Panorama énergies-climat, édition 2015
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en 2014 à 963 MW pour l’éolien et 926 MW pour le
photovoltaïque.
L’électricité renouvelable est prioritaire à l’injection et
son coût marginal de production est souvent faible (le
vent, le soleil, le courant des rivières sont gratuits).
Ceci a pour effet de déplacer la courbe de l’offre
électrique et fait ainsi baisser les prix de gros par
éviction de l’électricité la plus chère.
Les prix de détail, eux ne suivent pas la même
tendance : ainsi les prix TTC pour le consommateur
final en Europe ont augmenté sensiblement (+29,5%
entre le 1
er
semestre 2008 et le 1
er
semestre 2014
dans l’Union Européenne selon des données Eurostat),
du fait notamment de la hausse des coûts de réseau et
du soutien aux énergies renouvelables. A titre
d’exemple, l’Allemagne a les prix de gros les plus bas
de l’Europe de l’Ouest, mais des prix totaux parmi les
plus élevés pour les ménages (la taxe EEG, qui
finance les régimes de soutien aux renouvelables
électriques s’établissait à 62,4 €/MWh en 2014).
Un recours accru au charbon dans certains
pays européens et une augmentation des
émissions de gaz à effet de serre
Le prix du carbone résultant du marché d'échange de
quotas d'émission de l'Union européenne (EU ETS) a
fortement diminué et se situe désormais à 7€/tCO2
contre 20 à 30 €/tCO2 en 2008. Le prix du charbon
ayant fortement chuté depuis 2011, cela a renforcé la
compétitivité des centrales à charbon par rapport aux
centrales à gaz dans la production d’électricité. Le taux
d’utilisation moyen des centrales au charbon est ainsi
aujourd’hui plus élevé que celui des centrales au gaz,
ce qui engendre des émissions de CO2
supplémentaires dans de nombreux pays européens
comme l'Allemagne.
Les cycles combiné à gaz (CCG) souffrent ainsi d’une
diminution de leur nombre d’heures de fonctionnement,
qui s’explique aussi par le développement des
capacités de production intermittentes, et remet
aujourd’hui en cause leur modèle économique. Ainsi,
en Europe, de nombreux opérateurs ont mis leurs
centrales à gaz sous cocon ou ont annoncé leur
déclassement prochain.
Des réformes importantes sont engagées
pour permettre aux marchés d’envoyer des
signaux économiques pertinents
Ces réformes visent à réformer les marchés européens
du carbone, à mieux intégrer les énergies
renouvelables au marché, et à donner une valeur à la
capacité afin de garantir la sécurité
d’approvisionnement.
La réforme du système d’échange de quotas
Des travaux sont en cours au niveau européen pour
restaurer un signal sur le prix du carbone lisible par les
investisseurs. Ainsi, le projet de réserve de stabilité
permettra au marché des quotas d'être plus résistant
aux chocs de demande, évitant ainsi les fluctuations
trop brutales du prix du carbone qui peuvent être
néfastes à cette visibilité.
Permettre une meilleure intégration des énergies
renouvelables au marché et au système électrique
Jusqu’à présent, la majorité des pays européens a mis
en place des systèmes de soutien au développement
des énergies renouvelables reposant sur des tarifs
d’achat garantis (feed-in tariff) : les énergies
renouvelables sont donc rémunérées sans que
l’électricité produite ne passe par le marché. Un
opérateur possédant des capacités renouvelables n’a
donc pas à se soucier de l’optimisation de sa
production en fonction du niveau du prix de marché, sa
rémunération étant garantie à tout moment.
Au niveau européen, la Commission européenne a
entrepris de réformer l’architecture des dispositifs de
soutien aux énergies renouvelable. Elle a ainsi adopté
en avril 2014 de nouvelles lignes directrices sur les
aides d’état à l’environnement et à l’énergie, qui
définissent un cadre européen harmonisé pour le
soutien des filières renouvelables.
En France, en cohérence avec ce nouveau cadre, et
dans le prolongement de la consultation menée en
2013, des adaptations du mécanisme de soutien
seront proposées. Ils s’agira de mieux intégrer les
énergies renouvelables au marché (pour certaines
installations : vente directe de l’énergie produite sur le
marché, avec un soutien versé sous forme de prime et
non plus de tarif d’achat ; responsabilisation des écarts
sur le mécanisme d’ajustement) et au système
électrique (pour certaines installations : participation au
réglage de tension et aux services systèmes à la
baisse pour les énergies fatales, incitation à de
meilleures prévisions de leur production), dans le but
de réduire les distorsions induites par les dispositifs de
soutien, en particulier le phénomène de prix négatifs,
rare en France mais plus fréquent en Allemagne.
Plusieurs pays de l’Union européenne mettent en
place des mécanismes de capacité
Au regard des prix de gros actuels, la capacité du
marché de l’énergie seul à envoyer les signaux
économiques permettant la réalisation des
investissements nécessaires pour assurer la sécurité
d’approvisionnement en électricité, suscite de
nombreuses interrogations.
Dans ce contexte, plusieurs pays européens dont la
France mettent en place des dispositifs spécifiques
pour garantir l’adéquation des capacités de production
et d’effacement avec la demande.