d’ailleurs d’autres créateurs d’aujourd’hui : citons, toujours à la Bastille, en
septembre 2011, Introspection, mis en scène par Gwenaël Morin, ou encore
Gaspard, joué au printemps dernier au Théâtre de l’Opprimé, qui sera monté
très prochainement au théâtre de La Loge par le collectif Hubris.)
Réactualiser la portée subversive de la pièce
« Nous ne jouerons pas la pièce de Handke », annonce de façon provocatrice
dans sa note d’intention le metteur en scène, Peter Van den Eede, posant
d’emblée le vrai problème : comment en effet interpréter une pièce qui refuse
d’en être une ? Ce paradoxe, la compagnie le travaille de l’intérieur,
l’exprimant d’abord par un refus de jouer effectif : le spectateur découvre en
effet des comédiens tranquillement attablés dans un coin du plateau, tandis
que le texte défile, projeté au-dessus d’eux. Ce geste inaugural n’est
(heureusement) que la première étape d’une approche assez passionnante
visant à réactualiser la portée subversive de la pièce.
« Vous vous attendiez peut-être à autre chose ? » dit le texte. Justement, avec
le compagnie De Koe, on ne sait jamais à quoi s’attendre au juste. Cette fois,
Peter Van den Eede et sa bande ont pris le parti de « jouer avec » le public, à
tous les sens du terme. Et ça, ils savent le faire mieux que quiconque. Le texte
étant à la deuxième personne (« Vous allez vous ennuyer si vous ne voulez pas
qu’on s’adresse à vous »), les comédiens jouent à fond, et avec pas mal
d’humour, la carte de l’interaction permanente, provoquant les spectateurs
jusqu’au trouble, faisant à merveille circuler la parole entre eux (avec force
reprises, répétitions, variantes), s’appelant à l’occasion par leurs prénoms,