Collège National des Sages-Femmes de France
Collège National des Sages-femmes de France
Conformément à la loi « information et libertés » n°78-17 du 05/01/1978 (modifiée par la loi n°2004-801 du 05/06/2004)
© 2011-copyright CNSF. Tous droits réservés
Sophie GUILLAUME, pour le CNSF, 136 avenue Emile Zola 75015 Paris - Tél. : + 33 6 16 56 22 82 - E-mail : contact@cnsf.asso.fr
Réponse du CNSF aux procès d’intention faits à la profession de sage-femme :
Le Collège National des Sages-Femmes de France (CNSF) souhaite réagir aux propos tenus
par Mme le Docteur Odile BUISSON, gynécologue obstétricien, dans divers médias ces dernières
semaines ou encore par le Syndicat National des Gynécologues Obstétriciens Français (SYNGOF).
Tout d’abord, nous aussi, nous aimerions, faire un rappel historique. Dès le XVIIème siècle,
sages-femmes, médecins et chirurgiens ont formé des corporations et ont décidé de travailler de
concert, en complémentarité, dans le but, notamment, d’améliorer la santé des femmes, des mères et
des enfants. L’obstétrique fut d’ailleurs la première chaire médicale créée sous Napoléon. Dès lors, la
gynécologie fut une spécialité menée en bonne entente entre sages-femmes & médecins. Pour
exemple, l’un des traités de référence de l’époque, le Traité pratique des maladies de l’utérus et de
ses annexes, fut publié par Mme Marie-Anne BOIVIN et le professeur DUGES de l’Ecole de
Montpellier en 1833. Leurs découvertes ont permis l’essor de l’obstétrique et de la gynécologie du
XIXème siècle dont nous gardons encore traces aujourd’hui (l’écoute des bruits du cœur fœtal par
exemple !). De plus, la définition même de la profession de sage-femme reconnue internationalement
(par l’OMS notamment) reconnaît comme faisant parfaitement partie de ses connaissances et de sa
formation la gynécologie et la régulation des naissances.
La pratique de la gynécologie de dépistage n’est donc pas une nouveauté pour les sages-
femmes françaises mais plutôt une réappropriation ! Nous n’avons jamais abandonné la participation
aux soins de gynécologie. Notre formation a toujours contribué à nous apporter les connaissances
nécessaires à cet exercice tourné vers la santé génésique des femmes. En effet, les évolutions des
programmes officiels ont maintenu près de 500 heures théoriques et cliniques en gynécologie.
Les consultations de gynécologie de dépistage et de contraception nous ont été rendues
accessibles en 2009 dans un objectif de coopération professionnelle afin de garantir un accès
équitable aux soins. Pour répondre à ces nouvelles prérogatives, la majorité des sages-femmes
complètent leur formation initiale par des DU / DIU ou tout autre programme de formation continue en
rapport. C’est donc apporter une contre-vérité en affirmant que « la gynécologie médicale ne fait pas
partie de leur [celle des sages-femmes] formation initiale ».
A côté de cela, nous entendons parler « d’accouchements au rabais » gérés par des
professionnelles dont « l’expertise médicale est incomplète », « d’accouchements de nos grands-
mères », etc. sous couvert de discours féministes. Prendre pour argument l’accouchement à domicile
(de fait quasiment interdit aux femmes par absence d’offre et d’organisation des soins), ou
l’allaitement (la France est lanterne rouge par rapport à de nombreux pays européens
rétrogrades ?), c’est agiter des colifichets. Les mêmes mouvements féministes ont permis l’ouverture
des maisons de naissance dans de nombreux pays occidentaux. Ils ont conduit à la résurrection de la
profession de sage-femme au Québec grâce à l’introduction comme un droit fondamental des femmes
d'être accompagnées dans le lieu et avec la professionnelle de leur choix au moment de leur
accouchement et de la naissance de leur enfant.
