III. Le calcul d’un rendement Le but d’une synthèse est de transformer un réactif organique A en une molécule cible P avec le meilleur rendement possible. Comment définit-on et calcule-t-on le rendement ? Tout d’abord, la quantité de matière initiale de A (masse molaire MA) que l’on introduit dans le montage, notée n0, est précisément déterminée, en général par la pesée d’une masse m0 de A sur une balance de précision si A est un solide : m0 n0 = MA Si A est un liquide, on peut aussi réaliser une pesée, mais il est souvent plus commode de prélever un volume V0, par exemple avec une pipette graduée. Si A Aest la masse volumique de A, alors 𝜌𝐴 . V0 n0 = MA La quantité de P obtenue après réaction, séparation, purification, est déterminée de la même manière et notée nP. On écrit alors l’équation chimique de la réaction de synthèse, par exemple : A B 2P Q. La quantité maximale théorique de P nmax correspond à la quantité de P que l’on peut espérer obtenir si la réaction de synthèse atteint son avancement maximal. Si le réactif limitant est A, alors la quantité maximale de P est nmax 2max 2n0. Mais on ne récupère jamais en fait cette quantité maximale ! A cela, il y a de nombreuses raisons : lors de la réaction de synthèse : raison thermodynamique : si la réaction conduit à un équilibre (citons par exemple la réaction d’estérification), on ne peut espérer atteindre max ; raison cinétique : max s’obtient souvent en théorie au bout d’un temps infini… or il faut bien arrêter à un moment la réaction ; possibilité de réactions jumelles parasites, consommant A pour produire des impuretés ; lors de l’isolement et de la purification : chaque étape (extraction, filtration…) conduit inévitablement à des pertes. On appelle rendement de la synthèse le rapport, exprimé en %, entre la quantité de P effectivement obtenue nP et la quantité maximale théorique nmax : r = 100 nP nmax Ainsi, dans l’exemple ci-dessus (A B 2P Q) : nP r = 100 2n0 Remarque : synthèse multi-étapes Le plus souvent, il faut plusieurs réactions chimiques à réaliser successivement pour obtenir la transformation de A en P que l’on souhaite. Chacune des réactions est caractérisée par une équation chimique. Par exemple, une synthèse en trois étapes pourrait correspondre au schéma suivant : A+B=C+D 2C+E= F F+3G= P B, E et G sont des réactifs organiques ou inorganiques généralement introduits en excès ; D est un sous-produit que l’on élimine. Remarquons que les trois réactions peuvent être menées dans le même réacteur : on introduit d’abord B, puis quand on pense la réaction terminée, on ajoute E, puis ultérieurement G. Mais s’il y a des incompatibilités, il peut être nécessaire de procéder à l’isolement intermédiaire de C et/ou de F… On peut schématiser le passage par plusieurs réactions de synthèses, éventuellement avec séparations intermédiaires : Le rendement global de la synthèse se calcule alors de la même façon que précédemment, en définissant la quantité maximale théorique de P comme la quantité que l’on obtiendrait si chaque réaction de synthèse atteignait son avancement maximal. Ainsi, dans l’exemple de la page précédente, la quantité maximale de C est n0 d’après la stoechiométrie de la réaction 1. Donc, d’après 2, la quantité maximale de F est n0/2 Enfin, d’après 3, on trouve la quantité maximale théorique de P : n0/2 Finalement, le rendement est r = 100 nP n0 r = 100 2 2nP n0 Bien sûr, si on a isolé C (quantité nC ) et F (quantité nF ), on peut déterminer les rendements de chaque étape intermédiaire : nC 2nF nP r1 = 100 r2 = 100 r3 = 100 n0 nC nF r = 100( r1 r2 r3 )( )( ) 100 100 100 Le rendement global d’une synthèse est le produit des rendements intermédiaires.