Parties connexes de R et fonctions continues PARTIES CONNEXES DE R ET FONCTIONS CONTINUES 1 Parties connexes de R – caractérisation 1.1 Partie connexe de R On dit qu'une partie D de disjoints. est connexe si D n'admet pas de partition en deux ouverts non vides 1.2 Première caractérisation Soit D une partie de . D est connexe si et seulement si toute application continue de D dans {0;1} est constante. Démonstration Supposons D connexe. Soit f une fonction continue de D dans {0;1} . {0} et {1} sont des fermés mais aussi des ouverts (car complémentaires d'un fermé). f −1 ({0}) est donc un ouvert, de même que f −1 ({1}) (image réciproque d'ouverts par une fonction continue). f −1 ({0}) ∪ f −1 ({1}) = f −1 ({0;1}) = D . f −1 ({0}) ∩ f −1 ({1}) = f −1 ( ∅ ) = ∅ . D étant une partie connexe de , on en déduit que f −1 ({0}) = D ou f −1 ({1}) = D (l'un est égal à D, l'autre à ∅ ). f est donc constante. Pour la condition suffisante, montrons que si D n'est pas connexe, alors il existe une fonction continue de D dans {0;1} non constante. On suppose donc que D n'est pas connexe. Il existe donc deux ouverts A1 et A2 non vides et disjoints tels que D = A1 ∪ A2 . Soit f la fonction définie par : ⎧1 si x ∈ A1 . ∀x ∈ D, f ( x) = ⎨ 0 si x ∈ A 2 ⎩ f n'est pas constante sur D car A1 et A2 sont non vides. f −1 ({0;1}) = D f −1 ({0}) = A2 f −1 ({1}) = A1 f −1 ( ∅ ) = ∅ Dans tous les cas, on obtient un ouvert. L'image réciproque de tout ouvert est un ouvert donc f est continue. © S. DUCHET - www.epsilon2000.fr.st 1/5 Parties connexes de R et fonctions continues 1.3 Deuxième caractérisation Les parties connexes de sont les intervalles de . Démonstration Si I n'est pas un intervalle, alors il existe a, b ∈ I tels que a ≤ b et {t , a ≤ t ≤ b} ⊄ I . Il existe donc c tel que a ≤ c ≤ b et c ∉ I . On a alors I = ( ] − ∞ ; c[ ∩ I ) ∪ ( ] c ; + ∞[ ∩ I ) . ] − ∞ ; c [ ∩ I et ] c ; + ∞[ ∩ I sont deux ouverts non vides disjoints de I. De plus, leur réunion est égale à I donc I n'est pas une partie connexe de . On a donc montré que si I est une partie connexe de , alors I est un intervalle de . Soit I un intervalle de . Montrons que I est une partie connexe de de I dans {0;1} . Montrons que f est constante. . Soit f une fonction continue Soient a, b ∈ I , avec a < b . f −1 ({ f (a)}) est ouvert et fermé dans I. Soit B = f −1 ({ f (a)}) ∩ [a ; b] (B est l'ensemble des points de [a ; b] dont l'image par f est a). B est fermé non vide car a ∈ B et B est majoré par b. B admet donc une borne supérieure, notée c. c ∈ B car B est fermé donc f (c) = f (a) . f −1 ({ f (a)}) est un ouvert contenant c donc il existe ε > 0 tel que ] c − ε ; c + ε [ ⊂ f −1 ({ f (a)}) . Si c ≠ b , il existe alors x tel que c < x < b et x ∈ f −1 ({ f (a)}) , ce qui contredit la définition de c. Donc c = b . Donc f (a ) = f (b) et donc f est constante sur I. I est donc connexe (d'après 1.2). Conséquence des caractérisations 1.2 et 1.3 : L'image d'un intervalle par une fonction continue est un intervalle. 2 Fonctions continues sur un connexe 2.1 théorème (condition suffisante pour qu'une application monotone soit continue) Soit I un intervalle de . Soit f une fonction réelle monotone sur I telle que f ( I ) soit un intervalle. Alors f est continue sur I. Démonstration On suppose f croissante sur I. Soit a un point intérieur à I. D'après le théorème de la limite monotone, f admet une limite à gauche en a notée f (a−) et une limite à droite en a notée f (a+ ) , et on a : f (a −) ≤ f (a) ≤ f (a + ) . Montrons que f (a −) = f (a + ) : Supposons le contraire, à savoir f (a −) < f (a + ) . Il existe alors y ∈ , y ≠ f (a) , tel que f (a −) < y < f (a + ) . f ( I ) étant un intervalle, y ∈ f ( I ) . Soit x ∈ I , x ≠ a . © S. DUCHET - www.epsilon2000.fr.st 2/5 Parties connexes de R et fonctions continues Si x < a , alors f ( x) ≤ f (a) < y car f est croissante. Si a < x , alors y < f (a) ≤ f ( x) . Donc pour tout x ∈ I , y ≠ f ( x) , contredit le fait que y ∈ f ( I ) . Donc f (a −) = f (a +) et donc f est continue en a. Si a est l'extrémité gauche de I (dans le cas où I est de la forme [a ;... ), f admet une limite à droite en a, notée f (a+ ) et f (a) ≤ f (a + ) . Montrons que f (a) = f (a +) . Supposons le contraire, à savoir f (a) < f (a + ) . Il existe alors y ∈ , y ≠ f ( x) tel que f (a) < y < f (a +) . Soit x ∈ I , x ≠ a (donc x > a ). Alors y < f (a) ≤ f ( x) . Donc