L’accouchement moins technicisé est une réelle demande des parents face au manque de
personnalisation du suivi et la standardisation des prises en charges qu’offrent aujourd’hui des
établissements de plus en plus importants (définis ainsi par près de 50% des femmes selon les
enquêtes d’opinion).
Nous parlons bien d’accouchement moins technicisé et non pas moins médicalisé puisque la
présence d’une sage-femme, profession médicale à compétences définies (et non limitées !), suffit à
médicaliser une naissance. La prévention et le dépistage ne traitent pas une maladie. Encore faut-il
donner les moyens à ces professionnels garantes de l’eutocie (de la physiologie de l’accouchement)
d’assurer leurs missions de prévention (auprès de femmes non malades !) et de dépistages (des
femmes présentant une réelle pathologie) afin d’adresser ces femmes aux médecins le plus à même
de les prendre en charge (orientation rapide et ciblée). Les sages-femmes françaises multiplient la
prise en charge des accouchements derrière des centrales informatiques ainsi que la surveillance des
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Conformément à la loi « information et libertés » n°78-17 du 05/01/1978 (modifiée par la loi n°2004-801 du 05/06/2004)
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grossesses pathologiques sur prescription (il ne s’agit nullement de de dénoncer cette compétence ou
de la renier !) pendant que leurs homologues anglaises ont la possibilité d’être un réel praticien de
premier recours (comme le médecin traitant emprunté lui aussi au système anglais), disponibles et
présentes au plus près des femmes qu’elles accompagnent. Si la pratique des sages-femmes auprès
des femmes en bonne santé était si dangereuse, pourquoi ces mêmes médecins confient-ils la
surveillance des grossesses pathologiques à ces mêmes professionnels ? A moins de reconnaître la
valeur de leur expertise y compris dans ces domaines.
Nous rappelons que la France présente encore et toujours de mauvais résultats maternels et
périnataux comparée à ses voisins européens malgré une surconsommation médicale non efficiente
(cf. les résultats de l’enquête périnatale 2010) et couteuse ! Oui les économistes parlent ! Les
enquêtes périnatales aussi ! Si les soins pratiqués par les sages-femmes sont « au rabais », c’est
parce que pour un même acte et à responsabilité égale, les sages-femmes sont sous-payées par
rapport à leurs collègues médecins ! Ce n’est pas faute de réclamer qu’à acte égal, rémunération
égale (demande appuyée par le Collège National des Gynécologues Obstétriciens Français).
La Maïeutique (Midwifery) peut apporter une meilleure connaissance de la physiologie, le
respect de celle-ci et la prévention des pathologies quand le système périnatal français s’évertue à
multiplier techniques et prises en charge des pathologies à un coût de plus en plus élevé sans
améliorer ses résultats. Nous sommes loin de « faire plus et mieux pour les grossesses pathologiques
et faire moins et mieux pour les grossesses normales » du Plan de Périnatalité 2005 2007.
A quand des sages-femmes disponibles, rémunérées à leur juste valeur, reconnues et
respectées pour des accouchements sécurisés et humains ainsi qu’un suivi de bonne qualité des
femmes tout au long de leur vie ?
Qui a intérêt à diviser (pour régner ?) les professionnels de santé au lieu de lutter contre les
inégalités de notre système de santé qui laisse de côté les femmes les plus vulnérables ?
Soyons sérieux et attaquons-nous ensemble, chacun à notre place dans le respect
déontologique de nos professions, à améliorer la prise en charge génésique des femmes. C’est de la
bonne coopération avec les gynécologues obstétriciens et les gynécologues médicaux que de
meilleurs résultats seront obtenus.
Non, les sages-femmes ne sont pas « promues gynécologues » comme d’aucuns le craignent
et le corporatisme n’a jamais servi que les intérêts de quelques-uns !
Pour le CNSF,
Sa présidente, Son secrétaire adjoint,
Sophie GUILLAUME Nicolas DUTRIAUX
06.16.56.22.82. 06.12.89.22.64.
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