Bon, vous êtes assez amusant vous aussi, mais nous vous laissons enfin.
Votre errance est épuisante, il n’y a même pas Lucie pour vous proposer
un thé.
Revenons parmi nos amis qui ont dû s’ennuyer avec ce rappel de faits
calomnieux et mensongers à l’égard d’Oscar Wilde, (ce qui est toujours
très banal) ; Ce n’est pas cela qui est désespérant, c’est l’angoisse qui nous
étreint lorsque l’on se rend compte qu’il n’y a Rien dans l’ouvrage de Dédé
Germain. On tombe. Dans le Vide.
L’archéologie de la pensée de tous les auteurs qui se risquent sans honte à
évoquer Wilde avec autant de légèreté (et au final du mépris), est
insignifiante parce qu’elle se base sur une sorte de névrose chrétienne qui
stérilise la valeur de la critique. En plus clair, la morale qui salit une idée,
ou l’originalité d’une pensée est toujours indécente parce qu’elle se lit
toujours plus vite et se vend surtout sans peine. Soixante ans après le
torchon d’André Germain, l’éthique judéo-chrétienne a besoin du sang de
Wilde pour justifier la condamnation de son hédonisme et de l’effet (réel)
du génie esthétique de l’auteur dans le monde moderne.
S’il nous semble difficile de comprendre pour quelles raisons la
Philosophie, (qui se doit d’inviter à vivre mieux), commence timidement
à prendre au sérieux l’Esthétique de Wilde, nous devons (au moins)
souligner une contradiction -encore banale- et en même temps
surprenante en dehors de la Philosophie :
Si Oscar Wilde n’avait pas eu le souci de la provocation pour un vouloir-
vivre sans idéalité prédéfinie, comment se seraient enrichis ceux qui
condamnent sa débauche et son absence de talent littéraire ? Toutes les
théories morales nourrissent les chroniqueurs de troisième ordre tels
qu’Isaure de St Pierre, ou même les délires religieux à Moscou ; et, dans le
même mouvement ils sont incapables d’admettre à quel point ils le