de 6,3x et le PE CY12E de 10,6x, contre un PE CY12E de 13x pour le S&P500
. Si
l’on soustrait les revenus des placements financiers du BPA 2012E et que l’on ajoute les 70
dollars par action de trésorerie nette qu’Apple possède à son bilan, le PE CY12E « ex-cash »
tombe même à 8,5x.
Un an plus tard, le 21 septembre 2012, l’action Apple atteint son plus haut niveau
historique à 705 dollars.
Comment expliquer la divergence de vues, en juin 2011, entre les analystes qui
recommandent l’achat fort d’Apple et le marché qui semble lui plus modéré dans son appétit
pour le titre ? La capacité du marché à valoriser correctement une entreprise technologique aux
rythmes de croissance et d’innovation extrêmement rapides, mais présentant d’importants
risques, telle qu’Apple, peut-elle être mise en cause ? Ou bien est-ce la taille atteinte par la société
qui limiterait la valorisation que le marché est prêt à lui accorder?
Pour répondre à ces questions, nous étudierons dans une première partie la valorisation
de l’action Apple par le marché et par les analystes à la fin du mois de juin 2011, en nous
focalisant principalement sur l’étude des multiples. Nous analyserons les multiples de valorisation
historiques d’Apple, ainsi que ceux de ses comparables. Cette étude nous permettra d’affirmer
qu’Apple se négocie alors à des niveaux de valorisation faibles compte tenu de ses perspectives de
croissance.
Dans une seconde partie, nous tenterons de comprendre pourquoi le marché applique des
multiples aussi faibles aux résultats d’Apple, en nous focalisant principalement sur quatre
questions clés. Premièrement, comment le marché évalue le risque d’une société technologique
pesant plus de 300 milliards de dollars en bourse et dont le chiffre d’affaires et les profits sont
Nous décidons, de façon arbitraire, d’effectuer toute notre étude (notamment de la valorisation de l’action Apple) à
la date du 30 juin 2011
Apple clôture son exercice comptable à la fin du mois de septembre. Nous utiliserons les abréviations FY pour
« Fiscal year » et CY pour « Calendar year »