pour tout x ∈ I , y ≠ f ( x) , ce qui contredit le fait que f ( I ) est un intervalle. Même type de démonstration si a est l'extrémité droite de I. 2.2 Théorème des valeurs intermédiaires Soit I un intervalle de et f une fonction numérique continue sur I. Pour tous a, b ∈ I tels que f (a) < f (b) et pour tout λ ∈ [ f (a); f (b)] , il existe c ∈ I tel que f (c) = λ . Démonstration Soient a, b ∈ I tels que f (a) < f (b) . f étant continue, on en déduit que f ( I ) est un intervalle de . f (a), f (b) ∈ f ( I ) donc [ f (a ); f (b) ] ⊂ f ( I ) . Donc : ∀λ ∈ [ f (a ); f (b) ] , λ ∈ f ( I ) . D'où le résultat. Conséquence : Soit f une fonction numérique définie et continue sur un intervalle I de . Si a, b ∈ I tels que f (a) f (b) < 0 , alors il existe c ∈ [a ; b] (ou [b ; a ]) tel que f (c ) = 0 (car 0 ∈ [ f (a ); f (b) ] ou [ f (b); f (a ) ] ). Si de plus on est assuré de l'unicité de c, on peut calculer une valeur approchée de c par dichotomie. 3 Applications 3.1 Formule de la moyenne Soient f et g deux fonctions continues sur [ a ; b ] , g étant positive. Soient m = inf f ( x) et x∈[ a ; b ] M = sup f ( x) . Alors il existe c ∈ [ a ; b ] tel que x∈[ a ; b ] ∫ b a b fg = f (c) ∫ g . a Démonstration © S. DUCHET - www.epsilon2000.fr.st 3/5 Parties connexes de R et fonctions continues b b b a a a mg ≤ fg ≤ Mg donc m ∫ g ≤ ∫ fg ≤ M ∫ g . Si g = 0 , l'égalité est évidente. b Si g ≠ 0 , ∫ ∫ a b a fg b ∈ [ m ; M ] . Il existe alors c ∈ [ a ; b ] tel que f (c) = g ∫ ∫ a b a fg (théorème des valeurs g intermédiaires), d'où le résultat. Conséquence Pour g = 1 : il existe c ∈ [ a ; b ] tel que ∫ b a f = f (c) (b − a ) . 3.2 Théorème du point fixe Soit f une fonction continue sur un intervalle I = [a ; b] . Si f ( I ) ⊂ I , alors f admet au moins un point fixe. Démonstration Soit g la fonction définie sur I par g ( x) = f ( x) − x . Montrons que 0 ∈ g ( I ) . g est continue sur I donc g ( I ) est un intervalle de . g (a) = f (a) − a ≥ 0 car f (a) ≥ a . g (b) = f (b) − b ≤ 0 car f (b) ≤ b . D'après le théorème des valeurs intermédiaires, il existe c ∈ I tel que g (c) = 0 , c'est-à-dire f (c ) = c . 3.3 Théorème de Darboux Soit I un intervalle de (non vide et non réduit à un point). Soit f une fonction dérivable sur I. Alors f ' vérifie la propriété des valeurs intermédiaires : Pour tous a, b ∈ I , f ' prend toutes valeur intermédiaire comprise entre f '(a) et f '(b) . Notons que f ' n'est pas supposée continue. Démonstration Si f '(a) = f '(b) , le théorème est évident. Supposons maintenant f '(a) < f '(b) . Soient φ et ψ les fonctions définies par : φ:I → ψ :I → x ⎧ f ( x) − f (a) si x ≠ a et ⎪ x−a ⎨ ⎪⎩ f '(a) si x = a x ⎧ f ( x) − f (b) si x ≠ b ⎪ x −b ⎨ ⎪⎩ f '(b) si x = b f étant dérivable sur I (donc en a), φ est une fonction continue sur I. Soit ξ = © S. DUCHET - www.epsilon2000.fr.st f (b) − f (a) . b−a 4/5 Parties connexes de R et fonctions continues D'après le théorème des valeurs intermédiaires, φ prend toutes les valeurs intermédiaires entre φ (a ) = f '(a) et φ (b) = ξ . De même, ψ prend toutes les valeurs intermédiaires entre ψ (a ) = ξ et ψ (b) = f '(b) . Soit λ ∈ [ f '(a ); f '(b) ] . 1er cas : λ est compris entre f '(a) et ξ . Il existe x ∈ [a ; b] tel que φ ( x) = λ (théorème des valeurs intermédiaires appliqué à φ ). Si x = a , alors λ = φ (a) = f '(a) . Si x ≠ a , d'après le théorème des accroissements finis appliqué à f sur ] a ; x [ , il existe c ∈] a ; x [ tel que f ( x) − f (a) = f '(c) ( x − a) . Alors f '(c) = φ ( x) = λ . 2ème cas : λ est compris entre ξ et f '(b) . Il existe x ∈ [a ; b] tel que ψ ( x) = λ (théorème des valeurs intermédiaires appliqué à ψ ). Si x = b , alors λ = ψ (b) = f '(b) . Si x ≠ b , d'après le théorème des accroissements finis appliqué à f sur ] x ; b [ , il existe c ∈] x ; b [ tel que f ( x) − f (b) = f '(c) ( x − b) . Alors f '(c) = ψ ( x) = λ . 3.4 Corollaire du théorème de Darboux Soit I un intervalle de (non vide et non réduit à un point). Soit f une fonction dérivable et convexe sur I. Alors f ' est continue sur I. Démonstration f étant dérivable et convexe sur I, on en déduit que f ' est croissante sur I. d'après le théorème de Darboux, f ' vérifie la propriété des valeurs intermédiaires donc f '( I ) est un intervalle. f ' est monotone sur I et f '( I ) est un intervalle donc f ' est continue sur I d'après le théorème 2.1. © S. DUCHET - www.epsilon2000.fr.st 5/5