Par « pharaonisme », Ibn Taymiyya entend le fait pour un homme de s’attribuer un titre divin sur
l’exemple des rois égyptiens, notamment celui qui s’opposa à Moïse en disant : {Je suis votre plus
grand dieu !} (Coran 79.24). Il parle en détail de ce sujet dans les deux épîtres contre Ibn Arabi
mentionnées plus haut. Il explique que certains soufis panthéistes considèrent Pharaon comme un
« vrai croyant » et un initié, puisqu’en déclarant « Je suis votre plus grand dieu », il prenait
conscience de l’unité de l’existence et de l’unité entre le Créateur et la création. Pharaon serait
donc, selon eux, en quelque sorte un soufi panthéiste, parvenu à un tel degré d’initiation qu’aurait
fait qu’un avec le divin.
Le qarmatisme est une secte dissidente de l’ismaélisme née vers la fin du IIIe siècle de l’Hégire, qui
sera à l’origine d’un mouvement politique et militaire qui prendra notamment le contrôle d’Oman.
Les Qarmates se rendirent entre autres coupables de massacres contre les pèlerins musulmans et
du vol de la « pierre noire » disposée dans le temple de la Kaaba.
Concernant leur doctrine, voici la définition que nous avons donné dans le commentaire de la
« lettre palmyrienne » : « Les qarmates affirmaient que toute chose apparente renferme un sens
caché, et que chaque verset révélé contient un sens occulte et métaphorique. Ils professent la
préexistence (qidam) du monde ; c'est-à-dire que l’univers n’aurait jamais été créé, mais existerait
de toute éternité. Tout comme les philosophes grecs, ils disent que le Créateur a simplement mis
l’ordre au Chaos primordial, créant ainsi le monde. Ils réfutent aussi la validité des législations
religieuses (sharî’a) et les prophètes. Cette tendance doctrinale se retrouve dans de nombreuses
sectes, les plus célèbres étant les ismaéliens, les nusayrites (ou alaouites, alévis). Le mot
“qarmates’” serait une allusion à l’un des théoriciens de cette doctrine : Hamdân Qarmat. ». Ibn
Taymiyya. La lettre palmyrienne. Nawa, 2016, p54.
L’ésotérisme (bâtiniyya) désigne chez Ibn Taymiyya, les tendances ismaélites extrémistes. Voilà ce
qu’il dit d’eux dans la « lettre palmyrienne » : « Les extrémistes parmi ceux-là, vont jusqu’à renier
les deux contraires. Ils disent : « [Allah] n’est ni existant ni néant, ni vivant ni mort, ni savant ni
ignorant ». Ils prétendent en effet qu’en donnant à Allah un qualificatif affirmatif, ils le feraient
ressembler à des existants, et que s’ils Lui donnaient un qualificatif négatif, ils le feraient
ressembler à des non-existants.
En conséquence, ils rejettent les deux contradictoires. Or, ce sont là des affirmations totalement
insensées. Ils dénaturent le Livre révélé par Allah et l’enseignement de Son messager (A). Ils sont
tombés dans un égarement bien pire que celui qu’ils fuyaient, car ils décrivent Allah selon des
qualificatifs qui L’assimilent à des « impossibles » (mumtani’ât). En effet, le rejet des deux
contradictoires ou le rassemblement des deux contradictoires, fait partie des « impossibles ». Or, la
Raison nous pousse à croire qu’il ne peut y avoir d’existence sans un Existant suprême qui existe
par Lui-même, qu’Il est à la fois autonome (Ghanî), antérieur (Qadîm), sempiternel (Azalî), et qu’Il
n’est pas concerné par le commencement et le néant. Pourtant, ils Le décrivent d’une manière qui
rend Son existence « impossible », tout en rejetant la nécessité de Son existence, Son existence
même et Son éternité. » ; Voir : Ibn Taymiyya. La lettre palmyrienne. Nawa. 2016.