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QUESTION 1 – QUELLES SONT LES FORMES CLINIQUES, LES ETIOLOGIES,
LES EXPLORATIONS IMMEDIATES A ENTREPRENDRE DANS L’AGITATION
EN URGENCE ?
Introduction
Les états d’agitation posent des problèmes de diagnostic, d’organisation et de prise en
charge. La détermination de leur caractère purement psychiatrique ou au contraire
principalement somatique représente l’un des objectifs de l’urgentiste. Si certaines causes
organiques ou toxiques d’agitation sont considérées comme des urgences extrêmes, toute
agitation par son aspect désorganisateur représente une urgence manifeste. Il faut éviter de
mettre en danger le patient, le personnel, les autres patients présents, et aussi la société en
évitant la fugue. De surcroît, les moyens humains et matériels nécessaires à cette démarche ne
sont pas toujours réunis. La variabilité des situations cliniques et des étiologies rend compte
de la difficulté d’une démarche diagnostique standardisée.
Définition
L’agitation se définit comme une perturbation du comportement moteur, psychique et
relationnel. Elle suscite une réaction d’intolérance de l’entourage et du milieu. Les trois
composantes de l’état d’agitation comportent des aspects moteurs : fébrilité, turbulence,
fureur ; des aspects psychiques : excitation idéique, logorrhée, désinhibition verbale, insultes ;
des aspects relationnels : agressivité vis-à-vis d’objets ou de personnes. L’un de ces trois
aspects peut prédominer.
Les états d’agitation touchent les différentes classes d’âge, on peut les rencontrer chez
les patients comme chez les accompagnants. Considérés comme mobilisant l’essentiel de
l’effort du personnel soignant, d’occurrence quotidienne, leur incidence reste modérée.
Epidémiologie
Deux enquêtes françaises récentes estimaient la prévalence de l’agitation, au sein des
services d’urgence, comprise entre 0,8 et 1,2 % de la totalité des passages.
Il s’agit d’une manifestation associée à une pathologie clairement identifiable chez
l’adulte et la personne âgée dans 85 % des cas ; chez l’adolescent dans 73 % des cas ; chez le
grand enfant dans 93 % des cas. Indépendamment du sexe et de l’âge, les pathologies
psychiatriques représentent 62 % des étiologies, les pathologies organiques 25 %, les causes
toxiques 25 % ; certaines peuvent être intriquées.
L’analyse des étiologies par tranche d’âge révèle la prépondérance de l’intoxication
éthylique et des causes toxiques chez les 13-19 ans, des causes psychiatriques chez les 20-54
ans ; après 55 ans, les causes sont beaucoup plus multifactorielles notamment en raison de la
forte émergence des pathologies organiques.