Collège National des Sages-Femmes de France Réponse du CNSF aux procès d’intention faits à la profession de sage-femme : Le Collège National des Sages-Femmes de France (CNSF) souhaite réagir aux propos tenus par Mme le Docteur Odile BUISSON, gynécologue obstétricien, dans divers médias ces dernières semaines ou encore par le Syndicat National des Gynécologues Obstétriciens Français (SYNGOF). Tout d’abord, nous aussi, nous aimerions, faire un rappel historique. Dès le XVIIème siècle, sages-femmes, médecins et chirurgiens ont formé des corporations et ont décidé de travailler de concert, en complémentarité, dans le but, notamment, d’améliorer la santé des femmes, des mères et des enfants. L’obstétrique fut d’ailleurs la première chaire médicale créée sous Napoléon. Dès lors, la gynécologie fut une spécialité menée en bonne entente entre sages-femmes & médecins. Pour exemple, l’un des traités de référence de l’époque, le Traité pratique des maladies de l’utérus et de ses annexes, fut publié par Mme Marie-Anne BOIVIN et le professeur DUGES de l’Ecole de Montpellier en 1833. Leurs découvertes ont permis l’essor de l’obstétrique et de la gynécologie du XIXème siècle dont nous gardons encore traces aujourd’hui (l’écoute des bruits du cœur fœtal par exemple !). De plus, la définition même de la profession de sage-femme reconnue internationalement (par l’OMS notamment) reconnaît comme faisant parfaitement partie de ses connaissances et de sa formation la gynécologie et la régulation des naissances. La pratique de la gynécologie de dépistage n’est donc pas une nouveauté pour les sagesfemmes françaises mais plutôt une réappropriation ! Nous n’avons jamais abandonné la participation aux soins de gynécologie. Notre formation a toujours contribué à nous apporter les connaissances nécessaires à cet exercice tourné vers la santé génésique des femmes. En effet, les évolutions des programmes officiels ont maintenu près de 500 heures théoriques et cliniques en gynécologie. Les consultations de gynécologie de dépistage et de contraception nous ont été rendues accessibles en 2009 dans un objectif de coopération professionnelle afin de garantir un accès équitable aux soins. Pour répondre à ces nouvelles prérogatives, la majorité des sages-femmes complètent leur formation initiale par des DU / DIU ou tout autre programme de formation continue en rapport. C’est donc apporter une contre-vérité en affirmant que « la gynécologie médicale ne fait pas partie de leur [celle des sages-femmes] formation initiale ». A côté de cela, nous entendons parler « d’accouchements au rabais » gérés par des professionnelles dont « l’expertise médicale est incomplète », « d’accouchements de nos grandsmères », etc. sous couvert de discours féministes. Prendre pour argument l’accouchement à domicile (de fait quasiment interdit aux femmes par absence d’offre et d’organisation des soins), ou l’allaitement (la France est lanterne rouge par rapport à de nombreux pays européens – rétrogrades ?), c’est agiter des colifichets. Les mêmes mouvements féministes ont permis l’ouverture des maisons de naissance dans de nombreux pays occidentaux. Ils ont conduit à la résurrection de la profession de sage-femme au Québec grâce à l’introduction comme un droit fondamental des femmes d'être accompagnées dans le lieu et avec la professionnelle de leur choix au moment de leur accouchement et de la naissance de leur enfant. L’accouchement moins technicisé est une réelle demande des parents face au manque de personnalisation du suivi et la standardisation des prises en charges qu’offrent aujourd’hui des établissements de plus en plus importants (définis ainsi par près de 50% des femmes selon les enquêtes d’opinion). Nous parlons bien d’accouchement moins technicisé et non pas moins médicalisé puisque la présence d’une sage-femme, profession médicale à compétences définies (et non limitées !), suffit à médicaliser une naissance. La prévention et le dépistage ne traitent pas