DÉFIS ÉTHIQUES EN SANTÉ : UN DILEMME POUR LA FORMATION PARFOIS! L’AIDE MÉDICALE À MOURIR : DÉFIS ET CONSÉQUENCES POUR LES MÉDECINS, LES INTERVENANTS ET LES MILIEUX DE SOINS André Bilodeau MD1, Marie-Françoise Mégie MD2, Céline Monette3, Romain Muboyayi MD4, Jean A. Roy MD5 Chef de la direction, Institut du savoir Montfort. Vice-président, Affaires universitaires, Hôpital Montfort. Professeur agrégé, Département de médecine familiale, Université d’Ottawa. Médecin de famille, Professeure agrégée de clinique, Unité de médecine familiale du Marigot à Laval. Présidente, Médecins francophones du Canada. 3 Directrice générale et directrice de l’Unité de formation professionnelle continue, Médecins francophones du Canada. 1 4 2 5 L’exercice de la médecine doit s’ajuster constamment aux changements de la société et à ses lois qui parfois soulèvent des interrogations sur leur mise en application et surtout sur leurs conséquences. Le consortium regroupant le Bureau des affaires francophones de l’Université d’Ottawa, le Centre Prométhée de l’Hôpital Montfort et Médecins francophones du Canada a développé une formation pour répondre à ce besoin intitulée : Défis éthiques en santé : réflexions et pratiques Offrir un espace de réflexion permettant le partage d’expériences pour développer des repères et des approches afin d’arrimer les organisations de santé et la pratique médicale à ces changements et pour développer une approche individuelle réfléchie. Le choix du premier thème était : L’aide médicale à mourir : défis et conséquences pour les médecins, les intervenants et les milieux de soins Directeur de la formation médicale continue, Hôpital Montfort. Professeur, Département de médecine familiale, Université d’Ottawa. Médecin de famille, Clinique de médecine familiale St-Joseph. Vice-doyen, Bureau des affaires francophones, Faculté de médecine, Université d’Ottawa. Professeur, Département de médecine familiale, Université d’Ottawa. • Identifier des repères, des voies et des approches pour développer une approche individuelle aux situations éthiques cliniques. • Conjuguer les droits des patients, les devoirs professionnels, les obligations de donner des services et la conscience personnelle. • Faire le point sur l’enjeu éthique de la situation clinique. • Acquérir la compréhension des enjeux éthiques selon différentes perspectives. • Appliquer une réflexion structurée à l’aide d’une démarche éthique. • Réseauter afin de continuer à échanger sur ces pratiques. Un cadre clarifiant le but de cette formation, sous les thèmes « Ce colloque est, Ce colloque n’est pas », a été défini : Ce colloque est… • C’est une rencontre entre les intervenants et responsables en santé de différents milieux intéressés à faire le point sur l’état de la situation au Canada, comprendre les enjeux, réfléchir sur les pistes de solutions et échanger sur les pratiques en réponse aux lois, au jugement de la Cour suprême et aux règlements; Ce colloque n’est pas… • Ce n’est pas un processus de consultation; 1 2 Le jugement Carter concerne le suicide médicalement assisté. État de la situation concernant les aspects éthiques et pratiques de l’AMM : impacts sur les patients et leur famille, les soignants et les organisations, Me Delphine Roigt, conférence au Colloque sur l’aide médicale à mourir, 6 février 2016. La satisfaction des participants est très élevée, particulièrement au regard de la pertinence de la méthode et des thèmes. Les recommandations pour la phase 2 de ce projet : • augmenter la durée des ateliers afin d’approfondir l’analyse en suivant la démarche éthique; • inclure un atelier avec 1 vignette évolutive, c’est-à-dire avec un continuum de soins. La conjugaison de la loi, des attentes de la société, de la conscience morale, de cette pratique nouvelle peut soulever des enjeux et des problématiques particulières découlant de situations cliniques avec lesquelles les professionnels de la santé ainsi que les milieux de soins doivent composer. Cette approche pédagogique offre un espace de réflexion aux participants afin qu’ils développent des points de repère face à ces enjeux et situations particulières. Elle outille le professionnel de la santé pour développer ses capacités d’engagement, de relation, de délibération et de réflexivité, facilitant ainsi l’intégration de ses compétences reliées au professionnalisme, à la communication, à la collaboration, à l’érudition et au leadership. • Ce n’est pas un débat pour ou contre les lois ou le jugement de la Cour suprême; • Ce n’est pas une prise de position professionnelle ou personnelle. • C’est une démarche de réflexion éthique. Les décisions telles que celle de la Cour suprême dans l’affaire Carter1, la loi québécoise sur les soins de fin de vie et les obligations professionnelles par les ordres médicaux viennent remettre en question le contrat social entre les médecins, les autres professionnels de la santé, les organisations de la santé et la société. Elles soulignent entre autres que « la légalité d’un acte n’enlève pas la nécessité d’une réflexion sur son sens, ni le malaise que peut ressentir la personne qui doit poser le geste »2. Ces décisions mettent donc en lumière des situations délicates auxquelles les professionnels de la santé et les milieux de soins sont et seront confrontés. La méthode utilisée pour ce colloque permet un espace de réflexion collective et individuelle sur des thèmes de défis éthiques en santé. • Présentations didactiques pour expliquer le contexte du point de vue de la société, du patient, des professionnels de la santé et des milieux de soins. • Discussion sur un modèle de réflexion éthique. • Ateliers en petits groupes sur des cas cliniques avec accompagnement d’experts en éthique clinique afin d’appliquer une démarche éthique pour la résolution des cas cliniques. • Cheminement personnel de réflexion, guidé par un animateur, à l’aide d’un cahier d’autogestion. • Contribution des personnes-ressources et des participants à l’écriture des Actes du colloque en suivi de l’activité. • Boîte à outils de l’éthique, Centre de formation continue et de recherche appliquée, Pôle éthique, Haute École Robert Schuman de Libramont et Groupe interprofessionnel de recherche, d’aide à la décision et de formation en éthique clinique. • Jugement Carter c. Canada : l’arrêt de la Cour suprême du Canada sur le recours à l’aide d’un médecin pour mourir, Jugement de la Cour suprême du Canada, Publication no 20-15-47F, 7 octobre 2015. • Guide d'exercice sur l'aide médicale à mourir, Collège des médecins du Québec, Ordre des pharmaciens du Québec, Ordre des infirmiers et infirmières du Québec, août 2015. • Professional Obligations and Human Rights CPSO Interim Guidance on Physician-Assisted Death, Policy statement #2-15, College of Physicians and Surgeons of Ontario. • Directives : L'aide à mourir, Collège des médecins et chirurgiens du NouveauBrunswick, https://www.cpsnb.org/french/Guidelines/laideamourir.htm • Loi concernant les soins de fin de vie, Gouvernement du Québec. Déclaration de conflits d’intérêts André Bilodeau, Marie-Françoise Mégie, Céline Monette, Romain Muboyayi et Jean A. Roy n’ont aucun conflit d’intérêts à déclarer. Financement Le Bureau des affaires francophones de l’Université d’Ottawa, le Centre Prométhée de l’Hôpital Montfort et Médecins francophones du Canada ont financé ce projet.