une maladie. Encore faut-il donner les moyens à ces professionnels garantes de l’eutocie (de la physiologie de l’accouchement) d’assurer leurs missions de prévention (auprès de femmes non malades !) et de dépistages (des femmes présentant une réelle pathologie) afin d’adresser ces femmes aux médecins le plus à même de les prendre en charge (orientation rapide et ciblée). Les sages-femmes françaises multiplient la prise en charge des accouchements derrière des centrales informatiques ainsi que la surveillance des Collège National des Sages-femmes de France Conformément à la loi « information et libertés » n°78-17 du 05/01/1978 (modifiée par la loi n°2004-801 du 05/06/2004) © 2011-copyright CNSF. Tous droits réservés Sophie GUILLAUME, pour le CNSF, 136 avenue Emile Zola – 75015 Paris - Tél. : + 33 6 16 56 22 82 - E-mail : [email protected] Collège National des Sages-Femmes de France grossesses pathologiques sur prescription (il ne s’agit nullement de de dénoncer cette compétence ou de la renier !) pendant que leurs homologues anglaises ont la possibilité d’être un réel praticien de premier recours (comme le médecin traitant emprunté lui aussi au système anglais), disponibles et présentes au plus près des femmes qu’elles accompagnent. Si la pratique des sages-femmes auprès des femmes en bonne santé était si dangereuse, pourquoi ces mêmes médecins confient-ils la surveillance des grossesses pathologiques à ces mêmes professionnels ? A moins de reconnaître la valeur de leur expertise y compris dans ces domaines. Nous rappelons que la France présente encore et toujours de mauvais résultats maternels et périnataux comparée à ses voisins européens malgré une surconsommation médicale non efficiente (cf. les résultats de l’enquête périnatale 2010) et couteuse ! Oui les économistes parlent ! Les enquêtes périnatales aussi ! Si les soins pratiqués par les sages-femmes sont « au rabais », c’est parce que pour un même acte et à responsabilité égale, les sages-femmes sont sous-payées par rapport à leurs collègues médecins ! Ce n’est pas faute de réclamer qu’à acte égal, rémunération égale (demande appuyée par le Collège National des Gynécologues Obstétriciens Français). La Maïeutique (Midwifery) peut apporter une meilleure connaissance de la physiologie, le respect de celle-ci et la prévention des pathologies quand le système périnatal français s’évertue à multiplier techniques et prises en charge des pathologies à un coût de plus en plus élevé sans améliorer ses résultats. Nous sommes loin de « faire plus et mieux pour les grossesses pathologiques et faire moins et mieux pour les grossesses normales » du Plan de Périnatalité 2005 – 2007. A quand des sages-femmes disponibles, rémunérées à leur juste valeur, reconnues et respectées pour des accouchements sécurisés et humains ainsi qu’un suivi de bonne qualité des femmes tout au long de leur vie ? Qui a intérêt à diviser (pour régner ?) les professionnels de santé au lieu de lutter contre les inégalités de notre système de santé qui laisse de côté les femmes les plus vulnérables ? Soyons sérieux et attaquons-nous ensemble, chacun à notre place dans le respect déontologique de nos professions, à améliorer la prise en charge génésique des femmes. C’est de la bonne coopération avec les gynécologues obstétriciens et les gynécologues médicaux que de meilleurs résultats seront obtenus. Non, les sages-femmes ne sont pas « promues gynécologues » comme d’aucuns le craignent et le corporatisme n’a jamais servi que les intérêts de quelques-uns ! Pour le CNSF, Sa présidente, Son secrétaire adjoint, Sophie GUILLAUME Nicolas DUTRIAUX 06.16.56.22.82. 06.12.89.22.64. Collège National des Sages-femmes de France Conformément à la loi « information et libertés » n°78-17 du 05/01/1978 (modifiée par la loi n°2004-801 du 05/06/2004) © 2011-copyright CNSF. Tous droits réservés Sophie GUILLAUME, pour le CNSF, 136 avenue Emile Zola – 75015 Paris - Tél. : + 33 6 16 56 22 82 - E-mail : [email protected]